Le plan était de retourner au campement, une sage décision. Sauf qu'un scintillement inopportun capta son attention. Pas le temps de se retourner, le clone de son frère d'arme avait déjà disparu. Tachycardie, son regard balayait prestement l'environnement. Apparition d'une silhouette, pas le temps de réagir, une main rugueuse attrapa sa face, plaquant son corps contre la roche. Le choc lui fit presque perdre connaissance, il eut toutefois le temps d'apercevoir un sourire aux dents aiguisées.

Le pincement des cordes sur ses poignets, le goût du sang dans la bouche, le Kaice quittait les limbes de l'inconscience. Posé à même la roche, des voix inconnues lui confirmèrent la présence d'étrangers. Deux hommes montaient la garde, ils avaient visiblement des appréhensions quant à la présence d'un Soldat de Seizan. Ils ne l'avaient pas encore vu, Maho en profita donc pour faire un état des lieux. Il avait visiblement été capturé, ce qui signifiait quelqu'un capable de le prendre par surprise... Son crâne se souvenait encore du contact de la roche, mais des hématomes frais parcouraient sa peau, il avait été battu, où peut-être tout simplement trainé à même le sol.
Discrètement, il tenta d'éprouver l'entrave sur ses poignets. Grave erreur, une clochette sonna dès qu'il tira sur la corde. Tant pis pour la discrétion ? Retombant dans l'immobilité, le moine laissa l'un des gardes se rapprocher de lui.



Un mot prononcé en relevant la tête, il força sur ses jambes pour bondir, son genou s'enfonçant dans l'entrejambe du malheureux. Profitant qu'il baissa le torse, il l'attrapa, bloquant son cou entre ses cuisses. Etrangement l'autre garde ne semblait pas réagir, mais quelques secondes plus tard un boulet de canon frappa l'abdomen du moine.
Forcé de lâcher sa prise, il reconnut le même sourire qui l'avait si aisément mis hors de combat. Cela ne faisait plus aucun doute désormais...



Une plaisanterie qui se traduisit par une bourrasque de chakra entourant ses poignets. Libérés de ses étreintes le moine se lança à l'assaut. Le louveteau hurla contre la montagne, mais celle-ci resta impassible.
Combien de fois avait-il perdu conscience ? Après s'être fait remettre à sa place, Maho dut subir l'éternel jeux des interrogatoires. On ne pouvait pas lui reprocher de rester silencieux, bien au contraire, il parlait sans s'arrêter. Il débitait tout un tas d'âneries, ses habitudes douteuses lui offrant après tout milles anecdotes. Hélas ses geôliers ne semblaient guère intéressés par la tâche de naissance décorant la poitrine d'une certaine Nanabe.
Les poings laissèrent place aux lames, pourtant malgré ses cris, la douleur ne rendait pas notre moine plus honnête. Bien au contraire. Attention, il ne fallait surtout pas y voir de la bravoure, un sentiment du devoir, ou même une quelconque force mentale. Maho n'avait pas le courage de mourir pour ses convictions. Seulement tout comme le contact du fouet à la tombée de la nuit, cette sensation de perdre tout contrôle, cette mise en tension du corps, était-ce sensé lui déplaire ? Mélange du dégoût et de l'extase, du plaisir et de l'horreur, rien de ce qu'ils lui feront ne surpasserait les attentions de son ancien maître.


Encore une fois il ouvrit les yeux, tiré de l'inconscience par la pression sur ses cheveux. Un paysage différent, il eut du mal à reconnaître le camp, par contre les deux demoiselles, l'homme aux cheveux blancs. Devaient-ils vraiment le voir dans cet état ? Mise à nu face à ses alliés, Maho ne put que baisser les yeux. Interdiction de pleurer, il se contenta d'un simple sourire.
Aux mots de Kyoshiro il reconnut sa colère, et malgré sa honte, il parvint à poser ses yeux sur lui. Les deux autres ignoraient son passé, mais lui devait savoir. Il devait savoir le plaisir malsain qui animait le moine, l'extase du traumatisme revécu.



Et pour ponctuer ses dire il offrit un franc sourire. Un geste pathétique, ridicule sans doute, ne serait-ce peut-être pour la fine pilule qui trainait sous ses dents ? Une pilule qu'il avait gardé dans sa bouche tout ce temps, depuis qu'il avait repris connaissance. Un plan B qui avait tenu bon, malgré la brutalité de ses hôtes.
Il n'eut qu'à déglutir, quelques secondes tout au plus, et la magie des herbes fit son effet. Faisant mine de perdre à nouveau connaissance, Maho laissa sa tête chutée vers l'avant. Une feinte, puis qu'alors même que la poigne tirait sa chevelure vers l'arrière, il propulsa sa tête de toute ses forces, profitant de sa force nouvelle percuter le sternum de son captif.
Il n'avait pas besoin de grand-chose, juste d'un effet de surprise. La poigne se desserra légèrement, la lame sous sa gorge s'ébranla, assez pour qu'il la percuta d'un coup de genoux. Retomba sur ses jambes, le Kaice se propulsa immédiatement vers l'avant. Un bond où il engagea sa force nouvelle, bien conscient que dans son état, l'effet serait de courte durée. Quant au reste, il avait une confiance absolue en ses alliés.

Résumé: