"Incroyable."

Devant moi, un capharnaüm d'éléments qui s'entrechoquaient dans une danse atypique : Akari, coup sur coup, lançait des éclairs contre le feu d'un Guichetier rapide dans ses mudras. Fronçant les sourcils, je découvris de nouveau Kagami invoqué pour lancer de... L'eau ? Une bulle de taille raisonnable qui entoura l'ennemi et c'est à ce moment que je perdis le fil : De l'eau, de la foudre et du feu... La finalité était un homme légèrement brûlé, mais entier malgré le déchainement dont il avait été victime. De ma position, je le voyais encore debout, mais il avait visiblement pris bien cher.
Pour autant, il ne lâchait pas l'affaire. Au milieu de la vapeur, remplissant le tunnel d'une légère brume assez peu transperçable, il faisait encore le fier en affirmant qu'on ne l'aurait pas si facilement. Légèrement frustré, je m'avançais en tirant ma lame, enfin, de son fourreau pour lancer les hostilités avec moi dedans : S'il perdait le duel contre un ninja, il était maintenant complétement foutu avec le tigre et moi dans l'équation.

- Je serai pas si affirmatif si j'étais toi. Lassé par la résistance vaine de l'individu, je pointai mon katana, bras tendu, vers sa gorge et prononçant les mots suivants : Trois contre un, je te donne cinq secondes pour te mettre à genoux et te laisser faire. On a bien traité tes hommes, on peut faire la même chose avec toi et tout ira bien. Le problème était que des ouvriers et des marins, ce n'était pas si terrible, mais un manipulateur de ninjutsu, on devait vraiment en parler au village et donc sa vie allait bel et bien changer : Prison, engagement forcé dans l'armée... Peut-être même la mort, s'il renâclait. Crois-moi, je te fais une fleur, là.

Aucune réponse, mais je le voyais me fixer pour jauger si j'étais sérieux ou non. Je soutenais son regard, espérant renvoyer un message invisible. On ne jouait plus, le type pouvait me brûler vif si je ne prenais pas garde à ma défense ou à mes mouvements, je mettais en gage ma vie là où je ne m'étais pas inquiété sur la route, précédemment, ou dans le tunnel contre les pions.
Les sens à l'affut, les muscles vrillés vers l'action, je pris une grande respiration alors que s'écoulait les secondes entre ordre et chaos.

Un, Deux, Trois, Quatre, Cinq.

Comme un seul homme, nous lancions l'assaut : Lui par des mudras bien trop rapide et moi par un bond en avant, comme si ma vie en dépendait, et c'était le cas. Si un utilisateur de chakra avait l'avantage à moyenne et longue portée, la nécessité des mudras dans l'utilisateur de leurs techniques les rendaient extrêmement vulnérables au corps-à-corps, là où je brillais logiquement avec mon entraînement physique et ma lame. L'idée était de rejoindre cette situation avantageuse avant de me faire griller la couenne, j'espérais secrètement avoir de nouveau le soutien de Akari s'il arrivait à souffler une boule de feu avant que je ne puisse lui couper la gorge...
Trop lent.
À un mètre de l'arrivée, il déclencha son attaque, mais je l'avais vu venir : Finir les mudras, prendre une respiration... Ce n'était pas le plus discret et immédiatement j'avais changé mon angle de course pour faire un crochet sur ma droite. La concentration infernale passa dans la trajectoire où je me trouvais une si légère seconde avant et la chaleur me chauffa un peu trop le bras gauche à mon goût. L'inertie, un peu trop forte, m'amena à percuter la paroi rocheuse, mais au moins je n'avais pas fondu sur place... reprenant ma course en prenant appui de la main sur la pierre pour reprendre l'équilibre, je rasais le mur pour rejoindre la position centrale du bâtard qui avait voulu me faire rôtir. Le ninjutsu n'était plus d'actualité et il se mit dans une position relative de taijutsu... Je n'étais pas une bête dans le poing souple, mais je savais reconnaitre un type qui avait l'habitude ou non de ce type de situation et il n'était pas dans la bonne catégorie.

En passant à l'attaque, je sautais en me propulsant par l'intermédiaire de la roche : Un pied à la verticale, je poussais pour surprendre mon adversaire. Dans cette situation, mi en l'air, mi dans la merde, je ne pouvais pas faire marche arrière ou esquiver et il le sentit très bien, car il arma un coup de poing visant mon visage. Osé, de sa part, mais l'initiative eut le mérite de me demander d'arrêter mon attaque pour baisser la tête, histoire de ne pas foncer pile dans sa salade de phalange. Un peu déséquilibré, j'utilisais cette position légèrement pliée en deux pour feinter. L'énergie cinétique à profit, dans ma frappe, je roulais sur moi-même en me jetant en avant que ma lame, assez basse, bascule au-dessus de moi et lui frappe l'épaule découverte par sa propre approche. Surprenante, la lame fit mouche en dérapant contre la peau et les os du membre ainsi touché.
Un grognement de douleur et je basculai sur le côté pour reprendre un peu mes esprits, puisque dans l'exercice, je l'avais un peu tamponné avec ma tête, devenu un genre de foreuse. Son vêtement baigné de sang révélé une musculature limitée, mais présente : Le type avait connu quelques entrainements ou bien une vie de travaux manuels. En tout cas, dans sa posture de combat, on voyait assez rapidement que son bras avait du mal à se lever correctement... Un tendon ou un nerf touché ? Qu'importe, je repartais à l'attaque. Sans mudra et avec un membre rendu presque inutilisable, il devenait de la pâté pour chat et je n'avais plus à me formaliser pour ma san... Sa main droite s'anima dans des signes rapides et une barrière de feu fut érigée entre lui et moi.

- Quoi ? Des pas surgirent dans le tunnel, s'éloignant de moi... Il fuyait le salopard et il avait attendu que j'ai confiance pour m'avoir. NON ! Ni une, ni deux, je serrais les deux pour me lancer dans le voile infernal et me lancer à sa poursuite. Dans le cadre de la formation rocheuse, la technique prenait toute la place et c'était nécessaire de roussir un peu mes plumes pour mener à bien la mission. Akari ! Kagami !

Avec l'eau du tigre, je pouvais passer, mais il fallait aller vite et je n'avais pas le temps : Mes vêtements, dans la procédure, connurent un embrassement rapide, et je roulais sur le sol après mon passage pour un petit peu atténuer l'effet. Serrant les dents, sentant ma manche lentement se consumer en brûlant mon bras à travers, je tapais énergétiquement sur ma cuisse en me remettant sur les jambes et en sprintant le plus vite possible pour rattraper le corniaud qui pensait m'échapper.

Quel emmerdement !

- Le pouvoir, le pouvoir... Bredouillant dans ma barbe inexistante, je frictionnais encore mon bras un peu roussis par la traversée infernale que j'avais opéré. Le pouvoir va pas m'empêcher de te péter la gueule, fils de pute. J'étais visiblement très en colère et en voyant les fils qui retenaient des projectiles, je ne pus m'empêcher de lâcher un nouveau juron qui faisait tâche avec mon métier honorable et mon éducation...

Je restais un jeune adulte, encore un peu en gaillardie par les succès et la force. Pour le coup, dans le tunnel, c'était assez malin : Comment esquiver une infinité de petites attaques ? La garde devant moi pour essuyer les pots casés, je vis Akari s'avancer pour parler d'une voix autoritaire à son tigre et ensemble ils firent une technique combinée qui repoussa une grande quantité des traits du Guichetier... un ricanement derrière eux, clairement je ne voyais pas le ninjutsu aussi utile. "Je devrais peut-être me pencher dessus". Mes parents ne m'avaient jamais appris à le faire, sans doute par un conservatisme mal amené.
Quand fini enfin la vague foudroyante, il ne restait qu'un homme au sol, encore vibrant d'un flux électrique qui l'avait frappé... Soupirant, je fus coupé par les sursauts de la pierre autour de nous. Des explosions, du chakra et des éléments incongrues... Voilà ce qui avait tôt fait de déséquilibrer le réseau dans la montagne. Alors que je me mordais la lèvre, le jeune ninja prit les choses en main : j'allais chopper le contrebandier inconscient, ou vachement mal en point, et il récupérait les pions derrière nous avec Kagami. Sans plus discuter, je fonçais vers ma cible pour lui chopper le col et le monter sur mon épaule. Il pesait son poids, mais l'urgence faisait que j'étais comme doppé... Ou bien je ne me rendais pas compte de ce que je pouvais porter ? En tout cas, d'un pas sûr, je trottinais avec le lardon sur le dos comme un sac à patate, non sans lui murmurer des mots doux :

- Tu as de la chance qu'on soit humain, d'autres auraient juste détruit ton réseau en faisant s'écrouler le tunnel avec toi en dessous. Peu sensible à mes attentions, sans aucun doute à cause des trémolos qui lui faisait encore mal, je débouchais sur une plus grande salle où la lumière filtrait, avec pleins de jeunes qui n'étaient clairement pas des fauteurs de troubles. De ma main libre, je fis un petit geste pour les saluer, avant d'entonner d'une voix forte : Allez, on circule ! Le tunnel va s'effondrer et vous avez pas envie d'être dessous. BOUGEZ ! Déjà, la poussière arriva du boyau que nous quittions, c'était désastreux... Mais c'était ainsi.

Avançant sans concession dans la foule qui me regardait d'un air pantois, comme ils regardaient aussi Akari et son tigre qui portait des boulets comme un rien. Je vins lâcher mon colis sous le ciel, passablement fatigué de cette petite aventure.

- Eh bien, on a fait du bon boulot... M'asseyant à côté du poulet rôti, je soufflais un coup avant de revenir à nos oignons : Je vais récupérer le Guichetier et l'amener à Seizan, ou un avant poste avant, histoire de l'interroger... Il maitrisait le ninjutsu, c'est clairement pas un négociant et surtout il devait bien revendre à quelqu'un dans l'ouest. Je vais chercher. Tapotant la terre d'un geste las, je me devais de débriefer la mission. Bon boulot, tu m'as clairement sauvé les fesses avec ton chakra... j'aurai pas pu réussir sans to... Sans vous. D'un œil méfiant, je regardais Kagami qui avait encore un pauvre hère dans la gueule. D'un autre côté, j'étais passé au tutoiement avec le jeune homme, on avait bataillé ensemble et ce n'était que justice. J'espère pouvoir faire encore affaire avec toi, peut-être pour chasser les associés du Guichetier ? En tout cas, je demanderai ton intervention si je dois partir dans une autre région pour ça. Je n'oublis pas que je dois te faire visiter ma région ! Un sourire radieux, je pus enfin me détendre devant cette enquête un peu dynamique. Seule ombre au tableau : je vais devoir me le porter jusqu'à Seizan ?! La tuile...

Rien n'était vraiment fini.