Where are you ?

Au-dessus de la forêt de Jujou, Ruka se trouve face à face à sa Kage. Kaleah l’avait personnellement convié dans son bureau pour une mission particulière. Il y a de cela à peine deux mois, la Kage avait informé la oinin de la présence suspecte d’une tribu dans la forêt d’Hyonamori. Un groupe indépendant dont le village ignore les intentions. En vrai, même si la kunoïchi n’avait pas été officiellement autorisée à prendre contact avec ce groupe de rebelles, elle avait déjà essayé. Qui sait si ces marchands étaient l’un d’eux. Son implication personnelle dans cette mission ne fait pas d’elle le candidat le plus neutre quant à la situation de ces indépendants, même qu’elle sera sans doute influencée par sa volonté de retrouver les responsables du massacre de sa famille.

Keleah exige pourtant certaines choses, Ruka doit former une escouade et être accompagnée de trois autres shinobis et les combats doivent être évités à tout prix. Le but de cette mission étant seulement d’établir un contact avec ce groupe d'individus, l’empêche de pousser la chance trop loin. C’est sans doute pourquoi la Jujoukage la somme de faire équipe avec d’autres ninjas. De cette façon, ils auraient une certaine influence sur elle et l'empêcheraient de se mettre dans la merde en engageant les hostilités. Qu’elles soient verbales ou physiques. Mais qui prendre pour cette équipe de recherche ? La kage dépose des dossiers devant la kunoïchi, ceux des militaires disponibles pour la mission.

La jeune femme tend la main pour ouvrir les doissiers devant elle. Celle-ci tombe sur des visages familiers et les mets de côté pour faire le tri. Yamanaka Ao, un autre traqueur qui a de bonnes ressources pour s’adapter au terrain, mais aussi, beaucoup plus d’éloquence que la kunoïchi, il faut de la diplomatie dans ce genre de mission, une personne capable de faire taire Ruka et prendre la parole à sa place pour calmer le jeu. Mû, d’abord parce qu’elle a confiance en lui et le connaît depuis plusieurs années, mais aussi, un coéquipier avec des connaissances médicales, c'est nécessaire dans une équipe peu importe le but de la mission. Bien qu’ils doivent à tout prix éviter le combat, on ne peut jamais rien prédire. Puis pour finir, Ruka hésite, mais tire le dossier de Kokusen. Parce qu’il est hot. Un shinobi que l’oinin veut découvrir, il l’intrigue sans doute un peu trop, voyons voir ce qu’il a à apporter dans l’équipe… De plus, elle meurt d’envie de lui donner des ordres.

L’équipe étant maintenant décidée, il ne manque plus qu’à les convoquer au point de rendez-vous. Kaleah officialise le déploiement de ses ninjas avec son sceau faisant parcourir les missives à l’aide d’oiseaux paradisiaques. Ces magnifiques créatures qu’on ne voit que dans la jungle de Jujou. Il est maintenant temps de préparer son équipement avant d’aller au point de rendez-vous pour y attendre ses futurs coéquipiers. Ils doivent prévoir de passer quelques nuits en pleine nature, car il serait bien surprenant de tomber sur ces indépendants dans les premières heures de la mission. Bien que Ruka a une petite idée qui leur ferait peut-être gagner du temps. Si ces marchands ont quelque chose à voir avec cette tribu, peut-être que de se balader sur la même route qu’eux piquerait leur curiosité et forcerait le contacte avec certains membres plus curieux que d’autres.

D’abord, c’est sur le pont entre Ussoumori et Hyonamori que les membres de l’équipe doivent se retrouver. Assise sur la rambarde de ce pont, la chuunin regarde l’horizon et balance ses pieds dans le vide. Selon la position du soleil, c’est encore le début de l’après-midi, ce qui veut dire qu’ils ont le temps de s’enfoncer légèrement dans la forêt d’Hyonamori pour s’installer un campement sur place afin de passer la nuit en sécurité près d’un feu. Les pauvres, ils devront sans doute endurer la voix de Ruka. Ils s’y feront, ce n’est pas comme si elle leur laisserait le choix de toute façon. Il faut bien prévenir les esprits de la forêt de leur présence. Ce serait dommage d’être surpris par un yokai par exemple.

Détails :

La première mission. Du moins, la première officielle. Il n’avait pas vraiment envie, même si cela allait lui permettre de visiter un peu différents endroits. De ce qu’il avait compris, l’escouade devait se rendre du côté de Hyonamori. Endroit où il n’y avait encore jamais mis les pieds, il y avait donc une première à tout. Préparant quelques affaires, rien d’important à vrai dire : kunai, shuriken, parchemin dans un petit sac en tissu, le Genin quitta son logement pour se rendre au lieu de rendez-vous.

Il avait appris qui formait l’équipe : Ruka, cheffe d’escouade qu’il avait donc déjà pu rencontré dans le passé. Non pas qu’il l’appréciait ou la détestait, Kokusen se fichait pas mal de qui elle était. Le second membre était Mû, inconnu au bataillon pour finir sur Yamanaka Ao. Là aussi, les deux s’étaient déjà rencontrés une nuit sur le village. Rien de spécifique à signaler, le Yamanaka avait pu aidé le manieur des sceaux sur certains sujet. D’ailleurs, Kokusen devait préparer un voyage pour le village de Toge.

Le genin se dépêcha à la sortie du village pour se rendre au pont séparant alors Ussoumori et Hyonamori. Arrivé, il constata la présence déjà Yamanaka et Tsubaki. Kokusen était arrivé lorsque Ao demandait à Ruka ce qu’elle attendait de lui. Il prit place un peu à l’écart du duo.

- Kokusen. Au rapport.

Il se présenta simplement, puis attendit qu’on lui fasse signe pour se mettre en route. Il manquait encore une personne avant de partir.

Mû s'était aventuré auprès d'un point d'eau lorsqu'il fut tiré de ses recherches par un battement d'ailes. Le trentenaire pivote lentement sa tête pour venir croiser le regard d'un oiseau aux couleurs criardes, porteur d'une missive. Etant le seul présent à cet endroit, Mû se dirige naturellement vers l'animal pour le débarrasser de son fardeau. D'ailleurs, à peine s'est-il emparé du parchemin que son messager s'envole pour regagner la cime des arbres. Suivant le vol des yeux, Mû met un petit moment avant de prendre connaissance du texte à son attention. Il était en plein prélèvement de plantes sur les bords d'un plan d'eau. Le reflet assez flou de son masque se mouvait sur la surface aquatique.

Etouffant un soupir, il range sa maigre cueillette pour déplier la feuille. Une mission de prise de contact. Un groupe indépendant serait présent sur les terres du village et la Kage semble décidée d'enquêter sur ces personnes. D'abord paniqué, Mû est aussi vite rassuré lorsqu'il réalise qu'il ne s'agit pas d'une mission d'offensive. La missive parle bien d'une approche dans un premier temps diplomatique. Des shinobis présents dans le pays, en terres dangereuses, potentiellement à proximité du village, il paraît normal que les autorités envoient une équipe. Mû était étonné d'être choisi cependant. Il ne put que reconnaître la signature de l'expéditrice. Il avait rencontré Ruka il y a de cela quelques années. Elle était bien consciente de son manque d'aptitudes martiales et de son caractère plutôt réservé. Si elle avait fait ce choix, elle devait avoir ses raisons.

Sans perdre plus de temps, le trentenaire reprend le chemin de son vétuste logement pour y récupérer quelques nécessités. Son paquetage est très léger, plus d'ordre pratique qu'agressif. Il avait vécu sur les routes, si on peut les appeler ainsi, dans la jungle et la survie en ce milieu n'était pas aussi aisée. A la fois détendu et pétri d'un peu d'appréhension, Mû quitta son foyer avec ses quelques affaires pour directement prendre la direction du point de rendez-vous défini par la cheffe d'équipe. Il y avait un peu de route jusqu'au pont, mais ce ne serait pas les chemins les plus dangereux du pays. Passant sans difficulté les portes du village, muni de la missive qu'il gardait sortie en cas de contrôle, il rejoignit les sentiers tracés par les shinobis de Jujou pour rejoindre la frontière naturelle avec Hyonamori no kuni. Son trajet ne se prive pas de quelques regards flâneurs vers la canopée, toujours à l'affût d'un être vivant qui passe ou d'une plante.

Après plusieurs minutes de marche, Mû arriva à bon port, où déjà trois êtres étaient présents. Il s'avança, percevant déjà les premières brides de conversation. D'un pas discret, il franchit les derniers mètres qui le séparaient du groupe pour faire face à son auditoire. Il perçut une brève présentation de la part de l'un des participants, aussi se plia-t-il lui aussi à cet exercice :

- Mû, enchanté, dit-il sobrement dans l'attente d'instructions.

Where are you

Balançant ses pieds dans le vide, Ruka regarde l’eau passer sous ses bottes, ses mains tenant fermement le cordage sur lequel elle est assise sans pourtant autant faire trembler le pont. Quelques grincements, le bruit des semelles sur le bois humide, voilà qu’un premier membre arrive à sa rencontre. La femme relève la tête pour regarder l’emplacement du soleil entre les arbres, un petit sourire vient lui étirer le coin des lèvres. « Ce fut rapide. » La kunoïchi se retourne pour voir arriver Ao Yamanaka, un chuunin d’une cohorte plus âgée que celle de l’Oprheline, la même que Shin et Jun’ai sans doute. Ce sera un plaisir de travailler avec lui ou… Elle. En vrai, la Jujoujin en a déjà entendu parlé et l’a sans doute déjà croisé ainsi lors de ses rares passages à Jujou, mais y être enfin confronter, c’est surprenant. Vêtue, coiffée et arrangée comme une jolie jeune femme, le Yamanaka se démarque bien du lot, il est même plus coquette et séduisante que Ruka, de quoi se remettre en question.

Ne voulant toutefois pas le rendre mal à l’aise ou avoir l’air de le juger, bien au contraire, la kunoïchi relève les yeux vers les siens sans réagir à son look androgyne. Il se présente et sans même avoir le temps de terminer, un nouveau membre de l’équipe arrive sur le pont pour se joindre à eux gardant toutefois ses distances. La femme le suit du regard, amusée, puis relève les yeux pour voir s’approcher Mû à son tour qui suit la tendance en se présentant. Tout le monde est là, ils peuvent enfin commencer. Ruka passe les jambes par-dessus le cordage pour se redresser dessus afin d’être au-dessus du groupe, de quoi avoir l’attention, car lorsqu’elle se retrouvera au même niveau qu’eux… Enfin, elle ne veut pas être regardée comme une gamine, quoi que pour cette équipe, c’est presque le cas.

Parfait, tout le monde a reçu sa lettre, je suis celle qui est chargée de mener à terme cette mission. Une mission qui, comme vous avez pu le comprendre, n’a rien à voir avec les autres. Notre but est simplement d’entrer en contact avec la Tribu qui habite Hyanomori et si possible, localiser leur campement. On ignore s’ils sont hostiles ou non et ce sera à nous de le découvrir.

La femme marque une courte pause pour regarder en direction de la forêt, puis la rivière qui la longe.

En toute logique, si je dois placer un campement de façon permanente, ce sera près d’un point d’eau, mais pas trop pour être facilement repérable de par la rive. En hauteur pour ne pas être envahis par les animaux sauvages, ou bien avec de très grandes palissades si c’est au sol… Ce qui devrait être plus criard qu’une civilisation dans les arbres comme Jujou. Enfin, c’est ma théorie, après nous verrons bien sur le terrain.

Ruka revient vers ses partenaires, les regardant les uns après les autres, ses yeux s’arrêtent sur Ao Yamanaka qui lui avait demandé ce qu’elle espère de lui et c’est sans doute ce que les autres membres se demandent également.

Ao, je t’aie choisi pour tes capacités sensorielles ainsi que pour tes connaissances en genjutsu. Mais surtout pour ton savoir être, parce que le but est d’éviter les hostilités et mmhhh… Franchement, j’attire juste les emmerdes quand je prends la parole.

Soyons honnête, l’Oinin n’a pas la meilleure approche quand il est question de se faire des amis. C’est même sa réputation dans le village, beaucoup s’amusent à dire qu’elle a été fait chasseuse de déserteur pour être loin du village et foutre la paix aux autres ninjas… Car chaque fois qu’elle y retourne, c’est pour faire se mettre dans la merde, le genre de situation que Kokusen a pu constater. Puis, même par le passé. N’étant qu’une gamine, Mû avait déjà compris qu’elle serait une jeune femme à problème avec une trop grande gueule. Mais avec tout ça, Ruka n’est pas méchante, juste chiante.

Mû, tu es ici, parce que je t’aime bien et que toute bonne équipe a besoin d’un membre avec des connaissances médicales et ici plus qu’ailleurs, de la flore. Donc si tu peux reconnaître un parfum, une plante ou peu importe qu’on doit éviter, c’est sur toi que je compte. Puis aussi, si je me casse un ongle, c’est toi que je veux qui s’en charge mon mignon.

Un petit clin d’oeil complice. Un geste plus pour lui faire honte en le taquinant que de la séduction. Puis son attention se pose enfin sur le beau Jujoujin avec ses airs de méchants garçons. Celle-ci se donne l’air de réfléchir un instant avant de répondre.

Kokusen, kokusen mmmhh… On t'appelle le fourbe et tu as des talents plus offensifs si je ne m’abuse. Donc si jamais on tombe sur des méchants rebelles qui ne veulent pas entendre Ao et bien on va pouvoir découvrir tes talents. Si jamais tu peux nous surprendre avec un discours diplomatique, je suis tout ouïe, mais j’ai pour avis que tu es aussi doué que moi pour te faire des amis. Je me trompe ?

La femme se redresse enfin et claque ses mains ensemble pour signer la fin de l’introduction de l’équipe. Chacun sait pourquoi ils sont là et vers qui se retourner selon le besoin, maintenant il est de politesse que de les informer de son rôle et ses ‘’talents’’ pour les guider.

Pour ma part, je connais beaucoup mon environnement, les menaces qui s’y trouvent, certains pièges qui y sont cachés, dont la plus part qui m’appartiennent. Je suis aussi sensorielle et très silencieuse, bien qu’aucun de vous ne pourrait le croire. Je suis également de type plus offensif et je me tiendrai donc auprès de Kokusen si les choses se corsent.

Celle-ci saute de son cordage pour se retrouver sur le pont entre ses camarades. Du haut de ses 156 centimètres, elle doit bien relever le menton pour tous les regarder, surtout Mû. Tant pis, Ruka s’éloignent un peu et se retourne vers eux.

Donc nous nous tiendrons loin de la rive, mais en suivant tout de même le courant pour nous guider. Suivez mes pas sur chaque branche, car ce serait bête de tomber sur un piège. Dans quatre heures nous nous arrêterons pour poser un campement avant que le soleil ne se couche. Il faut éviter de poursuivre notre route en pleine nuit… Il y a beaucoup de menaces dans ces forêts et je ne parle pas des animaux ou des rebelles. Donc, questions, commentaires, insultes ou menaces ?

Les questionne-t-elle sans vraiment attendre de réponse pour tout de suite bondir hors sur pont pour foncer sur le premier arbre sur son chemin. Comme elle l’avait bien mentionné plus tôt, son déplacement en forêt est habile et étonnement silencieux, s’ils ne veulent pas la perdre de vue, ils ne doivent pas ralentir la cadence, ils ont quelques heures devant eux pour s’enfoncer dans la zone. Après tout, cette forêt est immense et ces étrangers seraient bien bêtes de se positionner aussi près d’Ussoumori. En vrai, Ruka veut explorer le tour de la rivière avant de rôder près des marais de Numa, une zone humide où ils trouveraient facilement de l’eau pour s’approvisionner.

L’équipe sentinelle de Jujou s’enfonce un peu plus dans la jungle, passant d’arbre en arbre à travers les lianes, faisant attention de ne pas glisser sur les branches glissantes, ils doivent bien contrôler leur chakra sur la plante de leur pied car ils peuvent rapidement se blesser. C’est pourquoi les civils de la région préfèrent rester pieds nus, ils sont beaucoup plus stables sur de telles surfaces. Ruka fait monter l’équipe beaucoup plus haut dans les arbres pour éviter un nid de frelons géants très actif. Ce ne serait pas très agréable de se faire piquer au début du voyage, n'est-ce pas ?

***

Le soleil commence à décliner, le groupe s’est donc bien assez enfoncé et arrive à la limite de leur voyage pour aujourd’hui. La kunoïchi ralentit donc le rythme de leur déplacement pour repérer un endroit assez dégagé et facile à défendre. La Jujoujin s’arrête donc et s’accroupit pour ressentir la moindre présence. Au bout d’une minute, rien à signaler pour elle, ce qui est assez bon signe. La demoiselle se redresse et tire sur les bretelles de son sac de voyage.

Alors, vous préférez quoi ? Dormir à même le sol ou de charmants petits hamacs ?

Ajoute-elle en tirant sur l’une des lianes à leur disposition.

Je vais nous installer pour dormir, j’imagine que Kokusen tu sais comment faire un feu. Mû, si tu peux trouver un arbre gorgé d’eau ce serait parfait. Ao, tu t’y connais en pièges je crois, si tu peux nous installer quelques petits dispositifs pour nous alerter des mouvements dans le coin, ce serait parfait.

Ils ont à peine une heure pour préparer le camp et s’installer pour se reposer. Chacun d’eux a sa petite tâche pour contribuer au confort et à la sécurité du groupe et si l’un termine avant l’autre ce serait bien d’aider les autres. Ruka dégaine son ninjato pour trancher des lianes et les natter ensemble pour en faire de long filet tendus puis les fixer solidement entre deux arbres, il lui faut quatre hamacs, biens répartis autour du feu, pas trop haut, mais ni trop bas non plus. Ils seront bien douillets là-dedans, quel luxe, il y aura sans doute des sangliers jaloux sous leurs fesses.

Détails:

L’équipe était donc composée ainsi. De haut en bas, un à un, Kokusen détaillai chacun de ses compagnons de missions. Il ne connaissait pas Mû, mais ne semblait pas être le genre d’homme avec qu’il pourrait se lier d’amitié. En fait, avec personne d’autre. M’enfin, pas besoin de présentation : Kokusen voulait juste finir cette mission et retournait à ses occupations. Ruka fit un petit topo sur la situation : trouver le campement de la tribu qui vit a Hyonamori, discuter avec eux. Pourquoi faisait-il parti de cette mission? Aucune idée. La diplomatie où être sociable n’étaient pas de qualité chez lui. La kunoichi fit rapidement état de sa théorie, Kokusen laissait le soin aux deux autres partenaires de répondre à cela.

Il y avait donc Ao, le senseur et diplomate, Mû, le médecin et Kokusen, l’atout offensif. Enfin.. il fallait le dire vite. Il ne se faisait pas appeler le fourbe pour rien. Enfin, il savait se défendre tout de même.

- Je sais causer, si c’est ta question.

Simplement qu’il préférait ne pas se faire des amis, mais manier les mots, il savait très très bien le faire. Parfois, il valait mieux des mots pour se mettre certaines personnes dans la poche pour pouvoir les utiliser pour sa guise. Néanmoins, elle n’avait pas tort : Kokusen possédait un bagage offensif non négligeable et maîtrisait l’art des sceaux comme personne. Il possédait sur son corps d’innombrables tatouages qui étaient en fait des sceaux de stockage ou d’autre sortes de sceaux plus ou moins intéressants.

Dans le silence, il hocha la tête et suivit le petit groupe. Il ferait ce qu’on lui demande, l’initiative n’était pas pour lui. En tout cas, le trajet jusqu’au coucher du soleil se passait sans encombres et dans un silence total. Il ne fallait pas compter sur Kokusen de mettre la voix et de l’ambiance dans un groupe. Le silence lui allait plus que bien.

Il opina. Ramassant du bois rapidement, de préférence sec et inflammable, le soldat utilisa un silex pour mettre le feu à une brindille et ainsi débutait le feu de camp. Ceci fait, Kokusen plaça par ailleurs quelques sceaux autour du camp.

- J’ai place des sceaux défensifs. Faites attention où vous mettez les pieds.

C’était tout. Il n’allait pas en dire plus.

Mû savait plus ou moins à quoi s'attendre lorsqu'il avait vu que Ruka était celle qui serait en charge de la mission. Il connaissait un peu son tempérament fougueux qui la faisait passer pour une hyperactive. Pourtant, comme elle se mit à l'expliquer, elle était très discrète quand elle le voulait. Il était cependant étonnant qu'une mission se voulant diplomatique lui soit confiée. Le trentenaire ne serait pas celui qui viendrait juger des décisions des instances de Jujou. Il avait accepté les conditions qu'offrait une adhésion à un village shinobi. Protection et moyens contre services. Il pouvait penser bien des choses mais n'en partageait que très peu oralement. En parfait contraste avec la dirigeante de cette escouade improvisée. Néanmoins, elle gérait ce rôle avec une certaine assurance. Une présentation succincte des participants et de leurs capacités, afin que chacun puisse savoir à qui faire appel selon les situations. Mû n'avait pas grand-chose à ajouter à ce résumé de sa personne, ni à la stratégie présentée par la Chûnin. Pas plus qu'à sa petite provocation qui fut accueilli par un Mû aussi impassible que depuis qu'il était arrivé.

L'essentiel étant présenté, il fallut se mettre en route. Ruka mena ses hommes avec assurance et rapidité. Le Yamanaka leur indiqua qu'il fermait la marche. Mû s'était retrouvé par la force des choses juste derrière la meneuse. L'œil alerte au moindre mouvement suspect, il en profitait pour analyser l'environnement. Il n'était pas passé beaucoup de fois dans ce pays. Il était un peu en pleine découverte, même si les différences biologiques n'étaient pas énormes. Leur concentration ou leur localisation divergeaient des terres d'Ussoumori sans pour autant être aberrantes. Toute information sur la faune et la flore restait intéressante. Il prenait note mentalement de chaque chose pouvant enrichir ses connaissances.

Ce fut une route assez longue mais tranquille, sans embûches, qui amena le quatuor jusqu’à un endroit que Ruka décréta comme idéal pour un campement. Ils s’étaient arrêtés avant la tombée de la nuit, leur laissant le temps de pouvoir réunir les éléments vitaux pour leur bivouac. Encore une fois très organisée, la Chûnin décerna à chacun une tâche. Mû hérita de l’approvisionnement en eau. Il s’aventura un peu plus loin que leur camp de base pour trouver l’or liquide. Ses pas étaient prudents, son souffle court, pour ne pas attirer des animaux ou même des Yokai. Il se dirigeait vers la rivière que l’on entendait de manière très étouffée à cause des hauts arbres et de l’épais feuillage. Certaines feuilles d’ailleurs étaient extrêmement larges. Sa main fut parcourue de chakra de nature Fûton qu’il propulsa dans les airs pour venir sectionner la base de ces feuilles. Elles retombèrent au sol avec un léger bruit. Examinées puis jugées adéquates, Mû en tira une dont la circonférence paraissait impressionnante pour qui n’avait jamais mis un pied dans la jungle. Ce genre de récipient naturel pouvait contenir de grandes quantités d’eau sans fléchir. De véritables trombes d’eau s’abattaient sur les imprudents qui pouvaient passer sous ce type d’arbre.

Traînant son fardeau, il ne tarda pas à retrouver un petit bras d’eau qui découlait directement de la rivière plus loin. Il y passa une main qu’il laissa quelques instants dedans. En même temps qu’il profitait de l’apaisement aqueux, il regardait le fond de ce petit cours d’eau. Clairsemé de mousse dont la formation ne se faisait que dans des conditions très particulières. Ce n’était pas l’eau la plus pure qui soit mais elle restait comestible. Mû entreprit donc de remplir son large récipient avant de s’en retourner au campement. Lorsqu’il arriva, les autres s’affairaient à leurs tâches. Le trentenaire approcha l’immense feuille qui gardait sa forme incurvée, ainsi que le précieux liquide qui y était niché. A sa surface, quelques fruits qu’il avait trouvé sur le chemin.

- Voilà ce que j’ai pu trouver. Servez-vous j’ai déjà pris ce dont j’avais besoin en chemin.

Guères à l’aise avec les conventions sociales, Mû attendait avec une légère impatience de pouvoir trouver le sommeil. Des tours de garde s’organiseraient sûrement mais ils permettraient au moins de ne pas être confronté à un contact social prolongé. Le trentenaire attendait de voir si la Chûnin avait d’autres ordres à distribuer. La nuit n’étant pas encore tombée, il y aurait sûrement d’autres choses à prévoir et Mû se tenait prêt à obtempérer comme il l’avait fait jusque là.