Adossé contre le mur qui séparait le monde de mon village, je gardais les bras croisé dans une attitude d'attente : La mission que je devais effectuer aujourd'hui ne me plaisait guère. Non pas que je me sentais gamin devant une telle demande, celle de guider et de faire visiter la place forte à un représentant seigneurial, mais mon temps était précieux et j'étais sur la trace à la fois du bois d'eden, mais aussi des possibles patrons du Guichetier. Il me restait à me faire valider l'opération par l'autorité de Seizan, mais j'avais déjà une petite équipe en tête et cela ne pouvait que m'aider.

Eichi Kishimoto était un noble issus de Nendo No Kuni, la province de l'argile. Pourquoi il venait ? Je ne le savais pas, mais en tout cas il fallait lui faire une forte impression... Par la visite et la valorisation de notre force artisanale, militaire et culturelle. Pour ce que ça voulait dire. J'avais déjà une petite liste de monument et de rue à lui montrer, qui rivalisait avec mes plans pour les prochains jours : Départ vers Teito, recherche de caravane suspecte venu d'ailleurs... Chopper le Guichetier ne m'avait pas donné plus de pistes, c'était une vraie tombe.

Bref, ce n'était pas le moment de jouer les couveuses, surtout que je savais que ce type de journée correspondait plus à un genin puisque des années en arrière, quand je l'étais, j'avais dû mener seul le tour touristique du lieu. Aujourd'hui, nous étions deux... Un chuunin et un genin, c'était presque ridicule. "J'espère que cette fois je vais pas devoir faire crécher le lardon chez moi." Dans la voix de la secrétaire, je n'avais pas décelé la moindre malice, caché dans la tornade de mépris et de mauvaise humeur... C'était déjà ça. Mon coéquipier du jour, Sanka, je ne le connaissais pas... Après tout, je ne connaissais pas tout les genins du village, ni même tout les chuunin et encore moins les juunins. C'était l'occasion de rencontrer quelqu'un.  

Le garçon devait être un petit étourdi, un peu moi à son âge...
Le plaisir d'être convoqué sur le Mont Atlas, en tant que petit soldat de l'armée, pouvait rendre n'importe qui gaga... En tout cas quand c'était la première fois. Je n'avais pas contrarié ce fait. Plus de place pour délivrer des chats malchanceux ou bien escorter des ouvriers, j'avais enfin une vraie mission entre les mains et la solitude de ma condition dans cette affaire donnait un parfum presque miraculeux à l'ensemble... Un parfum qui cachait une sale affaire. Je n'avais aucun horaire, aucune instruction précise sur les musées ou les monuments à lui montrer. Je devais l'accueillir et le guider, mais vers où ? Pour quoi ? Je ne savais pas, car je n'avais pas pris le temps de poser des questions. Tout devait être sur le papier, mais la garce ne m'avait mis que le strict minimum, attendant sans doute que je demande ou bien cachant volontairement le tout pour m'emmerder le plus possible.

Peut-être que justement le passage en duo permettait d'éviter les ennuies, ma prestation avait fait un sacré remue-ménage. Cherchant encore des réponses, je n'entendis pas les pas derrière moi qui étaient plus lourds que celui d'un enfant...

On pouvait attendre ensemble.

Comme à l'époque, beaucoup de monde passait dans le village : Des négociants venu amener des denrées venu de la mer, bordant la région, ou bien des biens d'autres provinces ; des civils allant visiter des parents ou bien juste des soldats qui allaient et venaient pour des missions. Stagnant aux portes, il n'y avait que moi apparemment qui séchait au soleil, un peu perdu... Le client allait arriver et aucune traces du genin qui devait m'assister. "Ou bien c'est moi qui vait devoir l'assister ?"
Très vite émergea un homme adulte et... Mal en point. Sans cette dégaine, je serais passé complétement à côté : Une tenue un peu sale, assez commune, sauf un certain déséquilibre dans son pas quand il s'approchait de moi... Il ressemblait à un guerrier, mais assez maigre selon l'image que j'avais du cliché, trop peu sérieux. Bref, c'était mon partneraire du jour mais il avait l'air d'être passé sous un chariot en route.

D'une voix étrangement forte et puissante, il me salua en se présentant :

- Saké ? Sur l'ordre de mission, c'était Sanka. Les yeux écarquillés, je fis assez vite le lien entre le lapsus et l'état plus que discutable du ninja. Je vois... Je suis Kunao, de la famille Fumiri. L'oeil un peu amusé, quand même, de la situation cocasse, je soupirais devant la journée qui allait prendre un sacré coup et l'image qu'on allait renvoyer à ce dignitaire. Prenant ma gourde d'eau à ma ceinture, je tendais le récipient à la passoire à alcool devant moi. Tenez, essayez de décuver un peu... On doit accueillir quelqu'un d'important, imaginez un peu l'image qu'il se fera s'il voit un soldat chancelant.

Je me décollais de mon mur pour me délasser un peu les muscles du dos dans un étirement peu subtil, mais avec un tel épouvantail à coté de moi, je pouvais faire beaucoup de choses sans que ça fasse tache. Le temps d'attente allait me servir à briefer le type sur ce qu'on allait faire, enfin ce que je pensais qu'on allait faire, puis aussi qu'il se refasse une beautée avec sa tronche de poivrot pas trés fraiche. "Des emmerdes, toujours des emmerdes..." Je regrettais presque la présence de Akari qui ne parlait pas beaucoup, mais au moins il était hyper efficace et ne débarquait pas en gueule de bois sur le lieu de travail.

- Bon, je vous propose quelque chose pour le parcours santé de notre client : On marche jusqu'au Mont Atlas en s'arrétant parfois sur les allées commerciales ou bien les places des forgerons, puis on montre le bureau du Seizankage. Ensuite, les quartiers militaires et résidentielles pour enfin finir sur l'Aiguille, en vue de l'hopital. S'il reste du temps et s'il n'est pas trop fatigué, on peut le faire s'engouffrer dans une galerie solide et connue, histoire de le mettre au frais et de valoriser notre systéme minier. Pour une journée, ce sera déja bien et il aura pas mal de kilométre dans les pattes aprés ça. J'avais parlé un peu vite pour faire défiler ma parole aussi vite que mes pensées, je n'étais pas sûr du bien fondé de mon parcours, par le passé j'avais fais visiter déja le village, mais le bonhomme n'avait pas été trés coopératif et j'avais passé plus de temps à lui courir aprés qu'à vraiment lui présenter les intêrets architecturaux du coin. "Qu'est ce qu'il devient d'ailleurs ce type ?" Bien entendu, s'il veut s'arréter pour boire un thé bleu ou alors pour admirer plus en longueur le travail de nos orfévres, on accepte et on attend avec lui. Le client est roi. Grattant la peau sous mon bandeau frontale, je cherchais à définir s'il avait bien tout compris, avant de soupirer une nouvelle fois. Si vous avez besoin d'aller manger un morceau, je peux peut-être l'accueillir seul et vous nous rejoignez.

Négociant, quand tu nous tiens.

Le dignitaire arrive bien assez tôt, armé d'un cheval sur lequel son délicat postérieur était assis. La pauvre bête soufflait devant l'effort pharaonique de porter ainsi sa charge sur des dénivelés aussi intense... Mais elle avait réussi, bon gré mal gré, à destination. J'eus presque de la peine quand il fouetta son flan pour aller plus vite à notre rencontre, l'étalon était fort, mais l'effort avait eu raison de sa grande endurance. Je me réconfortais en me disant que c'étaient les derniers mètres avant un plat de foin, de l'eau et du repos bien mérité !
Ce qui était mérité aussi, c'était le regard qu'envoya le bonhomme à mon camarade : Il est vrai que la réserve d'alcool ambulante avait réussi à retrouver un peu de contenance, mais sur son visage était figé à jamais les ravages de la boisson et de ses conséquences. Dormir dehors ? Les bagarres ? C'était terrible d'accepter à Seizan des soldats avec ce genre d'hygiène de vie. Soupirant, je voyais clairement les rouages dans l'esprit de l'invité sur comment on l'accueillait : Un ivrogne et un gamin. Pour le coup, je m'insultais moi-même, mais le tableau n'était pas des plus délicats pour cet homme dont l'égo semblait plus lourd que son poids déjà bien important. Ventripotent, il mit pied à terre et le dos de la pauvre monture passa d'une courbe à une ligne droite et fière. C'était même surprenant qu'il arrive à descendre seul, mais je ne partageai pas cette idée avec les autres...

- Eh bien ! Vous êtes mon comité d'accueil ? D'une révérence plate, je fis comprendre à l'homme que j'étais son serviteur. À côté de moi, Sanka était encore vaseux et ne comprenait pas les convenances. Mon bras surgit dans son dos pour l'amener à se baisser aussi, ce n'était pas un salut réglementaire, mais cela s'en approchait plus que rester droit. Votre chef a l'air peu enclin à l'autorité et à la politesse.

"Quoi ?"

Clignant des yeux en me relevant, je cherchais la vérité derrière cette phrase... Mon chef ? L'épiphanie vint bien vite, vu qu'il était plus vieux que moi, le soulard devait être mon supérieur, un sourire, un coin et je répondais à mon interlocuteur dont la logique était surprenante, mais naturelle quand on y réfléchissait bien.

- Mon seigneur, je suis le chef de cet homme. Je suis chuunin, malgré mon âge peu avancé... J'espère vous avoir rassuré sur la journée que nous allons passer à visiter le village, pour mon camarade... Je soupirais, l'état n'avançais pas et il allait devenir quasiment un boulet s'il continuait à être dans les vapes comme ça. Il va prendre congé, il était juste là pour me tenir compagnie pendant l'attente. Dans un village ami, pas besoin d'une escouade de protection et je suis bien assez pour vous montrer les merveilles de ce lieu !

Un grand sourire et j'ordonnais du regard à Sanka de se barrer fissa, de toute façon, il ne servait à rien... Dans un grand signe de main, je proposais à l'invité de commencer la visite.

Un début comique, mais cela restait une mission de routine.