De lents cliquetis de métal, clairs tintements qui marquaient les pas nonchalants de celle que l’on appelait communément « la borgne » ici-bas. Ce manque d’imagination aurait pu vexer n’importe quelle femme un tant soit peu soucieuse de sa personne. Qui n’aimerait pas que l’on lui rappela constamment son infirmité ? Cependant, il s’agissait bien là de chose qui passait au-dessus de la tête de la guerrière à l’œil parme. Ces charmes, après tout, ne se situaient guère forcément dans la prunelle de ses yeux... enfin de son œil. Nul nécessité de posséder un esprit vicié, car la seule référence à comprendre ici n'était autre que son talent, à défaut de conversation.  D'ailleurs, peu de parole ne s'échappait de cette bouche continuellement habitée par une cigarette fumante et tout laissait à penser qu'il serait de mauvais ton de venir l'ennuyer d'une quelconque façon.

Et pourtant, il y avait toujours une petite tête brune qui n'hésitait pas à faire affront à cette femme si froide dont le mot sourire paraissait effacer de son langage. Un jeune garçon, qui n'avait sans nul doute pas plus d'une dizaine d'années, ne cessait de suivre avec un peu de distance l'intrigante. Il tentait d'être discret, mais c'était peine perdue. Honoka ne possédait peut-être plus une vision aussi précise qu'autrefois, elle n'en était pas moins difficile à duper.



Les pas de la samuraï se stoppèrent nets, tout comme les bruits métalliques de son katana contre sa ceinture. La silhouette étonnamment gracile de la Kaname se tourna en direction du garçonnet qui sortit des ombres du tunnel, la mine boudeuse.



Un rictus d'agacement apparut sur le rebord des lèvres de la jeune femme, trahissant sa contrariété grandissante. Son œil unique se posa lourdement sur l'enfant prépubère, il connaissait déjà la réponse qu'elle allait lui donner.







Nul besoin pour Honoka d'en dire plus ou de s'étendre avec de nouveaux arguments. L'enfant savait pertinemment que l'on ne pouvait faire entendre raison à celle qu'il nommait "mère".  Quelle ironie toutefois. Les dieux seuls savaient qu'il n'y avait sans doute pas pire bout de femme pour tenir ce rôle dont le cœur n'était habité que par de moindre affection. Mais voilà, cette guerrière ne possédait qu'une parole et certaine promesse pouvait se révéler des fardeaux plus lourds que prévu.

Une fois le problème chassé et résolu, la samuraï reprit sa marche pour se rendre chez un confrère. Oh, elle ne le connaissait guère personnellement, mais elle avait déjà beaucoup entendu parler de lui. Maître artisan comme elle, il maniait également le sabre. Le plus drôle ? Il était aveugle. Une ironie qu'Honoka vit comme un signe des dieux et qui la convainquit que ces derniers ne manquaient pas d'humour.



Et dire que ce n'était même pas une plaisanterie...

Une journée de plus à forger, à chauffer le métal, le courber, le faire changer de forme au rythme des fracas du marteau que le colosse tenait, dans sa main. Pour une vie qu'il menait à cent à l'heure, cette répétition de geste était quelque peu apaisante, relaxante, ce qui justifiait pourquoi il était toujours fourré ici, du matin jusqu'au soir, quand il n'était pas appelé ailleurs. En ce moment il n'était pas surchargé de travail et, s'il regrettait ce constat, signe d'un manque évident de notoriété de sa part, cela lui permettait au moins de peaufiner son art, pour se concentrer davantage sur la qualité que la quantité. Comment ferait-il quand il aurait de plus en plus de commande ? Devrait-il déléguer, ou bien engager des forgerons au moins de moitié aussi compétent que lui ? Il allait avoir du mal à en trouver, mais peut-être que Maho pourrait l'aider sur ce terrain-là, si l'aveugle arrivait à trouver les mots justes.
Inutile de penser à cela, maintenant. Il aurait tout le temps de s'en inquiéter plus tard. Pour l'heure il était en train de terminer les finitions sur une de ses plus récentes créations, que le client viendrait récupérer demain. Un sabre à la lame claire, pure, au manche noir et zébré de fils couleur or comme le samouraï l'avait exigé. Bien entendu, Kyoshiro ne manqua pas d'y ajouter l'une de ses gardes, une forme ronde dans laquelle était engravée l'image d'un dragon : sa marque de fabrique. Une fois la tâche terminée, le colosse se redressa, laissant courir ses doigts tout le long de sa création, pour en prendre la pleine mesure, avant de laisser son visage s'éclairer d'une moue satisfaite.



Ce n'était pas son œuvre la plus resplendissante, mais le design général saurait certain faire son petit effet, auprès du client qui cherchait à remplacer sa vieille lame usée par le temps et les batailles. Une fois sa tâche faite, Kyoshiro commença à ranger ses outils, les remettant à leur place pour qu'il sache où les trouver, en tout moment. Bien entendu il capta les bruits de pas à l'entrée et, s'il pensa que c'était peut-être son client qui arrivait avec un jour d'avance, le colosse se figea sur place, à l'écoute de la phrase la plus inattendue du monde. Lentement, silencieusement, il se tourna vers celle qui venait d'entrée, tournant sa tête vers elle sans pour autant la dévisager, avant d'éclater de rire devant le ridicule de cette introduction. Décidément, la journée n'allait peut-être pas être aussi monotone que cela.
Plié en deux de rire, il fallut au colosse une bonne minute pour retrouver le contrôle de ses esprits, pour reprendre son souffle, avant de parvenir enfin à se redresser. Borgne cherche aveugle...ne dirait-pas une annonce publie dans une agence matrimoniale ? Kyoshiro laissa échapper un nouveau rire franc, avant de remercier la demoiselle pour la bouffée d'énergie qu''elle venait de lui fournir, par ces quelques mots.



Attrapant le premier bout de tissu venu pour essuyer ses mains, et être un minimum présentable même en plein travail, Kyoshiro avouait qu'il était à présent intrigué. Si elle était cliente elle avait une drôle de façon de l'annoncer mais, si c'était le cas, il n'allait pas laisser passer pareille opportunité. Le sourire toujours au lèvre, le colosse marteleur s'approcher de la nouvelle venue, avant de finalement s'enquérir de la raison de sa présence, si profondément sous la montagne.

Les rumeurs avaient pas mentionné que le type était du genre petit rigolo. Encore un crevard qui m'avait dit des conneries en me conseillant ce type.  Le mec se bidonnait de rire alors que j'attendais une réponse... qui en réalité me semblait évidente à la vue de sa gueule. C'était le forgeron que je cherchais. Pas comme si sa cécité était pas flagrante, vous me direz. Je n'en restais pas moins stoïque malgré la mention de ma carrière de comique raté. Fallait dire que je faisais pas se poiler les gens tous les jours. Pas le genre de la maison.



Ironique, mais pas méchant pour autant. En tout cas, si lui pouvait rien mater, moi, j'en eus encore la possibilité. On allait pas se mentir, je m'attendais pas à un bonhomme de ce gabarit. C'était l'aveugle qu'il fallait le surnommer, mais le géant de sous la montagne. Il avait aussi d'énormes paluches. Bizarrement cela me fit sourire mais je vous dirais pas pourquoi.



Finissant tranquillement ma cigarette, mon œil unique commença à traîner un peu partout dans sa forge. Cela en disait long sur le bonhomme et pour le peu que je voyais, ça restait relativement inspirant. Il souriait, il avait l'air de bosser dur et il avait une bonne gueule.



Je me permis de rentrer dans sa forge, continuant de jouer les curieuses et m'arrêtant sur la lame qu'il était en train de finir. Je notais la délicatesse des détails, affichant une moue assez impressionnée. Je devais avouer que je m'interrogeais sur sa façon de faire. Déjà que j'étais frustrée d'avoir perdu un œil, j'imaginais pas ce que cela faisait de faire son taff sans les deux. Au moins, si un yokai devait me chiper celui qui me restait, il était la preuve que je pourrais continuer à forger.



Je finis par appuyer mes fesses sur le rebord d'un comptoir de son atelier, avant de chercher une nouvelle cigarette dans ma poche. Le temps de l'allumer et d'en tirer une bouffée, je finis par reprendre mes explications.



C'était le moment où jamais de vérifier si je perdais mon temps ou pas.

Moqueur, narcissique, égocentrique. La liste était assez longue pour définir ce qu'était réellement le colosse sous la montagne le forgeur dénué de lumière. Il avait sa part de ténèbres, comme tout le monde, mais puisqu'il avait déjà goûté à ce que la vie avait de plus injuste, alors il avait décidé de rire et s'amuser, de tout et de tous, dés qu'il en avait l'occasion. La plupart de ses collègues ne se gênaient pas de lui cracher dessus. Ils le faisaient dans son dos, probablement par couardise, et rares étaient ceux à oser le provoquer de face, sans doute parce qu'il savait que le feu qui brûlait en lui était des plus intenses. Alors ils prenaient des pincettes en public, avec lui...mais celle qui se présentait à lui, aujourd'hui, semblait d'un tout autre calibre, puisqu'elle ne s'embarrassait pas de manières pour introduire la raison de sa présence, ici. Voilà pourquoi le jeune homme éclata de rire, ne pouvant plus se contrôler, même lorsque la demoiselle semblait prendre cette hilarité de façon assez personnelle.
Il aurait bien voulu expliquer qu'il ne se moquait pas, qu'il était simplement mais, finalement, puisqu'il ne connaissait pas la demoiselle face à lui, à quoi bon se justifier?Il reprit donc rapidement contrôle de sa respiration, pour comprendre que c'était bien le travail qui menait la borgne jusque dans l'antre de l'aveugle. Oh, quelle douce musique à ses oreilles ! Oui, il était un maniaque du travail, et alors ? Silencieusement, le Tadake laissa donc son invitée prendre ses aises dans sa forge, sans réellement s'en offusquer, car le respect de son intimité était largement écrasé par sa curiosité.

Elle savait qui elle était venue voir, cette dénommée Honoka, aussi l'aveugle ne vit-il pas d'intérêt au fait de se présenter, et d'enfoncer des portes ouvertes. Alors comme cela, la borgne et l'aveugle avaient des points communs, en plus de leur rapport assez étrange à la vue ? Il était décidément de plus en plus curieux.



Lorsqu'il avait entendu parler de boulot il avait cru à une nouvelle commande mais, de ce qu'il pouvait comprendre, il avait fait fausse route. Elle n'était pas là pour acheter quoi que ce soit, mais bien pour réaliser une transaction entre elle et lui. S'enfonçant lui aussi dans sa forge pour se débarrasser de son tablier et s'essuyer les mains, pour se refaire une beauté, le colosse écouta d'une oreille en demandant si elle allait tourner autour du pot encore longtemps. Apparemment non et, quand elle avoua ne pas apprécier les préliminaires, le Tadake retint une plaisanterie tendancieuse, tout impatient qu'il était de connaître les détails.



Le ton de sa voix n'était pas aussi grave et lourd que la situation l'exigeait, mais tout sourire moqueur avait à présent disparu. Il pouvait paraître un clown, un de ceux qui ne prenaient rien au sérieux, mais c'était sans doute tout l'inverse. Il savait faire la part des choses et, dans le cas présent, il comprenait quand il fallait se taire et écouter. Du minerai de météorite...ce minerai qui permettait de créer des lames de qualité bien supérieures à toutes autres. Bien entendu que le jeune homme en avait entendu parlé, écoutant toutes les rumeurs à ce sujet dans le but, un jour, de mettre la main sur assez de minerai pour au moins se forger une lame. Juste pour lui. Haussant les épaules, il répondit alors :



Les rumeurs quant aux lieux où trouver un tel minerai était multiple, mais la plupart étaient évidemment fausses. Kyoshiro l'avait appris, à force de patience et d'écoute. Si la demoiselle était venue pour faire la différence, pour réussir là où tous les autres avaient échoué, alors oui, il viendrait certainement mettre son petit grain de sel. Seulement voilà il était commerçant, et même les informations se monnayaient. Sans même redresser la tête, s'appuyer contre une table, non loin du comptoir où la Honoka avait trouvé refuge, Kyoshiro posa alors la question la plus évidente, du monde, en cet instant.



Il ne voulait pas être payé. Il voulait mettre la main sur ce fichu minerai, lui aussi. Ne serait-ce qu'une portion, mais il ne voulait.

Un petit sourire en coin s'étira sur mon visage quand l'aveugle me demanda directement ce qu'il avait à gagner dans l'affaire... que je ne lui avais pas encore proposé. Direct. Ça me plaisait.



Reprenant nonchalamment une bouffée de ma cigarette, je cherchais quelques instants les bons mots à trouver.  Les négociations, c'était pas mon délire. Je faisais toujours en sorte de récupérer ce que je voulais, point barre. Il y avait pas à tortiller du cul comme on disait.



Je haussais les épaules comme si cela avait été une évidence, mais sans m'étendre, je préférais les devants pour répondre par anticipation à ses possibles prochaines questions.



Horrible femme vénale que j'étais... mais pas que. Je dissimulais aussi l'idée d'assouvir le rêve de mon vieux en forgeant une arme du feu de dieu, dans tous les sens du terme. À ceci près que je le faisais pas pour la gloire, uniquement pour ma tronche.



Peut-être aussi parce que je trouvais que la plupart des autres forgerons étaient de gros cons, d'autant plus que des requins. Je me voyais mal bosser avec des types qui avaient même pas un minimum de sens de la loyauté, ou d'amour-propre. Et puis, je pouvais pas me les piffer parce qu'un paquet d'entre eux étaient misogynes ou pensaient que je n'avais rien à foutre de mon boulot. Je parlais de celui de la forge, pas de ma capacité à agiter mon katana.



On était pas là pour trier des lentilles.

A bien des égards, Kyoshiro semblait être un sale con arrogant, doté d'un ego surdimentioné. En vérité, après des années d''errance, il avait simplement osé mettre le je avant le nous et n'avait pas honte de l'assumer. Il avait arrêté de s'excuser d'exister, s'excuser d'être un poids pour la société, et avait décidé de transformer cette différence en force, en se concentrant sur ce qu'il voulait, lui, plutôt que de se concentrer sur l'intérêt de ceux qui n'en valaient pas la peine. Certes il se vantait, il plaisantait souvent et semblait ne rien prendre au sérieux mais, sous ce sourire de façade, il se cachait un homme armé d'une détermination sans faille, un homme qui était prêt à tout pour obtenir ce qu'il voulait. Si presque personne ne lui était venu en aide, s'il ne pouvait compter sur personne, pourquoi tendre l'autre joue ? Cette vie était la sienne et il deviendrait le meilleur, iil obtiendrait ce qu'il voulait. Il ne pouvait en être autrement.
Cette arrogance de façade était la raison pour laquelle les autres forgerons le regardaient avec dédain, n'hésitant pas à jeter son nom dans la boue, car un homme aussi vantard que lui ne pouvait être aussi compétent qu'il le disait. Et pourtant...et pourtant il l'était, parce qu'il avait travaillait plus dur que n'importe qui pour le devenir. Il avait accepté que ses collègues ne le portent pas dans son cœur, depuis longtemps. C'était sans doute la raison pour laquelle il était curieux qu'une consœur vienne le voir, pour le proposer un marché.

Il mit donc les pieds dans le plat en demandant ce qu'il pourrait y gagner et, de toute évidence, la Kaname semblait apprécier cette franchise. Il ne s'attendait pas à grand chose mais, lorsqu'elle commença à faire preuve d'une grossière franchise aussi grande que la sienne, Kyoshiro retint un sourire en réalisant que, effectivement, elle avait aussi peu de tact que lui et qu'ils allaient donc probablement très bien s'entendre. Elle cherchait un partenaire pour l'aider à mettre la main sur ce rare minerai, l'aveugle l'avait déjà deviné, mais ce ne fut qu'en entendant le reste de la conversation qu'il réalisa pourquoi elle était venue vers lui, plutôt qu'un autre. Ils allaient tous deux à l'essentiel, ils avaient tous deux des objectifs et ne ressentaient aucune honte à les assumer pleinement. Décidément : où était-elle passée, pendant toutes ces années ? Pourquoi n'apparaître que maintenant ?

Il voulait la renommée, certes, mais il voulait aussi mettre sur la main sur assez de minerai pour se forger sa propre lame d'exception. Celle qui surpasserait toutes les autres. Celle qui lui permettrait d'élever sa maîtrise du sabre bien au-dessus de tous les autres samouraïs. Le meilleur matériel, pour le meilleur guerrier. Écoutant silencieusement la demoiselle, lorsqu'elle mentionna finalement les faibles chances que cette entreprise aboutisse, Kyoshiro leva alors ses yeux bandés vers elle, avant d'admettre :



D'habitude il essayait toujours d'être un minimum poli mais, pour une fois, avec elle, il n'avait pas l'impression d'avoir besoin de l'être. Il n'avait pas besoin de tourner autour du pot ou de minimiser son intérêt, surtout quand il y avait autant à gagner, pour l'un comme pour l'autre. Ainsi, armé d'une certitude quant à la décision qu'il devait prendre, le colosse se leva et, s'approchant de la demoiselle, lui tendit la main, en une invitation à sceller cet accord, avant de vocaliser familièrement:



Le petit sourire au coin de ses lèvres était plus discret mais plus sincère car, au-delà de son sérieux, il comprenait l'importance de cette entreprise et ce qu'ils pourraient en retirer. Ce n'était plus un jeu, c'était véritablement sérieux et, puisqu'ils venaient de sceller un accord, ne fallait-il pas mieux sceller cela ? Joignant l'utile à agréable, luttant contre l'envie de rentrer dans les détails, dés maintenant, le colosse proposa alors :



Certes c'était l'occasion de se poser, mais Kyoshiro ne faisait pas seulement cela de bonté de cœur. Il n'avait ps mangé depuis la veille au soir, travail oblige, et cela commençait réellement à le déranger. Alors autant faire d'une pierre deux coups.

 
J'aimais la façon dont l'aveugle causait et me confirmais mon intuition. On parlait vraiment le même langage en tout point de vue, et ça nous faciliterait sacrément le boulot qu'il acceptait ma proposition. J'étais pourtant pas du genre à spécialement désirer à bosser en équipe. Pas le genre de la maison, j'aimais maîtriser tout ce que j'avais à faire de A à Z. Mais mes expériences m'avaient obligé à composer avec des gens qui me plaisaient pas ou bien avec des gens tout court. Généralement, je trouvais ça chiant comme la pluie, hormis quelques exceptions. Ce type peut-être ferait partie de ces raretés.



Il ne semblait pas spécialement hésitant sur la question, et même si on se connaissait pas encore réellement, il s'approcha de moi pour me tendre son immense paluche. Je pus retenir un sourire en pensant à la connerie qui m'avait traversé l'esprit quelques minutes plus en les ayant aperçus. Drôle. Comme on paraissait se ressembler, autant vous dire que j'eus pas la menotte tremblante et la serra plutôt contente de mon coup.



Pas que j'avais tenté de faire la même offre à d'autres, mais certains forgerons avaient pas hésité à cracher sur sa personne pour dire que c'était un type avec un melon de la taille des bourses d'un Tanuki. Et en vrai, même si cela avait été le cas, je dirais qu'il était plutôt préférable qu'il fut satisfait de son boulot parce que le cas contraire, je lui aurais conseillé de plier boutique. Sans déconner, on forgeait pas pour considérer qu'on faisait de la merde. Bon, ça signifiait pas qu'on était obligé de se la jouer prétentieux, mais si au moins ça avait du sens... la belle affaire.

Une fois les choses conclues, on pouvait presque dire qu'on s'entendait comme larron en foire à la vue de la proposition de l'aveugle. À becqueter ? Mais carrément. Comme si j'allais cracher sur un dîner gratuit et cela avait au moins l'office de me dire que c'était plutôt un bon gars. Bon, on allait parler boulot et se la jouer un peu sérieux, mais au moins, ça serait toujours moins formel.



Un petit sourire en coin, et j'attendis qu'il ouvrit la marche.



J'espérais qu'il y aurait aussi de quoi picoler un peu. Après tout, autant qu'on fêta notre future collaboration en bonne et due forme.

Kyoshiro était soulagé de constater que son langage fleuri n'était pas en train de faire fuir la demoiselle. Certes il savait être poli et s'exprimer normalement, en société, pour une affaire de cette importance avait-elle vraiment besoin de mettre les formes ? Ils avaient tous les deux été transparents depuis le début, alors il n'y avait aucune raison de s'arrêter en si bon chemin. Oui, il ne mâchait pas ses mots car il n'en voyait guère l'intérêt, surtout quand quelqu'un avait pris la peine de venir le démarcher, comme la demoiselle venait de le faire.
Il était encore étonné qu'elle soit venue le voir, lui plutôt qu'un autre, avançant que d'autres forgerons pouvaient probablement faire l'affaire, mais qui était-il pour juger ? Il n'allait pas se montrer chiant alors que, justement, il avait été choisi, lui, dans tout le troupeau de salopards. Cependant, quand la demoiselle lui fit un compliment, avançant qu'il n'était pas un con, Kyoshiro s'autorisa un petit sourire en coin, avant de finalement demander :



Il était un con arrogant quand il voulait l'être, mais pas toujours, pas avec certaines personnes. Aujourd'hui un accord avait été trouvé, ce qui mettait la demoiselle dans les bonnes grâces du jeune homme, et qui disait bonne grâce disait forcément repas gratuit. Après tout il commençait vraiment à avoir les crocs, alors autant en profiter, non ? Le duo sortit donc prendre un bon bol d'air frais et, après avoir pénétré dans le quartier commerçant, le colosse s'enfonça dans une ruelle parallèle, avait de s'arrêter à la porte d'un restaurant dont les senteurs lui caressaient déjà les narines. Se tournant vers la demoiselle, le jeune homme ouvrit alors la porte, avant de l'inviter à rentrer, d'un :



Ce restaurant n'était pas le plus grand du quartier, mais il y régnait une atmosphère de calme et de sérénité qui plaisaient bien à l'aveugle. Ce dernier ne manqua pas d'être remarqué, de toute sa hauteur, par un petit papy caché derrière son comptoir, à deux mètres de lui. Une fois le papy repéré, ou senti dans le cas présent, le colosse leva la main pour le saluer vivement :







Le patron lui sourit, confirmant d'un simple pouce en l'air, avant d'inviter le duo à s'installer à un table, dans un coin où ils seraient tranquilles. Une table basse, un coussin de chaque côté, à même le sol, pour s'asseoir, le colosse ne tarda pas à prendre place de son côté, faisant craquer sa nuque raide. En attendant que la commande n'arrive, il demanda alors, concernant le minerai  :

Je ne pus retenir un nouveau petit sourire en coin lorsque Kyoshiro fit un trait d'humour. Un bon gars qui avait de la dérision, ça me plaisait. On risquait de bien se marrer tous les deux.



Les jaloux savaient parfaitement salir la réputation de leurs confrères. Les langues de catin, c'était toujours aiguisé. Quand on était pas doué de ses doigts, fallait bien tenter de faire passer son entourage pour des gens foireux pour mieux ressortir du lot. M'enfin, au bout d'un moment, ça finissait par se voir qu'on était nul.

Quoiqu'il en fut, je laissais monsieur me montrer la voie. Aucune idée de là où il voulait m'emmener becqueter, mais à vrai dire, j'étais pas difficile. J'avais appris à me contenter de peu et surtout de ce qu'il y avait. Cela m'empêchait pas d'espérer qu'il ne fut pas un radin.  J'étais peut-être pas épaisse, mais je savais apprécier un bon repas. D'un pas nonchalant, je le suivais sans dire un mot, autant attendre d'être attablé pour faire la conversation.

Lorsque l'on arriva au restaurant au détour d'une ruelle, il se montra gentleman. Un bon point pour l'aveugle. Une fois à l'intérieur, je découvris une petite pièce plutôt intimiste, un endroit tranquille en somme, mais dont il se dégageait déjà une bonne odeur, promesse d'un repas alléchant. Mon ventre ne faisait pas encore du ramdam, mais si les senteurs continuaient à me titiller de cette façon, ça n'allait pas durer.

Les politesses au patron faites, il nous présenta une table avec les coussins pour se poser. Je ne me fis pas prier non plus pour prendre place, tandis que mon camarade se montra plus rapidement que moi.  À peine eus-je le temps de croiser les jambes que déjà, Kyoshiro était partie dans ces questions. Cela me fit sourire.



Sur ces mots, le patron nous apporta une bouteille de saké, et les coupelles qui allaient avec. Une manière d'attendre qu'il s'occupa du reste du repas. Bien évidemment, je servis l'aveugle et puis moi-même.



Sur mes paroles, je me rinçais déjà la bouche avec la première coupelle.



Je soupirais avant de me servir un nouveau verre. Fallait dire que j'avais plutôt une bonne descente.



Sur ces mots, je m'enfonçais dans mon coussin, attendant que Kyoshiro me donna son avis sur mes théories. Pour moi, il fallait creuser plus profondément que ce que l'on imaginait ou bien leur nature n'avait rien de très... conventionnelle.

Kyoshiro n'avait rien d'un enquêteur ou d'un intellectuel. Il appréciait la simplicité d'un combat, et de sentir l'agressivité de l'adversaire face à lui, à des kilomètres à la ronde. Il aimait la clarté de ces moments-là. Pas de nuances de gris. Juste du noir et du noir. Juste lui contre l'autre et, à la fin, il n'en restait qu'un. Cependant, aujourd'hui, il évoluait sur un terrain qui lui était inconnu et, s'il connaissait parfaitement ses propres limites, les vocaliser n'était pas quelque chose pour lequel il se sentait prêt. Ici il ne s'agissait pas de repousser ses limites, ou de tabasser le premier péquenaud venu jusqu'à ce que sa tête ressemble à une pastèque écraser, mais à utiliser son intellect pour arriver à ses fins.
Il appréciait toujours un challenge à sa mesure, certes, mais il espérait que la demoiselle face lui sont capable de l'y aider car, avouons-le, il n'avait aucune véritable idée de par où commencer les recherches. Raffiner le minerai pour en faire une lame était une chose, mais trouver ledit minerai...il allait devoir faire ce pourquoi il était si peu doué : être patient. Mais pour l'heure il préférait aller droit au but et, quand la demoiselle le nota, le Tadake ne put s'empêcher de lancer l'un de ses fameux traits d'humour qui, le plus souvent, ne faisaient rire que lui.



Ils étaient installés et, avant que les plats n'arrivent, le patron servit un bouteille de saké au duo. Était-ce bien sage de se saouler, pour avoir une discussion aussi sérieuse ? Certains auraient dit que non,  mais la modération était l'apanage des perdants, pas celui du duo ici présent. Kyoshiro prit donc la coupelle tendu, avalant ce liquide qu'il sentit réchauffer ses entrailles, en écoutant la demoiselle déballer ce qu'elle savait. Les informations étaient incohérentes, de ce qu'il pouvait bien comprendre. Certains disaient que le minerai venait de météorites tombées du ciel, quant à d'autres, ils affirmaient que cette ressource ne pouvait être que minée, dans les profondeurs de cette terre. Les deux affirmations ne pouvaient pas être vraies, définitivement pas.



Avalant un autre verre de saké, comme si lutter contre l'alcool allait l'aider à se concentrer davantage, le jeune homme resta là un instant le regard posé sur la table juste devant lui, en regroupant les informations. La solution la plus possible était la seconde origine du minerai, celle venue des mines plutôt que du ciel, de toute évidence. Pourquoi ? Eh bien il ne tarda pas à dévoiler le fond de sa pensée, sur le sujet.



Ce n'était qu'une supposition, qu'ils allaient devoir confirmer avec quelques minutieuses recherches. Maintenant restait le cœur du problème : comment vérifier leurs dires ? Comment savoir quelle mine renfermait ces fameux rares minéraux ? Une idée idiote s'agrippa à la tête du colosse qui, souriant, amusé par sa propre bêtise, proposa :



La demoiselle aurait pu croire qu'il plaisantait, à cause de son sourire mais, en vérité, tout fan des approches directes qu'il était, il était à demi sérieux. Haussant les épaules, comme pour justifier cette idée qui germait dans sa tête, il ricana en concluant d'un :

J'étais perplexe sur la nature du minerai que nous convoitions. Fallait dire qu'on attendait tellement de connerie à droite et à gauche, que cela se perdait aussi entre les mensonges et les racontars de certains qui prétendaient en posséder. J'étais pas une voleuse, je comptais pas piller mon voisin même si cela me démangerait sans doute. Cependant, j'aimais la vérité. Brute. Simple. Comprendre également. On savait que les diamants s'étaient des pierres précieuses rares, mais tout le monde s'avait à quoi s'attendre avec. Pourquoi ça serait si différent avec le minerai de météorite, hein ? Trop de secret pour juste un métal.



Je m'enfonçais à nouveau dans mon siège moelleux, avant de vider à nouveau ma coupelle. La mine boudeuse et pensive, mon cerveau fusait dans ses réflexions qui s'embrumaient un peu par la faute du saké. Cependant, mes méninges continuaient à s'activer.



Je m'approchais de la table, m'accoudant à cette dernière alors que je faisais tourner la liqueur dans mon verre.



Je me décidais à boire mon verre d'une traite, avant de nonchalamment le remplir à nouveau.



J'eus un léger petit ricanement, plutôt ironique à vrai dire. C'était un fait que j'étais pas populaire, et je cherchais pas spécialement à élargir mon cercle de proche. Déjà parce que ça réclamait de l'investissement et j'en avais pas envie. Même si je reconnaissais que ça pouvait toujours être utile de temps en temps.



Sur ce constat assez pathétique, le restaurateur commença à nous apporter des plats. Parfait pour noyer le saké et reprendre un peu de vigueur. Je lui fis un signe de tête pour le remercier, avant de lui montrer que notre bouteille s'était assez vite vidé. Il en faudrait bien une autre pour faire passer ce qu'il nous avait servi.

L'idée de la demoiselle était alléchante, trop alléchante pour que le jeune homme refuse, par orgueil mal placé, ou parce qu'il n'aimait pas travailler avec autrui. Ce minerai était rare, très rare et, avec celui-ci, il pourrait créer une arme d'une qualité bien supérieure à ce qu'il pouvait faire, en ce moment, avec les matériaux qui étaient les siens. Peut-être aurait-il pu gratter la surface, pour voir si la demoiselle ne lui cachait pas quelque chose mais, au final, il s'en fichait pas mal. Elle avait un projet, et l'avait choisi, lui, pour le mener à bien : il n'avait pas besoin de se poser plus de questions que cela. Ils savaient tous deux que cette affaire seront longue et complexe, car ils ne devaient pas être les seuls sur le coup, mais un gain de ce genre valait bien quelques sacrifices, non ?
Restait à présent à trouver le début du filon, des bribes de piste à suivre et, si le jeune homme proposa une approche assez brutale, il était bien conscient que cela se révélerait plus complexe que prévu, comme la demoiselle ne manqua pas de le souligner. Fort heureusement elle semblait avoir une autre idée, un autre angle d'approche quant à la piste qu'ils cherchaient désespérément.



Frapper et tuer il savait faire, mais réfléchir ? Oh certes il était plus malin que la moyenne, il n'était pas bête à manger du foin, mais il préférait largement le combat à la traque qui précédait la rencontre avec sa proie. Il ne s'en cachait pas, il n'en avait pas honte mais, aujourd'hui, il allait devoir faire les choses différemment. A présent il ne fallait plus traquer un forgeron, mais plutôt un homme- ou une femme – possédant une arme forgée dans ce minerai si unique. Si l'esprit de Kyoshiro s'activa immédiatement, le fait que la demoiselle ne connaisse pas de telle célébrité le poussa à répondre, très honnêtement :



Tout reposait sur lui. Il aurait pu mentir et dire qu'il connaissait une telle personne, qu'il avait eu vent d'une telle arme mais, à force de chercher dans les recoins de son esprit, il ne trouva malheureusement rien. Mentir n'aiderait nullement leur enquête alors, avalant une nouvelle coupelle d'alcool, il haussa les épaules en avouant :



Alors qui interroger ? Qui pourrait avoir ce genre d'information sous la main ? Le kage pourrait savoir mais, si la demoiselle voulait faire les choses dans son coin, s'en référer à la plus haute instance de Seizan n'était peut-être pas la meilleure tactique. Plongé dans sa réflexion, le Tadake laissa alors quelques une de ses pensées filtrer à voix haute.

Je ne pus cacher mon dépit lorsque Kyoshiro m'annonça qu'il était aussi peu branchée histoires mondaines que moi. Cela n'arrangeait pas nos affaires et si jusque-là j'étais plutôt enthousiaste à l'idée que l'on se ressemblait, là, ça nous faisait clairement défaut.



C'était pas comme si on avait réellement le choix de toute façon. Blasée, je digérais ma déception dans les belles brochettes que nous amena le restaurateur. Et tandis que je commençais à me délecter des bouts de viandes grillées et parfaitement assaisonnées, j'écoutais l'honnêteté implacable de l'aveugle.



Autant en rire. Je vidais ma coupelle au moment de cette terrible conclusion, et me remplir un nouveau verre. Continuant néanmoins à me faire plaisir sur les mets qui arrivaient petit à petit, picorant de ci et de là comme une bonne épicurienne que j'étais, je pus m'empêcher d'être surprise à l'idée même de questionner le Kage.



Je repris une petite bouchée de viande avant de continuer.



Et ouais... la rançon de la gloire. C'était ça de passer ses journées dans des putains souterrains à transpirer comme des bœufs pour se faire de l'oseille. Un enfant à charge, ça vous ponctionnait comme un vampire. Et vas-y que ça changeait de fringues tous les six mois parce que ça grandissait, et que ça bouffait comme quatre et pire... ça étudiait le machin, et pas de la forgeonnerie. Le dégoût. Sans déconner, si j'avais pas fait de promesse, j'aurais largement réfléchi à l'idée de vendre le gamin. Il avait juste la chance d'avoir une gueule d'ange. Ça le sauvait. Quel petit con.



C'était toujours chiant de faire du surplace et mon vieux continuait à prendre en âge. Fallait vraiment que je me mis un coup de pied dans le derch.

Kyoshiro n'était pas moche à regarder, même s'il n'en avait pas conscience. Il avait les mots faciles, le contact facile mais, malgré ces prédispositions à briser aisément la glace, il préférait toujours la solitude à la compagnie d'être inférieurs à lui. Mieux valait être seul que mal accompagné, non ? Alors oui il connaissait les noms de certains puissants épéistes du village, mais aucun d'eux ne maniait une arme faite dans ce minerai si rare que le duo recherchait ardemment. Ainsi, alors qu'il commençait aussi à attraper des bouts de viande avec ses baguettes, pour s'en délecter, il passa de nouveau en revue la liste  de ces épéistes, dans sa tête, en faisant chou blanc une nouvelle fois. Devrait-il essayer de se sociabiliser davantage ? L'idée était tentante mais il la repoussa d'un revers de la main, avançant le fait que cette distance faisait probablement partie de son charme.

Certes son idée d'aller voir le Kage était idiote, bien trop naïve car le géant des montagnes avait d'autres chats à fouetter, mais cela ne coûtait rien de poser cette idée sur la table, non ? Kyoshiro ne put s'empêcher de sourire, lorsque la demoiselle tourna en ridicule cette proposition, hochant la tête pour confirmer ses propos, jusqu'à ce qu'elle ne valide son autre idée. Parler au Kage n'était pas une option, mais aller voir les shinobis d'élite de ce village était un objectif déjà plus réalisable. Ils étaient le lien entre le peuple et la tête pensante du village, ils étaient au courant de tout alors, en un instant, Kyoshiro commença à faire une liste des jonin qu'il pouvait connaître, avant de répondre :



Il aurait pu aller voir son capitaine, le cavalier d'argent, mais ce dernier avait été trop récemment promu pour être d'une quelconque utilité en terme d'informations. En revanche, si l'aveugle ne trouvait pas chaussure à son pied, ou ratait quelques noms de sa liste, il pourrait toujours aller voir le cavalier, pour qu'il puisse lui donner la liste des jonins du village, afin que le colosse puisse voir ce qu'il avait manqué.
Cela n'allait pas être une tâche facile, car trouver le jonin ne voulait pas dire que ce dernier allait lui fournir cette information, mais il fallait bien commencer quelque part, non ? Demain. Pas aujourd'hui. Aujourd'hui il avait encore beaucoup à faire mais, demain, oui, il partirait à la chasse. Ainsi, gardant cette certitude en tête, il avalant un autre morceau de viande avec avidité, avant de conclure d'un :



Un accord commercial suivi d'un bon repas. Finalement, ce n'était pas une aussi mauvaise journée que cela.

Mon sourire se décida à réapparaître sur mon visage. Pas à cause du saké - bien qu'on pourrait penser qu'il fit son petit effet - mais parce que mon nouveau camarade semblait être plus disposé à trouver des informations auprès d'un moins bien gradé que le Kage. Là, je reconnaissais mon champion.


C'était vrai et un détail que j'avais oublié d'omettre à l'aveugle. Certes, je comptais pas me débiner, mais qu'il ne se mit pas la pression. C'était pas comme s'il y avait véritablement le feu. Mon vieux était pas éternel, bien sûr, mais en bonne santé donc... j'avais une petite marge de manœuvre, d'autant que je me préparais pour un voyage en direction de Sakyuu. Pourtant, le vieillard derrière vous entendu ce que vous cherchiez. Il marmonna : cette créature au fond de la mine à la carapace et couleur du ciel, personne parvient à y aller tout en continuant à marcher au milieu de tout ce brouhaha.


Sur ces paroles là, on décidait de conclure notre plan ou plutôt notre début de plan. Visiblement, on s'était assez bien trouvé et notre association s'annonçait... prometteuse ? Nous dirons les choses ainsi. Bien entendu, il était assez évident qu'on serait amené à bosser ensemble à l'avenir, et pas uniquement sur notre "affaire". Par contre, j'aurais sans doute jamais imaginé que ça serait plus vite que prévu. L'avenir était assez drôle. Comme quoi... certaines rencontres étaient prédestinées, si on pouvait dire les choses ainsi. J'aimais pas trop le terme, mais ça collait avec le contexte.


Je levais mon verre et le vida d'une traite, avant de prêter toute mon attention sur le repas offert. Une occasion de se faire plaisir et de discutailler des petites choses de la vie pour apprendre à se connaître. En tout cas, rare serait les fois où je pouvais affirmer avoir fait une bonne rencontre. Ce Kyoshiro-là serait de ces quelques exceptions.