L’Ao Oni No Ken. Cette brigade avait marqué un changement dans ta vie. Chargée d’une mission te tenant à cœur, collant à tes valeurs, tu avais toujours pris au sérieux les tâches qui y étaient liées. Aujourd’hui, c’était une nouvelle mission qui t’avait éloignée de Seizan, en compagnie de ton ami et partenaire Kunao. Une mission qui impliquait ta cible. Celle qui t’avait poussé à rejoindre la brigade. Qui te dégoûtait au plus au point et qui s’opposait à la moindre de tes valeurs : les jashinistes. Comme une traînée de poudre, les rumeurs sur les étranges évènements se déroulant au cœur de la forêt de pierre, s’étaient répandues, jusqu’à atteindre la cité des montagnes. Des rumeurs plus qu’inquiétantes, qui ensemble, ne présageaient rien de bon. Des symboles jashinistes et d'étranges rassemblements au cœur de la nuit, aperçus par quelques passants trop effrayés pour s'en approcher plus. Qu'est ce que ça voulait dire ? Et bien que les deux étaient certainement liés. Mais comment ? Habituellement, les adorateurs de la mort préféraient la discrétion et les petits comités. Tout le long de votre voyage, jusqu’à la forêt de pierre, tu étais restée particulièrement silencieuse, presque perdue dans tes pensées, et en même temps, particulièrement sur tes gardes. Un paradoxal équilibre qui donnait l’impression que tu étais montée sur ressort, tant le moindre bruit dans les feuillages attirait ton regard dans la seconde.

Quand enfin, au loin, c’était dessiné votre destination, tu avais légèrement ralenti le pas, jusqu’à t’arrêter, attirant l’attention de ton partenaire. Vos regards s’étaient alors plongés l’un dans l’autre, de longues secondes. Les nuances carmin de ses yeux dans l’opal des tiens, vous étiez restés silencieux, un moment, avant que tu ne te décides à parler, une main ajustant la longue mèche de cheveux blancs qui tombait le long de ta tempe, effleurant par la même occasion ton arcade froncée.



« Soyons particulièrement prudent, d’accord ? Je sens que ça va être tendu. »

Ton instinct te le disait. Et depuis que vous aviez commencé à travailler ensemble, il avait toujours été de très bons conseils. Votre mission allait s’avérer plus compliquée, pour une raison ou pour une autre. Tu le sentais et ce, depuis que tu avais reçu le rouleau à la demeure Kara.

Ce fut sur ces paroles que tu repris la route, d’un pas plus affirmé, plus déterminé, pour rejoindre la fosse fossilisée, encore éclairée par la lumière de l’astre solaire qui n’avait pas encore commencé sa descente et qui projetait alors les ombres des arbres de pierre sur le sol, dans un motif plus qu’inquiétant. Ici, tout semblait mort. Au loin, on entendait le coassement de quelques oiseaux, à la recherche d’un peu de nourriture, et sous vous pieds, le craquement de la terre vous semblait alors terriblement bruyant. L’espace était grand, et votre temps limité avant la tombée du jour. Il vous fallait commencer à travailler au plus vite.

« Je te propose qu’on se séparer pour chercher des indices. Empreintes de pas, marques jashinistes et autre, prenons des notes de tout, même si on ne comprend pas tout de suite, ça pourra nous être utile à l’avenir. »

Tu en profitas pour tendre un Kunai au jeune homme sur lequel une marque semblable à du fuin avait été déposée.

« Prends ça. S’il m’arrive quelque chose, je pourrais t’envoyer mes notes en intervertissant les deux. »

Déjà dans la grotte cachée de la province du miel, tu avais fait preuve d’un esprit particulièrement précautionneux. Tu pensais toujours au pire. Peut-être que c’était pour cette raison qu’il y avait toujours cette lueur triste, au fond de tes beaux yeux ? Toujours réfléchir à tout, et surtout aux possibles horreurs pouvant te tomber dessus à tout instant, ça ne pouvait qu’être usant avec le temps. Ne laissant pas cette réflexion t’emporter, tu t’éloignas alors, ton carnet de note en main, bien déterminée à rassembler le plus d’informations possible.

« On se retrouve ici dans maximum une heure si ça te va, et si tu tombes sur quelque chose de vraiment intriguant, appelle, ok ? »

Un sourire, un clin d’œil amical, et tu disparus derrière un des arbres de roche si caractéristique de l’endroit.

Comment t’appeler ? Pour toi, ça semblait presque simple comme bonjour. S’il y avait urgence, un cri, un signe visible de loin et tu saurais reconnaître la touche si particulière du sabreur. Tout ça reposait sur de la confiance finalement. Une notion importante dans une équipe, ou dans ce cas-ci, un duo. Il fallait avouer qu’en ce moment, Kunao et toi aviez prit l’habitude de travailler ensemble, vos deux autres partenaires étant soit absent, soit occupé.

T’avançant à travers du dédale de roche, pensive, tu laissais ton regard vagabonder sur la silhouette des arbres de roche. Comment ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui avait transformé cet endroit en un fragment du passé livide et intemporel ? Plus tu y pensais, plus du prenais conscience de tout ces mystères cachés juste sous ton nez. Toutes ces zones d’ombre, sur lesquelles apporter de la lumière serait complexe.

Le paysage grisâtre avait quelque chose de mélancolique, poétique. Tout était figé, comme si le temps avait perdu son emprise sur les lieux, il y a bien longtemps, laissant une nouvelle couche de végétations hirsutes prendre petit à petit sa place sur la pierre, avec difficulté mais persistance.

Marcher, sans but ni idée précise, te semblait soudain peu efficient. Cet endroit était comme un labyrinthe où chaque recoin avait la tête d’un autre. Il te fallait réfléchir comme un jashiniste. T’introduire dans leurs petites têtes malsaines et fourbes, pour comprendre leur manière de fonctionner. Inspirant longuement, fermant les yeux, une seconde, tu te forças à faire le vide. À te mettre dans la peau d’un extrémiste. Tuer, Sacrifier, mais pour quoi ? Pour son dieu. Se complaire dans l’horreur. Impressionner ? Oui, ça te semblait pas bête ça. Si les adorateurs morbides avaient décidé de se montrer, si clairement, ce n’était pas pour attirer l’attention des autorités d’Onogoro. Enfin, pas selon toi. Ça relevait plutôt d’une envie de se mettre en valeur auprès des autres. Mais alors, il devait y avoir plus que des symboles, là, cachés au cœur de ces bois. Simplement, les pauvres marchands, témoins des rassemblements, n’avaient pas eu le courage de fouiller plus que ça.

« Ok, c’est parti. »

Il fallait que tu prennes en hauteur. Que tu gagnes une vision plus large de ces terres. Prenant de l’élan, tes mains s’activant dans une suite complexe de mudra, tu courus en direction d’un arbre, en ligne droite, puis, un saut, habile, félin, qui te permit d’arriver en haut de celui-ci ... Et de te reprojeter encore plus haut dans le ciel, au moment même où ton mudra prit fin.





Ton pied s’écrasa sur une surface translucide, là, posée dans le ciel. Une plateforme maintenue par ton chakra, qui te permis de prendre appuis et d’atteindre la suivante, placée encore un peu plus en haut et ce, jusqu’à atteindre une hauteur satisfaisante qui te donnait une vision accrue sur ce territoire encore inconnu. Le vent soufflant dans tes cheveux, laissant ta longue tresse se balancer dans le vide comme le corps gracile d’un dragon, tu restas de nouveau silencieuse, ton regard opal scannant la zone avec attention jusqu’à ...

« Bingo. »

Sortant de ta poche ton carnet, tu commenças à gribouiller ta découverte, l’air sérieux et concentré, là, perchée dans le ciel.

Du côté de Kunao, tout était calme. Un silence perturbant et relaxant à la fois. Une paradoxale sensation qui berçait l’endroit et ce, dès le premier pas. Prudent, il avait raison de l’être, sur cette terre maudite. La main sur le fourreau, il avançait d’un pas assuré, quand soudain, une odeur métallisée aux reflus de décomposition chatouilla ses narines. Une odeur reconnaissable entre mille. Celle du sang et d’une dépouille, abandonnée il y a déjà un certain moment, en proie à la nature. Une odeur qui soulève le cœur à quiconque n’est pas habitué. Qui souligne toute l’horreur de la scène qui s’offrit au regard du sabreur, une dizaine de mètres plus loin.



Elle était là. Immobile et en morceau, la source de ce putride parfum. Le buste d’une jeune femme, mutilée, dont le visage était marqué du symbole de Jashin, taillé à même sa chaire. Jambes et bras étaient manquants. Emportés par des bêtes, ou même par les auteurs du crime, ça, ça restait à déterminer, mais vu le sang qui avait imbibé le sol, collant alors à la semelle du jeune homme et l’expression d’horreur déformant les traits de la dépouille, celle-ci était encore en vie quand cela avait été fait. Elle avait souffert. Longuement. Sa mort avait été lente et douloureuse, à n’en pas douter. Une vie fauchée, encore jeune. Une vie qui avait encore tant à accomplir dans ce monde, et qui avait été privée de ce droit.

C’était ça, la réalité de Jashin.

Depuis le ciel, tu avais découvert un schéma au travers des actions des résidents de l’obscurité. Des chemins se dessinant comme des veines, sinuant à travers la forêt de roche, se rejoignant, délimitant des zones claires à la fois cachées et facile d’accès. L’endroit parfait pour procéder à l’horreur d’un rituel sacrificiel. Parfait pour être vu de ceux que l’on veut comme spectateur. Des zones qui formaient elle-même un motif, si l’on regardait d’assez prêts.

Des monstres intelligents. Voilà ce qu’ils étaient. Mais tu comptais bien les écraser et ce, dans tous les domaines possibles. C’était une promesse que tu t’étais faite il y a longtemps. Et tu étais du genre à les tenir, coûte que coûte. Même si pour ça, tu devais affronter un enfer infini.

Te redressant sur cette plateforme qui te plaçait au-dessus de tout, le soleil couchant se heurtant le long de ta colonne vertébrale, tu pris une large inspiration, refroidissant ton esprit d’une bouffée fraiche, réfléchissant à la stratégie à mettre en place en fonction de tes actuelles découvertes. D’un geste sûr, tu fis craquer ta nuque, dans un bruit sourd et net, avant de te lancer dans le vide, comme si cela ne représentait aucun danger, repassant par ce même chemin que tu avais créé un peu plus tôt, habilement, rapidement, pour rejoindre le sol poussiéreux et grisâtre.

Tu avais désormais eu une idée d’où aller et même de comment débusquer les petits rats morbides qui s’amusaient à terroriser et détruire autour d’eux. Déterminée, confiante et méfiante à la fois, tu pris un virage à 180° pour t’enfoncer un peu plus dans les bois. Il ne te fallut pas longtemps pour croiser à ton tour les décorations jashinistes, pendues aux arbres, accompagnées des dépouilles d’animaux mutilées, pendues à leur côté, t’offrant un chemin sanglant et révoltant. L’odeur de métal avait empli ton nez, à toi aussi. Une odeur à laquelle tu étais plus habituée qu’il n’y paraissait. Combien de fois avais-tu été envoyée sur des missions d’enquête ? Repérer les incohérences, les schémas, les comportements suspects, c’est quelque chose pour laquelle tu étais douée. C’était une arme redoutable. Ton moment à toi, pour apporter un peu de lumière dans l’obscurité. Mais tu voulais plus que retrouver. Tu voulais être capable de mettre hors d’état de nuire, à tout les coups. Tu avais encore du chemin à faire pour cela. Kunao, lui, progressait encore et toujours, bien plus vite que toi. Tu étais chanceuse de l’avoir à tes côtés. Oui, ensemble, vous formiez un bon duo ...

Aux points identifiés sur ton carnet, tu fis la découverte de sacrifices, pour la plupart animaux. Des scènes macabres, redoublant d’ingéniosité pour offenser la vie, à l’odeur putride et au sol rougit. Et si ton visage restait impassible, froid, presque sans vie, ton cœur lui, s’enflait d’une couleur sourde, tes ongles se plantant dans la chaire de ta paume, jusqu’à faire couler quelques gouttes du précieux liquide écarlate.

Tu en avais vu assez. D’un coup de crayon, tu rédigeas une note dans ton carnet, aux côtés de la carte que tu avais gribouillé un peu plus tôt, ainsi qu’une croix, sur un point bien précis.


Expliquer ? Développer ? Non, tu préférais pouvoir en parler en face à face, et puis, sans doute avait-il lui aussi découvert des choses lors de ses propres recherches. Se retrouver pour en parler, c’était la meilleure option. D’une suite de mudra, fluide et instinctive, tu activas le sceau posé sur le carnet, qui disparut soudainement, laissant place au précieux Kunai que tu avais laissé à Kunao, un peu plus tôt.

« Allez, mettons-nous en route ... »

Avais-tu alors murmurer avant de reprendre ta marche, l’arme en main. Il ne te fallut que peu de temps pour rejoindre le point de rendez-vous. Quelques minutes, tout au plus, au bout desquelles tu vins t’adosser contre un arbre fossilisé, les bras croisés, les sens en éveil et prête à te mettre au travail.

Il n’avait pas mis longtemps. Pas étonnant, quand on connait la vitesse du sabreur. Son surnom de Kyuugeki, le fulgurant, n’était en rien usurpé. Une vitesse qui te donnait bien du fil à retordre lors de vos entraînements. Kunao allait vite. Très vite, et cela, allié à sa maîtrise du sabre et son endurance, faisait de lui en adversaire plus que redoutable et un allié encore plus fort. Suivre le rythme n’était pas chose aisée, mais tu n’étais pas du genre à abandonner.

Illuminé par les quelques rayons de soleil couchant qui se frayait à travers les branches fossilisées, le visage de Kunao fit son apparition dans ton champ de vision. Pourtant, il restait sombre. Sans doute plus qu’il ne voulait le laisser paraître. Il était comme ça. Réservé. Ne laissant jamais tout à fait paraître l’entièreté des émotions se mélangeant dans sa petite tête, au risque d’exploser au pire moment.
Sa manière de parler en était la preuve. Des phrases courtes, incisives, directes. Il te donnait les informations dont tu avais besoin, contenant sous le couvercle tout le reste. Un acte avec de bonnes intentions, mais qui représentait une épée de Damoclès au-dessus de vos têtes. D’un élan, tu te redressas, silencieusement, le visage calme et posé, alors que tu écoutais ce qu’il avait à dire avec attention, avant qu’il ne te demande tout ce que tu avais découvert de ton côté.

« Je vois. Je suppose que son corps se trouvait précisément dans une des zones que j’ai délimitées, pas vrai ? »

Tu touchais bien au but. Certains éléments étaient encore flous, mais tu étais sur une piste. Et tu ne partirais pas sans ta proie. Kunao était bien du même avis.

« Je ne pense néanmoins pas qu’on ait affaire à une base ou bien à un groupe de jashinistes. Du moins, pas nombreux. »

Récupérant ton carnet de la main du jeune homme, tu fis défiler les pages pour retrouver celle du croquis, retenue par une petite cordelette écarlate, servant de marque page. De ton index, tu désignas la forme, puis les zones que tu avais vérifiées, une à une.

« J’ai trouvé des restes d’animaux sacrifiés et de symboles en l’honneur de Jashin pour toutes ces zones. Je pense qu’on a affaire à une tentative de gagner en visibilité auprès de membres plus haut dans la hiérarchie du culte. On va avoir affaire à des petits poissons, à mon avis du moins. »

Relevant tes iris pour les plonger dans celles du sabreur, tu continuas.

« Les jashinistes sont à la fois solitaires et sectaires. Ils veulent tous se prouver les uns les autres qu’ils sont de meilleurs fidèles que les autres. Ça rend l’hypothèse d’un grand groupe de croyants commettant des sacrifices ensemble peu vraisemblables … Néanmoins … »

Comme le Sherlock Holmes d’Onogoro, tu fis quelques aller et retours, ta main libre frottant ton menton comme si une barbe imaginaire y avait poussé pour t’apporter concentration et clareté.

« Les témoignages des marchands parlaient de plusieurs voix, et les sacrifices quant à eux restent assez simple. C’est une mise en scène morbide, certes, mais les actes restent gentillets, si ce n’est pour le cadavre que tu as trouvé. »

Tu commenças à marmonner pour toi-même.

« Gentillet … Simple … Du travail d’amateur … Débutants ? »

Sur ce dernier mot, ton regard s’illumina, tandis que tu redressais la tête, une expression paradoxalement déchirée entre surprise et certitude, te retournant vers Kunao, le doigt levé pour capter son attention, si ce n'était pas déjà le cas.


« Et si c’était des rituels de recrutements ? C’est assez logique pour expliquer les éléments qu’on a. La prise de risque en choisissant un lieu proche de sentiers, les décorations, la simplicité générale des sacrifices et la présence d’un groupe … Qu’est-ce que tu en penses ? »

Si c’était le cas, il était une priorité d’empêcher l’église noire d’agrandir ses rangs de nouvelles âmes, dont le destin serait scellé dès le premier crime. Repointant ta carte du doigts, tu désignas la zone la plus proche de l’endroit où vous vous trouviez pour le moment.

« C’est le seul endroit de ma liste où il n’y a pas encore eu de sacrifice. Je pense que leur prochaine séance aura lieu là, de nuit. On devrait rester cachés, jusqu’à pouvoir identifier nos cibles. »

C’était le moment d’attaquer l’aspect qui n’allait pas plaire à Kunao. Pourtant, cela serait un élément plus que crucial dans la réussite de votre mission. Ton regard se fit alors un peu plus dur, tandis que tu claquais le livret entre tes mains.


« Kuano. Si j’ai raison, il faudra prouver les crimes de ces crevures avant de les exécuter. S’ils deviennent des martyres, cela ne fera que convaincre un peu plus leur cible. Je ne te poserais la question qu’une fois. Est-ce que tu te sens capable de garder le contrôle ? »

Tu ne le forçais à rien, mais nul n’avait le droit de mettre en danger une mission pour ses propres sentiments, pas même toi. S’il le fallait, tu ferais un rapport sur ton coéquipier, bien que tu détesterais ça.

« Crois-moi, je sais ce que tu as dû ressentir au trouvant leur œuvre mais si tu veux continuer à lutter contre eux dans cette brigade, tu as besoin d’être en capacité constante de prendre les meilleures décisions pour l’avenir. »

Même si pour cela, il devait se salir les mains, étouffer ses sentiments ou encore laisser l’obscurité le tâcher de manière indélébile, pour pouvoir mieux la traquer. Vos cheveux étaient immaculés mais vos âmes, elles, n’auraient jamais le droit à ce luxe.

Il comprenait. Il savait la raison pour laquelle tu devais te montrer dure avec lui. Depuis la presque disparition de Ganryu, c’est toi qui avais endossé les responsabilités liées à l’équipe. Certes, tu avais été honorée par cette décision, mais entrer dans les chaussures du géant n’était pas aussi simple. Tu étais plus dans la retenue et le contrôle de celui-ci. Oui, tu étais différente. En bien et en mal. Le fait est que ce n’était pas pour une équipe dirigée par ta personne que les deux sabreurs avaient signé au début. La pression était au rendez-vous. Mais surtout, tu refusais de laisser qui que ce soit périr sous ta direction. Jamais.

Et puis, enfin, sa réponse. Tes traits ne tardèrent pas à s’adoucir, tandis qu’un sourire étirait tes lèvres. Il était franc. Quelle qu’en soit la raison, tu appréciais cela. C’est peut-être même exactement ce dont tu avais besoin à ce moment très précis. Une franchise abrupte qui te démontrait toute la droiture de ton partenaire et effaçait peu à peu les doutes qui t’envahissaient dans ces moments si particuliers.

« Je te laisserais tout le plaisir de les achever de ta lame, crois-moi. On va avoir ces salopards, dans les règles de l’art. »

Vous aviez le droit de procéder immédiatement et tu n'hésiterais pas. Le procès aurait lieu ici, devant ceux doutant encore de la réalité morbide du jashinisme. Tu ferais en sorte que nul ne puisse remettre leur culpabilité en question. Dévoiler le monstre sous le masque humain. Les écraser d’une implacable évidence était le seul moyen de mettre de véritables bâtons dans les roues du culte. Il était maintenant temps de tendre votre piège.

« Je te propose que l’on se dissimule dans la végétation, pas trop loin. Ça nous permettra de repérer les premiers mouvements et de réagir en conséquence, sans prendre trop de risque. »

Il vous faudrait un peu observer, avant d’agir. Après tout, pour le moment, votre plan ne pouvait se construire que sur des hypothèses. Il vous fallait rester prudents, et surtout, en capacité de changer de stratégie au besoin. Votre réponse n’allait pas tarder, alors que le soleil terminait sa course pour laisser place à l’astre d’argent et sa lueur pale. D’un geste de tête, tu invitas Kunao à reprendre la route, au plus vite, pour trouver l’endroit parfait pour attendre. C’est d’ailleurs lui qui le trouva, au détour du sentier. Un buisson épais et lisse, assez large pour accueillir une personne et un arbre, juste au-dessus, dans la couche de feuillage fossilisée offrait une parfaite couverture et un champ de vision plus large. Il opta pour la première, plus confortable pour garder la main sur le fourreau au besoin et toi, pour la seconde.

Il vous fallu attendre longtemps, sans un mot, sans un geste, pour qu’enfin, des voix se fassent entendre. Elles furent d’abord lointaines, puis se rapprochèrent, de seconde en seconde, laissant une lueur les accompagner et le bruit des pas s’y mêler. Oui, il y avait bien un groupe, qui se dirigeait vers le lieu que vous aviez identifié. Un brouhaha de questionnements, guidé par deux personnes. Un homme, assez petit, dont le nez rappelait le bec d’un oiseau et dont les mains étaient dissimulées derrière de larges gants de cuir noir et aux vêtements chic ainsi qu’une femme, aux grands de chiots, au visage décoré de tatouages formant trois larges traits traversant celui-ci de part et d’autre, au niveau du front, du nez, et du menton, au look plus sauvage et tribal. Des meneurs qui, contrairement au reste du groupe, semblait bien plus en confiance et à l’aise dans l’obscurité de la forêt de pierre.

C’est non loin de votre cachette qu’ils s’arrêtèrent, tout souriants, s’arrêtant soudainement pour jeter un sac remuant encore de vie à même le sol. De petites bêtes laissant pousser divers petits cris en essayant de se libérer, en vain, tandis que leurs futurs bourreaux se tournaient vers la foule encore innocente.

« Mes chers amis ! Que nous sommes heureux de vous avoir parmi nous ! »

Avait dramatiquement introduit le petit homme, levant ses mains tout en ouvrant les bras pour accueillir ses invités avant de reprendre.

« Ce soir, vous trouverez enfin à sens à vos existences ! La fatigue, la peur, la tristesse et même la douleur deviendront logiques grâce à nous ! »

Ce fut le tour de la sauvageonne de s’approcher, dévoilant dans un sourire des crocs bien aiguisés tandis qu’elle plantait ses longs ongles, bien plus semblables à des griffes, dans la surface d’un arbre de roche.



« Même cette colère, au fond de vos cœurs, sera la plus normale des émotions. Ce soir, on vous offre la chance d’être enfin vous-même ! C’est fini les putains de règles de cet empire qui n’y comprends rien à rien. »

Insatisfait du vocabulaire utilisé par sa collègue, l’homme se râcla la gorge pour reprendre la parole.

« Hmmm, hmmm ! Comme je le disais, ce soir, c’est votre soir. Nous allons vous montrer la voie. »

D’un geste sûr, il ouvrit le sac pour en ressortir un pauvre petit poulet, se débattant de toutes ses forces, avant de refermer ce même sac et de brandir l’animal face à la foule.

« Pour Jashin, nous libérons toutes ces petites âmes pathétiques d’une vie de souffrance et de servitude. Nous sommes leurs sauveurs ! »

Sa poigne se resserra soudainement sur le crâne de l’animal, qui poussa un hurlement de douleur terrifiant, avant d’exploser sous la pression de cette main, qui se relâcha la seconde d’après pour laisser tomber au sol le cadavre sans vie, accompagné de cette bouillie d’os, de plume, de sang et de cervelle, qui en fit pâlir plus d’un. Pourtant, l’élégant jashiniste ne semblait n’en avoir rien à faire. Au contraire, il laissa un plus grand sourire encore étirer ses lèvres pour écraser son index contre un autre tronc, y dessinant la marque maudite du dieu de la mort avec toute l’expertise de son poste.



« Notre dieu est miséricordieux, envers nous, pauvres mortels. Nous sommes là pour vous le prouver. Pour vous permettre de nous rejoindre. D’être des libérateurs, vous aussi. »

La scène te donnait envie d’intervenir dès maintenant, mais tu te forças à attendre. À avoir plus d’informations. À mieux comprendre leur manière de procéder et également, en apprendre plus sur les deux maîtres de cérémonies. Tes iris opales figées sur la scène, en analysant le moindre détail, se firent plus froides encore quand tu repéras les bandeaux aux symboles rayés, attachés à leurs tenues. L’homme était de Toge. La dame ... de Seizan. Des traitres, qui avaient trahis leur peuple pour laisser place à leurs envies meurtrières.

Ta mâchoire se serra un peu plus et ta respiration se fit plus basse encore, pour te garder sous contrôle. Détournant le regard une seconde de la scène, tu vérifias alors le comportement du sabreur, prévoyant de réagir en conséquence de celui-ci. S’il fonçait, tu devrais le suivre. Parce que tu ne comptais absolument pas l’abandonner.

Tu avais envie de les réduire en charpie. De les tuer de la pire des manières, pour venger toutes les créatures qu’ils avaient sans doute tué, dans d’horribles circonstances. Tout être vivant avait le droit au respect, et ce, même dans la mort. Ce genre de moment ne faisait que souligner toute l’importance de votre métier et la réelle menace que représentait l’obscure église. Se retenir était difficile, mais nécessaire. Ça ne voulait pas dire qu’il fallait rester inactif. Et puis, pour être honnête, tu n’étais pas totalement sûre que ton partenaire pourrait se retenir encore bien longtemps.

D’un mouvement de tête, tu te tournas vers lui, plongeant ton regard dans le sien pour capter son attention avant de poser ton index sur le dos de ton autre main, effectuant un geste circulaire, lui intimant de contourner vos deux adversaires, pendant que tu ferais diversion, pour attendre le signal qui déclencherait votre attaque sur ces salopards.

Parce que oui, tu avais un plan. Avant de pouvoir mettre hors d’état de nuire les deux psychopathes, il fallait détruire cette image qu’ils s’offraient aux yeux de leurs pauvres victimes, toutes plus perdues les unes que les autres. Il fallait dévoiler leurs vrais visages. Ceux de bêtes assoiffées de sang et de meurtre, qui tentaient de faire croire que leurs actions étaient motivées par une quelconque bienveillance.

D’un geste lent et fluide, silencieux, tu détachas le nœud retenant la longue tresse, laissant l’immaculée chevelure retomber le long de ton dos. Tu retiras toutes les cordes rouges te recouvrant, en quelques secondes à peine, les faisant disparaître dans une poche, ne rendant ta tenue que plus humble. Comme quoi, finalement, tu n’en faisais pas tant que ça pour prouver ta noblesse. Tout était dans le comportement. Comme toujours.

Il était temps pour toi d’entrer dans la peau du personnage.

Descendant de ton perchoir, discrètement, tu te joignis à la foule, les yeux cachés derrière les mèches retombant de ton front. Oui, tu prenais un risque. Mais on n’avançait jamais si on ne se mettait pas en danger et il était hors de question de les laisser s’en sortir. Alors que les murmures s’élevaient dans la foule de villageois décontenancés, tu levas la main tremblante, révélant ta présence comme celle d’une personne peu sûre d’elle.

« E-Excusez-moi ... J’ai une q-question ... »

La voix bégayante, le regard fuyant et recroquevillée sur toi-même, tu avais attiré l’attention des deux jashinistes, qui te regardèrent avec surprise, avant que le plus âge ne prenne la parole, profitant du silence dans lequel la foule s’était plongée.

« Dis-moi mon enfant, comment puis-je t’aider ? »

C’était le moment pour Kunao de foncer pour les contourner et se positionner de manière avantageuse pour le combat à venir. Tu ne sais pas combien de temps tu réussirais à divertir assez les deux cinglés, mais en tout cas, tu n’allais pas y aller de main morte.

« J-J’ai entendu dire que ... que les sacrifices pour J-Jashin doivent être l-les plus cruels possibles ... Est-ce que c’est réellement comp-patible avec le fait de les s-sauver ? »

De nouveau, les murmures s’élèvent dans l’assistance, troublée par cette question. Pas assez pour perturber les deux tueurs, mais assez pour commencer à insinuer le doute. C’est encore une fois l’homme qui répond. Lui, il est calme. Posé. Il prend le temps de réfléchir à ses mots. Ça se voit dans sa manière de sourire, paisiblement. Elle, elle est là pour impressionner. Pour imposer par la brutalité crue de sa force le culte aux quelques réticents. Son regard, figé sur toi, comme celui d’un carnivore affamé, en est la preuve. Tu vas pouvoir en jouer.

« Nous ne pouvons pas accéder à une paix éternelle sans payer un peu de sa personne. Mais n’est-ce pas là un prix particulièrement bas que de se heurter à un peu de douleurs pour gagner une éternité de douceur ? »

Il s’apprête à continuer, mais trop tard pour lui, tu as déjà enchainé.

« Mais a-alors, est-ce que ça ne serait pas à eux d-de décider d’affronter ces douleurs, plutôt que d’être choisis au ha-hasard ? »

Oh qu’est-ce que tu aimais semer le trouble dans les esprits désorientés autour de toi. S’il était facile de les faire basculer dans la jashinisme, il était alors tout aussi aisé de les en éloigner en créant la peur et le doute.

« Qu’est c-ce qui vous différen-c-cie des tueurs ? »

Cette question, elle ne leur a pas plu. Tandis que le vieil homme fronçait les sourcils, le sang de sa précédente victime coulant encore le long de sa main, la femme sauvage grogna brutalement, faisant reculer les plus effrayés membres de la petite foule. C’est d’ailleurs l’un d’entre eux qui se décida enfin à prendre la parole, tes mots ayant cultivé de nombreuses questions dans son esprit.

« Elle a raison ... C’est quoi la différence ? Je crois que tout ça, ce n’est pas pour moi finalement. Je vais rentrer ... »

La mutinerie était proche. Assez proche pour faire réagir la guerrière qui dégaina soudainement les griffes, le regard noir et son envie de meurtre grimpant petit à petit, assez pour lancer un frisson de peur le long de la nuque de tout ceux présents.

C’était le moment.

D’un bon, la tigresse bondit dans ta direction, prête à te déchirer en morceaux de quelques coups de griffes avec toute la satisfaction du monde. ( C2 – Vitesse + C1 Taijutsu) Oui, elle s’attendait à une proie facile, innocente, incapable de se défendre. Son expression fut impayable, quand soudain, un grand sourire confiant avait étiré tes lèvres et que tu avais révélé tes iris, calmes, plantées droit dans les siennes.




Rapide, réactive, confiante, tu avais fait apparaître à la suite de plusieurs mudras une large barrière couleur opale, transparente, sur laquelle la sauvage s’écrasa violement, emportée par son élan, s’y cognant violement la tête sous le regard médusé de la foule et de son partenaire. Celui-ci n’avait bien évidemment pas tardé à réagir, dégainant soudainement un sabre court caché sous son manteau depuis le début, pour foncer dans ta direction. (C2 vitesse)

Quelle mauvaise idée. Aujourd’hui, les prédateurs étaient devenus proies. Et vous ne comptiez pas repartir bredouilles.

Telle une flèche, il vous avait rejoint. Sa vitesse était une grande force. Un élément que tu avais prit en compte dans la création de cette stratégie impromptue. Oui, te mettre ainsi au milieu de la foule t’avait placé dans une position complexe, limitant tes actions en raison des villageois autour de toi. C’est pour ça que tu t’y étais placée. Parce que tu pouvais te défendre avec tes techniques de Fuinjutsu, mais pas te déplacer aussi vite que le sabreur pour prendre par surprise vos cibles.

Tout cela était comme une partie d’échec, où chaque coups était particulièrement réfléchi, ne faisant qu’entrainer l’ennemi dans un piège savamment tendu.


Le visage sombre, sérieux, les gestes vifs et précis, Kunao n’hésita pas une seconde. Il savait ce qu’il avait à faire et, sur un champs de bataille, tu devais avouer être encore loin de son niveau. Parfois, tu l’enviais même, mais tu savais également et ce, mieux que quiconque, tout les efforts qu’il avait fourni pour atteindre ce même niveau que tu admirais tant. Des heures à suer eau et sang pour progresser, encore et encore.

Le bruit sourd de la lame sortant de son fourreau pour fendre l’air et la chaire. Le cri d’horreur du vieillard, qui prit par surprise, n’avait pas eu le temps de protéger sa main, son arme tombant alors au sol pour y rejoindre ses doigts, déliés du reste de sa main.

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! »

Un cri qui attira l’attention de la tigresse. Bien plus réactive et rapide que son partenaire, elle vit arriver le blandinet droit sur elle, bien déterminé à lui balancer un violent coups de pied en pleine tête. Un coup qu’elle esquiva, de peu, un grand sourire affamé aux lèvres, se préparant à contre-attaquer d’un impitoyable coup de griffe tout en se projetant dans sa direction, de ses puissantes jambes . (Esquive C1 + Vitesse C2.2 + Explosivité C2 + Taijutsu C1)

« Bien tenté espèce de petit c- »

Elle n’arriva pas au bout de sa phrase. Elle avait détourné le regard de ta personne, et c’était là une erreur. Beaucoup trop de sabreurs la faisait. Sous-estimer une personne sans arme apparente, c’était se condamner. Sans doute comprit-elle son erreur quand elle sentit ce poing s’écraser dans ses cotes, la déviant de sa trajectoire pour l’envoyer rouler un peu plus loin. Un coups manquant certes en force, mais qui laissa une sensation étrange parcourant son corps. Une perturbation de ses sens, qui prit forme sur sa peau sous la forme d’un sceau complexe. (Explosivité C2 + Vitesse C2 + Fuin I Perturbation )


« T’as pas bien écouté mon partenaire ? Aujourd’hui, c’est vous les proies. »

Le regard déterminé, le dos légèrement courbé, tu étais là pour prouver que tu n’étais pas qu’un esprit brillant avec un joli minois. Non, tu étais plus que ça. Kunao pouvait réellement compte sur toi pour protéger ses arrières.

Le combat était véritablement lancé.

« JE VAIS VOUS TRUCIDER !! POUR JASHIN !! »


D’un nouveau bond, la sauvage se précipita dans votre direction, les muscles soudainement contractés et durs comme de l’acier. Elle avait décidé de ne pas se retenir. De se lâcher totalement contre vous, la source de sa rage. Un manque de contrôle de ses émotions qui pourrait bien lui coûter la vie, tant son corps engourdi lui rendait l’esquive difficile. À nouveau, elle balança les lames lui servant d’ongles, directement dirigées vers la gorge du sabreur.  (C2 Résistance + C1 Vitesse impactée par le sceau perturbation + C1 Taijutsu)

Un affrontement au corps à corps où tu n’avais pas l’avantage, contrairement à ton camarade. Lui saurait gérer la tigresse, ce qui te laissait alors tout le plaisir de t’occuper de votre second adversaire qui, la main en sang, le visage crispé de colère, remontant son long nez entre ses deux arcades sourcilières rapprochées, venait de reprendre son épée à la lame particulièrement fine, de sa main, encore intacte.

« Je vais vous montrer ce qu’il en coûte de s’en prendre à nous ... »

Habile et rapide, comme un danseur, il s’était projeté dans ta direction, donnant un coups d’estoc pour te transformer en brochette. (C2 Vitesse + C2 Bukijutsu – Duelliste) S’attendait-il à te voir fuir ? Ou tenter de te protéger, encore une fois, pariant tout sur sa force brute ? Peut-être. Mais cette fois, c’est droit vers la lame que tu fonças, sans aucune hésitation. Un sprint linéaire, suivi d’une esquive, au dernier moment de l’arme, un grand sourire aux lèvres. (C2 vitesse + C1 esquive)


« Trop lent. »

Comparé à Kunao, tout les autres te semblaient se trainer. Comme quoi, ces longues heures à te faire malmener par celui-ci valait le coups.

Les mains concluant un dernier mudra, ton chakra se concentrant au niveau de tes mains, tu fis soudainement apparaître une violente vague de neige qui faucha ton adversaire dans son élan, violement, pour le projeter contre l’arbre sur lequel il s’était amusé à peindre son symbole sacré du sang de sa victime à plume.


Le tronc de pierre craqua sous la puissance de la vague, et dans le vent silencieux, s’élevèrent quelques flocons, tandis qu’autour de vous, l’air se refroidissait de manière bien non-négligeable. Mais ce n’était pas le moment de baisse sa garde, le combat était loin d’être fini ...

Le vieillard au grand nez, sonné par le choc, geignait à même le sol, tandis que tu l’attrapais par le col pour le forcer à se redresser, sans la moindre pitié pour son bras qui, dans ton attaque, avait pris un angle terrifiant. Il devait souffrir le martyre, et cette idée te faisait réellement plaisir au fond, bien qu’il n’était opportun de le montrer pour le moment. Tu étais bien consciente que de toutes manières, c’était Kunao qui avait fait le plus gros du combat au final.

« C’est fini. Au nom de Seizan, vous êtes officiellement déclarés comme ennemis de l’empire pour sacrifices humains en l’honneur de Jashin et trahison. Votre peine sera expéditive. »

Le trainant, pour le jeter à côté de sa camarade, sous le regard terrifié des villageois encore sous le choc de ce qu’ils venaient de voir, tu portas ton attention sur ton partenaire, qui de son côté, n’avait eu aucun soucis à se débarrasser de son adversaire.

Depuis le sol, la lame pointée sur sa gorge, la terreur sauvage fusillait du regard son adversaire qui l’avait amoché, de quelques coups bien placés. Habituellement, elle aurait été plus rapide. Plus habile. Mais son chakra perturbé, elle n’était pas au maximum de ses capacités et n’avait pas été capable de réagir assez vite. Un duo terriblement dangereux. Voilà ce qu’était votre équipe. Grognant, le nez en sang, la jashiniste montra les crocs, à nouveau.

« Il dirait qu’une mort atroce t’attends, et qu’il a hâte d’y être pour se nourrir du moindre de tes cris ... ~ »

Se léchant les lèvres, goutant son propre sang, elle esquissa un grand sourire, qui déclencha le long de ta colonne un frissonnement de dégouts. Comment, même dans ses derniers instants, pouvait-elle simplement se délecter de l’idée d’un Kunao possiblement victime d’une vengeance divine ? Tu ne comprenais pas, d’où venait cette soif inattingible de sang et d’horreur.

Mais la partie était terminée pour eux.

Te râclant la gorge, attirant l’écoute des témoins de la scène sur ta personne, les deux criminels à vos pieds, écrasés par votre force, tu déclaras d’un ton confiant, ferme, calme.

« Au nom de l'empereur, et pour avoir tué tout ceux s’opposant à leurs idées dans ces bois, en plus d’animaux, ces deux criminels sont condamnés à mort. Vous, qui nous êtes présents aujourd’hui, notez bien mes mots : Vous êtes à un tournant de votre vie. Ne renoncez pas à votre humanité, comme eux, qu’importe à quel point la vie est dure. Parce que si vous tombez aussi bas, ce ne sera plus une vie et vous aurez beau tuer, cela ne changera rien aux problèmes qui ont pu vous inciter à les suivre jusqu’ici. »

Un silence, entre admiration et peur, avant que tu ne rajoutes.

« Ils étaient prêts à vous tuer, si vous aviez choisi une route différente que la leurs. Vous l’avez vu de votre propre yeux. »

Ton regard opal se figea une seconde sur l’homme qui avait suivi tes interrogations, un peu plus tôt, voyant passer de près la mort quand la sauvage avait essayé de le découper en charpie.

« N’oubliez jamais que de belles promesses ne font pas disparaître la réalité : Les jashinistes sont des meurtriers. »

On finissait toujours pas payer pour ses crimes. Aujourd’hui, c’était le tour des deux prêcheurs. Mais alors que tu t’apprêtais à faire signe à Kunao de procéder à l’exécution, de la poche de la bête, tu vis un parchemin et une lueur, soudaine et vive, dans l’angle mort du sabreur de Seizan, entendant le rire malsain de celle-ci. (Parchemin explosif artisanal rang B)


L’adrénaline qui remonte soudainement, alors que d’une main, tu pousses d’un coup vif Kunao loin de sa prisonnière. Tout allait vite. Une attaque impossible à arrêter, qu’il fallait encaisser, mais dont la proximité ferait mal. Trop de facteurs à prendre en compte. Tu ne pouvais pas protéger toute la foule d’une barrière. Alors, tu optas pour la seule solution qui te vint à l’esprit.

S’enroulant autour d’eux comme un dome, la couche de neige forma une protection. Absorba le choc de l’explosion, en partie, condamnant les deux jashinistes à goûter eux-mêmes à la puissance de leur piège avant de s'écrouler. Mais pas assez pour totalement retenir les dégâts. Projetée par le choc de l’explosion, à cause de ta proximité, tu roulas au sol, sans recevoir trop de dégâts (Dégâts Rang C) heureusement pour toi. Une simple entaille, le long de ton front, dont le sang coula doucement le long de tes traits. Relevant la tête pour jeter un œil à la foule, tu t’exclamas.

« Est-ce que tout le monde va bien ... ??! »

Les civils n’avaient rien, mais alors que tu vérifiais leurs état, la sauvage, une vraie carne, increvable, en sang, le bras arraché par sa propre bombe, sortit soudainement de sa prison de neige, devenue écarlate en partie, pour foncer dans ta direction, profitant de ta garde baissée pour diriger ses crocs au niveau de ta jugulaire, dans un dernier élan de désespoir. (C2.2 Vitesse + C2 Taijutsu)


Tu sais que tu n’auras pas le temps de te défendre proprement. Pas cette fois. Tout ce que tu eus le temps de faire, c’est de lever le bras, attendant la douleur de sa mâchoire dans ta chaire.

Tu le sauvais, il te sauvait, et la boucle était bouclée ! Un petit retard, quelques secondes de plus, et la bête aurait broyé ton bras de ses crocs. Les os auraient craqué. Le sang aurait giclé. La chaire se serait déchirée. Mais rien. Rapide comme l’éclair, la lame trancha l’air puis la gorge de la sauvage. Un bruit sourd qui résonna, lorsque la tête de celle-ci tomba au sol lourdement, dans un jet de sang impressionnant qui vint teinter le sol de rouge, roulant ensuite sur quelques mètres.

Laissant échanger un long soupire de soulagement, essuyant l’entaille au niveau de ton front, tu te redressas, lançant un regard à Kunao. Son air sombre, la colère au fond de ses yeux, tout cela était clair : Il avait pris grand plaisir à trancher cette tête. Peut-être même trop. Mais pouvais-tu le juger ? Chasser les monstres, c’était votre mission. Et il fallait bien aimer son boulot, non ?

« Oui oui, je vais bien. Merci, tu m’as tiré de beaux draps ! »

C’était maintenant au sabreur de faire la morale aux villageois. Dur et sévère, il leur rappelle une réalité implacable : Devenir jashiniste, c’était devenir une de vos proies. Parce que pour les monstres aux masques humains, vous n’aviez aucune pitié. Aucune. Tout ça n’était pas un jeu. Pas une manière de se distraire d’une vie que l’on trouve ennuyant ou trop dur. Ceux qui utilisaient cela comme une excuse n’étaient que des lâches. L’immaculé samouraï avait foutrement raison. Assez pour que cela dessine un discret sourire sur tes lèvres.

L’exclamation qu’il poussa fut suffisante pour les faire prendre leurs jambes à leurs cous, comme une bande de petits moutons face à un terrible loup. Une fuite rapide, groupée, presque trop organisée pour être vraie. Kunao avait un don fou pour ça ! S’il n’était pas aussi doué en tant que sabreur, sans doute lui aurais-tu conseillé une reconversion professionnelle. Mais avant ça ... Vous aviez une mission à boucler.

« Ce sont des gens qui n’ont malheureusement pas la chance de pouvoir se défendre et qui cherche une manière comme une autre de lutter contre leurs malheurs. Je n’excuse pas leurs actes ... Je dis simplement qu’on devrait s’estimer plus chanceux qu’on ne le pense habituellement. Parce que dans notre destin prédéfini par le chakra et l’empire, on trouve également une sorte de liberté. »

Vous pouviez lutter. Combattre pour vos idéaux. C’était une chance. Une chance qui n’était pas donnée à tout le monde.

Reportant ton regard sur les cadavres à même le sol, en morceau, tu ramenas tes cheveux en arrière d’une main, calmement.

« Si on voulait faire ça proprement, on peut dire que c’est raté ... Mais je crois qu’on a fait passer le message auprès de la foule. Merci pour ton superbe travail aujourd’hui. »

Tu savais que contenir ses émotions n’était pas une tâche aisée. Encore moins sur ce genre de sujet. Le blandinet avait lutté de toutes ses forces pour ne pas partir en vrille, et le souligner n’était que la moindre des choses. D’une main amicale, tu vins doucement tapoter son épaule, lui lançant un regard compatissant et tendre, un peu comme celui d’une sœur.

« Et merci d’être un super coéquipier. Je le pense. Sincèrement. »

Un sourire, un petit silence, et tu ajoutas.



« Rentrons à la maison, ok ? »