Seizan était nouveau pour moi, un endroit à explorer avant de retourner à Toge. Comme je ne voulais m’embêter avec les autres et que je voulais empêcher Dabi de travailler, j’avais choisi de m’aventurer seule. Si Toge avait de belles forêts et j’adorais m’y perdre, mais je voulais voir les grottes souterraines des montagnes de Seizan. J’étais donc partie de bon matin après avoir offert une prière à Tsukyomi et je m’étais élancée sur le chemin des portes du village.

J’allais bientôt rentrer et mes chances d’explorer se verrait réduite à néant. Il n’était pas question de laisser passer ça !

Assez rapidement, je m’étais enfoncée dans le dédale sans fins des galeries souterraines. Il faisait sombre, mais je n’avais aucunement peur, car il serait un peu bête pour moi qui manipulais le feu de craindre la noirceur des souterrains. Quelques mudras avaient suffit pour faire apparaître une flamme dans ma paume qui servait de torche.

La pierre humide et découpée par l’eau luisait sous mon passage et souvent, mon regard se perdait sur les stalagmites pendant du plafond. Ce n’était pas la nature verte, mais celle plus rocailleuse, plus solide, plus … Immortelle. La pierre avait cédé à l’eau avec le temps.

Un peu comme je cédais à Koko-chan … non pas vraiment en fait. Elle, elle m’avait eu au premier mot, au premier regard. Je ne pouvais me comparer à la pierre qu’on avait usée, bien que je pusse la bouger grâce à mon chakra.

On pouvait entendre les gouttes d’eau faire écho alors qu’elles tombaient, happées par la gravité. J’aimais cette quiétude, c’était tellement rafraîchissant comparativement au train de Toge et à la surface où reposait le village de Seizan. Mais entendre l’écho des l’eau et de mes pas me donnais envie de tester … ce n’était pas vraiment un test, mais plutôt … j’avais envie d’entendre l’écho de mes propres paroles. Bien que cela semblait un peu stupide.

Et puis, lorsque j’étais seule, j’aimais bien me laisser aller et fredonner. Alors, ma voix s’éleva doucement rebondissant dans la caverne. Je finis par atterrir dans un genre d’alcôve de pierre, une source souterraine à l’eau probablement d’un bleu merveilleux, mais la noirceur donnait simplement l’impression qu’elle était noire. Noire comme l’encre ou comme mes flammes lorsque je les altérais.

J’étais bien trop perdue dans mes pensées, dans mon petit monde pour réaliser que je n’étais plus seule. Une voix retentie derrière moi, forte et sans aucune gêne.

Et je sursautai.

« AH ! »

Je me retournai d’un bond pour fixer la femme à la peau sombre. J’étais inquiète, allait-elle me chasser de cet endroit ? avais-je même le droit d’être là ?

« Je … je me suis perdue ? »

Et je ne m’en inquiétais apparemment pas puisque je me baladais en fredonnant.

La femme qui venait d’arriver semblait un peu perplexe quant à ma présence dans les cavernes. Je n’étais pas qu’une enfant, mais également un moine et un chuunin de l’armée d’Oonogoro … Enfin, on ne pouvait pas vraiment se le dire à me regarder, certes, mais je l’étais. J’étais venue pour une aventure, pour explorer et découvrir un peu plus à quoi ressemblait les endroits que le peuple d’Ebisu ne touchait le moins. Les souterrains étaient, pour moi, quelque chose de fantastique, de nouveau, d’excitant. Il n’y avait pas d’autre raison. Enfin, cela et que je désirais la quiétude que l’endroit apportait.

« Mais c’est très joli les cavernes. Je n’en avais encore jamais exploré avant. »

Je souris à l’étrangère alors que je lui répondais sur un ton calme, un peu mystérieux – du moins que je souhaitais être un peu mystérieux – avant de porter mon attention sur ce qu’il y avait autour de moi. Le décor rocailleux et humide avant de reporter mon attention sur la chuunin de la montagne. Sur le même ton calme je me présentai

« Suzuki Ena, Chuunin de Toge et Souhei du temple de la lune.  »

Je l’observai rouler sa carte puis prendre ma main. C’était impressionnant à quel point les gens se montraient gentils depuis quelques temps. J’avais l’habitude de rester dans mon coin, garder à bonne distance tout le monde et même Koko-chan que j’aimais plus que la vie elle-même et pourtant, je me retrouvais de plus en plus à interagir avec des gens. Des gens qui ne se montraient ni ignobles, ni mesquins, ni manipulateurs.

Encore une fois, je me sentais sale. Absolument sale. Et horrible. Je savais ce qui se tramait dans ma tête. La colère, la jalousie, l’obsession, la manipulation … L’homme était sale. J’étais sale et pourtant, on me confrontait de plus en plus à ceux qui ne l’était pas. Gentils, maternels, protecteurs … Pourquoi ?

Ma main dans la sienne, elle me guidait, me demandant de garder la flamme que je tenais pour nous éclairer. Je lui répondis tout bas :

« Bien sûr.  »

Nous nous mîmes donc en marche. Et alors qu’elle me guidait, l’en profitais pour observer encore les murs de pierre qui nous entouraient. J’essayais cependant de garder sa cadence, pour ne pas la ralentir, mais je n’étais pas très physique comme personne et même de marcher, m’épuisait un peu plus vite que la norme – ou peut-être était-ce dû au poids de mes vêtements ?

« Oh … c’est incroyable cet endroit, vraiment … »