Les pas lents, une main sur la bandoulière de mon sac, je voyais au loin quelques arbres exotiques parsemant une aire aquatique. Quelques jours déjà que je voyageais, Un léger châle autour du visage, les pas s’enfonçant nonchalamment dans le sable des dunes, j’avançai.
En descendant une dune, mon pas glissa dans le sable… Le talon, normalement censé servir de base à mon pas, dégringola sur quelques centimètres sous mon poids et m'entraîna en arrière. Mon coccyx puis mon dos rencontrèrent les grains, m’amenant comme si de rien n’était à faire de la luge. La friction m’échauffa la peau à travers le vêtement, mais le tout restait infiniment plus ludique que le pendant neigeux. Dans le vide géographique, je me surpris à ricaner en atteignant la conclusion de mon épopée « dunesque ». Un petit instant, je restais là, assis, à repenser à ma glissade presque comique… Personne pour rire avec moi, mais le seul bruit de mon rire suffisait à réchauffer mon cœur.

Je vivais vraiment une vie de rêve.

« Payé à glisser sur les dunes, mais quel débile ! » D’une impulsion de mon bras gauche, je me relevais pour continuer à marcher. Au loin, sur une nouvelle agglomération de sable, une petite silhouette me surveillait. Relevant la tête, je pus vaguement estimer qu’elle se carapatait pour ne pas être vue… Un bout d’épaule, quelques mèches, c’était tout ce que j’avais pu observer de mon voyeur du désert.

Ni une, ni deux, je commençais à courir : Voyou qui faisait rappliquer sa bande ? L'Onogoro était un lieu de danger et j'étais presque satisfait de trouver une silhouette humaine plutôt qu'un gros corps de ver des sables... Akari m'avait conté quelques histoires sur ces créatures et je ne me sentais guère assez guerrier pour tenter ma chance contre l'un de ces monstres. Armé de ma vitesse, je me retrouvais dans le dos de l'ombre qui se révélait être une petite fille, proche de l'oasis, un vieux monsieur fonça vers nous : Il avait peur, comme elle que je tenais par l'épaule.

J'avais fait une gaffe.

Lâchant le tout, je levais les bras comme un enfant pour montrer patte blanche, mais l'adulte attrapa sa fille, ou sa petite fille, pour la mettre derrière lui et me regarder d'un œil noir : Lorgnant sur mon bandeau frontal, il ne se ravisa pas. Il se méfiait des soldats ? "Qui a-t-il rencontré pour ne pas être rassuré à la vue de l'armée impériale ?"

- Désolé. Je ne savais pas trop quoi dire d'autres, mais mon mot le fit reculer pour repartir vers sa caravane... Une parmi d'autres.

L'Oasis de la sérénité était la plus grande Oasis de Onogoro. Elle se trouvait dans le carrefour de plusieurs provinces et il s'agissait d'un passage obligé pour de nombreux voyageurs qui y trouvaient une certaine quiétude. Chose que j'avais foutu en l'air avec mon incartade. Soupirant, je me dirigeais vers l'eau pour apaiser un peu cette frayeur : Je n'étais pas le plus à plaindre, mais cela m'avait foutu un coup au moral... Comme si je n'étais pas le gentil de leur histoire, alors que je devais être le gentil, non ?
L'onde claire semblait imperméable à mes doutes et de l'autre côté de la masse, un garçon avait déjà trouvé sa place dans l'oasis. M'asseyant près du bleu turquoise, je serrais mes jambes à moi : Je rentrais de Daichi où j'avais un peu découvert des choses sur le bois d'eden, mais si peu que ce petit échec, en plus de la débandade des contrebandiers, révélant que le tout était a Jujou No Sato, me fit l'effet d'une claque... J'étais si content de rentrer que j'avais occulté la finalité même de la chose.

Je courrai partout sans trouver de vraies pistes.

- Quand est-ce que je vais arriver à quelque chose... Avançant mon visage, au-dessus de l'onde, je vis mon reflet parcouru de quelques petites vagues, légère, fruit de la friction du vent. Un visage jeune, aux cheveux blancs qui tombaient comme des lianes vu la transpiration et la poussière. Je ressemblais un peu à mon père, enfin de ce que je me rappelais de lui. Désolé, j'arriverai pas à être un fils digne.

Soupirant de nouveau, j'allais rencontrer la masse aquatique pour laver un peu le tout, comme mon honneur ou mes idées. L'eau fraiche de cette fin d'hiver rendait le tout vivifiant et je sortais avec une nouvelle énergie.

- Whaaa, ça fait du bien ! Tonitruant, je me relevais en tremblant un peu. Espérant que je n'avais pas dérangé le jeune homme en face de moi.

La tête refroidie, je laissais couler l'eau le long de ma nuque en appréciant chaque seconde du dérapé sublime du liquide : Si le désert était le lieu d'une grande chaleur, les oasis qui peuplaient ses contours donnaient à rêver d'un autre endroit.
Seulement, je n'étais pas seul et déjà quelques regards se tournaient vers moi, pensant que je faisais une crise quelconque ou bien m'insultaient des yeux. Regardant autour de moi, je baissais vite la tête devant cette attention que je ne voulais guère, même le garçon en face de moi m'avait décroché un regard insistant, pour ensuite me parler comme un grondé un enfant... Fronçant les sourcils, je rendais le regard dur du jeune homme avant de sortir de l'eau, obéissant à moitié à son petit discours. Je n'étais pas bien subtil, avec mon bandeau, mais je n'en restais pas moins quelqu'un de respectueux et...

- En quoi me baigner dans une étendue d'eau peut-il troubler les autres ? Elle est là pour ça, pour affronter le désert et sa chaleur étouffante. Je viens d'arriver, je pense pouvoir me ressourcer un peu... Et puis, je n'ai pas fait tant de bruits que ça ! Portant la main à ma tignasse, je secouais le tout vivement avant de m'approcher du donneur de leçon. Les autres suivaient du regard ce qui pouvait devenir une altercation... La nuit sanglante n'était pas bien loin et ils avaient peur de la violence. C'est plutôt à vous de faire attention, à prendre de haut tous le monde alors que je ne faisais rien de mal. Croisant les bras, je lorgnais sur l'apparence délicate du monsieur,  du menu fretin, avant de lâcher : J'ai souvent eu à passer par là, et c'est un lieu de passage... Grand et connu, cela m'étonnerait que les gens prennent cette oasis pour un monastère.

Pas de violence, je n'étais pas comme ça.

J'avais eu l'occasion d'aller dans le coin pour chercher le grand fonctionnaire, avec Kyoshiro, mais je n'avais eu à vraiment séjourner... ici encore, je n'étais que de passage pour revenir à Seizan. La population était désagréable... C'était sans doute le reflet du monde qui changeait, devenait plus dur, moins accueillant... Soupirant, je prenais la mesure de ma propre rudesse après les événements des derniers jours et surtout ces quêtes si lentes, si complexe. Dans ces moments, il ne fallait pas devenir son propre ennemi et passant ma main sur le visage, mouillant encore un peu ma frimousse, je rafraichissais de nouveau mes idées, quelque peu échaudées.

- Bon, désolé... J'ai passé une sale semaine, et j'aime pas me faire engueuler alors que je cherche juste à me rafraichir. M'asseyant, penaud, je croisais les bras comme... Un enfant, alors que je devais être un chuunin fier et sérieux. Dans l'auditoire, je sentais bien un peu de soulagement devant un parti qui cédait... C'est fatiguant, parfois.

Dur relâchement... Surtout devant ce type qui devait ne rien comprendre.

Non sans garder un petit air de moralisateur, le garçon aux cheveux blanc comme moi sonna plus détendu : Un quiproquo, déclenché plus par la fatigue que par une vraie envie d'en découdre, qui s'était terminé avec ma compréhension qu'être un trou du cul n'était pas une finalité en soi... Les gens cherchaient la tranquillité, comme moi, pourquoi ainsi exorciser mon mal en déclenchant la leur ?
Le monde était un foyer fertile de douleur, de malheur, de petit tracas qui grossissaient, nourris comme on se mettait en autophagie durant un long jeun. AInsi, la marche qui me mettait en joie, devenait une épreuve écœurante... Le combat qui me donnait de la passion devenait une tache débilitante, comme on passe le balai. J'étais las, tout simplement, de cette vie de route à parsemer des parties de moi : Sang, chair, sueur, larme parfois... Un peu partout dans l'Onogoro.

S'excusant lui aussi, mon interlocuteur déclara avoir été coupé dans sa connexion intérieure... Ce qui l'avait mis en vrac, comme moi. Un duel d'égo, tout simplement, alors que la communication donnait de plus belles fleurs.

- Ouais, désolé pour ça. Puis vint le tour de questions, puisque le silence n'était pas une option possible maintenant que j'avais foutu le boxon autour du plan d'eau : Qu'est-ce que je faisais là, si loin de chez moi ? S'interrogeant sur mon trajet, le garçon posait des questions intéressantes. J'étais en mission à l'Ouest, j'en reviens après avoir fait un petit détour... rien de bien important, mais cela rallonge mon tracé et c'est beaucoup de chemins, même pour moi. Le désert est un sacré obstacle, et encore, je ne fais que passer sur les bords... Je n'imagine pas l'enfer que c'est d'aller à Sakyuu... je ne m'étais jamais rendu dans le village des sables, un acte manqué puisqu'il devait y avoir eu des missions qui auraient pu m'amener là-bas, je n'étais juste pas disponible, certainement. Je connais quelqu'un là-bas, il m'a parlé des vers de sable... Une sacrée tanée, selon lui. Sans passage par la mer et avec un trajet terrestre si aléatoire, je me demande comment faire le village pour se ravitailler ou communiquer efficacement avec l'extérieur.

Qu'importe, ce n'était pas mon problème au final : Mais la question demeurait intéressante. À Seizan, je n'avais qu'à descendre de la montagne et prier pour qu'aucun yokai ne vienne sur ma route... Mais je pouvais m'en défendre, les monstres sur leur terrain de prédilection pouvaient sans doute être une autre paire de manche. Le monde était plein de mystère, certains positifs, d'autres franchement sombre...

- Mais, et vous ? Que faites-vous dans la vie pour vous retrouver dans une oasis a... Vous connectez ? À quoi ? À qui ? La religion, je ne la pratiquais guère. Je croyais dans les kamis comme on croyait à l'orage, l'océan ou les feux de forêt. Pas le choix. Pour autant, je ne militais pas pour enflammer les arbres... Je peux comprendre que ce soit un bel endroit pour tout ça.

En tout cas, il paraissait être un civil... Solide, pour tenir tête à un soldat, même si son physique ne payait pas de mine.

- Au fait, je m'appelle Kunao. C'était la moindre des politesses.

Le désert était plein de dangers, autant par les vers que par d'autres choses typiques du climat : La sécheresse, la chaleur étouffante qui prenait à la gorge et qui surprenait même le plus professionnel des voyageurs... Mais également les bandits, j'imaginais bien des grands types avec des écharpes légères se balader en attaquant le badaud. C'était un autre monde, à quelques jours de marches de Seizan...
Pour autant, le village avait trouvé ses marques et des options : Un char à voile ? Devant la chose, je clignais des yeux, un peu surpris :

- Quel est l'objectif ? La vitesse, ou bien le glissement alerte moins les yokai en dessous ? La question se devait d'être posée, car je ne saisissais sans doute pas toutes les aspérités du sujet... D'un autre côté, les avants postes donnaient une direction sûre aux passants, qui savait vers où se tourner pour continuer leurs routes. Ces avant postes, ils ne sont jamais attaqués par les vers ? Je veux dire, ça m'a toujours étonné que Sakyuu, ou ses dépendances, ne soient jamais menacés par ce qui habite les sables... Des histoires d'escarmouches des démons contre les murs, solides, du village devaient parvenir à mes oreilles, non ? Pour autant, ce n'était pas le cas... Des marchands venaient pour commercer et tout allait bien. Quand il valorisa l'esprit du kage du village des sables, je ne pus qu'acquiescer : S'il a réussi à faire tout ça, c'est évidemment quelqu'un de remarquable...

Un environnement dangereux, il avait retourné le problème.

Et sa connaissance, si précise, des choses du désert lui venaient de sa propre vie : Il était soldat, un chuunin de Sakyuu. Tout s'expliquait, hochant la tête, je me dis, un peu bêtement, qu'un conflit entre nous dans cette oasis aurait été un probable incident diplomatique. "Quelle chance..." En tout cas, l'effervescence de sa localité l'empêchait de se connecter, autant avec lui-même qu'avec des dieux... Il était donc croyant. J'avais grandi avec la religion, comme tout un chacun : Le culte principal était celui du pantheon des kamis, mais certaines extrémités s'étaient formées, précisant le propos sur un seul... ou bien une "fausse" déité, comme l'edenisme.

- Quel dieu priait vous ? Certains avaient un dieu en particulier, d'autres faisaient une priére générale... Qu'importe, toutefois, car j'obtins son nom : Gojiro. Hochant la tête, j'acceptai l'information en revenant, du regard, sur l'eau devant nous. Il en profite pour louer ma présence, non sans revenir sur le précédent entre nous...

Un sacré passif.

Ricanant, je me laissais tomber sur le sable chaud alors que la soirée avancée, inexorablement, en même temps que la lune dans les cieux... Une sacrée soirée, mais qui amenait bien des choses positives : Une rencontre, d'abord.

- Le silence est une bonne chose pour la prière, ou la concentration, mais l'absence de bruit trop longtemps anesthésie les sens... On s'ennuie, sans une petite mélodie de fond. A Seizan, ce sont les bruits de marteau sur une enclume qui rythme les jours et les nuits... On s'habitue vite à ce bruit, de toute façon, on a pas le choix. Soupirant, je prenais une poignée de sable pour faire glisser les fins grains entre mes doigts. J'ai passé des longues heures à méditer, et sur un terrain d'entrainement ce n'est pas si facile... Disons que l'important, c'est le calme intérieur, plus que l'extérieur. Rigolant, de nouveau, je reprenais. C'est vrai que ce n'est pas voyant en me voyant éructer dans l'eau.

Il fallait faire preuve d'auto-dérision et, comme les marchands qui avaient eu peur en me voyant filer vers Gojiro, tout s'était calmé... Pour le meilleur, j'échangeais la solitude du voyage contre quelques paroles, des banalités peut-être, mais réconfortante.

- Malin. Une conclusion simple à cette histoire de voile profitant du vent désertique... L'humain s'habituait à son environnement et cela passait par biens des choses : Le physique, le mental, les inventions. On ne se battait pas pareil dans le désert ou en montagne, et on ne vivait pas pareil également. C'était un tout, un paquetage bien ficelé.

Comme les vers, disons, qui avaient comme un accord tacite pour ne pas attaquer le village des sables ou bien les avants postes de Sakyuu... C'était étrangement intéressant et plus, j'apprenais sur ces créatures, plus les interrogations venaient. Je n'en avais jamais vu, mais j'imaginais très bien le tout... La grandeur, le cadre, tout cela qui provoquait la peur chez les marchands, mais une certaine excitation chez moi. Combattre ces machins ? Non, évidemment que non, mais les voir, grouiller sous le sable... La notion de territoire rentra en jeu et je fixais un moment le visage de mon interlocuteur, cherchant des indices dans les traits juvéniles.

- Comment sait-on qu'on entre dans le territoire d'un vers des sables ? Yokai parmi d'autres, cela pouvait donner des informations sur d'autres créatures... Bien que je n'imaginais guère un monstre du désert disposer des cadavres dans le périmètre, comme l'oiseau de mauvais augure que j'avais croisé dans les mines.

Suite à cela, des pommes furent sorties : Il était prévoyant et me passa l'un des fruits d'un jet assuré. Je réceptionnais la chose, un peu surpris, avant de croquer dedans... Si elle était empoisonnée, c'était une sacrée coïncidence. C'est alors qu'il me parla de son dieu... Loin du panthéon habituel des dévots, celui-ci avait jeté son dévolu sur la déité du feu. Le visage interdit, j'écoutais son besoin de signe pour éclairer son chemin...
Je n'étais pas religieux, ou bien pas dans le même sens que lui : Je croyais dans les kamis, mais je ne pratiquais guère les prières ou autres cérémonies. Je me sentais même las devant la religion aussi stricte, mais j'étais toutefois intéressé par la secte carboniste, c'était rare d'en croiser à Seizan... Ou dans l'Onogoro, en tout cas dans mon coin.

- Un signe... Gardant mes pensées pour moi, je regardais l'eau clair en quête de quelque chose pour aider, ou bien juste observer l'action du dieu du feu dans l'élément contraire. J'espère que vous trouverez ce qu'il vous manque pour éclairer votre chemin. Je croyais dans l'avancement, la dynamique propre, pas dans l'action d'un quelconque agent extérieur, mais remettre ainsi en cause la foi d'un homme, ce n'était pas non plus mon genre... Ce n'était pas poli.

Ce faisant, je changeais de sujet : Le silence, mis en opposition avec le bruit de Seizan : Les fourneaux ardents étaient allumés nuit et jour, proposant une vaste gamme de percussion et de clapotement d'eau, chauffée subitement par l'introduction d'un acier rougeoyant. Il m'expliqua ainsi avoir déja été dans les montagnes bleues et qu'il connaissait ainsi le bruit caractéristique, j'accueillais l'information avec un sourcil levé, étonné, mais pas forcément très longtemps : On voyageait beaucoup, nous les soldats, et j'étais dans cette oasis, car j'avais poursuivi un réseau dans l'Onogoro... Qu'est-ce qui l'empêchait d'être missionné loin, comme moi ? Pour autant, c'est le sujet de la "discussion" avec son dieu qui me fit revenir sur le sujet de la religion...

- Votre dieu vous répond ? Regardant le monsieur, je continuais. Je veux dire...  Quand vous parliez de signes, je pensais à quelque chose de physique, dans les jours après votre demande, pas forcément une voix qui... Eh bien... répond. L'idée de la folie me passa en tête, évidemment, mais j'attendais de plus gros signes... Si les déités répondaient aussi facilement, cela aurait été su avant. Alors quoi ? j'étais avec un prophète ?

Ou bien juste un fou à lier ?

Mais s'il était atteint mentalement, il ne pouvait être dans l'armée... Alors c'était un menteur ? Un affabulateur ? Et la pomme que je mangeais actuellement, était-elle dénuée de malice ? Dans quelle farce j'étais tombé...

- Je vois. Un léger silence, comme pour bien encadrer l'idée que la propriété directe du désert était aux vers et que les soldats de Sakyuu n'était que des... locataires ? Un jour ou l'autre, il y aurait un grand danger, une catastrophe, qui allait faire s'écrouler la structure sur elle-même.

Mais est-ce que Seizan, du haut de sa montagne, était plus stable ? L'idiot dirait que oui, mais une meute de Oni caché dans les hauteurs pouvait faire un résultat équivalent en enfonçant les défenses. Ainsi, nous étions tous tributaires du bon vouloir des yokai de ne pas nous éradiquer ? Une moue réflective, avant que je ne demande :

- Mais n'avez-vous pas peur d'un jour être attaqué ? Je veux dire, vu que le village se trouve sur le "territoire" de ces choses... Rien n'est jamais promis. Une vaine question, il ne devait pas le savoir, lui soldat des sables, ce genre de questionnements revenaient aux hautes autorités et même de mon côté, avec mon grade de chuunin, je n'étais pas habilité à connaitre ces facettes-là. Un croc dans la pomme et je rajoutais... Ne sommes-nous pas tous sur le territoire des yokais ? Avec mon katana, si un monstre débarquait dans l'oasis, qu'est-ce que je pouvais faire ? Sans doute combattre pour faire gagner du temps aux civils, quitte à mourir... Mais crainte, c'était une autre question.

Une bien plus vaste.

Plus tard, devant la révélation de la religion de mon compatriote, j'avais eu un léger recul... Plus devant sa description de la conversation que la nature même de sa foi. Je m'en foutais bien a qui il confiait ses prières, mais la pertinence de la chose me posait un problème et il le sentit bien avec ma question... Je n'étais pas le plus discret et sa réponse soulignait bien évidemment les doutes qu'il avait saisit, pour mieux désamorcer ma pensée de folie suspecte. Un index vers son torse, et il finit de m'expliquer sa conception de la prière... Une conversation où il confiait ses doutes, ses colères, ses peurs et demandait des signes pour le guider. Je voyais ça comme un carnet secret qu'on ne remplissait pas, mais qu'on prenait le temps d'ouvrir pour écrire, avec les yeux ou les doigts, quelques lignes que personne n'allait pouvoir jamais lire... C'était ce genre de choses ?

Dans un sens, je pouvais comprendre...  J'avais aussi mon interlocuteur secret.

- Je vois ce que vous voulez dire... Parfois, la parole n'est pas nécessaire, heureusement que vous avez quelqu'un qui sait vous répondre, subtilement ou non. Pour ma part, mon père ne pouvait pas me contacter... Cela était trop beau, sinon. Baissant la tête, je contemplais le sable qui avait connu bien des pieds, bien des pattes et bien des histoires sur ses grains stériles. Prier ou méditer, c'est un peu la même chose au final... Ce n'est juste pas la même finalité.

Si la réflexion était la réponse de son dieu, alors c'était peut-être même très similaire, sans le dire vraiment... Les combattants avaient depuis longtemps trouvé la solution pour l'introspection sans quelqu'un pour nous tenir la main ?

- Au-delà de la réflexion, avez-vous déja capté un signe... Physique, palpable, de votre dieu ? Question sincère, par curiosité.

Les yeux plantés dans l'onde bleue, j'écoutais attentivement le blondinet donner sa version et... Il me rejoignait sur ce point-là. Nous étions en sursit, habile survivant dans un océan de danger et chaque virage pouvait amener à la mort, ou en tout cas à sa proximité froide et insistante. Sur mon retour à Seizan, qu'est-ce qui allait m'empêcher de me faire attraper par un Oni, ou autre créature venue du fond des enfers ? Rien, absolument rien, et en pensant à cela, je me découvrais un petit frisson. Comme si je regardais dans l'abysse de l'existence et l'expérience n'était pas agréable.
J'avais perfectionné mon bras, mais la chair des yokai était sans doute trop dur pour ma lame simplette... Restait alors l'épée démoniaque héritée, mais je n'étais sans doute pas assez puissant pour les plus grands démons. J'étais, encore et toujours, bien trop faible.

- Rien, évidemment. Soupirant, je regardais l'horizon, un peu absent de la situation... Tout devenait un pari, un jeu du destin, comme si une force lançait un dé et il en revenait si oui ou non l'attaque allait être lancée, et quels allaient être les acteurs. J'aurais aimé une autre réponse, mais il faut avouer que la réalité est bien assez, pour qu'on évite la fiction. Pourquoi se bercer d'illusions, si la véracité de la vie entretenait cette lumière morbide du danger. Justement, c'était dangereux de se croire surpuissant, ou chanceux... Tout venait à qui savait attendre. C'est un peu désespérant.

Constatation vouée à se perdre dans le sable chaud Oui, il y a avait peu d'espoir... Mais la religion restait, pour mon interlocuteur, comme une bouée de sauvetage face à ce type de sujets. S'il était un dévot patient, il ne se perdait pas en conjoncture : Le dieu dont la fonction était le feu se trouvait dans toutes les émanations de cet élément, et leurs conséquences. Ainsi, la cendre provenant d'une bonne flambée pouvait être un peu Kagutsuchi.
Pour un originaire de Sakyuu, qui avait connu le Grand Feu, je trouvais la chose de bon aloi : Le village était connu pour son effectif important de carboniste et l'un de leur représentant mangeait sa pomme à mes côtés. "Une sacrée chance."

- Je vois, je n'ai jamais ressenti la présence d'une quelconque divinité... Enfin, ne vous méprenez pas, je suis croyant, mais pas assez pratiquant pour vraiment me sentir religieux. Je n'ai pas pris le temps d'écouter, de ressentir, quelque chose en rapport avec les kamis. Prenant une poignée de sable, je laissais courir les grains entre mes doigts, sans jamais chercher à clore le flux. À Seizan, on a un temple concernant les divinités en rapport avec la guerre, les arts martiaux, la tactique militaire... C'est le bon thème, pour mon village, mais si les moines s'occupent du lieu, je n'ai que peu navigué entre ces murs. Ricanant, je continuais. Pourtant, je suis sencé être un peu le serviteur de Hachiman, dans l'idée. D'ailleurs, une idée me vint... Je ne connaissais guère la cosmogonie, surtout les grandes lignes, mais... Au fait, les dieux représentés à Seizan, ne sont ils pas issus de Kagutsuchi ? Si je ne me trompe pas.

Une petite liste venait avec son démembrement... Dont un qu'il ne fallait pas trop énoncer en public, ni même en privé. Une peur inhérente au mal, qui jouait correctement avec l'actualité : Des membres de ce culte étrange se cachaient parmi les honnêtes civils et soldats de l'empire.

"Un pommier ?"

Regardant, interdit, la plantation se faire, je ne gardais de cet instant que l'infini douceur du garçon devant moi : Il espérait, sans doute, apporter de la vie dans cet ilot si incertain, au milieu du désert. Se tournant vers moi, il m'expliqua que tout était affaire du temps : Ce noyau deviendrait un arbre, peut-être, développant ses branches vers le ciel avant de se baisser sous le poids de fruit, ou de l'âge... Les végétaux, comme nous, étaient touchés par la maladie. Laissant passer quelques instants pour bien comprendre la chose, me figurer tout le système complexe reliant le développement du similipommier avec nous... J'ouvris la bouche, voulant m'amuser du sol peu aimable pour les producteurs fruitiers, avant de me raviser. L'idée était ailleurs, au final.

- Je n'avais jamais vu les choses comme ça. C'était la religion qui apportait ce genre de vision ? Pour un dévot du feu, le domaine agricole semblait presque logique... Mais comme il me l'avait expliqué, son dieu était aussi le dieu de la vie, flamboyante et vivifiante.

Pour autant, ma confusion, je la partageais avec mon compagnon du jour : Je n'étais pas pratiquant, ainsi je me fermais un peu à toute la symbolique des kamis, et leurs messages... Il me coupa l'herbe sous le pied en m'expliquant que tout était un signe des dieux. Ceci, comme des marionnettistes, agitaient quelques fils pour nous influencer... D'abord par la météo, mais aussi par des forces intérieures comme la bravoure ou la réflexion. Tel était alors notre fardeau : Accepter ou résister à ces stimuli divins puisque, comme il le disait, certains recherchaient à nous amener sur des chemins plus sombres...

- Ainsi, il faut réfléchir sur les plans des dieux ? C'est votre dernière phrase qui m'a amené à cette conclusion... Mes doutes, mes colères, ... Si cela vient du divin, ce n'est toutefois pas le signe d'un dieu "bienveillant" ainsi, je devrais rester sur la voie que je veux, mais qui n'est peut-être pas celle voulue par les kamis. D'après vous, donc, il y a un libre arbitre ou non ? Croisant les bras, je réfléchissais à cette question avant même qu'il puisse répondre. Si un dieu me pousse vers une voie que je refuse, personnellement je serai du genre à résister et continuer ma route... Le monde adopte le ninjutsu, je reste pour ma part ancré sur un kenjutsu traditionnel. Pour autant, ce serait refuser la parole des kamis et donc... Un peu remettre en question leur divinité si supérieure, nan ?   L'interrogation était légitime.

Un peu plus tard, j'expliquais que Seizan bénéficiait de la protection des dieux guerriers... Pour un village adepte les armes, leur production et leur maniement dans l'origine même de sa création, c'était assez bien choisi... D'ailleurs, comme les villages choisissaient leurs protecteurs ? Les choisissaient-ils au moins ? Une question naquit sur mes lèvres, l'origine de Hachiman et de ses frères et sœurs venait du dieu de mon interlocuteur, comme un autre... Ainsi, ils étaient des parties de Kagutsuchi ? Quelque chose dans le discours du soldat me faisait croire que pour lui, ils n'étaient que des divinités mineures, des facettes du feu originel.

- Des envies et des rancunes... Cela ne fait pas de vrais dieux, selon vous ? J'ai l'impression que vous avez une opinion très précise sur les divinités issue de l'événement concernant Kagutsuchi. Curieux plus qu'accusateur, je clignais des yeux devant la réaction sur Jashin... Bien que j'en avais parlé rapidement, il avait vraiment décalé sur le sujet pour mettre au clair tout ce qu'il fallait, selon lui, éclaircir. Donc... Jashin n'existe pas ? Il serait juste une excuse pour les hommes pour faire leurs atrocités ? La cosmogonie serait donc... Partiellement fausse ? Ou bien le "dieu du mal" n'aurait pas toutes ces facettes et c'est le culte formé autour de lui qui aurait donné ce type d'aspiration à un dieu qui n'était pas si... "méchant", au départ ? Un peu perdu, je me grattais la tête pour retrouver les pistes perdues avec cette discussion.

On soulevait des questions, mais personne ne pouvait vraiment amener des réponses définitives... Je n'étais pas un dévot très cultivé, ainsi, je me reposais beaucoup sur l'avis éclairé de l'homme devant moi, sans doute car il semblait maitriser le sujet. Il en fallait beaucoup, d'ailleurs, pour arriver à me faire rentrer des choses dans la tête... C'était métaphysique, éloigné d'une lame physique ou d'un geste simple. La symbolique des dieux me passait au-dessus et encore une fois je le percevais : J'étais loin de ses considérations, au final.

- Un bon entraînement, c'est tout de suite plus solide et palpable que la religion... Je murmurai ceci, comme pour reprendre confiance dans mes propres talents.

Les bras croisés, j'écoutais sans rien dire la réponse de mon voisin : On ne pouvait pas comprendre les dieux et tout ce qui nous était "propre" devait être lié à une divinité... Le lien que j'avais avec telle ou telle puissance influencée donc ma conception de la vie et mon caractère ? Ainsi que mes aspirations ? Je n'aimais pas cette réponse, car je me retrouvais dépossédé d'un libre arbitre qui faisait de moi plus qu'un corps, une identité avec des valeurs et... "Les samouraïs seraient donc des personnes profondément liées à Hachiman ?" Si oui, alors la lente progression d'une ninjutsu dans la caste signalait un basculement du dieu vers une guerre plus énergétique, ou bien que l'on changeait tout simplement de dieu fondateur.
C'était vertigineux, ce questionnement d'ordre cosmique qui faisait remettre en question une partie de sa vie et de ses choix, sous l'ombre des dieux et de leurs aspirations propres. Comme un pantin, je n'avais peut-être aucun fil de libre pour m'exprimer, alors... "Comment est-il possible qu'on puisse ne serais-ce que douter de notre condition ?" Est-ce que c'était prévu dans les plans des dieux ? Ou bien, comme un problème dans une œuvre, on avait des rayures, des fêlures, des fracas qui permettait de voir la lumière derrière le mur...

Au final, on vivait dans une société ou une caverne, je ne savais pas vraiment comment me figurer la chose.

Bien vite, il m'expliqua ne pouvoir vraiment se prononcer sur la naissance des "enfants" de Kagutsuchi car sa religion influençait grandement sa réponse... Il fallait alors me tourner vers des prêtres plus classiques pour connaitre et analyser la chose avec des yeux moins... Clivants. À Seizan même, il y en avait... Je n'avais qu'à penser, à mon retour, à venir jeter un coup d'œil. Acceptant le conseil en hochant la tête, mutique, je le vis me répondre au décalage sur Jashin : Si la divinité existait, les abus des humains faisaient totalement dériver le message premier... Et les pratiques, charnellement discutables, n'étaient pas du fait de la déité, mais bien des hommes qui voulaient... Quoi déja ?

- On manque d'informations, c'est clair... Défaitiste car réaliste, je mettais dans une liste mentale de chopper un cultiste pour l'interroger... Peut-être un jour, mais pour l'instant, j'étais sur la piste de contrebandiers, pas de salopards prompts à manger ou baiser la chair morte.

Depuis cette fameuse mission, où Hikaru avait trouvé la mort, les croyants dans le dieu du mal avaient perdu du terrain, emportant avec eux la pauvre âme de notre camarade. Un édit était apparu, donnant plus d'informations : Une marque, portée par tous les rebuts de cette congrégation, permettait de les repérer.
Ce n'était pour autant qu'un symbole.
Les rouages tournés et les petits malins qui se pensaient en sécurité avec leurs jeux devaient bien se chier dessus... Cela me mit l'eau à la bouche, de penser à éclater des bâtards qui décapitaient des soldats.  Rien que pour moi, je refoulais la discussion théologique pour me parler à moi-même, célébrant l'entraînement pour se dégourdir les jambes et décompresser, mais l'homme le prit pour lui et me proposa un combat d'entraînement. Clignant des yeux, je me surpris à le voir ainsi se lever et parler d'un endroit plus calme pour échanger des coups. Sifflant, admiratif, je me levais aussi pour le suivre, non sans agripper une branche sur le chemin pour en faire une arme de fortune... Mon katana était une arme blanche et le moindre accident pouvait être dramatique, ainsi, il fallait préférer la nature plus que l'artisanat.

- J'ai combattu il y a pas longtemps, mais la marche a un peu rouillé mes muscles... Surtout les jambes, j'ai besoin de sauter un peu et surtout de me dénouer le dos, le poids du sac est lourd, à la longue... Le sable passa à une petite bordure verte, nous n'étions pas dans le cœur du désert et les dunes prenaient garde à ne pas trop s'éloigner de son épicentre.

La verdure était présente, quoique dispersée par la chaleur ambiante... La jungle n'était pas pour tout de suite, pour autant il y avait de quoi faire avec des troncs étroits, mais ferme. Même avec ma technique de kenjutsu, je pouvais avoir du mal à couper cette matière. M'adossant à l'un des arbres, j'attendais les instructions du promeneur...

Mais j'étais chaud.

"Hmmm ?"

Le flanc contre un arbre, j'attendais gentiment que l'opposition s'amorce : Non pas que j'étais arrogant, mais un affrontement amical n'était clairement pas la source de mes inquiétudes. Qu'est-ce que je risquais, à part des bleus et quelques contusions sans gravité ? Habitué aux chocs physiques, je restais de marbre devant les petits accidents de la vie... C'était sans compter sur la nature réelle des capacités du jeune homme devant moi.
Lançant le défi, il posa sa paume au sol et je compris qu'il était comme Akari : Un invocateur, dont l'animal totem était un coéquipier efficace et surtout polyvalent. Le tigre du ninja des sables savait utiliser le ninjutsu, c'était la même chose pour celui de mon partenaire du jour ? Une grande fumée se dégagea du fuinjutsu simple, peut-être trop pour les observations que j'avais pu entreprendre sur la base de ma proximité avec l'autre ninja aux cheveux blancs et au regard blasé. "Anormal".

Rapidement, deux figures émergèrent du manteau gazeux et sans même réfléchir, je reculais : Deux, c'était plus qu'un et je n'aimais guère cet ajout mathématique... C'était donc mon adversaire et son partenaire qui fonçait vers moi ? Son animal était un combattant au corps à corps ? Passant derrière le tronc, pour former un obstacle comme un autre face à la dynamique, je m'armais plus efficacement de ma branche pour m'en servir comme arme. Du cadre végétal sortit deux... loups ? Quadrupèdes, les animaux de ninjutsu avaient un vert sale et semblaient composer de liquide... Mais loin d'être de l'eau, la surface de leur corps était inquiétante.
Ces choses fonçant en ligne droite, sans subtilité, je pus esquiver leur première attaque en m'abaissant et en roulant sur le sol durant leur saut, mais une fois en contre-attaque, ma branche pénétra dans le flanc d'une de ses saloperies pour faire exploser la gangue et éclabousser une large part de mon bras droit et de mon torse... Je sentis tout de suite le piège se refermer sur moi. Tout de suite, mon bras devint plus lourd... Moins habile. Pour un épéiste, c'était très gênant. "Merde." D'un bond, je me reculais pour ne pas subir les assauts de la deuxième formation de... Miasme ? Une voix retentit dans mon dos et je me retournais derechef pour constater le vide.

Le nuage s'était dissipé depuis.

Les yeux focalisés sur la terre ferme, je ne pus voir l'animal volant et son cavalier, mais j'avais autre chose à faire : Comment éliminer la deuxième créature de morve pour me concentrer sur la source même de leur existence ? "Attaquer vite pour une retraite éclair ?" C'était une idée et, quand le second loup revint à la charge, je l'attendais de pied ferme. Une attaque téléphonée, sans vraie subtilité, me permit de bondir au-dessus de lui pour me reposer dans son dos. La créature était néanmoins rapide, suivant assez facilement mes mouvements pour se redisposer face à moi, mais c'était une autre idée qui m'avait conduit à ce mouvement.
SI j'avais frappé durant son bond, j'aurais eu tout l'acide sur le corps, avec l'énergie cinétique et le liquide libéré en superposition sur moi, mais une fois esquivée, le loup était en position stationnaire et je pouvais le frapper... Et suivre. Ma branche, guidé par mon bras gauche, s'abattit, imperturbable, sur le crâne liquide de la bête avant que je ne bondisse aussitôt en arrière, usant de toute ma vitesse, pour ne pas subir la retombée acidulée. Pour cette fois, j'avais réussi mon coup, mais la surprise m'avait touché néanmoins la première fois. "Quelles sont les vraies conséquences de cette attaque ?" Essayant de bouger le bras atteint, je sentis toute la lourdeur de la chose... Mon torse avait été protégé par mes vêtements, mais pendant quelques minutes, j'allais devoir faire avec mon bras gauche, moins entrainé certes puisque je préférais le droit, mais néanmoins encore efficace... "Quoique."

Quel malheur pour un épéiste.

Rageant un peu d'avoir été bloqué comme ça, je cherchais la voix et son dépositaire, je découvrais rapidement dans les airs mon adversaire et son... Dragon volant ? Fronçant les sourcils, je prenais la mesure des capacités du garçon. "Du ninjutsu..." Et pas n'importe lequel, de l'avancée qui dépassait mes connaissances parcellaires. J'allais beaucoup apprendre aujourd'hui, et pas dans le calme et la sérénité.

- Quelle surprise ! Vous en cachez d'autres des douceurs comme ça ? Agitant la branche devant mon visage, je m'amusais de la situation, mais une chose était sûre, dans un autre cadre l'homme était dangereux comme deux ou trois ninjas.

À l'avenir, je devais mieux comprendre les capacités et analyser avec plus de précisions ce que je ne connaissais pas... Comme des créatures faites d'un liquide inconnu, que je ne devais donc pas exploser au corps-à-corps. "Merde."

Comment j'allais pouvoir l'atteindre, dans les airs ?

tour:

Au sol, je contemplais le vol stationnaire du dragon énorme de mon adversaire. Les dents serrées, j'essayais de délier la lourdeur de mon bras droit... J'allais devoir faire tout le combat avec cette gène ? C'était assez embêtant, mais bien moins que l'idée de ne pouvoir atteindre le damoiseau qui attendait, perché dans les cieux.

"Maitre corbeau, sur son arbre perché..."

Le voyant ainsi me provoquer, je ne pus que ricaner devant l'absurde de la chose : Collé au sol, je n'étais qu'une cible de ce type qui, lui, était intouchable. Ses compétences étaient inconnues et l'état de mon bras indiquait qu'il était dangereux... Heureusement que les villages n'étaient pas ennemis, sinon j'allais devoir un jour me taper sérieusement contre lui, ou d'autres, aux compétences effroyables. J'espérais, secrètement, que cette substance corrosive avait cette teneur maximum qui juste engourdissait la zone touchée... Une technique plus acide pouvait être cauchemardesque. Soupirant, je le laissais composer ses mudras, tout en me laissant prêt à intervenir : Surtout fuir, en vérité, mais un homme intelligent profitait de son avantage. Il n'allait pas descendre de si tôt de sa monture.
Une brume dense se formait sur le terrain, entre les arbres serpentaient des tentacules d'eau sous forme gazeuse... Ou bien c'était autre chose ? Me méfiant, je sentis une vague de peur m'étreindre quand les premières volutes atteignirent ma cheville, puis le reste de mon corps. Rien, uniquement le contact mouillé de l'air emplit d'humidité... Ce n'était pas si désagréable, en fait, mais le vrai handicap était la perte de vision sur la cible. C'était aussi le cas pour lui où il avait une autre manière de me voir ? me sentir ? "Putain..."

En garde, prêt à lutter, j'entendis de tout les côtés des voix... Celle de mon adversaire, dans des directions improbable et hasardeuse. Soit il était trés rapide, soit c'était encore un coup d'une de ses capacités... "Alors quoi, genjutsu ?" Cherchant dans mon esprit la révélation de l'intelligence dans cette situation si improbable, je ne sentis rien de vraiment chakratique... La vérité était ailleurs, il avait fait des clones qui étaient tout autour de moi ? Ou bien, il projetait sa voix ? Je n'avais jamais entendu parler de ce type de compétences, mais c'était une solution à garder en tête. C'était plus réconfortant que l'idée d'être complétement encerclé par la vermine de chakra.

"Mon bon Kunao, quand tu n'as pas l'avantage, il faut fuir... " Prenant mon courage à deux mains, je fis un pas en arrière, lorgnant sur le mur de brume qui m'entourait totalement, avant de faire volte face et me tirer aussi vite que je pouvais ! Oh, je n'abandonnais pas, mais le lieu était mal choisi pour mes pauvres compétences d'épéiste clairement spécialisé dans... Eh bien... Le kenjutsu. Usant de toute ma vitesse disponible, je fonçais donc derrière moi en laissant une trainée d'image solide... Comme si je me démultipliais par la vitesse occasionnée, après un tronc rudement bien placé, je bifurquais sur la droite pour tromper mon adversaire qui devait bien se marrer en voyant un idiot faire des zigzags... Mais ma volonté était ailleurs, après ce virage, j'avais encore tourné une nouvelle fois sur la gauche pour repartir en ligne droite dans la direction de départ.

Le but ? Quitter la brume, en utilisant cette vitesse spectaculaire pour tromper et déboussoler mon adversaire. Qui frapper quand il y avait plusieurs cibles possibles ?

Telle était la question.

Tour:

La respiration souple, je fuyais cette brume si dense qui me rendait si faible... Arrivant à la frontière entre le réel et l'inquiétante concentration d'humidité, je me retournais pour découvrir celle-ci en train de perdre de sa force. Mon adversaire avait donc choisi de désintégrer son avantage... Était-il aussi affecté ? Il y avait-il une durée ou une condition précise que j'ignorais ? "Pas le temps de réfléchir." Un battement d'aile et je voyais fondre ce curieux petit dragon avec son cavalier sur le dos. Il devait m'avoir vu, étant donné toute la file de petit Kunao que j'avais laissé dans mon sillage. Bien que rapide, la monture divine n'arrivait pas à suivre et je définis un vrai sourire sur mon visage... J'avais un avantage, ou un sérieux point fort, c'était ma vitesse, mais j'avais peut-être d'autres cartes à jouer que simplement fuir pendant des heures.

Filant derrière un arbre, je mis la branche dans ma bouche alors que je sortais de mon dos, subtilement disposé dans ma ceinture, un tantô et mon arme démoniaque courte et pratique pour planter dans le tronc un peu humide, étrange pour le climat, les deux lames et commencer à essayer d'escalader bon gré mal gré l'écorce noueuse. L'opération n'était pas facile et j'espérais avoir la surprise de cet obstacle relatif pour pouvoir surprendre mon adversaire... Mais qu'est-ce que j'allais faire une fois là-haut ? Sauter pour l'attraper au vol ou même pire, essayer de le rejoindre sur sa monture pour apporter un vrai côté intimiste à l'œuvre ? Je n'en savais rien, mais dans l'état actuel des choses, je ne pouvais que tenter des mouvements un peu osés, voir carrément suicidaire, pour arriver à une finalité heureuse.

Deux bonnes minutes et j'arrivais à une hauteur savoureuse... Il ne restait qu'à réussir mon coup, si celui en face ne savait pas que j'étais ici. Sinon, je me retrouvais bien bête, perché sur mon arbre... Rangeant mon arme démoniaque, un poil trop longue pour son inutilité dans ce combat d'entraînement, je reprenais la branche qui gorgeait ma bouche d'une saveur forestière avant d'attendre, le tantô planté dans l'écorce et les sens en exergue pour apprécier le bon moment.

tour: