Le visiteur venu de Toge, déambulait à présent aux côtés de l'élégante samouraï, qui s'était présentée comme équipière de Tadake Kyoshiro. Il y avait visiblement autre chose dans cette relation, dont il pouvait vaguement pressentir la nature, mais il ne souhaitait se montrer trop indiscret avec Hotaru, qu'il venait après tout seulement de rencontrer. D'autant plus qu'il ne voulait de nouveau l'embarrasser, sans cette fois-ci la présence d'Ao afin de voler à son secours. Il lui paraissait toutefois adapté de profiter de ces quelques moments, afin d'en apprendre davantage sur sa guide, et l'homme qu'il était venu rencontrer. Au moins savait-il désormais qu'il était lui-même forgeron, le faisant s'interroger sur ce qui semblait être à Seizan une tradition répandue.



Beaucoup de combattants développaient un attachement, voire une connexion particulière avec leur arme. Le Faucheur n'appartenait point à cette catégorie, quand bien même prêtait-il toutefois une attention certaine à la qualité martiale et esthétique de ses sabres. S'il pouvait voir une certaine valeur émotionnelle ou affective dans sa lame ou son armure, ce n'était guère entre lui et cette dernière, mais éventuellement entre l'artisan et sa propre personne. A Seizan, cette culture du Fer était toute autre, et nombre de ses ressortissants devaient considérer leur arme comme une extension d'eux-mêmes, ou d'une entité à part entière. Une philosophie intéressante, et presque spirituelle, qui saisissait l'intérêt du moine-guerrier.



Une question a priori peu intrusive, que l'apôtre de Jashin espérait suffisamment innocente, afin de ne guère mettre son accompagnatrice de nouveau mal à l'aise.

Hotaru guidait le prêtre être les différentes forges, empruntant un chemin qu’elle avait fait un nombre incalculable de fois depuis quelques semaines seulement. Elle qui autrefois évitait les forges comme la peste, la voilà, toujours en train d’essayer d’y retourner … l’ironie ne lui avait pas échappée.D’ailleurs, son compagnon du moment en profita pour lui demander si elle-même savait forger, ce à quoi elle répondit d’abord en secouant la tête



La dernière phrase était définitivement plus pour elle que pour Kirei, dite à demi-voix, comme les pensées qu’on l’on dit tout haut par accident. Puis la discussion tourna vers le sujet de cette rencontre, le samouraï-forgeron lui-même. Un petit sourire timide vint aux lèvres de la jeune femme alors qu’elle détourna le regard, évidemment gênée d’avouer qu’elle ne le connaissait pas depuis si longtemps.




Rapidement, la forge en question se dessina devant eux et d’un geste de la main Hotaru l’indiqua Kirei. Elle accéléra d’ailleurs un peu le pas.



Hotaru ouvrit donc la porte d’un geste presque théâtral et désigna à son compagnon du moment d’entrée avant elle. Une fois entrée à sa suite, elle s’élança près de l’homme. Alors qu’elle le saluait, elle posa une main dans son dos. Elle n’osa pas faire de geste plus intime étant donné qu’ils n’étaient pas seuls, mais sa main resta quelques instants de trop.



Elle se retourna ensuite, désignant Kirei avec qui elle était arrivée.



Ajouta-t-elle en regardant l’homme, un sourire embarrassé sur le visage. Après tout, se rappeler parfaitement du nom de quelqu’un qu’on vient de rencontrer, ce n’était pas tout le temps évident.

Les jours se suivaient et se ressemblaient, c'était peu de le dire. Le jeune homme continuait de s'entraîner d'arrache-pied, pour mettre au point un style de combat qui pourrait lui être proche, tout en gardant en tête les leçons apprises lors de son affrontement avec Shun. Sa maîtrise technique était bonne, certes, mais son corps ne suivait pas. Il n'était pas assez fort, pas assez rapide et il allait devoir se pousser encore et toujours plus loin. Pourquoi continuait-il donc à forger, au lieu de se focaliser sur ses propres lacunes ? Parce que le commerce n'attendait pas, et que servir ses clients, en temps et en heure, était un moyen de plus de se faire connaître dans tout Seizan et au-delà.
Viendrait un jour où il pourrait se permettre de se focaliser sur un point plutôt que l'autre, viendrait un jour où il aurait le choix mais, en attendant, il devait être sous tous les fronts, pour faire grandir sa légende et son influence. Aujourd'hui il venait de finir d’affûter une lame, de préparer une commande qui serait récupérer, plus tard, en fin de journée. Il venait d'installer le manche et la garde, celle-ci portant effigie d'un dragon qui était sa marque de fabrique, lorsqu'il sortit de sa torpeur en sentant une main dans son dos. Légèrement surpris, le colosse reprit le contrôle de ses sens, pour identifier la personne comme étant Hotaru, celle qui était entré dans sa vie et son quotidien, peu de temps auparavant. Un sourire amusé sur le visage, le jeune homme répondit à sa première question d'un :



Il était tellement concentré sur sa tâche, qu'il n'avait pas réalisé que la demoiselle n'était pas arrivé seule. Il enregistra l'identité de la personne, un nom encore jamais entendu jusqu'à présent. Inconnu, ou simplement touriste de passage ? Quelle que soit la réponse, le jeune homme passa l'arme nouvellement forgée dans sa main gauche, tendit la droite vers le nouveau venu, pour l'inviter à une poignée de mains, en déclarant :



Personne ne venait ici, sans raison. Attendant de savoir ce qui amenait l'inconnue ici, le jeune homme tendit le manche don sabre nouvellement forgé vers Hotaru, pour l'inviter à se saisir de l'arme, avant de lui demander de lui rendre un petit service.



Oh il savait que cette création était réussie. Il était l'un des meilleurs forgerons de Seizan, mais l'avis de Hotaru était suffisamment précieux pour que le jeune homme lui demande une petite démonstration, avant de rendre la lame au client qui arriverait, d'ici quelques heures.

Être capable de forger son propre équipement, notamment lorsque l'on utilisait des armes de jet en abondance, était effectivement un avantage non-négligeable. Surtout si l'on devait sinon régulièrement se réapprovisionner de ses propres deniers. Le Faucheur ne fut non plus point surpris, en apprenant que sa guide connaissait Kyoshiro depuis seulement quelques semaines. Une période qui ne lui paraissait pas spécialement trop courte, pour établir un véritable lien avec quelqu'un. Il en avait d'ailleurs lui-même fait l'expérience, en la personne de Meiyo. Il ne put alors s'empêcher d'afficher un sourire en sincère, en entendant Hotaru évoquer les circonstances de sa rencontre avec l'homme qu'il était venu visiter. Il était tout simplement heureux pour elle, qu'elle ait ainsi pu se retrouver dans la même escouade que lui.



Une réflexion qui pour une fois, se voulait plus encourageante que philosophique. Continuant à suivre la jeune femme à travers les imposants souterrains, ils atteignirent finalement leur destination après quelques minutes de marche. Dans un premier temps, le Souhei fut légèrement interpelé par la manière dont elle s'adressa au samouraï-forgeron, traduisant une familiarité à laquelle il ne s'attendait pas, mais qui le réjouissait intérieurement si leur relation avait ainsi pu progresser. Identifiant finalement la personne qu'il recherchait, il fut dans un premier temps impressionné par son imposante carrure, qui devait parfaitement se fondre parmi les guerriers au physique affûté caractérisant Seizan. Puis il remarqua naturellement le bandeau qu'il portait autour des yeux, témoignant sûrement de cette cécité que l'on lui prêtait, tandis que la demoiselle l'annonçait à leur hôte.



S'approchant de Kyoshiro, celui-ci avait rapidement remarqué sa présence, le saluant aimablement tout en tendant sa dextre en sa direction. S'il ne pouvait peut-être pas discerner l'expression des plus joyeuses qui se dessinait sur le fasciés de Kirei, ce dernier tenta de la communiquer à travers son geste. Ses fins doigts répondirent à l'invitation de son nouvel interlocuteur, étreignant sa main avec un mélange de légère fermeté dans sa poigne, et d'une certaine délicatesse dans le toucher.



L'imposant bretteur avait également invité Hotaru à tester ce qui semblait être sa dernière création en tant que forgeron. Si l'apôtre de Jashin ne pouvait réellement l'observer minutieusement depuis l'endroit où il se trouvait, l'apparence générale de la lame et la qualité du travail fourni au niveau de la poignée pouvaient raisonnablement laisser présager d'une véritable réussite. Il restait cependant à attendre la confirmation d'Hotaru.

La réponse de Kirei à son petit aveux arracha un sourire à la femme samouraï. C'était bien vrai, parfois, c'était bien tout ce qu'il fallait, quelques semaines … Elle ne s'était jamais vraiment arrêtée pour y réfléchir avant. Plusieurs raisons, dont la plus facile : elle n'avait pas eût le temps. Elle avait tout mis sur le dos du hasard sans hésiter, mais l'alternative qu'offrait le prêtre était bien plus romantique dans son esprit. Le destin. Oui ça pouvait bel et bien être le destin. Elle sentit une bouffée de chaleur lui monter aux joues avant de détourner son attention de son compagnon du moment, se sentant un peu niaise.

Lorsque Kyoshiro lui renvoya sa question, elle ne put s'empêcher de sourire encore plus. Parfois, il la faisait se sentir comme une adolescente vivant son premier amour. Il ne lui en fallait que très peu pour lui faire tourner la tête pour changer le rythme des battements de son cœur, au grand damne de la samouraï. Elle n'était plus une enfant et pourtant …

Elle lui répondit d'un murmure, clairement ce n'était que pour ses oreilles à lui :



Elle aurait bien voulu ajouter d'autres détails d'autres petits mots doux, mais jugea plus avisé de les garder pour elle à ce moment précis. Peut-être que si elle avait connu Kirei davantage, elle se serait permise un peu plus, mais elle venait à peine de le rencontrer et ne voulait pas étaler sa relation naissante aux yeux de tous. Elle avait déjà bien du mal à s'y retrouver seule de toute façon.

Kyoshiro et Kirei se tendaient la main en une bonne poignée alors que Hotaru resta un peu plus en retrait. Lorsque Kirei expliqua la raison de sa visite, la guerrière ne pu cependant s'empêcher de répliquer :



Dans son ton comme sur son visage on pouvait y percevoir la moquerie amicale. Le jeu auxquels les deux chunins de Seizn se prêtait depuis leur rencontré.

Kyoshiro lui présenta tout de même le sabre pour qu'elle lui partage son avis. Alors qu'elle le prenait, elle marmonna quelque chose ressemblant à : " ouais c'est ça pêche pour des compliments, tu le sais que ta l'âme est presque parfaite comme tout le temps."

Et comme elle l'avait prédit, une fois en main l'arme était parfaitement balancée. Un coup, deux coups, elle tranchait l'air avec aisance. Hotaru fixa son amant avec une mine déçue et déclarant avec une pointe dramatique :

Cette forge était le sanctuaire de celui que ses parents avaient surnommé si peu affectueusement l'enfant de l'hiver. C'était le seul endroit au monde où il se sentait réellement à sa place. Le seul endroit où il pouvait faire autre chose que détruire, mais bien donner vie à des lames, des armures, des outils permettant la défense du lieu qui l'avait vu grandir et prospérer. Il n'aimait donc guère avoir de la visite, il n'aimait pas voir quelqu'un venir perturber la tranquillité de ce lieu mais, de temps en temps, c'était vrai, il lui arrivait de faire des exceptions.
Certes il accueillait les clients, les samouraïs en quête de nouveauté, mais ceux-ci ne restaient jamais plus que quelques minutes, avant de repartir d'où ils venaient. C'était très bien comme cela. Seulement depuis quelques jours, le Tadake avait eu le plaisir de recevoir la visite régulière de son amie, sa partenaire, son équipière qui, pour une raison qui échappait à l'aveugle, semblait trouver un certain réconfort à profiter du spectacle qu'il donnait, tous les jours. Oh il n'allait clairement pas s'en plaindre, surtout quand elle ramenait avec elle un nouveau client au jeune homme. Si cela continuait, peut-être devrait-il penser à lui fournir une partie de ses profits, en remerciement pour ce service rendu.

Tout commerçant qu'il était, le jeune homme se présenta donc au nouveau venu, à cette personne encore jamais venue ici, tout en gardant un « œil » sur sa belle camarade, en espérant qu'elle puisse rester ici, avec lui, même lorsque cette entrevue serait terminée. L'inconnu se présenta alors, déclarant qu'il était adepte de la voie du sabre, et que le concept d'un talentueux sabreur dépourvu de lumière avait su attirer son attention. Mais ce ne fut pas le premier point sur lequel le concerné rebondit, non. Certes il connaissait Satoru, même s'il ne l'avait pas vu depuis une éternité, mais c'était surtout le prénom de la collègue borgne qui sonna dans un coin de sa tête.



Il plaisantait, évidemment. Bien sûr qu'il avait fait forte impression. C'était de l'enfant de l'hiver dont on parlait, là ! Mais la Oomori, joueuse comme elle en avait l'habitude, essaya de tempérer les propos de l'inconnu, lui demandant de ne pas trop complimenter le forgeron. Ce dernier, un sourire amusé sur les lèvres, protesta sur un ton léger :



Restait maintenant à en revenir au cœur du sujet. Il était curieux, certes, mais que pouvait y faire le Tadake ? Lui faire un grand exposé sur la façon dont il avait surpassé ses lacunes ? Lui faire une démonstration de sa maîtrise, sabre à la main ? Sans réponse claire, le Tadake lâcha alors :



En parlant de curiosité, le jeune forgeron avait demandé à sa camarade de lui donner son avis sur la lame créée. Il n'avait aucun doute sur ses talents, certes, mais c'était une façon détournée d'impliquer la belle dans une des activités principales du colosse. L'enfant de l'hiver sourit quand la demoiselle confirma ce qu'il pensait, confirma la qualité de l'arme, et le colosse répondit alors :

En tant que samouraïs et forgerons appartenant au même village, il n'était pas étonnant que Kyoshiro et Honoka se connaissent, et aient pu ensemble accomplir certaines missions. Le Faucheur remarquait également la complicité qui semblait qui semblait régner entre ses deux interlocuteurs, même si la jeune femme faisait peut-être preuve de retenue afin d'éviter une manifestation de familiarité trop poussée en la présence d'une tierce personne.

Si leur première conversation avait induit le Souhei à croire qu'il s'agissait peut-être d'un intérêt unilatéral, il révisait progressivement son jugement, en ce que l'imposant bretteur n'apparaissait nullement mécontent de la visite d'Hotaru. Bien au contraire. Sur un ton humoristique, celle-ci l enjoignait d'ailleurs à faire preuve de retenue sur les compliments qu'il pouvait faire, ou rapporter au sujet de son coéquipier, qui pour sa part, appréciait entendre ces louanges rendant hommage à ses talents.



Si ses talents de combattants ne pouvaient réellement s'évaluer à travers le katana qu'il venait de forger, sa renommée en tant que forgeron n'était a priori aucunement usurpé. Si la demoiselle savait manier les armes de jet, l'apôtre de Jahsin pouvait aisément percevoir sa maîtrise du Kenjutsu sur les quelques mouvements qu'elle effectua, afin de donner son impression sur la dernière création de son partenaire. Son avis était incontestablement celui d'une personne connaissant son sujet, et son verdict était sans appel, quant à la qualité de la lame à laquelle il venait de donner naissance.

Kyoshiro pour sa part, reconnaissait que la curiosité n'était guère une mauvaise chose en soi, une remarque qui fit prendre conscience au jeune moine qu'il pouvait potentiellement manquer de tact, en s'intéressant de cette manière à un inconnu sur la base de ce qu'il avait pu entendre de lui. En l'occurrence, ses prouesses de sabreur, en dépit de l'absence de lumière dans ses yeux. Une situation qui ne pouvait que forcer le respect, si ce n'est susciter l'admiration du prêtre de Tsukuyomi, qui répondit tout d'abord en s'excusant préventivement de l'impression qu'il aurait pu donner.

 Le monde semblait bien petit tout d'une coup. Tout le monde semblait connaître tout le monde, même lorsqu'il n'était pas du même village ou qu'ils avaient grandit autre part. C'était impressionnant quand même, il fallait l'avouer.



Le ton toujours taquin et un immense sourire plaqué aux lèvres, Hotaru n'avait aps su tenir sa langue lorsque Kyoshiro avait demandé qu'elle laissât son égo en paix. Elle se retint cependant de sauter sur l'autre perche qu'il tendait. Après tout, elle n'allait pas en faire trop non plus. Elle se contenta de sourire lorsque Kyoshiro mentionna que Kirei avait l'oeil pour trouver le talent, gardant la sa répartie pour elle-même.



Elle avait pris un ton à demi taquin et à demi sérieux à la fois. Son regard traîna sur la lame un instant avant de la remettre à son compagnon à nouveau. Il faisait de la magie dans cette forge, il n'y avait pas de doute. Non seulement la samouraï aimait admirer Kyoshiro travailler, mais encore plus, elle avait une certaine fascination pour les armes qu'il produisait. Des chef-d'oeuvres tous autant les uns que les autres et pourtant il ne voyait rien.

Si elle adorait sa compagnie, elle aimait tout autant le voir à l'oeuvre. Jamais elle ne s'en lassait.



Pas qu'elle en conanissait d'autre personnellement, mais Hotaru ne pouvait nier être impressionnée par la résilience de son amant. Il s'était taillé un nom, une réputation et son travail acharné avait fait de lui l'un des meilleur guerriers qu'elle connaissait. Aveugle ou non, ça valait tout même de la reconnaissance. Et même si elle le chariait en parlant de son égo, elle ne croyait pas une seule seconde qu'il ne méritait pas les compliments qu'il recevait.



Il y avait de la fierté dans sa voix. Certes elle ne l'avait pas rencontré il y avait de cela si longtemps, mais de savoir un homme comme lui dans sa vie … Elle seccoua la tête un instant pour chasser tout ça de son esprit. Non mais qu'est-ce qu'il ne fallait pas penser, vraiment !

On ne complimentait jamais quelqu'un sans raison, l'aveugle le savait bien, mais c'était toujours agréable de sentir quelqu'un venir flatter son ego. Alors oui, Hotaru ne manquait pas de se moquer, d'affirmer qu'avec un tel melon il aurait bientôt du mal à passer les portes, mais l'aveugle ne manquait pas de répartie sur le sujet, pour autant. On attendait de lui qu'il soit modeste, et qu'il accepte silencieusement son sort ? Oh non, ce n'était absolument pas son genre ! Souriant, il répondit avec autant de légèreté, à sa camarade :



Vint alors le sujet de la borgne, que Kirei semblait déjà connaître. En même temps, avec une telle personnalité, était-ce vraiment étonnant de savoir qu'elle faisait parler d'elle, à ce point-là ? Elle était guidée par le même feu que l'aveugle et, tout comme lui, elle n'avait clairement pas la langue dans sa poche. Souriant, se rappelant des deux fois où le forgeron avait pu travailler avec la demoiselle, il retint un ricanement en répondant :



Vint alors le sujet de sa propre réputation, celle forgée au fil des années et qui, malheureusement, n'était pas encore assez grande au goût du colosse. Il était un homme impatient de nature, voulant tout et tout de suite, mais il comprenait bien que jouer avec de l'humain était un peu plus délicat que prévu. L'opinion était changeant comme le vent, mais le meilleur moyen de s'assurer une solide réputation était de continuer à travailler, encore et toujours. Quand Kirei annonça qu'il n'était qu'un modeste messager de la réputation du Tadake, le concerné répondit alors, sobrement :



De cela, il n'avait absolument aucun doute. Cela lui prendrait peut-être plus de temps que prévu, mais il finirait par être le meilleur guerrier de ce monde. Il ne s'arrêterait pas avant et, si la belle Oomori semblait persuadée de sa réussite, de sa capacité à réussir dans tous les domaines, il n'y avait qu'un seul sujet qui intéressait vraiment le colosse.



Vint alors le sujet principal : les origines de Kyoshiro. Certes, certaines parties de son histoire n'étaient que pour lui et pour lui seul, Hotaru en connaissait déjà quelques détails, mais le Mahayana ne pouvait décemment pas s'attendre à tout connaître dés sa première rencontre. Ses questions n'étaient pas nouvelles, Kyoshiro y avait eu le droit plusieurs fois mais, cette fois-ci, il donna un tout petit peu plus de détails que d'habitude.



La fin du speech de Kirei fit naître un nouveau sourire sur le visage du colosse, alors qu'on le flattait à nouveau sur sa réussite et le fait d'avoir réussi à surmonter tous ces obstacles. Décidément, cette rencontre s'améliorait de seconde en seconde ! Souriant, Kyoshiro se tourna alors vers Hotaru, la remerciant pour cette délicieuse visite, d'un :



Puis vint alors l'ultime question de la Oomori. Kirei était-il un épéiste, lui aussi ? Question légitime, mais qui ne manqua pas d'aiguiser à nouveau la curiosité du colosse.

Il était amusant de suivre les interactions entre Hotaru et Kyoshiro, ce dernier étant doté d'une fort belle répartie lorsqu'il répondit à la première. De quoi détendre l'atmosphère, quand bien même avaient-ils évoqué un sujet potentiellement plus lourd, a fortiori pour le principal intéressé. Malgré tout, la jeune femme concéda elle aussi un compliment à son partenaire, le reconnaissant comme le meilleur aveugle qu'elle connaissait. Si elle s'était interrompue là, le prêtre de Tsukuyomi n'aurait nullement manqué de lui demander s'il était le seul qu'elle connaissait à être privé de lumière, afin de déterminer s'il s'agissait d'une véritable éloge ou d'une nouvelle taquinerie. Mais la suite de ses propos ne laissaient plus de doute quant à la réalité de son admiration. Quant au bretteur, il faisait cette fois preuve d'humilité, avançant que sa réputation n'en était qu'à ses prémices, et que s'il doutait de pouvoir réellement tout accomplir, il essaierait de faire de son mieux.

Comme il était possible de le redouter, la vie n'avait effectivement point été tendre avec l'imposant  samouraï-forgeron, dont le handicap le prédestinait à un triste avenir, et à être perçu comme un fardeau plutôt qu'autre chose. C'était sans compter sur sa formidable volonté, et nécessairement d'autres talents intrinsèques, qui lui permirent de surmonter cette situation, afin de devenir celui qu'il était aujourd'hui. Un accomplissement des plus inspirants, dont la pensée suscitait des frissons chez le Souhei, lui qui vouait une grande admiration à ce type de personnes et à cette forme de résilience. La manifestation concrète du pouvoir de l'esprit, et des limites du corps pouvant être transcendées, à l'instar de Kyoshiro qui avait dépassé son absence de lumière pour s'élever davantage. Sa réaction aux compliments que venait de lui faire Kirei, décrocha un nouveau sourire aux lèvres de ce dernier, qui n'oublierait certainement pas cet exemple.



Des paroles qui n'étaient guère tombées dans l'oreille d'un sourd - mais d'un aveugle, dont l'ouïe était  certainement bien plus développée que la moyenne - le colosse prenant intérêt de la situation, curieux de connaître les talents du Faucheur. Une curiosité réciproque, et peut-être l'opportunité pour le Togejin de découvrir de lui-même la manière dont son hôte combattait. De prendre la mesure de l'exploit qu'il avait accompli en surmontant toutes les difficultés lui ayant été injustement jetées à la figure depuis sa naissance. Malgré tout, l'apôtre de Jashin devait aussi se montrer prudent, et ne pas non plus attirer trop l'attention en s'adonnant à une démonstration ou un entraînement attirant la curiosité des spectateurs. Et ce, indépendamment de ses compétences, car dans l'idéal, il voulait laisser le moins de souvenirs possibles de lui-même auprès des éventuels badauds.

La réponse de Kyoshiro à sa taquinerie arracha un sourire à Hotaru qui se força tout de même à laisser un faux soupir d’exaspération franchir ses lèvres. Elle ne voulait absolument pas le laisser gagner ! bien qu’elle ne puisse s’empêcher de lui offrir un compliment par la suite. Il retourna le compliment qu’elle lui fit avec une certaine modestie, mais Hotaru ne renchérit guère.

Lorsque son amant conclut qu’il aimait bien Kirei, la samouraï éclata de rire. Elle n’avait pas vraiment de contrôle sur la présence de Kirei, mais elle lui tendrait l’invitation si elle venait à recroiser son chemin.



Mais elle se tourna donc vers le moine et ajouta de son ton naturellement joyeux :



Bon, c’en était assez des plaisanteries. Elle laissa à Kirei la chance de place ses quelques mots. D’abord, il reconnaissait la résilience de Kyoshiro et le travail qu’il avait mis derrière son entraînement pour devenir le samouraï et le forgeron qu’il était. Elle sentit une pointe de fierté d’être associé à un tel homme. Son handicap ne rendait ses réussites que plus impressionnantes – et elles l’étaient déjà bien pour le commun des mortels. Elle offrit à son amant, bien qu’il ne puisse le voir, un regard montrant sa fierté, mais également un sourire sincère. De ceux qu’on offrait lorsqu’on voyait un vœu être exaucé.

Puis, Kirei la questionna sur son habileté au sabre. Le sourire de la samouraï se métamorphosa, passant d’heureux à passablement arrogant.



La diversité de ses armes avait toujours été pour Hotaru un plaisir. Elle avait toujours adoré pouvoir prendre l’arme le plus approprié à la situation … quelque soit la situation. Chose qui la rendait plutôt pratique dans une équipe, pouvant assumer, presque n’importe quelle position dans une formation. Elle était prête à toute éventualité.

Puis, lorsque Kirei mentionna qu’il ne souhaitait pas nécessairement combattre dans la forge, Hotaru ricanna un peu avant de d’ajouter :



Bon, son combat avec Maho n’en avait pas réellement été un, mais ils avaient tout de même échangé quelques coups au milieu de l’espace libre, juste là à côté de Kirei.

En vérité, Kyoshiro n'était pas aussi confiant qu'il le laissait paraître. Il connaissait l'importance du jeu des apparences, l'importance de paraître confiant pour faire croire aux autres qu'il l'était, mais il avait encore bien trop de choses à régler avant d'être complètement en paix avec lui-même. Dévoré de l'intérieur par son complexe d'infériorité, il avait fait de son mieux pour compenser à travaillant plus qu'aucun autre et, si cela était toujours agréable de se voir couvert de compliments, il savait que la moitié d'entre eux n'étaient pas encore mérité. Oh certes il en avait fait du chemin depuis le jour où il avait été abandonné, sur ce chemin de montagne, il avait appris à combler en partie le plus gros de ses handicaps jusqu'à arriver au même niveau que ses autres collègues, voyants, mais c'était encore loin d'être suffisant.
Il ne voulait pas être connu comme le guerrier ayant réussi à rivaliser avec les samouraïs de seizan, malgré son handicap. Il ne voulait pas être connu pour avoir réussi à passer au-delà de son manque de lumière. Il voulait être connu pour être le meilleur guerrier de ce monde et, cécité ou non, cela demandait des efforts de toute une vie. Alors oui, il prenait chaque expérience pour en tirer tous les enseignements possibles, pour parfaire ses connaissances et, s'il affichait toujours un sourire d'assurance, c'était pour masquer l'ampleur de la tâche qui l'attendait.

Le Tadake n'était pas du genre à se victimiser, raison pour laquelle il ne parlait pas de son passé sauf si on le lui demandait, et encore, dans ces cas-là il restait quelque peu évasif. Il n'avait aucune honte à parler de son handicap, à parler du poids pour la société qu'il aurait pu être mais certaines choses, par contre, devaient rester secrètes. Il expliqua donc sa situation à Kirei mais, pour le reste de l'histoire, les détails les plus inavouables, seule Hotaru les connaissait et cela ne changerait pas. Hochant la tête en souriant, écoutant les compliments lui être envoyés les uns après les autres, Kyoshiro répondit alors à Kirei, sincèrement :





Effectivement, comme le disait Kirei, la situation de l'aveugle remettait le concept de difficulté en question. Souriant aux remarques de Hotaru, espérant qu'elle puisse organiser une autre rencontre avec l'homme qui se trouvait devant eux, aujourd'hui, l'aveugle écouta ensuite la demoiselle parler à l'invité, ce dernier expliquant son parcours avant de s'interroger sur les armes maîtrisées par la demoiselle. Le Tadake resta donc silencieux, amusé par le nombre d'armes que la Oomori pouvait manier sans difficulté, reconnaissant qu'elle possédait une évidente précision qu'il n'aurait jamais. Elle avait un talent évidente et le même désir de vaincre que lui, raison pour laquelle ils s'entendaient si bien.  Kyoshiro écouta donc Kirei expliquer qu'il serait intéressé par un entraînement, par le fait d'éprouver ses talents comme un autre et, quand Hotaru confirma que la forge était un terrain d'entraînement aussi bien qu'un autre, que ce lieu en avait déjà vu d'autres, le Tadake ricana doucement. C'était vrai, oui, mais il avait besoin de plus d'espoir pour se mouvoir, en raison de son style tout en agilité et en rapidité.
Haussant les épaules, admettant qu'il avait fini le travail, il rangea dans un coin l'arme qu'il venait de finir de forger, confirmant :





Pivotant sur place, il attrapa deux katanas émoussés, deux lames d'entraînement avant d'en lancer une à Kirei, expliquant :





Certes il aurait pu se battre avec une lame à part entière, parfaitement aiguisée, mais pourquoi prendre le risque ? Sortant de la forge, direction le terrain d'entraînement, il passa à côté de Hotaru et posa une main sur son épaule, lui souriant légèrement en poursuivant sa route. Décidément, les rencontres avec cette demoiselle étaient toujours pleines de surprises.

Le prêtre de Tsukuyomi ponctua son intervention par un rire amical, participant volontiers aux plaisanteries du tandem l’accueillant en ces lieux. Si la malgré la forme, la proposition restait quant à elle sérieuse, il reviendrait ainsi avec plaisir.  Le sourire et la bonne humeur d’Hotaru étaient clairement contagieux, et s’ils ne connaissaient ses hôtes que depuis très peu de temps, le Faucheur se sentait à l’aise et trouvait l’atmosphère plutôt détendue, malgré le sujet plutôt difficile qu’il venait d’aborder. Il comprenait aisément la fierté ou l’admiration que pouvait ressentir la jeune femme à l’égard du forgeron, lui qui s’était justement rendu jusqu’ici car il trouvait sa situation, et désormais son histoire, des plus inspirantes et dignes du plus grand des respects. Comme il le déclara lui-même, rien n’était impossible à qui s’en donnait les moyens, et l’existence de cet homme avait de quoi apporter espoir, réconfort et motivation.

Puis la radieuse expression de son interlocutrice évolua alors quelque peu, lorsqu’elle lui répondit par l’affirmative : elle témoignait bel et bien d’une certaine maîtrise des armes de jet, autant que celles de corps-à-corps.



Depuis toujours, polyvalence et spécialisation étaient deux écoles opposées et complémentaires, bénéficiant chacune de leurs forces et faiblesses. Lorsque l’on appartenait à l’une d’entre elles, il était dès lors facile mépriser l’autre… Ou au contraire, de trouver plus verte l’herbe du jardin d’à côté.

A priori, la forge avait déjà servi de scène à quelques affrontements. Des propos qui ne surprenaient guère le moine, compte-tenu de la tradition martiale de Seizan. De telles exhibitions publiques improvisées étaient sans aucun doute plus rares dans les autres villages, et risquaient même d'être perçues comme des rixes ou des esclandres à interrompre. Kyoshiro suggéra toutefois une solution plus intime qui rassurait quelque peu le Togejin, faisant mention d'un terrain d'entraînement parfaitement adapté à la situation. De cette manière, il n'aurait point à se produire sous l'œil d'inconnus, et si le forgeron avait terminé son travail, alors il le suivrait volontiers un peu plus loin où ils pourraient être plus tranquilles.



Se saisissant du katana que lui confiait le samouraï, le Souhei appréciait les précautions qu'il préférait prendre, car un accident stupide était facilement arrivé.  



Le Faucheur disait la stricte vérité. La seule subtilité, c'est que ses anciens projets qu'il venait d'évoquer, avaient été remplacés à la dernière minute par sa rencontre avec Watari Kasumi ; aux côtés duquel il comptait honorer le Seigneur avant de rentrer au Temple de la Lune...

La mention de Shizuka arracha un autre sourire à la samouraï. Se rappelant leur petite aventure à Tsume no kuni, Hotaru ne pouvait qu’avoir apprécier la moniale et donc l’idée de la revoir lui plaisait définitivement. Elle se permit donc d’ajouter sur un ton amusé :



Décidemment, elle avait une certaine affinité avec ceux qui avait une tignasse aussi blanche que la neige : Kyo, Kunao, Shizuka et maintenant Kirei … Il n’y avait pas à dire, le blanc devait être sa couleur chanceuse. Elle garda cependant la pensée dans un de sa tête avant de répondre à l’affirmative à son invité.

Il parlait de spécialisation, alors quelle allait dans la versatilité. S’il s’était spécialisé avec sa lame, il devait être bon avec, beaucoup plus qu’elle ne le serait jamais.  Il devait être un guerrier rivalisant avec Kyoshiro, alors qu’elle, elle était plutôt en position de support.  Un atout en équipe, une guerrière qui pouvait se débrouiller seule, mais qui brillait lorsqu’elle couvrait ses équipiers. Elle pouvait s’intégrer dans presque toutes les formations sans grande difficulté. Mais pour l’heure, c’était bien la limite de son talent. Bien qu’elle ne comptât pas s’arrêter à ça, évidemment. Elle rêvait de maîtriser toutes les armes comme une maître dans leur art, mais ce n’était pas si facile, il fallait l’avouer.



Répondit-elle à Kirei. Le ton calme, mais visiblement déçu. S’il n’en était que d’elle, elle n’aurait aucune faiblesse et toutes les armes qui lui passerait entre les mains seraient traitées comme si elle entre les mains d’un guerrier qui leur avait dévoué toute sa vie …  Mais ce n’était pas encore ça … et si elle insistait sur la polyvalence, elle ne parviendrait probablement jamais à atteindre ce rêve. Elle n’était pas bête, elle le savait.  Mais elle n’arrivait tout simplement pas à y renoncer.

À la question de Kirei, Hotaru ricana tout de même un peu avant de répondre joyeusement :



Son regard glissa vers Kyoshiro dont la réaction semblait impliquer que lui-même s’était déjà prêté au jeu. Elle l’observa ensuite donner une lame d’entraînement à Kirei. Il vint ensuite poser sa main sur son épaule, lui souriant un peu. Hotaru répondit en posant sa propre main sur la sienne une seconde, puis il poursuivit son chemin. Elle déclara d’un ton vaincu :



Elle n’était clairement pas invitée dans cet échange, sinon, Kyoshiro lui aurait tendu une arme aussi ou aurait fait un commentaire suggérant qu’elle allait faire partie du combat. Ce n’était pas comme si elle ne pouvait pas prendre Chouso et participer tout de même, mais … Elle n’allait pas forcer sa présence si elle n’était pas demandée.

Kyoshiro était un contestateur de nature. Dés qu'il en avait l'occasion il remettait en question l'ordre établi, les règles qui régissaient ce monde et le vision des choses de ses contemporains car, au final, le monde était en perpétuel changement alors pourquoi ne pas commencer par lui. Certains conservateurs, par exemple, pourraient dire que la place d'une femme était à la maison et pas sur le champ de bataille, mais ces idiots n'avaient jamais vu la férocité avec laquelle Hotaru pouvait se battre, lorsqu'on présentait un challenge à sa mesure. D'autres pourraient dire que les handicapés, les infirmes n'avaient aucun avenir autre que celui qu'on voudrait bien leur donner, mais une fois encore le Tadake leur donnait tort chaque jour. Il savait que son chemin ne faisait que commencer, qu'il devrait s'armer de patience pour obtenir la reconnaissance d'autrui mais, si le géant des montagnes était capable de reconnaître ses efforts et son talent, cela lui assurait au moins qu'il était sur la bonne voie.
Seizan, tout commencerait à Seizan. Les gens d'ici commençaient à s'habituer à la présence du jeune homme, mais cela ne rendrait pas le reste du monde plus facile à convaincre pour autant. Le Mahayana n'était peut-être pas le meilleur exemple car, de ce que Kyoshiro pouvait sentir, Kirei semblait être plus avenant et ouvert d'esprit que la moyenne, raison pour laquelle il noyait l'aveugle sous autant de compliments, simplement parce qu'il s'était élevé au rang de samouraï malgré une différence majeure.  

Le forgeron ne cherchait pas à être modeste ou à minimiser cette réussite. Il considérait juste que surmonter cette différence était le minimum requis pour être considéré comme un humain, et non un déchet ambulant. Le reste ? C'était là que le véritable travail allait commencer. Pour l'heure il écouta la discussion entre Hotaru et Kirei, ce dernier  complimentant cette dernière quant à sa polyvalence et l'atout qu'elle devait apporter dans une équipe, ce que l'aveugle ne pouvait évidemment pas contredire. Elle était aussi douée que lui, aussi volontaire, aussi valeureuse, raison pour laquelle ils formeraient une si bonne équipe, dans un avenir proche. De cela, au moins, il était certain.

Lorsque Kirei s'interrogea sur la forge comme terrain d'entraînement, avançant qu'il n'aimait pas être sur le devant de la scène à l'inverse de l'aveugle, le forgeron ne put s'empêcher de commenter :





Kyoshiro avait le physique d'un colosse et il le savait. Par sa carrure, il aurait pu jouer sur la force, maniant une lame plus grande que lui comme d'autres le faisaient, mais non. Il avait choisi la versatilité, il avait choisi de travailler sur sa technique et sur sa vitesse, plutôt que de faire de sa force son seul atout. Est-ce que cela payait ? Il était encore trop tôt pour le dire, mais il savait qu'avoir plus cordes à son arc était la clé de la réussite, car la force brute ne serait pas toujours la solution à tous ses problèmes.





Vint alors le moment de se préparer et de sortir, pour aller éprouver leurs talents mutuels sur le terrain d'entraînement. Dans sa hâte, Kyoshiro ne pensa pas du tout à tendre une arme à sa camarade, ou tout de moins il ne s'en rendit pas compte jusqu'à ce qu'elle lui demande si elle pouvait livrer sa commande à sa place. Égoïste ? Probablement, oui, mais surtout distrait. Conscient qu'il allait entendre parler de cet oubli pendant longtemps, il hocha la tête et apporta son accord, d'un :





Oh il allait devoir se rattraper pour se faire pardonner, il en était certain. Mais avant ça : entraînement !

La réciproque était vraie, et le jeune moine ne pouvait nier que ses propres forces, devaient dès lors correspondre aux faiblesses d'Hotaru. Un constat qui paraissait la décevoir, et qu'il pouvait lui-même comprendre. Après tout, qui n'avait pas rêvé de pouvoir pleinement maîtriser toute une multitude de domaines martiaux, et de ne plus compter de faiblesses ? En guise de réponse, il lui adressa ainsi un sourire réconfortant, lui qui se trouvait dans le même bateau avec la problématique opposée. Puis elle affirma avoir elle aussi échangé quelques coups au sein même de la forge, bien que ce ne fût qu'une seule fois. Un nombre déjà suffisant pour interloquer intérieurement Kirei, se demandant si chaque soldat de Seizan avait déjà combattu en ces lieux à moins une reprise au cours de sa carrière ; tel un passage obligé pour chaque samouraï digne de ce nom. Kyoshiro apporta alors des précisions qui éclairèrent la lanterne du prêtre, qui encore une fois, avait malgré lui négligé des raisons pratiques évidentes, tellement avait-il l'habitude de se perdre dans la théorie.



Permettant une plus grande liberté de mouvements... Ou de se dissimuler. Une considération que le Souhei se garda d'ajouter, ne souhaitant véhiculer l'image d'un fourbe, a fortiori de par sa fonction religieuse. Mais lorsque venait le temps de défendre sa vie et celle d'autrui, il n'avait aucune honte à user de la surprise. D'autant plus qu'à ses yeux, elle permettait de donner une mort plus douce et moins afflictive.



La demoiselle avait d'ailleurs  l'air de se sentir un peu mise de côté, ne s'étant point vu offrir un katana par son partenaire. Une réaction qui faisait culpabiliser le Faucheur, lui-même prêt à l'inviter à se joindre à eux. Cependant, il ignorait si une telle proposition serait du goût du forgeron, lui qui devait avoir l'habitude de souvent s'entraîner avec elle, et qui préférait peut-être diversifier ses expériences en profitant pleinement de cette opportunité d'échanger avec un sabreur venu de Toge. Une position parfaitement compréhensible, d'autant plus que ce dernier était venu à sa rencontre pour sa propre personne, après avoir eu vent de ses prouesses et de sa cécité. A moins qu'il ne s'agissait que d'un simple oubli... L'apôtre de Jashin n'eut heureusement guère à trancher ce dilemme, en ce que la jeune femme se proposa dès lors afin de livrer la dernière commande du colosse, qui suggéra de la rejoindre juste après.



S'avançant enfin sur le terrain d'entraînement, le moine-guerrier prit enfin position et commençait à se concentrer. Son partenaire devait probablement se repérer à l'ouïe et potentiellement au chakra, s'il disposait de facultés sensorielles. A moins qu'il était capable de sentir les déplacements de l'air, une prouesse qui auquel cas, apparaitrait d'autant plus remarquables que les deux autres.



S'il était un adepte de la surprise et des attaques difficilement esquivables, le Faucheur ne comptait nullement prendre en traître le samouraï d'une telle manière. Ce dernier attendait sûrement par courtoisie que son visiteur lui signale qu'il était lui-même prêt, comme il venait de le faire à l'instant. Puis, après avoir reçu la confirmation et le signal de Kyoshiro, il commença par lancer une attaque plutôt simple, chargeant à vitesse modérée mais avec une particularité : il avait veillé à supprimer les sons et minimiser les déplacements d'air que ces mouvements produisaient, afin de voir comment allait réagir son vis-à-vis.

Résumé:

Kyoshiro savait que, même si son terrain de prédilection se voulait vaste et large, à l'air libre, il ne choisirait pas les conditions de la plupart de ses batailles. Il avait développé un style rapide et direct, pour noyer son adversaire sous une avalanche d'attaques, mais que faire lorsque le terrain ne lui permettait pas de se mouvoir à sa guise ? Que faire si, par exemple, il aurait à se battre dans une grotte, ou un tunnel souterrain, par exemple ? Certains samouraïs se vantaient de l'efficacité de leur style de combat, de la maîtrise de différentes formes de techniques au sabre, pour s'adapter à telle ou telle situation mais l'aveugle, de son côté, avait fait le choix de la versatilité. Après tout, depuis le départ il avait bien précisé que son but n'était pas d'être le meilleur épéiste, mais le guerrier de ce monde, c'était donc sans aucune hésitation qu'il avait décidé d'ajouter un peu de maîtrise de chakra à son arc.
Il savait que certains de ses collègues étaient des puristes, ne jurant que par la maîtrise de la voie du sabre, ayant pour seul but de rejoindre le corps des épéistes d'élite de Seizan, mais Kyoshiro n'était pas de ceux-là. Il rejoindrait un jour ce corps d'armée, il n'y avait aucun doute dans son esprit à ce sujet, mais cette promotion ne serait qu'une marche de plus, vers le sommet qui l'attendait, les bras tendus.

Mais aujourd'hui il ne s'agissait pas de travailler sur sa maîtrise du feu, aujourd'hui il s'agissait de tester ses capacités contre un étranger et, peut-être, apprendre une chose ou deux de cet échanger pour pouvoir continuer à s'améliorer lui-même. Il ne pouvait pas vraiment le dire à voix haute, car cela insinuerait qu'il avait encore de la marge pour s'améliorer, mais il était conscient de ne pas encore être le plus gros poisson dans cet océan.

Appréciant le fait que le nouveau venu ne rejetait pas sa proposition, espérant le croiser à nouveau dans un futur proche, avant son retour chez lui en tout cas, le colosse ne tarda pas à se mettre en route, espérant ne pas avoir trop de spectateurs ce coup-ci, même si c'était généralement le cas. Kyoshiro était considéré comme bizarre, étrange, non-adapté au rôle qu'il portait en raison de sa différence évidente alors, la plupart du temps, il était ignoré par ses congénères et cela lui convenait bien...pour le moment. Viendrait un jour où ils n'auraient pas d'autre choix que de regarder dans sa direction, que de voir son talent comme une évidence et de s'incliner face à lui, de lui demander pardon pour toutes ces années de mépris. Mais il n'y était pas encore, loin de là, et cette seule idée ne faisait que l'enrager de jour en jour.

Enfin ils arrivèrent sur place, enfin ils purent prendre leurs aises, prendre la pleine mesure du terrain sur lequel ils allaient évoluer, ignorant les regards de ceux qui s'entraînaient dans leur coin, ou qui remballaient leurs affaires. Prenant une profonde inspiration, entendant son camarade du jour expliquer qu'il était prêt, le colosse porta sa main à son visage, défaisant le bandeau masquant ses yeux, révélant deux prunelles lactées. C'était une habitude qu'il avait pris, très tôt, lorsqu'il allait mener un combat difficile, comme pour marquer le fait qu'il prenait les choses au sérieux, même si ce geste était plus symbolique que véritablement utile. Il ne voyait pas ou ne sentait pas mieux ainsi, il ne le faisait pas pour lui mais pour faire comprendre à l'homme ou la bête en face qu'il n'allait pas y aller de main morte.

Soudain le terrain tout entier fut plongé dans un silence presque religieux, alors que les deux guerriers se faisaient face, arme à la main. Kyoshiro pouvait sentir le vent sur son visage, le sol craquer sous ses pieds, et le manche de son arme entre ses puissantes mains.





Il entendait tout...ou du moins presque tout car, de toute évidence, son adversaire semblait doté d'une discrétion qui lui manquait. Sinon comment aurait-il pu s'approcher suffisamment de Kyoshiro pour que ce dernier n'ait plus que le choix d'esquiver, au lieu de bloquer ou dévier l'attaque ? Serrant les dents, comprenant que Kirei ne faisait pas juste semblant d'être bon, le Tadake sentit la lame passer tout près de son visage en esquivant l'attaque, avant de repartir aussitôt à l'assaut, histoire de ne pas laisser l'autre lui dicter son rythme. Bondissant en avant, il commença à faire mine d'attaquer d'un coup en diagonal, de bas en haut, avant de pivoter et rabaisser son arme, tendant de faire perdre son souffle et son équilibre à son adversaire, d'un coup de pommeau au plexus solaire.

De manière notable, le samouraï avait ôté le bandeau jusque-là noué autour de ses yeux, laissant transparaître ses pupilles privées de lumière. Si le moine n'avait jamais douté de la cécité de cet homme, cette scène restait néanmoins inspirante, en ce qu'il pouvait directement constater ce qu'il était possible d'accomplir malgré - ou grâce à, si elle avait en réalité été source de motivation - cette condition si singulière.

Pour sa part, Kirei ne prêtait plus attention aux spectateurs qui reportaient leur intérêt sur son duel avec Kyoshiro, eux-mêmes venus s'entraîner en ces lieux ou s'apprêtant à les quitter au terme de leur propre exercice. Son adversaire était de toute évidence sérieux, si bien qu'il ne pouvait se permettre d'être distrait par ces contingences extérieures, et de ne pas rester pleinement concentré sur cet affrontement.

Malgré son absence de vision et de sons notables dans les mouvements qu'il devait appréhender, le guerrier forgeron était parvenu à esquiver l'attaque de son assaillant, passant près de son visage. Un accomplissement qui ne surprenait point le Faucheur, mais qui l'impressionnait malgré tout. Il devait toutefois rester sur ses gardes, en ce que le colosse comptait bien reprendre l'initiative. Bondissant vers lui avec vélocité, il s'apprêtait à effectuer une attaque ascendante que le Souhei se préparait ainsi à parer.

Ce geste était en réalité une feinte, car au lieu de poursuivre le même geste, son vis-à-vis pivota avant d'abaisser son arme, afin de lui porter un coup non pas avec la lame de son katana, mais son pommeau en direction du plexus solaire. Une approche que le Togejin n'utilisait pas si souvent, mais qui n'en restait pas moins surprenante et efficace, lui prouvant qu'elle méritait sûrement qu'il y recoure plus souvent.



Dans un mouvement réflexe, il réalisa subséquemment une rotation afin d'esquiver l'impact, enchaînant lui-même avec une attaque de son propre cru prenant la direction du flan de l'imposant Seizanjin. Une potentielle ouverture qui ne se présenterait surement pas fréquemment au cours de cet entraînement, et qu'il tentait dès lors de saisir même s'il était conscient que rester à cette distance de corps-à-corps, ne favorisait pas l'utilisation de sa vitesse de déplacement.

Spoiler:

Résumé:

Kyoshiro savait que sa cécité rendait les gens mal à l'aise. Certes cette différence était déroutante, mais cela avait aussi à voir avec les petits gestes, le langage corporel dont on s'attendrait de n'importe quel être humain. Il essayait parfois de se plier à ces normes, parfois non mais il comprenait, par exemple, que cela pouvait être déroutant de ne jamais regarder son interlocuteur en lui parlant. Pourquoi faire ? Lui il n'avait pas besoin de contact visuel pour préciser à qui il parlait, cette règle ne s'appliquait pas à lui, et au bout d'un moment il était fatigué de faire des efforts, de s'adapter à un monde qui n'avait jamais essayé de faire l'inverse.
Le seul geste qui lui était naturel, le geste geste pouvant le relier à cette humanité dont il était dépourvu, c'était le fait de se séparer de son bandeau, comme pour signaler le début des choses sérieuses. Ce n'était pas grand chose, oui, mais c'était déjà bien plus que ce que ses congénères méritaient, au bout du compte.

Maintenant que le signal était donné, maintenant que le bandeau était tombé à même le sol, les deux guerriers pouvaient plonger dans leur propre monde et faire fi de ce qui les entourait. Plus rien n'avait d'importance, ni le vent sur leur visage ni les regards des curieux braqués sur eux. Après tout ce moment était le leur, se donner en spectacle n'avait jamais été l'objectif. S'armant de sa détermination, curieux de voir jusqu'où cet échange allait le mener, le colosse se mis donc en route et, plutôt que de lancer une attaque évidente, il décida d'opter pour une feinte, choisissant de frapper avec le pommeau plutôt qu'avec la lame, pour prendre son adversaire de court. Mais c'était sans compter l'agilité de l'étrange qui, non content de ne pas se faire avoir par cette feinte pauvrement effectuée, pivota sur le côté pour renverser la vapeur à son avantage.

Kyoshiro s'était focalisé sur la maîtrise technique de son art, dans un premier temps, négligeant peut-être le développement de ses réflexes, de son corps, et c'était dans un moment comme celui-ci qu'il le réalisait. Kyoshiro essaya de ne pas se laisser dominer, de renverser la vapeur à son tour, mais son corps ne bougeait pas aussi rapidement qu'il l'aurait bien voulu. Il pivota et, s'il parvint à brandir sa lame, il ne fut pas assez rapide si bien que la lame de l'opposant vint frapper son autre main, avant que le colosse ne bondisse en arrière pour prendre un peu de distance. Serrant les dents face à cet ego blessé, à cet aveu de faiblesse, il ouvrit et ferma sa main plusieurs fois, pour en retrouver les sensations, avant de bomber à nouveau le torse et lancer :





L'espace d'un instant il regretta de ne pas avoir pris sa véritable arme avec lui. Mauvais perdant, lui ? Oh, absolument, mais il ne le laisserait jamais paraître. Serrant les dents, ignorant sa main gauche endolorie, le colosse repartit à la charge directement, avançant en une série de trois estocs en guise d'ouverture. Si son adversaire choisissait de bondir sur le côté, il avancerait et enchaînerait avec un coup de tranche, pour le cueillir.

Le Souhei devait bien l'admettre, cela faisait longtemps qu'il ne s'était plus entraîné face à un nouveau sabreur d'un style différent. La plupart du temps, il s'exerçait seul ou en compagnie d'autres moines-guerriers de Toge, ou encore certains de ses amis samouraïs. Il était ainsi habitué à leur style, et connaissait une forme de routine à laquelle il était actuellement - et agréablement - dérobée. La feinte dont Kyoshiro venait d'être l'auteur, illustrait à merveille cette différence avec ses partenaires habituels, et lui permettait d'ores-et-déjà de négocier des situations nouvelles.

Etant parvenu à esquiver avant de contrattaquer, le Faucheur put observer le colosse réagir en brandissant sa lame, mais il ne réussit guère à pleinement esquiver le coup, se voyant notamment touché au niveau de sa main opposée. S'il avait subi un impact, il s'était clairement tiré d'une situation épineuse, se distançant légèrement par précaution, tout en pouvant préparer son prochain assaut. Complimentait la vitesse d'exécution du moine, il mettait en avant sa ténacité dont celui-ci ne doutait nullement.



Loin de se démobiliser, le guerrier-forgeron manifestait cette volonté dans l'action en repartant à la charge. Une situation qui appela instinctivement la méfiance de Kirei, se préparant mentalement à une nouvelle feinte potentielle, même s'il doutait que cette manœuvre soit utilisée deux fois coup sur coup par son adversaire. D'un autre côté, c'était bien là le principe de l'effet de surprise, si bien qu'il devait se montrer sur ses gardes.

A priori, les attaques étaient cette fois-ci pleinement portées, trois estoques prenant directement sa direction, qu'il pouvait de nouveau tenter d'esquiver. Cependant, il ne comptait pas se défiler une seconde fois lorsqu'il disposait désormais de la possibilité de parer les assauts, apposant sa propre lame contre celle avançant vers lui afin de la dévier et neutraliser les coups. Les frappes étaient vives et lourdes, si bien qu'il devait lui-même employer plus de force ou générer une plus grande vitesse, afin d'interposer convenablement son arme.

Cette combinaison de Kyoshiro inspira d'ailleurs le prêtre de Tsukuyomi, répondant à son tour par un barrage d'estoques rapides. Il souhaitait à son tour tester les défenses de son vis-à-vis, mais surtout, le conditionner à défendre et à bloquer de la même manière consécutivement, l'espace de quelques instants.

Spoiler:

En effet, après plusieurs attaques d'estoc répétées, l'apôtre de Jashin simula la dernière d'entre elles, la stoppant alors net en plein mouvement. Dans un geste des plus rapides, il reprit alors une prise de katana plus traditionnelle, avant de finalement se lancer sur une attaque de taille au niveau des jambes. Une feinte de son propre cru, ou plutôt une manière de varier ses angles d'approche afin de prendre son adversaire au dépourvu.

Résumé: