Watari. Voilà un nom qui circulait de temps à autre dans les conversations de certains. Vaguement familier pour moi parce que je me foutais des mondanités et je n'étais du genre à me perdre dans les rumeurs à la con. La vie des autres ? Je m'en foutais royalement. Les ambitions des autres ? J'en avais rien à carrer. Pourtant, un prénom en particulier revenait. Hanami. Qui s'était ? En vrai ? Je n'en savais strictement rien pour toutes les raisons évoquées juste avant. Mais c'était là que vous vous posiez la question, pourquoi j'en parlais, hein ? Parce que je me retrouvais devant le manoir familial de la donzelle.

C'était une grande baraque, des dimensions qui ne pouvaient être propres qu'aux grandes familles avec un portefeuille d'une certaine taille, sauf que là, il y avait un trou dans la bourse. Je m'étais attendue à pas mal de chose, surtout parce que j'avais entendu des gars dire que la jeune femme que je cherchais était du genre à traîner pas loin des quartiers du Kage et de la gouvernance de Seizan. Il en fallait pas plus pour comprendre qu'elle devait avoir les dents qui rayaient le parquet. Bon, bien entendu, comme c'était des types qui causaient, ils parlaient plutôt de sa plastique. Moins passionnant pour moi... à part un petit détail. La dame semblait s'intéresser aux yokais, elle était visiblement du genre tête bien pleine qui élargissaient son champ de connaissance. Bref, une belle plante, mais certainement pas décérébrée. Oh, ça pouvait tout aussi bien être des rumeurs, les fameuses, sauf que je n'étais pas le genre de femme à y prêter attention. J'attachais plus d'importance à l'idée de me faire moi-même ma propre opinion.

Du coup, je me retrouvais devant les murs décrépits de la vieille demeure. Parce que c'était ça qui était plutôt drôle. Les Watari avaient été des gens visiblement placés dans les hautes-sphères, mais qui avait tristement chuté. Encore une information dont je me moquais. Alors, je voulais quoi ? Des renseignements. Sur les Yokais. Sinon, je n'en aurais pas parlé avant. Pourquoi ? En quoi ça vous regardait !

Terminant ma clope devant les grandes portes, je ne me décidais à frapper qu'une fois mon bâton de mort consommé. Je n'avais aucune idée de qui viendrait m'ouvrir et je n'avais aucune garantie que la dénommée Hanami fut là. J'y allais simplement au culot.

" La chance sourit aux audacieux... "

Quelle connerie.

De ce que j'avais entendu au sujet des Watari pouvaient être aussi élogieux que pas du tout. Les échos parlaient d'une famille plutôt hétéroclite, mais celle qui faisait le plus parler d'elle, c'était la dénommée Hanami. Ironiquement, c'était grâce aux babillages des gens que je me retrouvais en ce lieu. Guettant alors que quelqu'un vint à ma rencontre ou m'ouvrit la grande porte, je fus surprise de découvrir que celle que j'espérais rencontrer... se trouvait derrière moi.

Entendant une voix dans mon dos, j'affichais ma surprise par un haussement de sourcil alors que mon œil améthyste reluqua de haut en bas la jeune femme. Visiblement, les types qui fantasmaient sur elle avaient des raisons. C'était une jolie poupée, et bien que j'étais pas de ce bord-là, j'étais tout de même capable de le reconnaître. Par contre, on pouvait pas dire qu'elle respirait pas le luxe ou au moins en avait l'air. De l'attitude aux fringues. Même la coiffure me semblait lustrer ! C'était presque difficile à croire qu'elle habitait dans la demeure devant laquelle je me trouvais. Un sacré contraste entre la vétusté des murs et la panoplie de la donzelle. Peut-être que l'un expliquait l'autre si tout passait dans les beaux kimonos.

" Bonjour. Kaname Honoka. "

Je lui aurais bien tendu la main, mais j'avais comme l'impression qu'elle n'apprécierait pas. Je me contentais d'un simplement mouvement de tête en guise de salut, avant de préciser les raisons de ma présence.

" Vous êtes la personne que je recherche, ou tout du moins que je suis susceptible de rechercher. Les gens dans votre genre, ça court pas les rues à Seizan. "

Un petit sourire se dessina au bord de mes lèvres tandis que mon œil restait sur elle, laissant un petit temps de latence sur la réalité du "votre genre".

" Je précise tout de même que je parle de vos connaissances. Il parait que vous vous intéressez aux Yokai ? Si vous avez un peu de temps à m'accorder, j'aimerais bien qu'on discute de votre passion et voir si en échange d'informations, je peux faire quelque chose pour vous. Échange équivalent tout ça tout ça. "

Je vivais pas dans un monde d'édénistes ou tout le monde vivait en parfaite harmonie. C'était beau sur le papier ce genre de connerie, pas fait pour un monde aussi sale que le nôtre. Mais quoiqu'il en fut, je préférais la jouer franc-jeu et montrer que je faisais pas la charité. Si elle m'aidait, je l'aidais à mon tour. Normal.

" Si vous avez d'autres choses de prévues, je peux repasser un autre jour ou à défaut, si vous avez un nom d'un spécialiste que je ne connaîtrais pas au village, j'irais l'ennuyer plutôt que vous. "

Autant éviter que l'on se fit perdre mutuellement notre temps et j'étais pas là pour faire des manières. Le culot, ça payait pas tout le temps après tout, c'était même un risque avec lequel il fallait savoir jouer.

La différence qu'il existait entre moi et cette Hanami était digne d'une faille gigantesque. Il était clair qu'on était le jour et la nuit. Si elle présentait bien, moi je ne faisais pas beaucoup d'effort. Pas la force. Pas l'envie. Pas l'occasion non plus. Mais cette nénette-là, elle voulait jouer avec les grands du monde en saisissant tous leurs codes. Ça ne devait pas être si difficile puisqu'on racontait que cette famille en avait fait partie avant leur déchéance. M'enfin, ils avaient su conserver les manières. Pas la baraque visiblement.

Notons que la demoiselle semblait aussi avoir parfaitement conscience de... son rang social. Je ne pus m'empêcher de tiquer intérieurement, mais il me fallait me faire violence. De toute façon, elle ne pouvait pas être pire que les bourgeois de Toge, non ? Si ? Et merde. Dans tous les cas, elle pouvait potentiellement avoir des informations qui m'intéressaient, il me faudrait prendre sur moi. Quelle vie de chien.

Tandis que je lui demandais si les rumeurs au sujet de ses connaissances sur les Yokais étaient vrais, j'eus droit à un véritable monologue sur la question. Soyons clair, je m'attendais simplement à un oui ou un nom, pas un discours.

" Je m'intéresse qu'à un seul type de créature, le genre où on lâche que peu d'informations dessus d'ailleurs. Mais si vous avez le bras long comme vous le dites... "

Je faisais bien évidemment référence aux torches humaines, et on noterait que je n'utilisais pas le terme de "yokaï". Toutefois, aux yeux du monde, ils en étaient, raison pour laquelle je m'étais pointée la chercher. Pas pour moi et pas uniquement pour mes penchants carbonistes. Mais parce que j'avais vu Sojiro s'embraser et lui, il était un homme. On ne me ferait jamais gober qu'il eut quoique ce soit de démoniaque. Ce crétin était tout le contraire.

"Mmmm... ma dette sera à la hauteur de l'infos, et en tant que samuraï, je compte bien m'acquitter correctement de la chose. "

J'avais quand même quelques principes, même si ça valait ce que ça valait. Sur ces paroles, je suivis donc la Watari jusqu'au fameux salon où elle proposa de continuer la conversation. Comme elle le disait, il existait des sujets sensibles et qu'il était préférable de ne pas discuter avec n'importe qui... même si sur le principe, j'en avais rien à secouer que l'on me regarda de travers si ça venait heurter quelqu'un. J'avais mes raisons et je n'espérais pas que les autres les comprirent.

Quoiqu'il en fut, je finis par m'installer sur le canapé, Hanami en face de moi. Je ne pus m'empêcher de jeter un œil aux alentours. Dans son autre vie, cette pièce devait avoir de la gueule. ça restait néanmoins correct.

" Je m'intéresse au Homura bito. Quant au but de la manœuvre, j'ai pas encore décidé. "

J'avais pas encore clairement décidé ce que je ferais lorsque je saurais enfin. Est-ce qu'il était toujours là quelque part ? Est-ce que son âme était entièrement consumée ? Est-ce qu'il souffrait ? Est-ce qu'il était possible de lui faire reprendre son état normal ? Qu'est-ce qui avait fait qu'il avait été touché par le dieu du feu ? Étais-ce ma faute ? Malédiction ou bénédiction, tout ça tenait à pas grand-chose. Il me fallait savoir.

" On entend beaucoup trop de chose à ce sujet et j'aimerais avoir des réponses un peu plus concrètes.  Notamment sur comment ces créatures apparaissent, leur puissance, ce genre de truc. Vous avez ça en stock de votre savoir ? "

Je pouvais pas être plus précise que ça.

Mon œil améthyste se posa sur la jeune femme, un peu éteint, un peu désabusé. Il ne fallait pas trop espérer voir quoique se soit briller dans mes expressions affables et c'était ainsi depuis longtemps. Pour y voir une étincelle, il fallait capter mon attention, assez pour que j'y vis un intérêt pour mes affaires quelle que soit la nature, professionnelle ou personnelle. Alors autant vous dire que je guettais à ce moment-là... jusqu'au dépit.

" Je suppose que cela aurait été trop facile que cela me tomba dans les mains comme ça...  Et bah... "

Il ne fallait pas prendre mon commentaire comme si je comptais tout abandonner, c'était loin d'être le cas. J'aurais juste aimé qu'une fois dans ma vie les choses furent simples, mais non. Jamais. Les dieux devaient s'éclater à nous faire galérer, ramasser des miettes d'informations et à nous obliger à deviner, ou à creuser jusqu'à en claquer.

En attendant, la jolie dame m'avait néanmoins déclarer qu'elle pouvait mener sa propre enquête auprès de ces contacts, mais la nécessité d'en savoir plus sur mes raisons m'agaçait un peu. Je vivais le truc comme une intrusion et quand elle fit des spéculations, je ne pus retenir un petit rire jaune.

" Un ami ? Non. Rien de ce genre. "

Sojiro et moi n'avions jamais été ami, mais tributaire du destin de l'un et de l'autre. Et honnêtement, je ne savais même pas comment moi-même décrire la relation que nous avions eue. Je lui avais pris sa famille, il voulait sa vengeance et moi, je voulais récupérer mon honneur. Le reste... Un dommage collatéral suite à la nécessité de trop se fréquenter jusqu'à ne plus supporter la situation. Alors non, nous n'avions jamais été ami. Nous n'avions jamais été amant non plus. Je ne sais pas ce que nous étions, mais sérieusement, en avait-on quelque chose à faire, hein ?

" C'est un membre de la famille du petit que j'ai sous mon aile. Je n'ai strictement aucune idée de comment ce type a pu contracter sa malédiction, mais je sais qu'il était pas du genre à traîner dans les affaires louches. Il était plutôt solitaire. Par contre, il était médecin. Bon ou mauvais, ça, je saurais pas dire. "

Pieux mensonges. Il se démerdait pas mal puisqu'il avait soigné mon œil avec les moyens du bord. Mais encore une fois, ça n'avait pas son importance.

" Bref, en attendant, le type a flambé en quelques secondes, mais je n'avais pas eu le temps de réagir. Des types de Sakyuu avaient débarqué pour l'emmener, j'ai même pas eu le temps de poser la moindre question et je suis pas certaine qu'il m'aurait laissé en poser. "

M'enfonçant dans le canapé, je ne pus m'empêcher de sourire à l'une des phrases de Hanami. " Demander de retirer la malédiction".  Si c'était bien Kagusutchi, pas certaine qu'un joli minois poussa un dieu à revenir en arrière. Par contre, si c'était un fait d'homme, là, je disais pas. Étonnant d'entendre une carboniste prononcer des paroles aussi hérétiques ? Possible, pour tous ceux qui croyaient dans les pouvoirs du Dieu du feu. Mais une foi qui ne doutait pas était une mauvaise foi, et quand bien même mes croyances, je savais tout aussi bien qu'un paquet d'hommes aimait aussi à se prendre pour des dieux, raison pour laquelle je n'avais jamais exclu la possibilité que ce ne soit pas la déité que je pris qui fut responsable de la situation.

" Personnellement, je suis preneuse de l'aide, de vous ou de vos contacts. Ça m'empêchera pas de fouiner de mon côté.  "

On savait jamais, peut-être que je parviendrais aussi à savoir quelque chose et le cas échéant, j'espérais que la chance serait du côté de la Watari.

Lorsque la jeune femme me parla d'espoir, je ne pus m'empêcher d'avoir un haussement de sourcil. Je n'avais pas l'impression d'être si désespérée et si c'était l'image que je lui renvoyais... ça craignait. Ça craignait vraiment beaucoup parce que je devais vraiment faire pitié.

" Dans ce cas, si vous avez le bras assez long, j'ai bien fait de venir vous trouver.  "

Une bonne idée comme il ne m'en jaillissait pas tous les quatre matins. Bien évidemment, on pourrait presque se demander pourquoi je ne contactais pas directement un carboniste, mais c'était principalement parce que je n'en connaissais pas et surtout, je préférais éviter de nourrir des suspicions inutiles auprès du culte avec mon trop-plein de questions. Je me méfiais des religieux trop fanatiques parce qu'ils n'aimaient pas trop les remises en cause. Donc... Je cherchais les réponses par moi-même.

Toujours enfoncée dans le canapé de la belle Watari, je me décidais à me redresser un peu pour m'assoir plus convenablement et portait un regard qui en disait long sur l'importance de ces quêtes à mes yeux. Si mes mots ne suffisaient pas, elle pouvait au moins lire dans mon œil ma résolution.

" Cette quête est assez importante pour moi au point de me résoudre à vous réclamer de l'aide pour y parvenir. Et dans le cas où vous ne désirez pas vous mouiller, je le comprendrais. Si vous avez juste les moyens de me dire où fouiner, je peux m'occuper du reste. "

Le but n'était pas de laisser le sale travail à la Dame, je n'avais pas peur de me salir les mains si nécessaires. Par contre, je ne souhaitais pas impliquer Yahaba plus que nécessaire car lui, en réalité, ne réclamait rien. Il n'avait même pas véritablement compris ce qu'il était arrivé à son oncle. Sojiro n'avait pas hurlé lorsqu'il avait pris feu, alors même qu'il m'avait paru évident de noter sa souffrance. Il avait subi, en silence, ce qu'il supposait être une punition divine, qu'importait le Dieu qui aurait pu lui jeter un tel maléfice. Car ouais, le type était pas un carboniste, un simple croyant du Kamisuuhei. Je ne pus m'empêcher de soupirer quand elle réclama plus d'informations, puisque la plupart de celle qu'elle me réclamait, je ne les avais pas de toute façon.

" Le gamin ne sait rien, son oncle ne l'impliquait pas dans ces affaires, il était trop jeune. Il allait voir ses patients à domicile, pendant que le gosse restait à la maison ou sous la surveillance d'un voisin. Je n'ai pas trouvé de carnets ou de listes avec des noms de patients quand j'ai fouillé sa baraque. Les témoins que j'ai pu interroger m'avaient rapporté à l'époque qu'il était un médecin consciencieux et aimable. Rien d'anormal. "

Aucun des types avec qui j'avais pu parler n'avaient mentionné de la présence de Yokaï, ou bien de rumeurs particulières.

" À l'époque, il vivait dans la région de Mashirosuna no Kuni, mais dans une baraque excentrée, un peu à l'écart. Pas du genre à attirer l'attention. "

Mais lorsque Hanami me questionna un peu plus sur mes intentions concernant les informations que je voulais, je me renfonçais dans le canapé en soupirant.

" Ceux que je veux faire de ces informations est sans importance et si vous me permettez ma franchise, je dirais même que ça ne vous regarde pas tellement. Je ne vous demande pas de le retrouver lui. Je veux juste avoir des renseignements sur les Torches Humaines de manière globale et tout ce qui peut les concerner. "

Ce fut à ce moment-là que j'eus un petit sourire en coin vis-à-vis des derniers propos qu'elle tenait.

" Je suis peut-être une samuraï, mais je suis pas assez dingo pour partir en guerre. C'est pas le but de la manœuvre, alors si vous vous inquiétez pour votre nom et vos fesses, soyez certaine que je ne vous engage pas pour ça. Si ça doit sentir mauvais pour vous, laissez tomber. Je suis pas là pour recruter une famille de mercenaire. Des infos et uniquement cela. Maintenant, si vous voulez tremper plus loin, là, je dirais que ça vous regarde. "

Il n'était pas question que je payasse une dette plus grande que ce que je réclamais. M'en prendre à un Temple ? Quelle drôle d'idée, bien que je soupçonnais en sous texte ce dont il pourrait être question. J'avais bien assez d'emmerdes avec le boulot de Seizan pour me foutre des moines au cul.

La jeune femme qui se tenait devant moi semblait relativement sûre d'elle, au point qu'il ne me sembla pas tellement nécessaire de douter de ces "talents". Il fallait dire que les langues à l'extérieur causaient pas mal et c'était même techniquement grâce à ça que j'étais venue ici. Je finis par me redresser un peu du canapé alors qu'elle m'expliqua l'ordre dans lequel elle comptait procéder. Une logique implacable contre laquelle je n'eus pas besoin de faire vraiment de commentaire.

"  Je vous fais confiance, vous êtes la maîtresse de votre réseau. C'est pas moi qui vous donnerai des leçons sur la manière de mener vos recherches. "

Après tout, je n'avais pas réussi à obtenir ce que je désirais à ce moment-là. Je n'avais pas le temps ni les bons contacts. Peut-être qu'il me faudrait repenser ma stratégie sociale, tenter de me faire des camarades parmi les guinder ou bien ceux qui avaient un peu de pouvoir pour me faciliter les choses. Pas certaines que j'y baignerais comme un poisson dans l'eau, mais avec de la patience, de la pratique et sûrement en revoyant ma manière de causer, je pourrais donner aux changes... Le genre de truc qui n'arriverait finalement que dans une autre vie.

"  La piste est froide, ouais. Quelle ironie quand on cherche des infos sur des Torches.  "

Un petit haussement de sourcils face à mon propre cynisme, mais je ne pipais pas mot quand elle mentionna le fait que je ne cherchais pas à la délivrer. Vaste débat que celui-là. En vrai, je n'y avais pas encore réfléchi tout simplement parce que je ne savais pas de quoi il en retournait exactement. Est-ce que les torches humaines étaient véritablement dangereuses pour les humains ? Si oui, pourquoi ? Comment protéger les humains et comment protéger les maudits ? Pourquoi existaient-ils seulement des maudits ? Qu'est-ce qui faisait que c'était un tel qui se transformait et pas un autre ? Pourquoi Kagusutchi voudrait une telle chose ? Quels desseins devaient servir ces créatures ? Il y avait beaucoup trop de questions à trancher avant. Est-ce que je voulais sauver Sojiro ? Oui. Mais la manière n'était peut-être pas la plus joyeuse et je m'étais faite à l'idée.

" Bon, dans ce cas, nous avons un accord.  "

Je me relevais d'un coup, saluant d'un mouvement de tête la noble dame.

" Ne m'en voulez pas si je ne vous serre pas la main, les miennes sentent la clope.  "

Ce n'était pas comme si on avait échangé de cette façon devant sa porte. J'avais compris le message et la préciosité de la Watari. On était deux femmes très différentes et deux mondes qui généralement ne se mélangeaient pas. Cependant, à titre exceptionnel, on devrait compter l'une sur l'autre pour mener nos affaires.

" Si tout est entendu, j'attendrais de vos nouvelles. Sur ce… Vous inquiétez pas, je connais la sortie.  "

Un dernier regard, un dernier salut, et je m'en allais directement vers l'entrée pour retrouver l'air frais des montagnes. Cette grande baraque m'inspirait pas beaucoup, alors je vous avouerais que je me sentais mieux au dehors. Mais en attendant, je dirais que je ne regrettais pas tellement mon audace. Soit cela paierait, ne soit pas du tout. Dans le pire des cas, j'avais rencontré une Watari. Dans le meilleur, bah la même chose.