Comme je l’ai fait pour Rei ce matin-là, je l’ai convoquée à me rencontrer dans mon bureau à la brigade, mais cette fois-ci, en après-midi. Mon bureau était un endroit en pagaille, certes, avec les murs placardés d’affaires en cours, et où toutes les surfaces étaient couvertes de nombre de parchemins, pills et rapports.
Rares sont ceux à qui je donne la permission d’entrer, l’une des raisons le justifiants étant les informations top-secrètes s’y trouvant, mais pour ceux qui constituent maintenant mon équipe, je ne peux me permettre de les garder trop à l’écart. Mon travail au sein de la brigade consomme beaucoup de mon temps et c’Est ici qu’ils me retrouveront le plus souvent, mieux vaut qu’ils se familiarisent un peu avec l’endroit.
Le but de ma rencontre avec Yui est non seulement de savoir où elle en est dans son apprentissage des remèdes et poisons, mais de bien délimiter son rôle dans l’escouade. Si elle semble fragile, les réactions qu’elle a eues jusqu’à présent démentent une certaine froideur étonnante. Son apparence est trompeuse et il y a beaucoup plus derrière son air serein qu’il n’y paraît.
Sa présence au sein de Kitsune me paraît des plus naturelle. Et dans cet, esprit, mil me faut en savoir juste un peu plus sur elle et sur ce qu’elle sait faire. Si j’ai déjà des projets à son égard, mieux vaut que je prenne mon temps et écoute les siens, peut-être serais-je surprise et qu’elle a déjà trempé ses orteils dans ce que je souhaite la voir développer.
Lorsqu’elle arrive, je la salue d’un signe de la tête et lui fait signe de s’assoir là où s’était installé plus tôt Rei : sur la chaise devant mon plan de travail. Je pose mon pinceau et repousse le rapport que je rédigeais à l’instant avant de planter mon regard rouge dans la sien, comme si je cherche quelque chose.
Mon regard ne quitte pas le sien une seconde et je poursuis.
Une bien curieuse fleur
Être enfin accueillie au sein d'une équipe donnait à Yui l'impression de véritablement appartenir au village de Jujou. Elle se sentait totalement adoptée, bien qu'elle espérait pouvoir se faire plus de camarades à l'avenir. Il ne fallait pas se mentir, se faire accepter n'était pas évident, d'autant lorsque l'on n'était pas native de la région. Toutefois, avec de la gentillesse et de la persévérance, un brin de motivation et d'envie, rien ne pouvait entacher son optimisme.
Mais qu'importaient les grandes amitiés, ce jour-là, il s'agissait de relation professionnelle à développer. Yui avait reçu une convocation de Chinone, qui, lors de leur toute première rencontre, l'avait fortement intriguée. Elle dégageait à ce moment-là une telle prestance et une assurance qu'il y avait de quoi l'envier. Peut-être pouvait-elle la prendre comme modèle dans l'armée ? Sans aucun doute.
Ce fut donc avec tout de même un peu d'anxiété que la demoiselle se rendit chez l'intrigante Ueda, toquant fébrilement jusqu'à ce qu'elle entendit la voix ferme de cette dernière l'inviter à entrer. Sans faire de manière ou même tourner autour du pot, elle lui désigna une chaise vers laquelle elle s'empressa de s'assoir, comme s'il s'agissait là d'un ordre prompt. Alors qu'elle se tenait là, bien droite, elle se raidit dès que son élégante supérieure se mit à profondément la regarder. Ne voulant pas être impolie, Yui soutint bien évidemment son attention, comme pour lui montrer qu'elle était aussi attentive que déterminée.
" Me familiariser ? Oh oui, je ferai de mon mieux. "
Le sourire de la demoiselle s'étira avant d'afficher une moue un peu plus pensive quand Chinone la questionna sur ce qu'elle désirait effectuer à l'avenir, quelle branche elle désirait développer et peut-être le but qu'elle se fixait.
" Je désire avant tout être utile à mon équipe, Chinone-sama. J'ai toujours été attirée par les arts médicaux et je continue à étudier cela de près. Je dois avouer que je ne me limite à aucune science : la médecine pure, l'herboristerie, la chirurgie... Oh ! Et je suis assez intriguée par l'étude du chakra et l'art des sceaux. "
Les mains sur les genoux, elle affichait un air un peu penaud, mais continua ses explications.
" J'ai reçu une éducation de noble dame pendant des années, et en conséquence, je sais que j'ai beaucoup de retard par rapport à mes autres camarades. Je ne suis malheureusement pas une grande guerrière, mais j'ai une tête bien pleine. J'apprends vite. "
Toujours aussi motivée, elle renchérit presque aussitôt.
" Je sais que mon apparence est un peu fragile, alors je souhaite compenser cela par mon esprit. J'aimerais approfondir les connaissances en genjutsu, comme Ao-san. Mais, je sais que je ne dois pas aller trop vite en besoin. Un pas après l'autre. "
A vouloir aller trop vite, on n'apprenait rien. Malgré ses impatiences, la douce Hasegawa savait aussi faire preuve de sagesse... quand elle le voulait.
Faniahh/Lala/Cyalana
Si je ne suis pas une experte en médecine, rien ne m’empêche de partir à la recherche de quelqu’un qui pourrait partager son savoir avec elle. Après tout, si je lui trouve un mentor, cela ne nous sera que bénéfique en tant qu’équipe. Cependant, je ne la force pas à accepter autant pour ma proposition de mentorat dans l’art des poisons que dans la recherche d’un mentor en médecine. Ce choix lui revient d’abord et avant tout, car si ce n’est pas son désir, elle ne parviendra jamais à réellement polir ses talents, mais à l’écouter, elle semble vouloir être utile et je lui offre une façon.
Yui m’apparaît, à première vue, comme une jeune femme relativement naïve et douce. Si je suis la première à savoir qu’il ne faut pas juger un livre par sa couverture. Si elle a reçu l’éducation d’une noble dame, il y a probablement plus derrière son petit minois.
Elle me parle de son corps qui est menu et fragile d’apparence, mais n’est-ce pas là la meilleure arme ? Facilement sous-estimable, c’est le genre d’apparence qui surprend le plus souvent et qui se trouve à être le plus approprié pour l’art qui sera le sien lorsque j’aurai terminé de la former.
Puis, je reviens sur ce qu’elle disait un peu plus tôt. Elle précise également vouloir perfectionner son art de l’illusion. Une capacité des plus pertinente pour quelqu’un qui œuvrera dans notre domaine de prédilection. Elle n’est pas donnée à tous, certes, mais une équipe comme la nôtre, ne manque jamais d’illusions.
Puis je reprends, cette fois-ci, j’aborde le sujet de façon plus pratique. Je ne donne pas mon avis, mais le plan que je veux établir avec elle. Déléguant une seconde fois à Ao, une partie de l’entraînement de ses collègues.
Je marque une courte pause pour laisser à Yui la chance de répondre, puis je relance. Une nouvelle question, cette fois-ci.