Enfin ! Les efforts de Ganryu avaient enfin fini par payer et ses demandes à répétition de promotions n'étaient finalement plus nécessaires. Il était officiellement Jonin du village de Seizan no Sato. Ses nouvelles fonctions allaient lui permettre de fouiller plus en profondeur et d'éplucher des archives jusque là hors de sa portée. Cerise sur le gâteau, à cause de la récente tuerie survenue au village de Kusatsu, le nom du culte de Jashin commença à se retrouver au centre des rumeurs. Sans se réjouir de ce drame pour autant, ce nouveau dilemme fraichement tombé sur le bureau de le seizankage coïncidait avec la quête vengeresse de notre kensei. Affublé d'une réputation d'ingérable depuis la nuit sanglante. En le  nommant Jonin et en le mandatant directement sur ces évènements, le général en chef du village savait qu'il le garderait son soldat plus moins sous sa surveillance.

Un seul nom lui avait été communiqué à la suite de son entrevue avec l'honnorable Udezuku Eizen   : Takayanagi Hikaru. Il s'agissait d'un jonin talentueux récemment disparu alors qu'il enquêtait sur les meurtres ayant eut lieu au petit village thermal. Les documents que lui avait confié son supérieur faisant état des dernières informations qu'il avait fait remonté de son enquête, depuis peu sa piste et toute communication avait été perdue. Il n'y avait donc pas de meilleur point de départ pour commencer ses recherches que le villages des montagnes bleues lui même. Après tout, Hikaru était un soldat populaire. Même Ganryu en avait déjà entendu parler de loin. "Le parfait soldat" et maitre stratège aux cheveux blancs du clan Takayanagi faisait parler de lui. Avec un pareil pedigree, sa disparition paraissait pour le moins surprenante.

En se rendant à l'académie pour consulter les registres de missions, un nom commença à s'imposer au fur et à mesure de son enquête.  Un samurai, chuunin du village et répondant au nom de Tadake Kyoshiro avait été aperçu plusieurs fois en compagnie d'Hikaru. Apparemment il s'agissait d'une fine lame et d'un forgeron prometteur qui possédait un petit atelier dans les forges du village. L'information en poche Ganryu se hâta de prendre la direction du quartier des artisans et des forgerons.
-Vous n'aurez pas de mal à le reconnaître, c'est le seul forgeron aveugle du coin ! lui disait-on alors qu'il se mettaient en chemin.

L'odeur de fumée et la chaleur qui émanait du quartier des artisans était à couper le souffle. La température infernale s'échappant des fours, la vapeur blanchâtres se répandant dans les rues à la moindre trempe de lâme. On comprenait vite en arpentant ces quartiers en quoi le commerce militaire était central pour le village de Seizan. La réussite commerciale des lieux n'était plus à prouver et les meilleurs forgerons de tout le monde d'Onogoro prenaient cet endroit pour référence. Dans chaque coup de marteaux qui résonnait ici, on entendait l'échos de la gloire des provinces des montagnes géantes se manifester.
Alors qu'il avait maintenant arpenté la quasi totalité du quartier, aucune des personnes qui avaient croisé la route de Ganryu ne correspondaient à la description de Kyoshiro. Prenant le temps de faire une pause, notre éborgné s'arreta au comptoir d'un petit restaurant ambulant qui trainait dans le quartier. Tentant sa chance, il demanda au gérant s'il connaissait le forgeron à la chevelure argentée :
-Oui bien sûr que je le connais Kyoshiro ! L'un des artisans les plus doués du coin. Par contre vous le trouverez pas ici à cette heure là ! On approche du soir donc il doit être parti s'entrainer à la caserne.  Lui dit-il sur un ton débonnaire.

Retour à la case départ pour notre guerrier après cette petite visite du quaties. Ce n'était pas plus mal car la chaleur des lieux commençait à lui peser sur le crane et il n'étiat pas mécontent de retrouver la fraicheur du village. La lune commençait à se lever dans le ciel lorsqu'il arriva au niveau des terrains d'entrainements. S'enfonçant dans le complexe de l'armée de Seizan, un bruit cristallin attira l'attention de Ganryu. Suivant la piste de ce son reconnaissable entre mille, c'est au détour d'une allée qu'il le trouva enfin.
Le sifflement que laissait la lame du samurai derrière son passage était pure comme le son d'une flûte. Ses mouvements étaient sobres, rapides et précis. Un bandeau recouvrait ses yeux et venait mourir à la racine de sa crinière blanche. Sa technique débordait de maitrise. On pouvait sentir dès les premières secondes d'observation que Kyoshiro était doué. A vrais dire c'était le genre de combattant que Ganryu avait horreur d'affronter. Les foudres de techniques qu'il avait croisé sur les champs de batailles avaient toujours eu tendance à lui laisser quelques souvenirs sur la peau. Prenant le temps de l'observer et de lui laisser le temps de terminer ses katas, il faisait forte impression à notre héros. Une fois qu'il en eut terminé avec son exercice, Ganryu s'avança en direction du guerrier non voyant. Il entama la discussion sur un ton normal, quoi que légèrement froid du fait de sa personnalité :

-Excusez moi de vous déranger, êtes vous bien Tadake Kyoshiro, chunnin de Seizan ? "

Notre Kensei marqua un temps d'arrêt alors qu'il était à présent à deux pas de son interlocuteur. Tandis qu'il pouvait observer les mains marquées par l'entrainement au sabre et le travail de la forge du chuunin, il était maintenant persuadé d'avoir à faire à celui qu'il recherchait. Et ce n'était pas un débutant c'était le moins que l'on puisse dire. Ganryu continua alors de se présenter :

-Mon nom est Tadakastu Ganryu, jonin de Seizan. J'enquête sur la disparition de Takayanagi Hikaru. On m'a dit que vous étiez en contact. Peut être pouvez-vous m'aider à le retrouver ? Si on croise nos information, cela pourrait me mener à un piste. Quelle était la nature de votre relation ?

Un léger vent se levait sur les montagnes, écartant les nuages, il laissait la lune illuminer l'entrevue de nos deux acolytes. Conférant comme une certaine poésie à la scène.

Touché-coulé ! Il s'agissait bien de Kyoshiro. Pour une fois, on ne lui avait pas donné de mauvaises indications. Ca changeait des escrocs et baratineurs qu'on a tendance à trouver au Nord du Pays des Montagne Géantes. Quand il évoqua la raison de sa présence, un changement dans l'attitude du samurai non voyant ne manqua pas d'étonner Ganryu. Si Kyoshiro s'était présenté avec entrain en premier lieu, son visage se ferma à la mention du nom d'Hikaru.  Peut être les deux hommes s'étaient-ils quittés en mauvais termes lors de leur dernière rencontre ? Alors que l'homme à la chevelure d'argent s'asseyait sur un banc le temps d'un petit break dans son entrainement, il lui confirma connaître Hikaru. La surprise de Ganryu n'en fut que plus grande lorsqu'il apprit qu'il faisait face à l'un des anciens subordonnés du disparu.

Cela expliquait peut être la soudaine froideur du samurai de Seizan. Les relations hiérarchiques peuvent parfois poser problème quand les égos ont du mal à s'accorder. De plus, le ton que le chunnin prit en mentionnant le fait d'avoir hérité de l'escouade de son ancien supérieur laissait transparaitre comme une légère frustration. Peut être ne se sentait-il pas prêt ? Ou peut-être avait-il peur de n'être qu'un chef de circonstances ? Pourtant ce qui sautait aux yeux de notre kensei, c'était bien le sentiment de maîtrise qui se dégageait de Kyoshiro. Il ne faisait aucun doute pour le jonin que ce samurai était largement en mesure d'assumer n'importe quelle mission. D'ailleurs, même si l'homme qui lui faisait face lui  était inférieur hiérarchiquement, il ne manqua pas d'observer que sa technique  lui était déjà supérieure. Cela faisait pas mal d'année que Ganryu roulait sa bosse dans l'armée. Il savait reconnaitre les guerriers qui dédient leur vie à leur art. Tout indiquait dans sa posture que Tadake Kyoshiro était bien de cette trempe.

Cependant, malgré tout l'effet qu'il lui faisait, Ganryu ne laissait rien transparaitre sur son visage. Sa mine restait fermée, presque patibulaire. Après tout peut être que Kyoshiro n'était pas innocent dans la disparition d'Hikaru ? Rien n'indiquant qu'il était coupable non plus, et même si cette discussion n'avait rien d'un intérogatoire, notre héros ne souhaitait pas bruler toutes ses cartes trop vite. Tandis que Kyoshiro reprenait l'initiative de la discussion en le questionnant sur de possibles pistes, c'est d'un ton neutre et sérieux qu'il lui répondit  :

- Pour le moment pas vraiment... Notre seizankage vient tout juste de me mettre sur l'affaire. Tout ce que je sais c'est qu'il enquêtait sur les évènements récents de Kusatsu au moment où il a disparu. On a bien quelques rapport concernant les débuts de son enquête, mais on a pas assez d'informations pour remonter une piste tangible.

Certes les rapports n'étaient évidemment pas sans informations. Les symboles communiqués par Hikaru avant qu'il ne disparaissent n'étaient surement pas sans importance. Il était juste trop tôt pour les mentionner maintenant. D'autant que si Jashin était réellement lié aux évenements ayant eu lieu à Kusatsu comme on le suspectait alors, c'était là une occasion rêvée pour notre guerrier d'assouvir sa soif de vengeance. Mais pour cela, Ganryu avait besoin de creuser un peu dans la relation professionnelle qui liait son interlocuteur à Hikaru. En fonction des réponses qu'il lui donnerait, peut être qu'il y aurait matière pour réellement partager ce qu'il savait. [Héhé c'est ma trame perso alors je suis un peu tatillon au début sur les infos :p]

Vous dites avoir été son subordonné... Il ne vous aurait pas parlé de l'avancée de son travail en province des sources chaudes ? Peut être aurait-il pu vous faire mention de quelque chose d'important avant d'avoir le temps d'en faire un rapport ? N'importe quelle piste m'aidera de toute façon...

Alors qu'il finissait d'assaillir Kyoshiro de questions, Ganryu posa les yeux sur le matériel du samurai et tout particulièrement, sur l'épée qu'il manipulait précédemment. Une drole d'impression se dégageait de cette lame. Elle imprimait une sorte de sentiment indescriptible dans l'esprit du jonin de Seizan. Elle dégageait comme une aura meurtrière. Ne pouvant se retenir de poser une énième question, il demanda :

-Cette épée... Ce n'est pas une lame quelconque, je me trompe ?

Décidément l'attitude de Kyoshiro rendait notre héros de plus en plus curieux à mesure que leur discussion évoluait. Non pas qu'il le pensait lié d'une quelconque manière au silence radio soudain de Takayanagi. Non sur ce point, le samurai non-voyant paraissait honnête quand il affirmait ne rien savoir sur sa disparition et le contenu de son enquête. C'était plutôt le léger détachement que laissait transparaitre le samurai aux cheveux d'argents qui attisait curiosité de notre kensei. La maitrise de son ton et la neutralité de ces propos était cinglante, presque légèrement dédaigneuse malgré lui. Visiblement, il paraissait assez indifférent quant au sort de son ancien senpai.

Ganryu ne connaissait que trop bien ce genre de guerriers. A vraie dire, à mesure que l'entretien entre les deux samurais avançait, notre kensei commençait à percevoir de plus en plus de similarités entre lui et l'homme à qui il faisait face. Lui aussi après tout n'en avait pas grand chose à faire du jonin disparu. Une seule chose se répétait en boucle dans ses pensées. Seule la piste du culte de Jashin n'avait d'importance à ses yeux. Il était comme possédé par l'objet de sa colère et vouait l'entièreté de son existence à satisfaire son appétit vengeur.  Or Kyoshiro lui faisait l'effet d'un homme concentré sur lui. L'évidente maîtrise et la facilité dont il avait fait preuve en exécutant ses katas, alliées à son attitude détachée, presque placide, dont il faisait état en répondant à ses questions. C'était ce genre de détachement qui caractérisait les hommes comme eux. Ceux qui se dédient corps et âme à la satisfaction de leurs désirs. Ceux qui avancent dans la vie en portant leurs desseins telle une croix.   Ajouté à celà le fait qu'ils étaient quasiment de la même corpulence, Ganryu n'avait qu'à se crever son oeil gauche pour que lui Kyoshiro montent leur numéro pour faire le bonheur des cirque du coin. [Bah ouais, des combats d'aveugles, franchement je suis sur que ça aurait fait un malheur ! Hum hum, je reprends mon récit pardon pour cette parenthèse] Tandis que son interlocuteur terminait de lui résumer ce qu'il savait, Ganryu lui répondit brièvement :

-Hum... Je vois. On dirait que Takayanagi s'est surestimé en laissant notre kage l'envoyer en reconnaissance sans son escouade.

Quand la discussion commença à tourner autour de la lame démoniaque de Kyoshiro, le ton du guerrier à la chevelure d'argent changea légèrement. Peut être était-ce sa passion pour la forge qui était à l'origine de ce petit détail ? En tout cas, c'était la première fois que Ganryu posait son regard sur une arme démoniaque. Alors que son propriétaire lui décrivait son acquisition, notre kensei pouvait sentir la pression chackratique émaner autour de la garde du sabre que Kyoshiro tenait fermement dans la main. Il avait toujours gardé au coin de l'esprit l'idée de mettre un jour la main sur une arme de ce calibre. Bien que celle ci était vraiment trop petite à son gout, notre guerrier aimant les gros engins, s'il venait un jour à trouver quelque chose qui corresponde à son style de combat, il ne se priverait pas pour l'acquérir. Quand Kyoshiro mentionna l'ancien propriétaire de l'arme, notre héros ne put s'empêcher de lever un sourcil en signe d'incompréhension :

-Le père d'Hikaru dites vous ?

Certes, Kyoshiro transpirait la maitrise et semblait sûr de son talent. Il en demeurait pour le moins surprenant qu'un trésor de famille telle qu'une lame démoniaque ait changé de maison. Les chefs de clans ont tendance à aimer garder leurs jouets près d'eux en les confiants aux familles dominantes. Un tel geste n'était pas anodin. Le samurai aveugle devait avoir accomplit quelque chose spécial pour mériter pareille récompense. Curieux de creuser la piste, quelques nouvelles questions lui vinrent à l'esprit :

- Je peux vous demander pourquoi c'est vous, et non pas Hikaru, qui a hérité de la lame démoniaque de son père ? Et d'ailleurs, quelle est la particularité de votre Sekitsui ? Je sais de réputation que toutes les lames démoniaques possèdent certaines particularités requérant certaines techniques spécifiques... Mais je dois vous avouer que c'est la première fois que j'en vois une.
[Ganryu n'a pas vu les capacité de ton épée en arrivant. Il était guidé par le sifflement de l'arme et comme il fait nuit, il n'a pas saisi sur le moment qu'il s'agit d'une épée fouet]

Pendant qu'il attendait en espérant que son collègue chuunin lui fasse une petite démonstration des capacités de son arme. Ganryu prit quelques secondes pour réfléchir à la suite des évènements. Puisque Takayanagi n'avait rien confié de probant sur l'avancée de ses recherches avant de se volatiliser, peut être que Kyoshiro lui même serait en mesure de l'aider ?  Il se décida alors à mentionner une partie du contenu de son entrevue avec le kage à son camarade soldat. Espérant sur un coup de chance creuser une nouvelle piste sur les évènements du village des sources chaudes. C'est alors qu'il demanda :

- Vous n'auriez pas entendu parler de l'emplois de symboles tribaux liés aux évènement récents de Kusatsu ? Je sais que vos yeux ne voient pas, mais peut être que vos oreilles ont-elles eu vent de quelque chose ?

Le peu de rumeurs qu'il avait entendu à propos d'Hikaru étaient donc vraies. L'héritier du clan Takayanagi, reconnu pour fournir parmi les plus illustres bretteurs que le pays n'ait jamais connu. Celui qui se devait d'endosser l'héritage et la tradition entourant son nom avait finalement choisi un autre chemin que celui arpenté par ses ancêtres. Si le cavalier d'argent avait délaissé la voix du sabre pour les arts ninjas et l'étude de la stratégie, il n'en demeure pas moins qu'une telle arme aurait pu lui être utile. C'est pourquoi Ganryu demanda au Tadake :

-Qu'il ne soit pas bretteur n'explique pas pourquoi il s'est séparé d'un tel trésor. Une arme démonaique, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue.

Kyoshiro lui expliqua alors comment  Udezuku avait acquis l'arme.  Décidément, Hikaru faisait plus que rompre avec la tradition de son clan s'il commençait à distribuer les trésors familiaux à tous les coins de rue. Heureusement pour lui et grâce à l'œil avisé de notre seizankage, Sekitsui n'était pas tombée dans les bras d'un manchot. En témoignait la qualité du kenjutsu dont il fit la démonstration à notre héros. Tout commença par une étrange chorégraphie martiale. Les gestes exécutés étaient souples et gracieux malgré la corpulence et la cécité du Tadake. La grâce de ses mouvements se mêlait à une rapidité et une précision meurtrières. La lame virevoltait telle un serpent qu'on aurait charmé au son d'un flûte. La scène était complètement iréelle. Tout à coup, d'un mouvement vif et précis, Kyoshiro projeta le fil de son épée en direction du banc où se situait ses affaires. Le tranchant de la lame s'enroula délicatement autour de la gourde, à la manière d'une gueisha qui enfilerait son kimono. Puis d'un léger revers du poignet, il ramena la gourde à lui avant de l'attraper dans son autre main.

Clap Clap Clap

Notre guerrier laissa échapper deux trois applaudissements. Si ça pouvait sonner comme une forme de provocation. Ganryu cherchait seulement à mesurer la forte impression que venait de lui faire Kyoshiro par un peu d'ironie. Lui n'était qu'une vulgaire brute. Sa technique se résumait en un simple déchainement de puissance et de pure bestialité. Il était l'opposé du guerrier raffiné qui lui faisait face. Tout à coup, il l'admirait et le méprisait à la fois malgré lui. Lui qui pourtant n'accordait jamais d'importances aux autres, il aurait du mal à oublier cette rencontre. Décidément, tout confirmait que  Kyoshiro était bien le genre d'homme qui avait l'habitude de retenir l'attention de notre guerrier, et ça lui déplaisait fortement.  S'il essayait de contenir ses pensées derrière le voile d'une attitude impassible, son ton s'allégea un peu maladroitement quand il commenta la démonstration du Tadake.

-Pfiou... C'est bien la première fois que je vois ce genre de technique. Qui aurait cru que du métal pouvait devenir souple comme la soie....

Sa voix était très légèrement emprunte d'une jovialité somme toute sarcastique,  signe de cette gène soudainement occasionnée par leur entrevue. Visiblement au dessus de toute considérations pour sa remarque ignorante, Kyoshiro poursuivit ses réponses. S'il ne lui serait d'aucune utilité pour son enquête, Ganryu n'en demeurait pas moins persuadé qu'il serait un atout certains s'il venaient à se côtoyer sur le champs de bataille. Avec de pareils bretteurs, l'avenir du village était radieux. Quand il termina son propos en mentionnant la possibilité de s'entrainer, le sang de Ganryu ne fit qu'un tour dans ses veines. Si l'envie de se mesurer au colosse aveugle le démangeait, Udezuku avait été clair. Tant qu'il ne serait pas rétabli, Ganryu avait l'interdiction formelle de combattre. Son oeil commençait à peine à cicatriser et les fils de chackras que les shinobis médicaux avaient utilisés pour lui recoudre les abdominaux étaient encore fragiles. La facture d'hôpital de Ganryu était de loin la plus salée qu'on pouvait trouver à Seizan et ça commençait à bien faire pour le vénérable chef de village ! C'est d'une voix sobre que notre guerrier répondit donc :

-Ca aurait été avec plaisir, mais une autre fois.  J'ai pas le droit de m'amuser pour le moment.. Je ne sais pas si vous le sentez ou si vous pouvez le voir d'une quelconque façon, mais disons que mon corps a encore besoin de souffler. De plus je viens de perdre un oeil, tant que je n'y serai pas habitué vous perdrez plus votre temps qu'autre chose...
[HRP: Désolé mais je suis déjà dans un FB de combat d'entrainement, je veux juste éviter les redondances en même temps qu'on RP]

Si la dernière partie de sa phrase était sans doute vraie, Le reste n'était qu'un tissu de conneries. Ses blessures n'étaient déjà plus qu'un détail pour lui et rien ne le démangeait plus que d'en découdre là maintenant. Cependant il se savait surveillé par son kage qui s'inquiétait de son récent comportement. Pour garder le droit d'enquêter sur le culte de Jashin, Ganryu se devait de rester dans ses bonnes faveurs. Si il ne pouvait donc  pas affronter son interlocuteur et que celui-ci n'avait pas plus de réponses à lui donner, un seul sujet restait sur la table et non des moindres, : la forge ! Le vieil espadon de Ganryu s'émoussait à vue d'œil. L'immense lame d'acier à double tranchant du guerrier de Seizan avait perdue de sa splendeur au rythme des campagnes maritimes en Provinces des Ours. Qui sait combien de temps encore elle tiendrait en un seul morceau. Notre Kensei détacha son arme colossale de son dos pour la poser droite  devant lui, la pointe de l'arme s'ancrant fermement dans le sol. Il changea alors encore de ton, témoignant cette fois ci d'un intérêt réel pour les talents de forgeron du Tadake:

- Dites moi ? Un vieillard qui trainait avec sa gargotte au niveau des forges m'a confié que vous étiez un des meilleurs forgerons du coin. Peut être pourriez passer vos doigts sur mon arme ?  J'aimerais qu'on m'en fabrique une nouvelle de ce type là. Bien sur ce n'est qu'un projet tant que je n'ai pas la somme réunie. Mais disons qu'une fois que ça sera le cas, je me demandais si ce travail serait susceptible de vous intéresser ?  
[HRP: Dis dis, tu me ferais une épée de Guts lvl 2 pour combiens de ryos :p ? ]

Si ses talents de forgerons étaient à la mesure de sa maîtrise du sabre, Kyoshiro serait surement l'homme de la situation.

Alors que le guerrier aveugle s'avança en direction de l'arme de Ganryu, c'est d'un coup qu'il empoigna la garde de l'espadon pour le lever sans difficultés. Certes ils avaient beaux être de la même corpulence, c'était bien la première fois que notre kensei voyait quelqu'un d'autre que lui manier l'imposante lame avec facilité. Décidément Kyoshiro n'était pas que rapide et technique, il possédait aussi une force colossale. Après tout ils faisaient la même taille, ça n'était au final pas si surprenant.
Tandis qu'il faisait étalage de son talent, Kyoshiro ne put s'empêcher une petite d'être un peu taquin avec une remarque bien placée...  Apparemment le Tadake était du genre blagueur. Posséder un humour grinçant était un trait de caractère commun aux hommes sûrs de leur force, et le colosse aux cheveux d'agents ne faisait visiblement pas exception à la règle. C'est sur un ton légèrement gêné par cette soudaine familiarité que notre guerrier répondit à le petite boutade de Kyoshiro:

- Disons que j'aime les armes qui sont surs de broyer leur cibles. Ca a tendance à abréger la durée des combats.

Son interlocuteur semblait guilleret, entrainé par l'idée de faire étalage de ses talents de forgerons. C'est sur une humeur espiègle que le samuraï aveugle commença alors à guider notre héros au travers des méandres du quartier résidentiel des forgerons. Ils retraversèrent les rues que notre héros avait arpentées quelques heures plus tôt. La nuit était maintenant bien avancée et le village semblait profondément endormi. Ile ne croisèrent pas une âme qui vive sur la totalité du chemin. Arrivant au pied des monts, ils s'enfoncèrent alors profondément sous la montagne en direction des forges.  Après quelques minutes de marches, la porte d'entrée à l'atelier du samurai de Seizan se dessinait devant eux.
Une fois à l'intérieur, notre kensei balaya rapidement la pièce du regard. L'endroit était petit mais très bien aménagé. Kyoshiro avait beau être aveugle, tout était en ordre et parfaitement rangé. C'est alors que le Tadake se saisit à nouveau de l'énorme épée à double tranchant. Il laissa alors ses doigts danser le long de l'immense lame d'acier. Il semblait comme en communion avec la matière qui s'étalait sous ses mains. Comme la plupart des hommes ayant perdu la vie, le sens du toucher du Kyoshiro devait être très développé. Alors qu'il inspectait l'arme avec attention, il commença à présenter les différentes options commerciales qui s'offraient à notre héros.

-Hum Hum vous voulez pas parler d'un prix avant ?

C'est alors que Ganryu se gratta la tête en signe de léger désarroi. Faire reforger son arme ou s'en payer une neuve n'était pas pour lui déplaire. Encore fallait-il qu'il ait les moyens de payer son interlocuteur. Pour cela il avait besoin d'informations sur ses tarifs. Si le Tadake était aussi doué qu'il en avait entendu parler, se payer ses services ne serait peut être pas une mince affaire ! C'est d'ailleurs sur un ton légèrement gêné qu'il ajouta :

-Actuellement je ne dispose que de 250 ryos dans ma bourse. Je pense que ma paye ne devrait pas tarder à tomber si ça peut vous rassurer.

Fraichement promu jonin, Ganryu allait quand même pouvoir se lâcher un peu. Lui qui avait jusqu'ici gardé l'habitude d'être économe, ça ne lui ferait pas de mal de renouveler un équipement bien fatigué par les nombreuses campagnes maritimes des mois passées. Il n'espérait plus qu'une chose, que les prix du Tadake restent raisonnables. Notre guerrier se devait d'en garder sous le coude pour se payer des explosifs ainsi qu'une nouvelle armure. La sienne était encore dans un état acceptable, mais qui sait combien de temps encore cela allait encore durer.

Il n'avait beau ne l'avoir rencontré que depuis quelques heures, la confiance qui se dégageait du Tadake à mesure qu'il présentait ses arguments ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. Le forgeron seizanite ne manquait pas d'arrogance, signe qu'il était sûr de son talent. C'est pourquoi Ganryu n'en fut que plus surpris lorsque le maitre artisan lui proposa de brader ses services.
La possibilité d'un rabais en échange d'un peu de fidélité client n'était pas pour déplaire à notre héros. Certes ça lui coutait le reste de ses économies, mais il avait payé son loyer pour le mois. Quand aux repas quotidiens, la cantine de l'académie ferait parfaitement l'affaire d'ici là. Ganryu n'était pas du genre à bousculer ses habitudes. Une fois ses repères trouvés, il n'en changeait que rarement. S'il pouvait trouver un artisan avec qui il était possible de nouer une relation de confiance, se procurer du matériel allait se révéler moins fastidieux.
En effet notre jonin venait tout juste de revenir dans la région de Seizan après deux ans en Province des Ours. Les seuls contacts en matière d'armuriers qu'il possédait s'y trouvant toujours, maintenant qu'il avait été rappelé en Province des Montagnes Géantes, il allait devoir trouver un nouveau fournisseur.
De plus son épée commençait vraiment à fatiguer. Il sentait de plus en plus de craquelures se former le long de l'immense lame au fur et à mesure que le temps passait. Il avait donc besoin d'un peu de renouvellement. Il ne risquait pas grand chose à conclure un marché avec Kyoshiro. ET qui sait ? Peut-être qu'un jour le nom de Tadake résonnerait dans le monde d'Onogoro comme celui du plus grand maître forgeron ?  C'est donc sur un ton intéressé qu'il répondit à son interlocuteur :

-Et bien si c'est bon pour vous, allons-y pour les 250 ryos ! Et bien évidemment je m'engage à venir faire fabriquer mes futurs équipements chez vous. Je vais bientôt avoir besoin d'une nouvelle armure de toute façon. Quand à votre enseigne, je compte bien faire passer le mot à mes camarade pour qu'ils viennent se renseigner sur vos services.

Notre Kensei posa alors les yeux sur sa vieille épée que manipulait Kyoshiro. Il se plaisait à penser que son interlocuteur n'était pas qu'un beau parleur mais bel et bien un réel génie. Non pas qu'il appréciait particulièrement la compagnie des gens arrogant. C'était plutôt le fruit de leur travail qui l'intéressait plus qu'autre. Ganryu s'amusait à imaginer l'apparence et la qualité de l'arme qu'allait lui forger le Tadake. Savant déjà ce dont il était capable de faire avec son vieil espadon en main, la perspective de posséder une nouvelle arme colossale le grisait d'impatience. Il se voyait déjà agiter son futur instrument de mort lors de ses futures batailles, écrasant ses adversaires de son bras la vengeur.  C'est donc sur un ton un peu plus familier, presque complice, qu'il proposa :

-Vous aurez bien évidemment l'exclusivité concernant les réparations de l'arme que vous comptez me fabriquer, et les ryos qui vont avec bien entendue ! Qu'en dites-vous ?

En même temps qu'il proposait son marché, le guerrier s'était avancé la main tendue en avant pour serrer celle de Kyoshiro. Si n'importe qui aurait trouvé ça étrange de serrer instinctivement la main d'un aveugle, Ganryu savait parfaitement que son interlocuteur percevait la totalité de ses faits et gestes malgré sa cécité.
Les katas qu'il avait exécutés quelque heures plus tôt au terrain d'entrainement pouvaient en témoigner. Si le samurai aux cheveux d'argent était en mesure de percevoir et saisir une gourde en utilisant sa lame démoniaque, il n'aurait aucun mal à trouver la main du jonin de Seizan pour sceller leur accord d'une franche poignée de main. Et quand Kyoshiro lui proposa de s'en occuper le jour même, notre guerrier n'en fut que plus ravi.

-Héhé ça sera avec plaisir ! Je suis en permission de toute façon. J'ai tout mon temps, je peux patienter.

Notre guerrier se saisit alors d'un petit tabouret qui trainait par là et posa son gros fiac sur le siège. Si il allait rester ici plusieurs heures, autant se mettre à l'aise. Puis son interlocuteur n'avait pas l'air du genre à s'offusquer pour si peu. Tandis qu'il observait le colosse aux cheveux d'argents s'occuper à son travail, l'envie de satisfaire sa curiosité concernant son mystérieux camarade restait forte. C'est donc sur un ton intéressé que Ganryu demanda :

-Le clan Tadake est-il originaire d'ici ? C'est la première fois que je rencontre un de ses membres. Je ne suis pas originaire de Seizan même. J'ai grandi et fait l'essentiel de mes missions au Nord de la province des Ours sur les cotes. C'est pour ça que je ne vous connaissais pas tout à l'heure.

C'est alors qu'un léger souffle chaud se faisait sentir depuis l'entrée des grottes où étaient enterrées les forges.  On avait beau être profondément ancré dans le flanc des montagnes, le lever du jour parvenait quand même à faire sentir sa présence. De faibles rayons de lumière en indiquait la présence, se frayant péniblement un chemin au travers des multiples fissures présentes dans la roches. Notre héros réalisa qu'il avait passé la nuit à discuter avec Kyoshiro. Ganryu avait l'habitude de ne pas beaucoup dormir. Or peut être que le Tadake souhaitait retrouver un peu d'intimité ? Il lui demanda alors d'une voix un peu gênée :

-Mais j'y pense, vous vous êtes déjà entrainé toute la nuit, non ? Vous n'avez pas besoin d'un peu de repos ? Je peux repasser plus tard si vous voulez ?

-Héhé !

Ce petit rire qui s'était échappé d'entre les dents du guerrier était sincère et amicale. Il était franchement client du genre d'humour dont Kyoshiro faisait preuve. Ganryu n'étant pas le plus causant des hommes d'ordinaire, il avait quand même su garder le plaisir de la conversation en présence d'individus à la répartie cinglante. Et il ne faisait aucun doute que Kyoshiro était de cette trempe. C'est donc sur le même ton amusé qu'il y alla lui même de sa petite blague:

-Je comprends ! Au moins, dites vous que ça vous évite de contempler ma tronche. J'ai tendance à faire peur aux enfants héhé.

Quand le Tadake lui confia provenir d'une petite famille. L'attitude débonnaire du guerrier aux cheveux d'argent laissait transparaitre comme une légère frustration. Cette pointe de ressentiment, Ganryu ne la connaissait que trop bien lui aussi. Combien de fois avait-il du fermer le clapet de bon nombre de ses camarades aux "nobles" origines ? Il avait toujours pris un malin plaisir à leur ramener les pieds sur terre à grand coup de latte à l'entrainement. La plupart d'entre eux n'avaient d'ailleurs pas son niveau.
De plus Ganryu venait lui aussi d'une famille sans prétention. Fils de pécheurs de père en fils, il était le seul membre de sa famille à posséder le don de chackra. Sans cela, il serait surement encore en train de taquiner le poisson à l'heure qu'il est. C'est pour cette raison qu'il répondit avec empathie à Kyoshiro :

-Une petite famille sans prétentions hein? Et bien ça nous fait un point commun... Je viens d'une famille de pêcheurs si vous voulez tout savoir. On avait plus l'habitude de sentir les effluves de poisson que le parfum à la maison.

Apparemment le guerrier aux cheveux argentés n'était pas du genre à se fatiguer facilement. Après tout, vu qu'ils étaient tous les deux dotés du même genre d'attributs physiques, notre guerrier aurait pu se douter qu'il en faudrait plus à son homologue avant qu'il ne fléchisse de fatigue. Légèrement troublé par la maladresse de sa première remarque, Ganryu se gratta la tête tandis qu'il répondit d'une voix un peu gênée :

-Vous avez raison ! Vous m'avez l'air encore tout à fait fringuant. Vu votre résumé, j'aurais du me douter que ça ne poserait aucun problème. Et puis c'est vous le maître ! En matière de forge, je ne suis qu'un ignorant en toute honnêteté...

Notre héros admira alors le travail de Kyoshiro en silence. L'écoutant d'abord réciter son psaume alors qu'il commençait à s'affairer à la tache, il se laissa ensuite peu à peu  absorber par la beauté du spectacle qui se jouait sous son regard. Les gestes du maitre forgeron étaient précis et puissants. Il avait extirpé l'immense morceau de métal brulant des entrailles de son four avec une facilité déconcertante. Déliant son bandeau puis agrippant ferment son marteau, c'est d'une série de gestes minutieux qu'il commença à composer une véritable symphonie sous l'œil ébahi du jonin seizanite.  Ses coups de marteaux résonnaient au rythme d'une mélodie d'un éclat pur et cristallin. Sa concentration était telle que notre héros préférait rester muet, pour ne pas troubler le travail du Tadake.
Ganryu attendait donc patiemment que le chunnin parachève son oeuvre, ne manquant pas une miette du spectacle. Peut importe le nombre d'heures nécessaires, il comptait bien admirer les talents de son camarade du début à la fin. C'était la première fois de sa vie qu'il avait l'occasion d'observer un forgeron au travail. Il se sentait donc particulièrement chanceux que sa première expérience en la matière ait lieu en présence d'un pareil expert. Il comprit aussitôt, malgré toute son inexpérience en la matière, que le gérant du restaurant croisé quelques heures plus tôt ne lui avait pas menti en lui annonçant qu'il aurait à faire à l'un des meilleurs artisans du coin. Car n'importe quel quidam, aussi inexpérimenté soit-il, pouvait reconnaitre le génie quand il l'avait devant les yeux. C'est pourquoi il attendait patiemment, assis sur son petit dans un coin de la pièce,  que le clous du spectacle arrive.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le samurai forgeron ne lui avait pas menti en lui annonçant être encore en pleine forme. Qui sait combien d'heures il avait passé à travailler avec précision l'immense lame d'acier ? Pourtant à aucun moment son bras n'avait semblé faiblir. Reproduisant inlassablement à l'identique les mêmes mouvements, il sculptait le métal avec la précison et la finesse d'un grand maître peintre qui composerait une nouvelle toile. Son marteau était son pinceau tandis que le son des coups faisant chanter l'acier en fusion et les nombreuses trainées lumineuses que laissaient dans l'air les étincelles rougeoyantes lui servait de palette de couleur. L'effort ne semblait pas imprimer sa trace sur le corps du colosse aux cheveux d'argents et, malgré la chaleur qui baignait les lieux, il ne transpirait pas. Décidemment, le Tadake possédait définitivement de quoi pouvoir se vanter.
Notre kensei ne loupa pas une miette du show que Kyoshiro était en train d'exécuter. Il n'aurait jamais cru prendre autant de plaisir à admirer les talents de son camarade seizanite. Alors qu'il l'observait travailler,  Ganryu se demandait quel genre de vie le chuunin du village des Montagnes Bleues avait-il bien pu mener ? On ne devient pas aussi doué dans l'art du combat et la forge sans avoir connu l'adversité et le désespoir. Le tout qui plus est en étant aveugle ! Visiblement c'était un sujet que le colosse aux cheveux d'argent ne souhaitait pas trop évoquer, tellement il avait été évasif à ce propos plus tôt. Aux yeux de notre héros, la famille du Tadake n'était surement pas uniquement constituée de simples chasseurs. Mais peu importe ce qui constituait le passé de son interlocuteur, Ganryu se doutait que sa vie n'avait pas été une partie de plaisir.
Lui même s'était bien gardé de trop en dire sur le sien. Déjà que sa réputation au sein de l'armée de Seizan n'était pas des plus reluisante depuis deux ans, se confier sur la nature du feu qui consumait son âme était impossible pour notre Kensei. La simple évocation de la mort de sa soeur et du nom du culte qui l'avait sauvagement assassiné suffisait à le faire rentrer dans état second. Un état où toute empathie disparaissait, s'effaçant derrière une émulsion de pulsions meurtrières et vengeresses. Bref ce n'était pas le genre d'état propice au commerce, donc il valait mieux éviter le sujet. Il resta donc silencieux tandis qu'il regardait son collègue travailler, se gardant bien de casser l'ambiance détendue qu'ils avaient installé au fur et à mesure de leur entretient.
Certes si l'enquête initiale sur Hikaru n'avait rien donnée, au moins il repartait avec une épée colossale flambant neuve. Et à y regarder de plus près, la qualité de l'arme s'annonçait au rendez-vous ! Ganryu n'était pas forgeron mais il était soldat. Des armes colossales il en avait manié de nombreuses dans sa carrière, du kanabo en passant par la hache à deux mains. Si jusqu'ici la qualité de son espadon lui avait suffit, il mourrait d'impatience de tester l'instrument de mort que le Tadake était en train de façonner.
Tout à coup, une épaisse vapeur se répandit partout dans le petit atelier du forgeron, emplissant l'espace tout entier tel une brume épaisse au petit matin. Kyoshiro venait dans tremper l'imposante masse d'acier dans son bain d'eau [Hrp: Je me permets de demander, mais c'est pas de l'huile qui est utilisée pour le trempage des lames normalement ? ]
C'est alors qu'il annonça fièrement au jonin de Seizan que la première étape de la création de son futur chef d'œuvre était terminée. Il ne lui restait que l'ultime étape de l'aiguisage avant d'en finir et que notre kensei puisse enfin essayer son nouveau jouet. Impatient et sur un ton amicale, Ganryu répondit à cette bonne nouvelle :

-Aaah ! C'est ce que je voulais entendre. Pas de problème, prenez votre temps. De toute façon comme le reste de ma paye y passe, je vais avoir pas mal de temps libre pour m'habituer à la prise en main de ce bijou pendant la fin du mois. Le temps que je ne passerai pas à l'auberge sera consacré à son domptage. Vous pouvez être certain que je vais en prendre soin.

Bon... En réalité, même s'il pensait sincèrement ce qu'il venait de dire, Ganryu n'était pas très soigneux avec ses affaires. Ca lui arrivait souvent de briser et perdre son matériel. Son style de combat était pour le moins, bordélique ! Le terme de "brûte incontrôlable" qu'avait lu le seizankage dans le rapport du dernier supérieur hiérarchique de Ganryu était là pour en témoigner.
Cependant avec la démonstration à laquelle il venait d'assister, accompagnée de la ristourne bien venue que lui avait proposé le Tadake, notre héros essayait de se convaincre que pour une fois il prendrait soin de ses affaires. Et puis si jamais un malheur devait arriver à sa future lame, au moins son interlocuteur avait l'exclusivité du travail de son équipement. Ca le rassurait un minimum... C'est donc avec le même ton amical que précédemment qu'il annonça :

-Et bien allons-y pour l'affutage alors ! Je vais continuer d'observer si ça ne vous dérange pas. Désolé si je reste silencieux. Je suis du genre à aimer regarder les gens travailler en silence. Surtout quand ils sont si doués.

Il se rassit alors sur son modeste petit siège, croisant les bras tandis qu'un large sourire se dessinait sur son visage. La fin proche de son attente faisait battre son cœur. Cela faisait si longtemps, peut être même depuis l'enfance, que notre kensei n'avait pas ressenti pareille excitation.

Si c'était la première fois que Kyoshiro s'attaquait à la création d'une arme de cette taille, cela ne se voyait pas du tout. L'acier noirci de la lame brillait d'une lueur bleutée, tandis que le fil du tranchant acéré que venait de lui donner le forgeron aux cheveux cendrés chantait encore les ultimes notes de musique composées par le passage de la pierre à aiguiser. D'un geste d'une aisance presque effrontée, le samurai aveugle dévoila l'arme colossale au regard de notre kensei, comme si l'immense épée ne pesait pas plus lourd qu'un simple katana.
Décidément le village de Seizan no Sato était surpeuplé par les colosses au physique titanesque. Quand Ganryu était en mission au nord de la Province des Ours, il était bien souvent le seul gars de toute la région à toucher les deux mètres de hauteur. A peine rentré au village caché des Montagnes Bleues et voilà qu'il croisait déjà une troisième personne avoisinant la même taille que la sienne. Vu qu'ils partageaient tous les deux la même stature, il n'était pas vraiment surpris par la force de interlocuteur. Il n'était juste pas encore habitué à fréquenter des gens possédant comme un lui un physique remarquable.
Tandis que son interlocuteur lui tendait l'épaisse lame à double tranchant, il l'encourageait à lui faire une petite démonstration, histoire de vérifier que son travail offrait une bonne prise en main à notre kensei. Ganryu se gratta alors la tête et d'une voix légèrement gènée il lui répondit:

-Et bien ça ne me dérange pas ! En revanche, je ne suis pas un grand fan de la pratique des katas. Je vous préviens tout de suite, ça risque d'être... Comment dire ? .... Un peu brute de décoffrage, si vous voyez ce que je veux dire...

Le jonin de Seizan s'avança alors vers son camarade. Il tendit la main pour se saisir de la garde de l'arme avec la même facilité que son compère. Tandis qu'il tenait la lame dans sa main droite, son œil s'amusa à se balader l'espace de quelque secondes le long du tranchant couleur nuit qui se dévoilait à lui. Tandis qu'il la faisait pivoter de sa seule main droite, faisant passer l'épaisse épée de la position verticale à horizontale avec une facilité déconcertante, il ne put s'empêcher de laisser un petit sifflement glisser entre ses lèvres, en signe de reconnaissance:

-Pfiou ... On peut dire que vous avez fait un superbe travail Kyoshiro. L’équilibre de cette arme est parfait ! Décidément je ne regrette pas de vous avoir rencontré. Sortons dehors pour ce petit test si vous voulez bien ?  Cette chose est ... imposante... Je ne voudrais pas tout retourner dans votre atelier en la manipulant.

Ganryu se dirigea alors l'arme au poing, vers l'entrée du petit atelier de Kyoshiro. Il en passa la porte et se retrouvait maintenant dans l'une des immenses cavernes qui avait été creusées dans la montagne pour y abriter les forges. L'endroit n'était que très peu éclairé au moyen de quelques torches accrochées aux parois. On avait du mal à discerner les contours du corps de notre héros dans l'obscurité ambiante. S'imaginant que cela ne poserait pas de problème pour son compère aveugle, il se mit en position, ancrant fermement ses appuis dans le sol.
Tandis qu'il tenait fermement son arme de la main droite, il se lança alors dans une démonstration d'un enchaînement en trois coups. Effectuant une frappe rotative à une main dont l’intensité fit vaciller les flammes des flambeaux situés tout en haut de la caverne, il enchaîna ensuite d'une frappe à deux main ascendante, décollant alors de plusieurs mètres en l'air. Tandis qu'il atteignait l'apex de son bond, il effectua alors une puissante frappe à deux mains en direction du sol. Lorsque ses pieds vinrent s’enfoncer dans le sol, il ne manqua pas d’arrêter l’élan de l’imposante arme dans sa frappe finale, avec une facilité pour le moins déconcertante. Évitant ainsi à sa lourde épée de s’enfoncer dans le sol de granite situé sous ses pieds, histoire de ne pas abîmer le chef d’œuvre du Tadake dès sa première utilisation. On avait pu sentir toute la brutalité et la force du kensei tandis que le souffle créée par son enchaînement s’était répandu dans tout l’espace autour des deux hommes. Et il ne s’agissait là que du souffle créé par la seule force qu’il avait imprimé dans ses coups. Car si l’affinité primaire du chakra de notre héros était le futon, il ne connaissait absolument aucunes techniques de ninjutsu.
Alors qu’il jetait un dernier coup d’œil à son nouvel espadon, il se retourna alors vers Kyoshiro puis lui confirma d’une voix plus que satisfaite :

-Bon désolé pour le style un peu … bordélique.. de ma technique. J’ai tendance à pas sentir ma force. Enfin ce qui est sûr, c’est que cette arme est incroyable ! Vous avez fait du très bon boulot ! Vous pouvez être sûr que je vais parler de vos talents à mon entourage. Mais bon j’imagine que si vous produisez régulièrement des armes de cette qualités, votre réputation doit déjà être toute faite .. Tenez voilà comme promis !

Alors qu’il terminait sa phrase en détachant la petite bourse contenant les deux-cent-cinquante ryos promis. Il la lança ensuite en direction des mains du forgeron aveugle. On aurait pu croire à une petite blague blague, mais notre kensei n’était pas dupe. Il savait très bien que son nouvel associé n’aurait aucun mal à attraper la bourse au vol malgré son handicap.