La femme se dévalorise là où je m’essai à la valoriser sur un sujet qui ne mérite pas tant d’effort que cela en réalité. Cela est même un sujet qui prête plus à la discrétion qu’aux mérites que l’on peut en retirer. Mais rabaissant mon propos en quelques sorte, elle y trouve quelque chose de positif à son attitude.



-Oui on peut dire cela, on ne s’ennuie pas, enfin j’imagine pour ne pas avoir passé plus de temps que ça avec toi. Bien que la scène aux bains mais laisse une idée de la chose.



Puis devant ma gentille proposition, elle choisit directement la gage plutôt que mon offre de proposer une autre question. Ce qui n’est pas sans me mettre une certaine gêne de par le fait que je n’avais pas pu imaginer que la demoiselle puisse aller dans cette orientation. Ainsi je me torture l’esprit dans la quête d’un gage ou d’une idée à ce sujet. Rien ne me vient et je me dis alors qu’il faut quelque chose de simple. Rien d’osé comme elle a pu le souligner, d’une part car nous sommes dans un espace assez fréquenté et d’une autre part pour la réputation qu’elle doit tenir. Dans un même temps elle vient à refuser une de mes nouvelles offres, celle qui consiste à lui offrir de nouvelles boissons. Ainsi soit-il je serais le seul à en profiter.



-Très bien, je ne commanderais donc plus que pour moi. Je suis du genre coriace donc la mission de demain ne sera pas un problème.



Après une gorgée, je m’attarde à nouveau sur le gage. Peut-être étais-je trop distrait mais je formule quelque chose de simple à mon avis et qui n’est pas sans gêne. Du moins la théorie ou cela peut se dérouler dans une certaine intimité. Car la voici qu’elle se lève pour me masser le crâne.



-Je dirais un massage, quand auquel je t’en laisse la discrétion.



Sous ses doigts mon crâne est presque aux anges. Mais le regard de certains n’est pas sans me ramener de manière constante à la réalité. Aussi je prie presque pour cela se termine assez vite. Mais sans me laisser le moindre temps de répit, elle vient à me demander de poser ma question. Je tente donc une nouvelle réflexion dans ces conditions particulières. De nombreuses idées, me viennent, mais je cherche comme une vengeance auprès d’elle. Un moyen de la mettre ne serait-ce qu’un peu mal à l’aise. Aussi je me laisse séduire par l’un de mes choix de question.



-Une question ? Très bien, alors la voici. Que penses-tu de moi ? Sur l’ensemble des aspects.



Peut-être est-ce là une question qui est trop vague, mais au moins elle a en quelque sorte le choix de ne pas avoir de choix et de devoir répondre à l’ensemble des aspects. Et j’ose espérer qu’avec le massage, le regard des autres et ce devoir de réponse il y a un minimum de gêne. Bien qu’au vu du caractère de la demoiselle il en faut peu. Même si cela ne constitue que le début de mon attaque.

 

La femme semble comme se vanter de ce qu’elle va bien pouvoir me dire. Presque comme-ci elle allait m’annoncer mes quatre vérités. Aussi, n’ayant aucune gêne ou honte, et cela peut-être à cause de l’alcool. Je me résous à l’entendre.



-Qu’il en soit ainsi, je n’aurais qu’à m’en prendre à moi-même si j’entends des choses qui ne me plaisent pas.



Elle commence en réalité par plus parler d’elle que de moi. Même si dans les faits elle doit bien donner son propre avis pour répondre à ma question. De ce que j’entends, elle n’était pas heureuse d’avoir affaire à moi. Il faut dire que malgré le côté unité de l’Empire qui existe, les quatre grands villages et même l’ensemble des provinces ont certaines querelles entre eux. Et bien évidement je n’échappais pas à l’image que la plupart des gens pouvaient se faire de Toge et de ses habitants. En un sens j’avais comme une certaine frustration. Après tout, je n’étais pas vraiment originaire de là-bas. Certes pour l’heure j’y vis, mais peut-être qu’un jour l’empereur me rappellera à son service. Une chose qui n’est pas incertaine et loin d’être improbable au vu des tensions qui sont générées entre les yokais, le culte de Jashin ou bien d’autres sujets encore. Et à force de l’écouter, il y avait enfin quelque chose qui pouvait me concerner. Le fait d’être rigide et premier degré et un peu trop porté sur le travail. Que dire à cela, là où elle y voit des défauts, j’y vois des qualités. Autant ne pas la contredire étant donné que sur la chose nous sommes tous deux d’accord sur ce point.

Prenant une gorgée et une pause par la même. J’en profite pour finir mon verre à mon tour. Vient alors des compliments, des compliments superficiels comme elle le souligne. Un physique peut-être pas mal ou dans la moyenne dans ce que je peux traduire de ses mots. Et par gêne ou flatterie je ne peux m’empêcher de me gratter l’arrière du crâne. Elle enchaine son propos avec plus ou moins la même chose encore et le termine rapidement. Pour ainsi dire, je peux résumer tout ce qu’elle m’a dit par le fait que je ne suis pas drôle. Une question que je me dois de soulever alors, en me demandant si je dois changer cela ou non. La réponse ne pouvant pas m’apparaitre clairement avec l’alcool qui revient à la charge avec la prétention de vouloir prendre le contrôle de mes actions. Une chose que je ne compte pas laisser se passer aussi facilement que la boisson puisse le vouloir.

Puis dans la même foulée et pour me changer les idées de résistance interne que je m’inflige, elle pose sa question. Après tout, c’est normal c’est à son tour.

La question, doit encore vouloir se porter sur le côté sexe et beuverie. Aussi je vais essayer de répondre de la manière la plus honnête possible.



-Alors sans entrer dans les détails de mon entrainement car je viendrais à fauter comme toi. Je peux dire qu’il m’est arrivé une fois ou deux cela. Notamment lorsque j’étais au village de pêche. C’est d’ailleurs le seul lieu où cela a pu m’arriver. Après comme tu peux t’en douter c’est comme ça que j’ai pu finir avec la rouquine. Mais de fait je ne rentrais pas chez moi. Je présume que c’est à moi de poser une question.



Je réfléchis un bref instant le temps de prendre une gorgée. La chose étant de vouloir la mettre mal à l’aise, je me dis que les actions directes sont peut-être plus sujettes à la déstabiliser que le fait de dévoiler ses pensées. La précédente question n’ayant pas été un franc succès. Il faut dire que je pense être nul à ce jeu. Mais qu’importe l’avenir nous le dira avec cette nouvelle tentative de ma part.



-Eh bien je sais. Toi qui as insisté un peu trop dessus. Si je rentre avec la serveuse, tu serais partante pour nous accompagner et prolonger la soirée ?

 

Soupir et déception ne sont que le début de la réponse de la dame de Seizan. Et cela n’est guère étonnant quand on constate l’écart qu’il y a entre les deux. Il est vraiment que Ryujin ne dit pas tout, mais toutes les bonnes questions ne sont posées, aussi il préfère même cela à l’inverse du fait que la femme trouve les bonnes questions. Être quelqu’un d’ennuyeux peut s’avérer parfois salvateur.

Et le géant se demande pourquoi Honoka en vient presque à souhaiter son malheur avec son désir de t’entendre une histoire plus intéressante.



Puis telle une petite fille à qui l’on refuse de lui offrir ce qu’elle veut, c’est un visage plus mignon qu’autre chose qui se pointe. Une petite bouille qui ne demande qu’à se faire pincer les joues pour lui arracher un sourire. Mais les airs grognons ne marchent pas vraiment sur le ninja qui ne voit presque insensible même à cela. Aussi il se contente de finir son énième chope.

Et devant la question du géant un rire assez audible de tous se fait entendre. Il faut dire que si le géant parvient à réfléchir encore c’est surtout grâce à la méfiance naturelle dont il fait preuve. La raison quant à elle ayant décidé de décamper aussi vite que les litres d’alcool rentrent dans l’estomac du colosse.



Même si le propos du géant n’est en rien une révélation mais plus un jeu à ses yeux pour tenter de mettre à mal la grande confiance de la femme et sans manque de gêne. Lorsqu’elle vient même à taper sur la table, la pyramide de chopes vide s’écroule et quelques gouttes des chopes pleines encore finissent sur le bois humide de la table. Puis de manière ironique ou polie, elle vient à refuser l’offre indirecte de Ryujin. Et pire encore, il a même échoué dans sa tentative de mettre à mal la confiance de la dame. Bien évidemment il ne compte pas en rester là. Mais avant même qu’il ne puisse agir au prochain tour, Honoka décide de mettre fin à la soirée. A son départ, le gens ne manque de se lever à son tour pour payer ce qui doit être payé. La serveuse quant à elle se fait plus insistante auparavant, comme si on lui avait soufflé un mot à l’oreille. Mais voici que l’offre de la dame se voit refusé. Non sans déception et énervement comme si l’on s’est moqué d’elle. Elle retourne derrière le comptoir et Ryujin rentre seul à son hôtel. Le goût de l’échec en bouche.

Dans la rue son pas est droit malgré l’alcool, et heureusement pour lui il y a peu de gens. Heureusement car s’il marche droit, son attention n’est pas vraiment présente au point de le laisser se prendre un poteau. Et même en plus du poteau, il vient à se prendre la porte de l’hôtel.