Le plus lointain souvenir qu'elle avait de ses parents était certainement la paire de magatama qu'elle partageait désormais avec celui qui comblait son coeur d'un bonheur immense dans la foi. Celle qui était surnommée localement Akagami par sa couleur de cheveux était la première victime de ces abandons lâches d'enfants, car aux aubes de sa vies, une crinière flamboyante l'avait condamnée à vivre sans la chaleur d'une famille aimante. Les épaules de Kirei étaient là pour soutenir le poids de l'abandon, comme un bandage sur cette blessure qui ne cessait de s'ouvrir tout au long de cette mission aussi épuisante physiquement que psychologiquement.

Ou plutôt sa main que serrait Meiyo avec une intensité telle qu'elle pouvait presque lui faire mal.

L'assurance palpable de la renarde s'était ainsi stoppée avec une certaine brutalité alors que le duo s'était présenté non loin du bâtiment de résidence de celui qui était accusé et coupable du crime d'abandon, voire de meurtre d'enfants.

Les pupilles perlées de la jeune femme se posèrent ainsi dans celles de son âme-soeur qu'elle avait fait attendre un bref instant, comme pour reprendre ses esprits dans le regard de celui qui lui redonnait confiance. Ses bras l'enlacèrent un bref instant, une forme de remerciement corporel et non verbal, une forme d'antithèse de ce qu'un moine devrait faire pour remercier un camarade. Pourtant, il y avait déjà bien longtemps qu'elle avait outrepassé le dogme pour suivre sa foi comme son esprit certes altéré le lui enseignait.

Détachant ses bras de l'apôtre, Meiyo ne manque pas de caresser avec une certaine délicatesse ses joues avant de libérer ses mains qui allaient certainement servir pour convaincre d'une façon ou d'une autre les gardes s'ils voulaient tenir tête. Kirei s'était présenté et avait déclaré la raison de la venue du duo, mais c'était dubitatif que les gardes l'observaient, bien que comprenant quelque peu la situation suite à certaines rumeurs courant dans les rues de la capitale.






Une voix masculine semblait figer les deux gardes qui se décalèrent doucement pour laisser apparaître celui qui semblait être le maître de maison. Si l'on pouvait s'attendre à un vieil homme ou tout autre chose aussi disgracieuse, c'était plutôt un jeune homme à peine plus âgé que le tandem de moine. Sa chevelure d'albâtre qui pouvait rappeler celle de Kirei était elle attachée en une longue tresse tandis que deux mèches encadraient son visage de chérubin, un vrai antipode de ce qu'il représentait. Il portait un costume assez classe, en lien direct avec son rang tandis qu'il souriait avec un air très malicieux, s'approchant des deux moines alors que son regard s'était déposé sur Meiyo principalement.

Il n'était pas compliqué de comprendre que son truc, c'était les femmes. Après tout il abandonnait les enfants qu'elles mettaient au monde, du moins aux dernières nouvelles. Son comportement n'augurait rien de bon, il se sentait comme au dessus des lois et il l'était en quelque sorte, du moins assez pour confronter les deux moines.

Et la confrontation fut plutôt brutale puisque c'est en empoignant la hanche de Meiyo qu'il voulait juger de la consistance de cette dernière, semblait-il. Du gâchis. Son regard s'assombrit doucement alors qu'il caressait d'une main assez malsaine la joue de la moniale paralysée de ce geste bien trop brusque, du moins trop soudain.


La poigne du riche propriétaire s'intensifiait ainsi sur le dos de la renarde qui fit volte-face devant ce geste bien trop déplacé envers une moine, comme libérée de la torpeur dans laquelle cette proximité l'avait plongé. Sentant la peau de l'homme contre la sienne, les pupilles de la renarde s'écarquillèrent en dévoilant à Miyamoto Kazuma ce qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à lors; ce coté bien trop démoniaque qui sortait du minois de la moine. Peut-être qu'ils s'atténuaient depuis quelques temps, mais que ce soit dans ses yeux, sa chevelure ou sur ses joues, le démon qui l'habitait était encore présent bien que silencieux.

Si l'on pouvait voir en la réaction de l'homme qu'il avait totalement compris la nature de Meiyo, elle aussi de son coté avait saisit une face assez spirituelle de l'homme qui craignait désormais malheur sur sa fortune pour se l'être mise à dos. L'homme avait ainsi relâché le poignet de Meiyo qui l'observait toujours aussi intensément, affichant face à lui un air presque aussi dédaigneux, digne du noble qu'il est.




Malgré l'assurance qu'elle montrait suite à cette agression, sa sénestre dans son dos témoignait de sa peur intérieure. Meiyo ne se basait que sur la légende qui entourait sa possession pour faire peur à Kazuma afin qu'il obtempère. Ses gardes eux avaient déjà quittés les lieux, certainement par peur de représailles en voyant le maître en telle posture; une posture de peur mais pas assez pour le convaincre. En vérité, Meiyo comptait surtout sur Kirei et sa potentielle réaction pour appréhender l'homme, par la force s'il le fallait.

Suzuri Meiyo. Le riche d'ivoire observait ce qui se présentait comme un couple devant lui, ayant cerné d'un coup d'oeil l'insigne monastique de celle qu'il avait pu goûter de ses doigts. Le sourire sur son visage trahissait ses connaissances de la fonction des deux moines, ils ne pouvaient pas régler ça aussi facilement par la force, sinon ils auraient divers problèmes. Étais-ce cette assurance qui l'avait ainsi poussé à entacher l'immaculée peau de la moniale ? Certainement.

Mais dans les méandres de sa psyché, il ne semblait pas vouloir se contenter que de cela.

Son visage s'était tordu dans une certaine gêne en sentant l'étendue du chakra du moine s'abattre sur ses épaules. Ses gardes l'avaient abandonnés, certainement par crainte, il se retrouvait ainsi seul face aux deux moines-militaires qui ne comptaient pas le laisser filer.

Profitant de la pression offerte par Kirei, Meiyo qui s'était rapproché de ce dernier suite à l'agression de Kazuma se détacha de lui pour retourner auprès du criminel vraisemblablement perturbé par le chakra environnant. Contre toute attente, elle attrapa les mains fines de l'homme dans les siennes, un geste qui le fit écarquiller doucement les yeux. Des mains qui semblaient bien trop propre pour un homme accusé de meurtre, presque aussi douces et élégantes que celles de la moniale qui les touchait avec un interêt plus qu'étrange suite aux gestes qu'il avait eu à son égard. Manquant ainsi d'offrir de nouveau une satisfaction à l'homme, la renarde relâcha doucement l'une de ses mains lui permettant d'enchaîner à une certaine vitesse une série de signe.

La série de signe vint se clôturer avec un unique mûdras alors que l'autre main de Meiyo semblait se contenter de caresser avec une certaine viscosité le buste de l'homme couvert par sa chemise blanche sans aucun pli. Tombant à genou brutalement, son reflex premier fut de s'agripper aux bras de la moniale tant bien que mal, sentant comme un courant électrique parcourir son être tout entier, son regard se figea dans celui de la renarde qui détournait rapidement son attention de lui, sans pour autant ôter les mains de l'homme qui s'étaient ancrée dans le creux de ses coudes pour ne pas chuter.

Pour l'instant.

Puisque seulement quelques minutes plus tard, Meiyo retira les mains de Kazuma de ses bras pour pouvoir le relever et ainsi le tenir prisonnier en liant ses mains d'une corde qu'elle avait tiré de son tablier; malgré la paralysie qui s'en prenait à sa poitrine, l'homme était toujours libre de mouvements.  L'heure était maintenant au voyage vers Toge, car cet homme devait être jugé dans le village d'où il était originaire et non pas dans la capitale où son pouvoir était assez grand.






Sans réelles embuches, grace à une aide fantôme de Narasu qui s'était chargée d'éliminer certaines pistes à Teito tant bien que mal, la tandem fit acte de présence aux portes du villages tandis que Meiyo tenait toujours avec elle le criminel encore sous les emprises du fuinjutsu paralysant. Les autorités du village n'avait d'ailleurs pas de mal à reconnaître le propriétaire accusé de divers recels et meurtres, vraisemblablement il était connu au moins de vue de certaines instances du Pin Blanc, mais certainement pas en tant qu'accusé.

C'était pourtant les sourcils froncés que Meiyo laissa Kazuma aux mains des instances Togejine, certainement par crainte qu'il ne les entourloupe ou qu'il réussisse à se faire libérer. Cette inquiétude était palpable, alors encore dans les locaux des autorités, Meiyo cherchait son partenaire afin de lui faire doucement part de ces inquiétudes mais aussi de son soulagement d'être arrivé à la fin de cette mission. Gagnant le vestibule dans l'intimité des regards - le pin blanc avait autre chose à faire -, elle se tenait en face de son partenaire , déposant doucement ses bras contre son buste comme pour reposer cette pression qui avait tant reposé sur leurs épaules respectives.




Soupire Meiyo en tournant son regard vers Kirei.  Les militaires de la sécurité avaient informés les deux ninjas que l'affaire serait désormais aux mains de la justice du Pin, et que Kazuma ne serait certainement pas prêt de sortir, mais il restait encore une once de doute dans le coeur de la renarde.
Kazuma n'était certainement pas seul dans son entreprise. Et d'autres crimes allaient être commis, dans l'ignorance totale.

Et ça, elle ne pouvait le tolérer d'avantage.