La rivalité est apparente et ne manque pas de me faire ricaner. La jalousie se montre elle aussi, alors que nous commençons à quitter les lieux; ses frères ne savent plus exactement où se mettre et malgré ces compliments, ils se rendent bien compte que le plaisir touche à sa fin et qu’il faut laisser la demoiselle partir. «Tiens, j’avais oublié ça! On va s’amuser un peu, ce soir.»

Un sourire poli aux deux plus jeunes, puis «ça me fera plaisir de vous revoir. À la prochaine, vous deux!»

Pour tout dire, je suis incapable de garder mon sang froid plus longtemps tant toute la scène se montre dramatique. Comme Hotaru me l’a dit pendant la journée, ses frères sont intennables. Je m’éloigne en ricanant silencieusement, prêt à continuer notre chemin dans les rues de Seizan.

«C’était… c’était.» Dis-je en tapant des mains. Je souris, mais je n’ai aucun moyen d’expliquer ce à quoi je venais d’assister. «Dans tous les cas, tu ne mentais pas!» Je me mets à rire. Assez éloigné, j’ajoute que «la savane est trop sauvage pour eux!»

Après un moment à ricaner et à blaguer, je lui partage que «je suis content quand même que tu t’entendes avec tes frères. Des fois c’est pas ce qu’il y a de plus évident; moi j’en ai pas et c’est tranquille chez moi. Ça fait changement, mais en même temps ça évite de se sentir trop seul.»

Pensif, j’ajoute : «Aussi, c’est pratique pour s’entraîner. Pas que je fasse ça très souvent, remarque.»

À force d’avancer, on tombe dans les grandes rues marchandes. Seizan en soirée est bien différent que dans mon souvenir, mais l’altitude due à la montagne rend le ciel plus visible, plus englobant. «Je ne me souvenais pas de Seizan comme ça; après vingt ans, je vois bien la différence...»

Je trouve à la ville du fer un sens nouveau, une vision moins altérée par les sentiments qui m’habitaient quand j’étais enfant. «Ça me ferait plaisir; j’ai souvent eu peur de la forge quand j’étais petit, ça a toujours été un endroit inquiétant. C’est une des choses que j’aimerais visiter; ça et le temple du fer.»

Je ne suis pas croyant, mais je ne sais pas quand sera mon prochain voyage et je ne veux pas manquer cette opportunité. Je me sens brave et motivé à découvrir plus que ce pourquoi je suis venu, et je ne vais pas passer à côté d’une telle expérience.

«Peut-être pas demain soir, je vais sûrement aller voir le temple et visiter un peu plus. Penses-tu que dans trois jours, ça irait? J’aimerais bien venir.» Sans vouloir imposer ma volonté, je demande; elle me répond que c’est sans doute possible et que ça lui donne le temps d’avertir ses équipiers.

«Ça va aussi me donner le temps de voir ce qu’il me reste à voir et découvrir un peu plus la culture de Seizan; j’irai sûrement revoir l’intérieur des forges demain et m’acheter quelques affaires, puis j’irai visiter le temple.» Je n’ose pas lui dire que je ne suis pas le plus croyant et que j’irais là-bas surtout pour voir comment les moines du fer vivent et s’entraînent, mais c’est le cas. Loin d’être le plus informé sur les pratiques religieuses, je sais qu’ils vivent d’une certaine structure et se montrent zélés de leur entraînement. De tous les moines, je pense que ceux venant du temple du fer sont les moins troublés de rejoindre l’armée de l’empereur.

On continue notre marche jusqu’à ce que finalement quelqu’un, un homme aux longs cheveux argentés, vienne nous approcher. Il semblait vouloir parler avec mon amie, cherchant un autre individu. Un homme mystérieux qui ne semble pas, de la même façon que moi, venir d’ici. Je me demande ce qu’il vient faire ici...