J’allais bientôt quitter Seizan. Par bientôt, je voulais dire, dès le lendemain. Il était temps de trouver un cadeau pour ma précieuse amie. Ce n’était pas que je n’avais pas eu la chance ou que je n’avais pas chercher, mais rien de ce que j’avais vu ne me donnais envie de lui offrir. Rien assez beau, ou assez délicat ou simplement suffisant pour quelqu’un aussi parfait que ma Koko-chan. Mon soleil méritait ce qu’il y avait de mieux.

Et je ne trouvais tout simplement pas quelque chose à sa hauteur. La perfection demandait exactement cela, de la perfection. Je volais donc d’étal en étal, mes yeux dévorant la marchandise avec avidité, mais je ne trouvais rien. J’avais même l’impression de tourner en rond.

Je repassais certaines boutiques qui avaient attiré mon œil avant de les redisqualifier un fois, deux fois et même trois. Je commençais à désespérer. C’était bête, mais j’avais l’impression que cette tâche était encore plus impossible que de parler à Koko-chan pour la première fois. Je voulais tellement que ce que je choisisse lui plaise plus que tout au monde … Je voulais la rendre sincèrement heureuse lui montré que je pensais à elle, même lorsque j’étais loin.

Mais ce n’était pas aussi facile qu’il n’y paraissait. Je me cassais l’esprit, la tête et tout ce que j’étais à chercher, mais je revenais bredouille tous les jours. Je ne voulais pas choisir quelque chose en me disant qu’il faudrait s’en contenter, même si je savais bien que Koko-chan serais ravie de le pensée … Ce n’était pas suffisant. Jamais !

C’était la quatrième fois que je repassais au marché en deux jours. Le soleil commençait à descendre dans sa course et l’azur du ciel se teintait de rose et d’orange. Bientôt, la nuit viendrait voler la place au jour et j’échouerais une fois de plus.

Et je quittais le lendemain. Il serait impossible d’arranger les choses si je ne trouvais pas quelque chose maintenant. Je désespérais et paniquais en même temps. Difficile de se calmer ou même de penser à autre chose. J’avais envie de m’arracher les cheveux et de hurler de frustration, mais ça n’y changerait rien, alors je me contentais de tout garder à l’intérieur, comme tout le temps, feignant un flegme que je n’avais pas.

En marchant de mon pas hâtif, je percutais un jeune garçon – enfin, il était plus vieux que mais probablement pas tant que ça – et rebondis le derrière premier directement sur la pierre. Je me relevai promptement, époussetant mes vêtements et balbutiant des excuses, le visage plus rouge que les pivoines elles-mêmes.

« Pardon ! Je … je suis … je suis dé … Désolée ! »

Le garçon ne semblait pas méchant. C’était une bonne chose. Alors que je me confondais en excuse, il demanda lui-même pardon. Je m’attendais un peu à me faire dire de regarder où j’allais, à me faire réprimander et de devoir trouver une façon de me faire pardonner, alors cet étrange revers de situation me déstabilisait plus qu’un peu. Je souris bêtement à l’homme incertaine de ce que je devais dire.

Il ne m’avait pas l’air bien méchant. Et ses cheveux étaient blanc, comme Kyoshiro ou comme Hyouren-sama. Quoi qu’il en soi, je n’étais pas malaisée par sa présence. Probablement que c’était par association, mais ça ne changeait rien, j’étais un peu plus à l’aise qu’avec la plupart des inconnus. Peut-être pourrais-je utiliser l’occasion pour demander son aide ? Mais je ne pouvais pas, pas comme ça, pas sans préavis quand même. Non il faudrait apporter la chose doucement.

Je laissai tomber mon sourire un peu bête avant de me redresser comme il faut et reprendre une posture un peu plus digne.

« Merci, c’est bien gentil de votre part. »

Je m’inclinais poliment en signe de gratitude, mais également car je commençai une autre phrase, je genre de phrase qui nécessite cette politesse.

« Je me nomme Suzuki Ena, enchantée de vous rencontrer monsieur. »

Et je me redressai une nouvelle fois et le sourire que j’offris à l’étranger était un peu plus naturel, un peu plus en possession de mes moyens. Je lançai un regard à la foule autour de nous finis par ajouter :

« Oui je comprends. C’est pareil pour moi et j’étais bien distraite. Je me dois, peu importe ce que vous en dites, de m’excuser également. Je ne regardais pas plus où j’allais. »

J’étais certaine que l’incident était de ma faute de toute façon. Je ne regardais pas où j’allais et j’étais envahie par l’idée de trouver le cadeau parfait pour ma tendre Koko-chan. Et je savais qu’avec cette idée en tête, le reste du monde avait tendance à disparaître de mon esprit.

J’hésitai un instant, un doigt contre les lèvres, fronçant les sourcils. J’essayais de décider si j’allais vraiment lui demander de l’aide ou non. Et si oui, est-ce que je lui dirais pourquoi j’avais tant besoin d’aide. Finalement, je craquai. Je n’avais plus le temps d’hésiter si je ne trouvais pas quelque aujourd’hui, je n’allais jamais y parvenir.

« Dites-moi … peut-être que vous pouvez m’aider. J’aimerais trouver une boutique pour acheter un cadeau à quelqu’un qui m’est extrêmement précieux … Auriez-vous une idée d’où je pourrais aller ? Si c’est trop demander, ne vous inquiétez pas ! Je trouverai bien par moi-même ! Désolée je ne voulais pas vous embêter avec ça, je n’aurais pas dû … »

Lorsque dans le tort, il est important de le savoir et de pouvoir le reconnaître … Si l’on voulait arriver à quoi que ce soit. J’avais l’habitude de demander pardon, de m’effacer, mais j’étais également excessivement consciente lorsque quelque chose était ma faute. En fait, la plupart du temps, c’était à cause de moi. Alors qu’on me demandât pardon na m’allait pas. Je ne faisais pas attention où j’allais, c’était moi qui devrais s’excuser pour faire amende de paix.

Du moins, c’était ainsi que je voyais la chose, mais le garçon ne semblait pas du même avis. Il se présenta à son tour, l’air un peu embêté. Il avait un drôle d’humour que j’appréciais bien. Puis, je me permis de lui faire ma demande, avec tout le désespoir qui était mien, espérant ainsi qu’un natif de Seizan puisse m’aider.

Malheureusement … Non, ça ne m’avait pas l’air d’être ça, hein ? Il était gentil, mais je devais vouer que ses propositions me paraissaient un peu …

« Ah … euh …  »

Comment dire que je ne me voyais pas suivre aucune de ses recommandations sans le froisser ? Ce n’était pas une situation avec laquelle j’avais l’habitude. Pourtant … je ne voulais pas aller acheter des armes pour une personne qui n’était aucune ment violente et des pastilles de lait ? Je n’étais pas certaine que Koko-chan les aimerais. En fait, non, j’étais certaine qu’elle ne les aimerait pas. Que faire ? Que faire ?

« Hum … Je pense que les fleurs ne survivraient pas au voyage. Mais les vêtements, ce n’est pas bêtes comme idée. Un accessoire passe partout mais mignon devrait bien la rendre heureuse …  »

Oui, un accessoire, comme ça Koko-chan pourrait avoir quelque chose de moi avec elle tout le temps ! Oui, cette idée était parfaite.

« C’est effectivement pour lui ramener un souvenir. C’est la première fois que je viens à Seizan et je voulais …  »

Je ne terminai pas ma phrase me sentant rougir jusqu’à la pointe de mes oreilles. J’avais presque admis tout haut que je voulais prouver à ma tendre amie que je pensais à elle, même en étant à Seizan. C’était un peu trop dire à quelqu’un qu’on ne connaissait pas. Je m’étais donc tue et plaquer une de mes mains contre ma bouche en réalisant cela.

« Ce … C’est un peu plus compliqué que je ne l’avais anticipé, disons … Si vous m’aidez, je pourrais vous remercier avec ce que vous souhaitez ! »

C’était un peu risqué comme proposition mais si l’homme acceptait, peut-être que cela pourrait me sortir de mon pépin actuel et pour ça, j’étais bien prête à le remercier de la façon qu’il voudrait !