Sans déconner, il n'y avait pas à dire, on formait une drôle d'équipe, et le mot était faible. Non seulement je devais me farcir les petits piques de mon plus jeune camarade - à qui je n'adressais qu'une grimace blasée en guise de réponse -, mais je devais aussi faire affaire avec un grand Dabi maladroitement pourvu de gros "matériels"... et un indépendant culturiste qui semblait aussi aimable qu'une porte de prison. Je savais pas si je devais pas regretter mes remerciements au final.

" Bon les gars, trêve de connerie, il est temps de se lancer... Dabi, pousse-nous ce wagon de l'enfer ! "

Puisque mon camarade forgeron fermait la marche, la tâche lui revenait, en espérant qu'il ne fit pas dérailler l'engin, parce qu'il fallait pas se mentir, une fois lancée... on se rendait compte que c'était pas une si bonne idée d'être monté dans ce truc, uniquement parce qu'une putain de pancarte nous invitait à le faire. La seule fierté que je pus tirer de ce délire était d'être assurée que je n'avais visiblement pas le mal des transports et que c'était presque marrant. Enfin… marrant jusqu'au début des galères.

On ne contrôlait rien du tout, on se laissait simplement porter par la vitesse en faisant attention dans les virages pour pas se faire avoir par notre poids. Les couloirs de ces drôles de mines étaient plutôt étroits et il était assez évident que l'on paierait cher de notre peau si l'on devait se planter. Croisant les doigts pour qu'aucun de mes camarades eut l'envie de dégobiller derrière moi, ma place en tête de ligne l'offrait le loisir de voir exactement vers quelle merde on se dirigeait.

" Et bah voyons... les problèmes commencent... accrochez-vous. "

Si ma réponse semblait mystérieuse, il suffisait à mes petits testéronnés de lever les yeux pour noter que nos rails se divisaient en deux chemins et que l'un d'entre eux nous envoyait dans le décor, direction le Jigoku. J'étais pas venue là pour crever et on dira que ma chance était d'avoir eu le pif de noter la présence d'un levier, qui, bien évidemment, n'était pas actionné pour nous envoyer sur le bon chemin.

" Paniquez pas... j'ai un plan. "

Foireux, mais sous un malentendu... Immédiatement après avoir dit ces mots, dans le feu de l'action, je fis quelques mudras avant de lancer des fils de chakra en direction du levier (Kugutsu - C1 Artiste). Une fois encrés sur le levier, je tirais avec force, comme une dératée, sur ces derniers pour le débloquer jusqu'à entendre le grincement du métal des vieux rails rouillés indiquant que le mécanisme avait bougé. Il manquait plus qu'à savoir si ça passait ou pas et par le saint feu de Kagutsuchi, ce fut le cas. Je ne mentirais pas en disant que j'étais totalement en confiance. Non pas par la faute de mes capacités, loin de là, mais plutôt par l'état de notre environnement. Le levier aurait très bien pu être complètement pété, les rails auraient pu être bloqués... bref, un pari sur la vie finalement et un sérieux coup de chance. Ou presque.

La mort nous attendait littéralement à chaque putain de virage du chariot et bien sûr, le grand final nous était réservé pour la fin du voyage. On allait devoir sauter comme des glands d'un wagon qui roulait à pleine vitesse sous peine de finir littéralement dans le mur.

" Les gars !!! Faut sauter ! GROUILLEZ !!! "

L'espace dans lequel on arrivait à vivre allure était un peu plus dégagé, on avait plus de couloir, mais c'était un tort de croire qu'on pourrait sortir de là comme des princesses. Je saurais pas dire si c'était la panique de la mort en face, l'adrénaline ou juste parce qu'on était des buses pas coordonnées, force était de constater que j'allais payer le prix de notre équipe branlante. Bordel que Kyoshiro et Hotaru me manquaient dans un moment pareil. En tout cas, pas le temps de cogiter (Explosivité - C1 Esprit vide), je bondissais hors de cette merde roulante à l'instinct...  ERREUR ! Quelle probabilité j'avais que l'un de mes camarades décida de plonger exactement au même moment, au même endroit que bibi ? Quasiment aucune, non ? C'était officiel, je défiais les statistiques.

Vous voyez ma carcasse ? Vous voyez celle de Dabi ? Je vous laissais imaginer la collision et qui avait emporté la partie. Indice. C'était pas moi. Le type me repoussa de ma trajectoire sans que j'eus le temps de comprendre ce qu'il m'arrivait. Je tombais sur mon épaule et fit un magnifique roulé-boulé avant de finir étalée sur le dos.

" Je... maudis... ma chienne de vie. "

On aurait pu croire que j'aurais eu honte de cette situation, mais ça serait croire que je pensais posséder encore de la dignité. Ceux qui m'avaient vu boire savaient que je n'en avais aucune donc...

" Quelle chienlit... "

Douloureusement, je tentais de me redresser. J'avais l'impression qu'un rouleau mettait passer dessus. J'avais des égratignures sur les bras, rien de bien terrible en soi. C'était surtout mon épaule qui me faisait un peu plus mal que le reste puisque je m'étais réceptionnée comme une ivrogne.  Des pans de tissus s'étaient naturellement arrachés, laissant ma peau rougie et griffée.

" J'aimais bien cette veste... Tssss... "

Je soupirais avant de tourner la tête en direction du forgeron, manière de vérifier que lui s'en était mieux sorti que moi.

" Dabi ? ça va ? Les autres aussi ? Putain de merde de wagon à la con. "

Je me mis enfin debout, non sans me masser un peu le haut de l'épaule et vérifier que je n'avais rien perdu. Dans un moment comme celui-ci, j'aurais bien fumé, mais comme je savais pas dans quoi l'on avait exactement mis les pieds, je me contentais de ma mauvaise humeur.

" Si tout le monde est ok, on continue. J'ai pas envie d'y passer l'éternité. "

Sauf que les dieux n'étaient pas de notre côté et on avait maintenant deux voies qui se profilaient devant nous.

" Demandez à ce que les choses soient simples, c'est trop, hein ? "

Deux options donc. L'une des routes paraissait moins étroite que l'autre, moins encombrés aussi. Je supputais qu'elle fut plus facile d'accès et avait l'avantage de nous rendre plus libres de nos mouvements. L'autre, avec ses éboulis, m'attirait moins car elle me donnait l'impression de pouvoir moins percevoir notre chemin et surtout que le putain de plafond pouvait nous tomber sur la tronche.

" Je sais pas ce que vous en dites, mais on pourrait prendre ce chemin. Comme je suis visiblement pas en vaine,  je vous laisse choisir. "

Dans tous les cas, je mettais mes sens en alerte. Bon pied bon œil. Il paraît. (Chasseur - C1 Guetteur).