Apparence actuelle de Maho:

Protéger ses alliés, malgré leurs erreurs, malgré leur témérité. Le Souhei repoussa donc l'assaut des Kitsune, mais il ne put que soupirer en constatant leur réaction.



Il n'eut cependant pas le temps de s'indigner davantage. Dans ce jeu d'échec morbide, le roi venait d'avancer. Un frisson parcourut l'échine du Moine, un Sixième sens qui le poussa à lever la tête, alors qu'une masse gigantesque masqua la lumière. Pendant quelques secondes, son cœur s'arrêta de battre.


Un cri, un avertissement, le rugissement d'une bête baignant dans la démesure résonna dans tout son être. Et au même moment, une peur primale, animale, inonda l'esprit du Kaice. Survivre. Peu importe le prix. Survivre, et pour se faire... Fuir. Seulement si l'intention y était, ses jambes flanchèrent.
Les effets secondaires de l'alchimie furent toujours imprévisibles. Mais parmi tous les scénarios possibles, la léthargie était la pire option. Mésestimant sa force, Maho trébucha. S'écrasant contre le sol, il aperçut, non sans effroi, le renard géant se dresser sur ses pattes arrière.

Et merde, et merde, et merde, et merde. Une pensée qui tournait en boucle, alors qu'il posa une main au sol. Puis une autre, avancer à quatre pattes, reprendre sa course. Mu entièrement par la peur, le moine oubliait son élégance. Animal en panique, il galopait de toute ses forces.
Seulement alors qu'une pluie de lames funestes s'apprêtait à lécher sa peau, un rideau d'acier se referma devant lui. Le son d'une épée tranchant l'air, Sekitsui se déploya dans toute sa splendeur. Dans sa terreur le moine oublia un élément crucial, il n'était pas seul.

Affalé au sol, essoufflé, apeuré, il observait ses alliés endiguer l'avalanche. Affalé au sol, il contemplait une fois de plus le dos de Kyoshiro. Affalé au sol, il jouait encore une fois le rôle de la dame en détresse.


Son visage s'enfonça dans ses mains, la peur le plia en deux, alors qu'une boule de rage gonflait dans sa gorge. Ses mains bandées parvenaient tout juste à masquer ses larmes. Au milieu du déluge, il était encore une fois inutile. Un poids lourd. Une relique du passé. Le maillon faible, il avait toujours été le maillon faible.



N'avait-il pas lui aussi eut son lot d'épreuves ? À quoi bon la douleur, à quoi bon les sacrifices, pourquoi se retrouvait-il sous cette forme hideuse, si rien n'avait changé ? Triste vérité seulement... Il ne souhaitait pas mourir.



Cruel aveu, mais la vérité avait cette façon de blesser plus efficacement que n'importe quel mensonge. Pourtant le moine arrêtant de se morfondre. Il était impossible que ses alliés endiguassent l'entièreté de l'assaut. Il passa donc sa main dans sa sacoche, et fit ce qu'il faisait de mieux.
Croquer une pilule. Mains jointes dans un mudra, le sang laissa place à une sueur verdâtre. Les blessures se refermaient à vue d'œil, victoire de la Médecine divine.



La brume se répandit de plus belle. En face d'eux leurs alliés de circonstances se déchainaient. On leur offrait un temps de pause, un interlude. Maho ne pouvait combattre à leur niveau, mais il pouvait prier pour eux. D'ailleurs, sa main toucha celle de son frère d'arme. Une offrande pour sa bravoure.Quoi de mieux face à un démon, qu'une bénédiction divine ?

Résumé:

Pour ainsi dire la menace devenait de plus en plus conséquente. Observateur sourd et muet, je ne pouvais que regarder de loin ce qui se passait devant mes yeux. Tel un chef d’orchestre, perché sur ma colline, j’avais une vision d’ensemble des agissements de l’ensemble des protagonistes, les regardant s’agiter telles des fourmis en quête de trésor. Dans ces circonstances particulières, impossible pour moi de savoir ce qu’il en était réellement mais les actions létales des uns et des autres ne laissaient aucune place au doute. De toute manière, qui aurait la moindre once d’esprit de vouloir tenter une approche amicale devant des kitsunes alors qu’un renard géant se tenait derrière eux ? Il aurait fallu faire preuve d’une faiblesse d’esprit assez rude … et pourtant, ce choix semblait avoir été tenté …

Mais pour l’heure, je laissais le loisir à chacune de mes futures hypothétiques victimes de s’écharper joyeusement et de survivre tant bien que mal. Les cris alertes de ma monture venaient de me sortir de mon observation attentive. Les sens en exergue, attentif aux agissements du démon, Subarashî une fois encore avait accompli sa tâche avec brio, prenant les devants pour commencer à esquiver cette attaque d’une létalité certaine.

Alerté, je créais un clone qui restait sur place. Face à l’adversité qui arrivait, le doppelgänger avait pour tâche de nous éviter une mort certaine et s’attela à la tâche, créant plusieurs murs rocheux les uns derrières les autres jusqu’à ce que l’ensemble se fasse pulvériser. Dans un second temps, la grue qui était posée au bord de la falaise pour me laisser tout loisir d’observer mes anciens camarades de jeu plongea de colline et fusa vers le sol. Ce n’est qu’à la force de ses ailes puissantes et de son imposante envergure qu’elle redressa son vol, me permettant de passer derrière la mêlée et espérer éviter toute contre-attaque à mon égard.



En revanche, si j’avais su me sortir sans mal de la première salve, surement également de cette deuxième, il n’était nullement question d’être la cible, ou pire, la victime de l’ire du démon en devant éviter un troisième assaut de sa part. Non ! A la place, j’avais une bien meilleure idée et le champ de bataille délaissé m’offrait une opportunité à ne pas manquer. Ainsi, consignes donnée mon invocation vola jusqu’à l’endroit où gisaient quelques corps inertes de kitsunes, victimes malgré elles de seizanjins.



Une fois posé, les choses étaient les mêmes. Subarashî en alerte, un nouveau clone également en surveillance et en protection pendant que je m’attelais à prélever les corps. Cœurs, poumons, os, rein et autres morceaux, voilà ce qui m’intéressait sur ces yokais, le tout guidé par quelques faibles talents de senseurs pour me guider sur les pièces de choix à découper et préserver.

Spoiler:

C'était ainsi qu'il ne l'était imaginé, ce combat. Un VRAI combat. Toute sa vie durant il s'était entraîné dans le seul but d'être meilleur. Meilleur que son père. Meilleur que ses collègues. Meilleur qu'il ne l'était la veille, et il avait sauté de mission en mission, à la recherche d'un challenge à son hauteur, à la recherche d'un combat qui le pousserait dans ses derniers retranchements. Il se rappelait encore des paroles de son premier instructeur, celui qui lui disait que c'était au pied du mur que la véritable valeur d'un homme était révélée. Couard ou courageux, c'était face à l'imminence de sa mort que les artifices s'envolaient, pour ne laisser que l'Homme dans ce qu'il avait de plus pur, de plus honnête.
Kyoshiro n'y avait jamais vraiment cru. Il pensait que c'était une phrase qu'on disait pour s'armer de courage, pour se préparer à l'inévitable, sans qu'il ne puisse y donner le moindre crédit. Il avait toujours cru que, avec suffisamment de préparation et d'entraînement, il n'y avait rien qu'il ne puisse surmonter. Il avait toujours pensé n'avoir besoin de personne et, surtout, n'avait besoin d'aucune phrase toute faite pour s'armer de courage. Il était fait d'un autre métal que le reste des guerriers, du moins c'était ce qu'il croyait, dans sa recherche continuelle d'obstacles à surmonter.

Il s'était donc plongé dans chaque nouvelle mission avec la volonté de se rechercher, de se retrouver, de faire ressortir sa véritable valeur. Certains pensaient qu'il était suicidaire, n'ayant aucun égard pour sa propre vie et, si cela était partiellement vrai, Kyoshiro était simplement prêt à tout pour comprendre qui il était réellement, derrière ses problèmes de confiance, son ego démesuré et son désir de prouver sa valeur au reste du monde.
Il voulait comprendre. Savoir si c'était tout ce qu'il y avait à savoir sur lui, ou si cela cachait une force, un objectif dont il n'avait pas encore conscience. Il voulait savoir ce qui était mort, ce jour-là, dans la montagne et qui en était ressorti. Chaque nouvel adversaire était une pièce du puzzle, une leçon à apprendre, une mélodie à retenir. Lors de sa dernière mission, il avait vraiment cru que ce parasite serpentin était le bon, celui qui l'étoufferait, lui briserait tous les os jusqu'à ce que la rage de l'aveugle ne prenne enfin le dessus mais...non. Cet adversaire avait été intense, perfide, vicieux, mais pas insurmontable.

Alors l'aveugle avait pris son mal en patience. Continuant de développer ses talents de jour en jour, non sans une certaine fierté, sans jamais oublier cet ultime obstacle et, à présent qu'il sentait presque l'haleine de ce Roi géant, à présent qu'il pouvait sentir sa présence avec une intensité renouvelée...une petite voix s'insinua à l'arrière de la tête de l'aveugle. Il avait cru que c'était de la peur, cette crainte primaire face à une mort certaine mais non. Cette voix était plus...claire, plus évidente, plus douce.
Tout le corps de Kyoshiro se mit à trembler, face à l'immense puissance juste devant lui. Elle était presque palpable, comme un serpent venant lécher sa peau, avant de la goûter. Il se sentait si petit, si insignifiant face à un tel colosse, et pourtant...pourtant pas une seule seconde il n'envisagea de reculer d'un  seul pas. La fuite était la petite mort, celle des couards et des traîtres, pas la sienne.

Alors il laissa Sekitsui devenir l'extension de sa volonté, comme elle le fut si souvent par le passé. Guidé par son esprit combatif, celui que personne ne pouvait détruire, il leva son arme et, mouvement après mouvement, laissa son épée-serpent frapper ces lames encore et encore. Il n'était pas naïf au point de penser que cela serait suffisant, mais il se devait d'essayer. Alors il frapper, encore et encore. Même quand les assauts vinrent lui labourer le torse et le flanc il ne stoppa pas, même quand la douleur se fit intense, suffocante il ne ralentit pas son bras. Sentant le goût métallique dans sa bouche, il cracha entre deux assauts :



Mais non, la bête avait de la ressource. Assez pour repousser l'aveugle en arrière. Assez pour le forcer à une certaine humilité...ce qui aurait été le cas, s'il s'agissait de n'importe qui...sauf de Tadake Kyoshiro. L'humilité n'avait jamais fait partie de ses vertus, et ce n'était pas à l'ordre du jour.
Il voulait se battre comme il voulait vivre, intensément et bruyamment.
L'attaque du Roi projeta l'aveugle en arrière, ce dernier s'écrasant face contre terre, sentant déjà le mélange de poussière et de sang dans sa bouche, jusqu'à lui en donner la nausée. Il cracha un peu de cette poussière rougie, alors que Kara établissait une défense qui, malgré sa volonté, ne tint guère longtemps. Décidément, ce Roi n'usurpait pas son titre. En cet instant, un mélange de frustration et de colère s'empara du jeune homme, face à ce sentiment étouffant d'impuissance. Malgré ses entraînements et l'objectif qu'il s'était fixé, allait-il faillir avant que sa véritable valeur ne soit révélée aux yeux de tous ? Allaient-ils tous plier genou à terre, courbant l'échine face à cette immense bête qui allait s'en prendre à leur foyer ? A leurs familles ? L'homme privé de lumière n'avait pas oublié ses paroles, n'avait pas oublié sa promesse. Ne jamais abandonner.

Ne jamais courber l'échine. Ne jamais admettre sa défaite.

Et pourtant il ne fut pas le premier à agir. Il aurait voulu l'être, mais Kara semblait animée d'une énergie nouvelle, d'une détermination que le Tadake ne lui avait jamais connu, jusqu'à présent. Il reconnaissait cette énergie, cette puissance, cette volonté. Il la reconnaissait comme étant la sienne mais, malheureusement, incapable de bouger, tout ce qu'il put dire fut :



Heureusement le timing de Maho était toujours impeccable. Certes Maho avait tendance à se morfondre sur ses propres échecs, ses propres faiblesses même dans les pires des moments mais, au bout du compte, il n'avait jamais déçu son frère de cœur, et cela n'allait pas commencer aujourd'hui. En un instant, Kyoshiro sentit quelques unes de ses blessures se refermer et, quand il sentit la main de son frère se refermer dans la sienne,  il sut exactement ce dont il s'agissait. Avalant la pilule, sentant déjà son corps s'animer d'une énergie nouvelle, l'aveugle se redressa et, attrapant Sekitsui à nouveau, posa sa main disponible sur l'épaule du Kaice.



Il aurait aimé être moins avare en paroles, mais il n'en eut pas le temps. Pourquoi ? Parce que le moment arrivait. Il le sentait, dans chaque fibre de son corps. Il sentait l'assaut arriver et, malgré les formidables efforts de Kara, il savait qu'elle ne pourrait encaisser une prochaine attaque et rester en un seul morceau. Une fois encore, cette petite voix au fond du crâne de l'aveugle se fit plus grande, plus insistante. C'était la voix de sa carrière et de son devoir, celle qu'il n'écoutait que trop peu souvent. Mais aujourd'hui...aujourd'hui elle était trop forte pour qu'il l'ignore.
Alors, il devait agir. Il savait comment cela devait finir. Il savait qu'il n'avait pas le choix et, si son corps lui criait de faire machine arrière son cœur, lui, soufflait tout le contraire. De sa main libre, il laissa son bandeau glisser le long  de son visage, avant de voleter jusqu'au sol, porté par le vent.
Si jadis ses prunelles avaient été immaculées, aussi claires que les premières neiges, aujourd'hui son chakra tourbillonnant en lui leur donnait une nouvelle teinte. Ainsi, alors qu'il bondissait en avant, croisant sa camarade au passage, il posa une main sur son épaule, avant de lui souffler :




Les yeux qui se posèrent sur la Saki étaient d'un bleu clair comme on en avait rarement vu. Si clairs qu'on en oublierait presque qu'ils n'étaient pas fonctionnels. Kyoshiro aurait voulu en dire plus, mais il n'avait pas le temps et il le savait. Il avait à peine assez de temps pour s'armer de courage, et se préparer à ce qu'il devrait faire. Toute sa vie il s'était préparé pour un moment comme celui-ci, pour un adversaire comme celui-ci, mais il aurait pensé avoir accompli plus avant que cela n'arrive. En quelques secondes la frustration prit corps et, si jadis elle l'aurait étouffé, aujourd'hui le colosse de Seizan décida de s'en saisir à bras-le-corps, et de s'en servir comme une arme. Il avait besoin de ce feu, besoin de cette rage ! Il ne courberait pas l'échine, il n'implorerait pas la pitié de ce Roi, alors qu'il cherchait à s'en prendre à son frère, à sa sœur et à tous ceux qu'il considérait comme ses frères d'armes.

Il était Tadake Kyoshiro. Épéiste des Monts de Fer, maître du feu blanc et bouclier de Seizan. C'était ce qu'il était au fond de lui, derrière tous ces sourires et cette ambition démesurée. Il vivait pour protéger ceux qui ne pouvaient le faire, afin qu'ils ne connaissent jamais la violence qu'était son quotidien. Il se battait, saignait et mourrait pour que d'autres puissent vivre un jour de plus, en paix et en sécurité.
Ce fut avec cette certitude qu'il refermait sa main, une ultime fois, autour du manche de Sekitsui. Elle ne fut pas sa première arme, mais la plus significative. Elle était un cadeau du géant des montagnes. Le signe que ce dernier reconnaissait la valeur et les efforts du Tadake. Sa toute première marche, sa toute première récompense. Elle ne lui avait jamais fait défaut, et l'épéiste savait que cela ne commencerait pas aujourd'hui. Le guerrier se tint droit, face à cet afflux de chakra qu'il sentait d'ici. Il savait ce qui s'en venait, il savait quel devrait être le résultat.
Lui plutôt que les deux autres derrière lui, cela en valait largement la peine. Ainsi, armé de toute sa détermination, il fit une ultime fois face à ce Roi bestial, laissant sa voix être l'instrument de sa colère, de sa rage, de son sens du devoir.


Il ne serait pas celui qui vaincrait la bête, il le savait. Il serait celui qui donnerait une opportunité, aux autres. L'opportunité de frapper. L'opportunité de répliquer et de faire connaître, à leur tour, l'intensité de leur esprit combatif. Ils étaient des guerriers de Seizan, des soldats forgés dans le plus pur des métaux. Aucun autre pays n'égalait leur discipline et leur acharnement. Ils étaient des boucliers de fer, et c'était le temps pour Kyoshiro de le montrer, une toute dernière fois.
Le sang coulant de sa bouche, ses prunelles reflétant une détermination comme jamais il n'en avait eu, le colosse de Seizan campa une nouvelle fois sur ses positions et, dans une ultime provocation, cracha à la face de ce Roi et de la Grande Faucheuse qu'il sentait déjà.




Alors qu'il levait son arme une toute dernière fois, les ultimes pensées de l'aveugle se tournèrent vers Hotaru. Il aurait aimé faire plus, profiter plus. Il aurait aimé créer cette famille qu'il n'avait jamais eu. Lui passer la bague au doigt, peut-être. Avoir des enfants, peut-être mais c'était trop tard, à présent. Trop tard pour espérer. Trop tard pour regretter. Il connaissait les risques du métier, aussi bien qu'elle.
Elle comprendrait pourquoi il faisait ceci. Elle comprendrait pourquoi il s'armait de toute sa force, alors qu'il le projectile courrait dans sa direction. Enfin, dans un dernier bond, il écourta l'attente. Sekitsui se leva une nouvelle fois dans le ciel et, un sourire sur le visage, le Tadake frappa l'énorme bombe bijuu juste devant lui. L'instant d'après la zone fut balayée par une énorme explosion, secouant corps et âmes dans un vacarme assourdissant. Si l'attaque souleva un épais nuage de poussière, ce fut ne que quelques secondes plus tard, lorsque ce nuage retomba à terre, que Kara, Maho et les autres pourraient voir que, à l'endroit de l'impact il ne restait plus rien. Pas d'arme, pas de sang, pas de corps. Juste l'immense impact laissé par l'explosion et...rien d'autre.

Pendant longtemps Kyoshiro avait pensé que se sacrifier pour les autres était l'apanage de ceux qui n'avaient pas de talent, ou de réelle ambition. Mais maintenant que c'était son tour...ce n'était pas la pire mort qui soit, finalement...

Spoiler: