Les bras accotés au bord d’une fenêtre de la maison Sakamoto, j’observe de haut la vie qui prend d’assaut les rues d’ordinaires tranquilles du quartier résidentiel. De là, je m’applique à ressentir tout ce chakra qui défile, pour voir si je n’arrive pas à reconnaître des gens en particulier.

Il est encore tôt, je pense à sortir me promener et faire un peu de repérage et de surveillance dans les quelques coins méconnus, comme Chinone me l’avait demandé. Au cours des prochains jours, je serai souvent à l’extérieur avec mes sens en alerte. Je serai amené à vérifier qu’il n’y ait aucune affaire louche et que tout se déroule bien d’ici la réunion. Ensuite, je surveillerai l’extérieur et compterai pour Chinone le nombre de gens présents à cette rencontre et assurerai que rien ne vienne la perturber.

«Je comptais faire un tour et me dégourdir les jambes. Tu voudrais m’accompagner? Bon, ce n’est pas ta séance d’archerie matinale, mais on pourrait voir quel genre d’échoppes ont été installées dans le quartier.»

Comptant laisser Chinone à ses préparatifs pour les prochains jours, j’ai décidé de monopoliser l’attention de @Sakamoto Kenichi lorsqu’il ne travaille pas. Parlant de ça, «je ne sais pas si tu comptais te présenter au centre hospitalier aujourd’hui, mais si c’est le cas et que tu le veux bien, je pourrais faire le chemin avec toi.» Dans tous les cas, je l’ai averti de mes responsabilités officieuses pour la durée de l’évènement; un médecin à mon bras ne serait jamais de refus pour venir en aide à la populace en cas de problème.

***

Sur un banc, un homme se tient le visage. Si tôt, et il semble déjà épuisé. Dans tous les cas, je l’aurais dérangé un instant pour savoir ce qui ne va pas, mais j’arrive à le reconnaître; un forgeron des montagnes qui m’a vendu la protection que je porte encore aujourd’hui quand je dois travailler. Une pièce de qualité pour peu cher. Voir que @Dabi Kaji a fait le voyage jusqu’ici me fait plaisir, mais le voir si découragé me pince le coeur.

Je m’arrête près du banc de bois, appelant doucement le forgeron pour qu’il lève les yeux. «Ça fait longtemps, Kaji. Que fais-tu ici tout seul?» Un regard vers Kenichi pour m’excuser du contre-temps, je lui fais signe que ça ne devrait pas être trop long.

Visiblement, je connais l’homme sur le banc et je ne veux pas le laisser dans cet état. Je viens m’asseoir : «Ça n’a pas l’air d’aller… Il s’est passé quelque chose? As-tu besoin d’aide? Mal quelque part, peut-être?»

Je ne lui ai pas parlé longtemps lors de ma visite à Seizan, c’est vrai, mais juste assez longtemps pour en apprendre un peu sur lui; comme Kenichi, il travaille fort et ne compte pas toujours ses heures. Je ne serais pas surpris d’entendre qu’il est épuisé ou qu’il ait quelques problèmes de santé dus à la chaleur humide de la Cîme.

À noter:

Je ne voulais pas ignorer Kaji, mais je ne voulais pas non plus aggraver cette charmante visiteuse. Ce n’est qu’après avoir récupéré mes quelques achats et lui avoir dit au revoir que je reviens vers mes deux camarades. La situation du forgeron ne m’est pas totalement inconnue, mais je n’ai pu comprendre exactement ce dont il avait parlé, les détails restent flous.

Parler immédiatement affaire avec lui me semble grandement inconsidéré, et pour tout dire même si je peux venir en aide à Chinone avec ce … projet …, je préfère trouver une solution au moral de mon ami géant des montagnes.

Ainsi, je demande à Kenichi quelque chose d’important. «Tu te souviens, hier? J’ai parlé à Saki de revisiter la montagne. Si j’y vais, voudrais-tu m’accompagner et jeter un œil à la situation de sa sœur?» Ce n’est pas moi qui peut décider, mais je peux au moins lui proposer de m’accompagner. Du même coup, je pourrai proposer à Chinone de venir avec nous, qu’elle puisse parler avec Kaji de ces mystérieux artéfacts qu’elle a découvert.

Puis je me dis que d’un côté ça le tiendra occupé pendant que Kenichi travaille, et que d’un autre il aura assez de paix d’esprit pour pouvoir le faire. Donnant-donnant, gagnant-gagnant. Je suis certain que Docteur l’amour – ou monsieur belles mains, comme l’appelle Saki – ne s’attendait pas à être ainsi occupé; il faut dire que je connais malgré moi beaucoup de monde.

«En tout cas,» dis-je en m’approchant du grand épéiste, «je veux t’offrir ça. C’est peu, je le sais bien, mais je te l’offre de bon coeur.» Une de ses mains se voit attrapée et doucement ouverte, que je puisse y déposer le porte-bonheur que je viens tout juste d’acheter. Ma paume – maintenant vide – vient pousser ses doigts pour refermer sa main sur l’objet.

«J’espère que ça te rassure un peu de savoir que ta sœur et toi ne combattez pas ce mal seuls. Dans tous les cas, sache que toute cette force et cette patience ne passent pas inaperçu. J’ai confiance en Kenichi pour qu’il puisse au moins t’en dire plus. S’il ne peut pas trouver un remède, au moins on trouvera peut-être un autre moyen de t’aider ou une autre piste à te recommander.»

Une bonne chose de faite, et ce même si l’origine de ces larmes a éventuellement mué. Ca ne m’étonne pas, la situation dans laquelle se trouve Dabi n’est pas évidente et trouver quelqu’un capable de se pencher sur ce genre de problème ne l’est pas non plus. Encore moins quelqu’un de prêt, de disposé à le faire.

Ma gentillesse n’est pas transactionnelle, et je veux qu’il sache que «tu ne m’es pas redevable pour ça, tu sais? En tant que camarades, en tant qu’amis, on se soutient.» Il accepte déjà de rencontrer et d’aider Chinone du mieux qu’il le peut; si dette il y a réellement, Dabi peut la considérer payée. «Puis c’est déjà très gentil de ta part de te montrer disponible pour aider mon amie.»

Concernant ce sujet, je lui explique que «Chinone risque d’être occupée pour un moment, mais si c’est possible ce soir ou dans les prochains jours d’organiser une rencontre entre vous deux, je m’arrangerai pour te contacter.» Dans tous les cas, j’ai mes moyens. Je proposerai ensuite à Kenichi de reprendre la marche, le remerciant pour sa patience et ajoutant que «nous avons bien fait de sortir du lit ce matin, pas vrai?»

Enfin… c’est surtout moi qui traînait, si on devait mettre tout en ordre. De nous deux je suis le moins rigoureux et celui qui prend du temps pour flâner et lambiner. «Je ne pensais pas croiser quelqu’un si vite, mais si ça te dit on pourrait continuer notre promenade tranquillement?» C’était notre but à la base, mais en voyant la légère agitation nouvelle de nos quartiers, je ne sais pas s’il vaut mieux continuer notre chemin vers le centre hospitalier ou aller ailleurs. Ce n’est certainement pas en allant vers les grands marchés qu’on sera tranquilles, mais je pourrais peut-être y guider Dabi pour qu’il profite des festivités. «Si tu veux visiter un peu, Dabi, je peux te montrer le chemin jusqu’au grand marché.» Auquel cas, je l’accompagnerai et rejoindrai Kenichi pour continuer nos plans de ce matin.

Résumé:

Finalement, il me sera impossible de raccompagner Dabi comme je comptais le faire. Mon attention est ailleurs; sur les toits, à quelques rues d’ici, il y avait quelqu’un. Si d’ordinaire ça ne me ferait pas tiquer, je n’ai aucun moyen de savoir de qui il s’agit et j’ai une vague impression qu’il vient de chuter –  nombre de genin impertinents se sont blessés à monter aux plus grandes hauteurs de la Cîme.

«… Oui.» J’aurais préféré que la réponse soit non, qu’il ne se passe rien et que je puisse reprendre ma marche matinale avec mon compagnon, mais soit. J’explique à Kenichi que quelqu’un s’amusait sans doute à faire le pitre sur le toit des habitations du quartier, et que deux autres sont partis se cacher un moment entre deux rues. «On va devoir aller vérifier ça; je suis désolé Dabi, le devoir m’appelle.»

J’ai beau partir promptement, la trace étant en hauteur est vite perdue. Arrivant sur les lieux, on tombe sur un autre médecin semblant avoir besoin d’aide avec un civil évanoui; ça, c’est un travail pour Kenichi. Après avoir écouté le seizanjin, je trouve cette situation… bancale.

De toute personne, Haruka aurait demandé à ce qu’on déplace un civil avec un problème potentiellement grave aux vertèbres? J’ai du mal à le croire. «… Bien.»  Ça ne m’enchante pas, mais je devrai visiblement le retrouver pour en savoir un peu plus. En attendant, je repose les yeux sur le Shinobi des montagnes; je prends une longue inspiration et m’assure qu’au besoin, je serai capable de le retrouver.

«Je te laisse t’occuper de la situation, Kenichi; je vais devoir retrouver… Haruka.» Devoir lui prononcer ce nom me déplaît, ça me fait penser à ma vie d’avant, aux erreurs que j’ai faites et qui ont leurs échos dans mon présent. Il y a de ça, mais aussi que le laisser seul dans cette situation me rend quelque peu anxieux.

Filant discrètement quelques mudras dans les pans de mon kimono pour ne pas être vu, j’avertis télépathiquement Kenichi de mes inquiétudes. «Ça ne ressemble pas à Haruka d’ordonner le déplacement d’un civil en si mauvais état; je vais aller le voir. Je te laisse travailler; garde un œil sur le seizanjin, s’il te plaît. Je te laisse en bonne compagnie.»

J’ai pleinement confiance en Kenichi, mais la situation n’est pas claire; jamais les choses n’auraient dû se passer comme ça. Nous sommes à Jujou, un village bondé de shinobi aux connaissances médicales poussées; il y a un protocole à suivre, une façon de faire lors de ce genre de situation. Qu’on ait ordonné à un médecin de déplacer un homme dans cet état vers un hôpital qu’il ne saurait trouver est insensé.

J’offre à Kenichi un petit quelque chose au cas où la situation venait à s’envenimer, puis je fais mine de quitter les lieux «prends ça au cas où; s’il arrive quoi que ce soit, tu seras plus réactif.». Une fois assez loin des lieux, je crée une copie de moi et lui donne comme tâche de rester à l’écart pour surveiller la scène.

Résumé et compétences:

Il est finalement impossible de me retrouver au chevet de l’homme et d’accompagner mon collègue aussi promptement que je le voulais; les dernières paroles de l’intrus m’ont fait tiquer presque autant qu’Haruka. Il a de la chance que ce soit le jonin qui lui tombe dessus et pas moi, tant il s’en permet.

Ma rage est sourde et silencieuse, comparé à celle qu’il est sur le point de subir. Là où il est malchanceux, c’est qu’Haruka a été très clair; nous ne le laissons pas partir. L’espace d’un instant, j’ai contemplé l’idée de laisser ses propres démons lui agripper la gorge, histoire qu’il s’étouffe dans ses propres aveux.

Je finis par approcher de Kenichi et de son patient. Ses aveux ne sont pas nécessaires; se permettre d’intimider un collègue au lieu de lui porter main forte, surtout quand une vie semble être en jeu, est fort suffisant quant à moi comme admission.

Mais ce n’est pas grave; il y a pire qu’Haruka ou moi en ce monde, et Ishii risque de sous peu en faire la connaissance. «… J’ai envoyé quelqu’un chercher Chinone, Kenichi. Tu auras bientôt une seconde paire de mains pour t’assister, tiens le coup en attendant, d’accord?»

Ce qu’il a sûrement entendu juste avant est absolument dégueulasse, mais j’ai peur que ça vienne jouer sur son estime… quoique, je sais Kenichi bien plus professionnel que ça, et surtout bien plus adepte à ignorer ce qu’il se passe autour de lui quand il se met à travailler sérieusement. Même si le vieil homme semble dans un fort sale état, je ne compte plus les miracles accomplis par le dernier descendant Sakamoto depuis notre rencontre.

Pour y arriver, il aura cependant besoin de calme s’il veut travailler au mieux; je lui apporterai moi-même, quoiqu’il en coûte.

Kenichi est une fois de plus laissé à sa tâche, et je retourne aux côtés d’Haruka pour l’aider. Pas qu’il ait particulièrement besoin de mon support lui non plus, mais je fais au mieux. Un avertissement – une menace à peine voilée, surtout – vient aux oreilles du médecin des montagnes : «il est mieux que tu ne parles plus, jusqu’à ton interrogatoire.» Un avertissement, une menace, mais aussi un conseil.

Cachées dans les manches de mon opulente couture, mes mains alignent quelques mudras sans même se croiser et se tiennent prêtes à relâcher sur Ishii une douleur si atroce qu’il croira avoir vomi ses propres cordes vocales. Je prends le temps de croiser son regard pour voir s’il m’a compris ou s’il se mettra en tête la folle idée de continuer à se faire aller la langue.

Le juste châtiment n’est, auquel cas, pas très loin. À la moindre parole de travers, il sentira quelque chose lui serrer la gorge si fort qu'il aura l'impression d'étouffer et de manquer d'air.

Résumé et compétences:

Kenichi part promptement une fois l’état de son patient assez stable pour le permettre, et Ishii s’abstient vaguement de passer d’autres commentaires même si son comportement n’est guère mieux. Seulement, Haruka intervient avant moi – j’étais occupé à dire au médecin que j’allais le rejoindre aussitôt que j’en aurais l’occasion – et c’est pour le mieux même si je vois très bien que tout est sur le point de péter.

Il me rappelle un instant qu’il y aurait peut-être d’autres personnes susceptibles de servir de témoin aux évènements mystérieux et incertains entourant le civil blessé. Ça ne m’enchante pas, mais je finis par dire à Haruka que «je vais voir si je ne pourrais pas les retrouver; je crois en avoir senti un passer sur les toits, c’était avant de venir te chercher…»

Car oui, certains font ce genre de chose en grand public et pensent qu’absolument personne ne s’en rendra compte. Malheureusement, je ne saurais pas le retrouver facilement… si ce n’est du fait que l’inconnu soit tombé; je trouverai peut-être un shinobi occupé à boiter et a grogner sous la douleur quand je ferai un tour des rues, mais c’est pas mal tout sur quoi je peux me baser pour faire des recherches.

Quelque chose me dit qu’au fond, quand ils ont vu Ishii faire n’importe quoi, ils sont partis pour ne pas que ça leur tombe dessus à eux aussi. Pour nous comme pour eux, c’est sans doute pour le mieux. «Si je trouve quoi que ce soit, je passerai à la brigade te le dire. Advenant que je puisse trouver l’un des deux gens, je les interrogerai directement.»

Comme ça j’aurai au besoin une version des faits à comparer avec ceux du captif d’Haruka.

Je finis donc par quitter les lieux, me faufilant avec empressement dans les petites rues en direction de là où j’ai ressenti le chakra tomber d’entre les toits. À partir de là, je ferai ma surveillance et demanderai aux autres shinobi en service s’il n’y avait pas eu un cas de blessure ou s’ils n’avaient pas vu quelqu’un boiter parmi la foule de civils.