Lors de l’une de nos premières rencontre, Kenichi avait été curieux quant aux modifications que j’avais faites sur mon corps. La dislocation de mes articulations, le sang de poison sous ma langue … Mais aujourd’hui, j’avais autre chose en tête. Je sais possible de recevoir ce genre d’opération, mais il est fortement déconseillé d’en avoir plus que deux. Ces opérations ne sont pas naturelles pour le corps et ne fonctionne pas tout le temps … Enfin, j’ai entendu dire que rares sont ceux qui tolèrent de passer sous le bistouris si souvent.

Mais me voici à sa porte, prête à lui demander de le faire.

Je l’ai pas mentionné à Ao, pour qu’il ne tente pas de me convaincre du contraire. Juste au cas où il s’y opposerait.

J’ai besoin d’être meilleure, toujours plus, et tous les moyens sont bons. Je ne suis pas honorable, je ne vais pas prétendre que l’entraînement pourra faire de moi exactement ce que je souhaite devenir et de passer sou un scalpel ne m’a jamais fait peur.

Je toque fermement et attend que Kenichi se présente.

Lorsqu’il ouvre la porte, je m’invite à l’intérieur, sans grandes formalités. De toute façon, je ne suis pas vraiment formelle au naturel. À la place en entrant, je vais directement au but.



Je fais une courte pause, organisant la suite de ce que je vais dire. À Jujou, de toute façon, ce genre de choses n'est pas mal vue, mais il se peut tout de même que certains individus ne le voient pas de cet oeil.



Il devient assez évident ce que je veux lui demander, mais je préfère tout de même le formuler pour qu’il n’y ait pas d’ambiguité.



Je plante mon regard directement dans le sien, décidé. Un regard qui dit parle, qui montre ma motivation, peu importe le résultat, je suis prête pour les conséquences. Si je veux pouvoir vaincre Kurai, mieux vaut que je ne perde pas de temps dans les détails. Si l’entraînement est de mise, il en va de même pour ce genre de tricheries.

Il était rare que Kenichi reçoive de la visite chez lui, autrement que Ao bien évidemment. C'était toujours une surprise lorsque cela arrivait, et aujourd'hui ne fut nullement une exception à la règle. Plongé en pleine lecture, Kenichi se redressa en entendant toquer à la porte et, s'il fut surpris de voir Chinone venir le voir, ici, il la laissa rentrer en éviter toutes les banalités d'usage, qui n'étaient nullement nécessaires ici. Elle prit la parole, commençant à expliquer pourquoi elle se tournait vers lui, avant qu'il n'intervienne d'un :



Elle était une femme qui reconnaissait la force et les capacités. Si elle était ici, pour demander un service à Kenichi, ce n'était certainement pas par charité ou convenance. C'était parce qu'il était l'homme dont elle avait besoin. Jadis il se serait délecté de ces vaines flatteries, conscient d'être le meilleur mais, aujourd'hui, il n'avait plus besoin de connaître les raisons pour lesquelles on se dirigeait vers lui.

Curieux, il resta silencieux lorsque sa cheffe fit mention de ses opérations, se rappelant immédiatement du moment où il avait appris la nouvelle, et de la curiosité qui s'était emparé de lui à ce moment-là. Hochant la tête, pour confirmer qu'il se rappelant parfaitement de cette discussion, il resta tout de même silencieux, ses mains réfugiées dans les poches de son pantalon, alors que les pièces du puzzle s'aggloméraient, devant lui.

Elle était là pour une raison, une bonne raison et celle-ci était de modifier son corps, une fois de plus. Un procédé risqué, et à la convalescence longue, mais pour cela elle avait choisi de s'en remettre au Sakamoto. Honoré ? Il l'était, oui, mais il ne laissa rien paraître, si ce n'est un :



Le regard de la Yamanaka voulait tout dire. Elle n'en était pas à son premier rodéo et, si elle était consciente des potentiels risques, il était aussi de la responsabilité de Kenichi de les énoncer, clairement, quand il saurait quelle partie de ce corps il allait devoir drastiquement altérer. Cela demanderait préparation et recherches, mais rien d'insurmontable pour lui.

Les dernières fois, je savais où j’allais, j’avais un objectif simple une lacune évidente … Mais je suis loin de m’y connaître en modifications corporelles et ne sachant pas l’étendu de ce qui est possible, il me faut quelqu’un qui puisse m’y orienter un minimum.

Alors la solution m’a apparue simple : Kenichi. Non seulement ai-je besoin de son savoir, mais également son expertise, car ce n’est que celle du meilleur que je laisserai me toucher. Il est un peu question de ma carrière, de tout ce que je suis.

Si je ne sais absolument pas ce qui est possible, il n’en reste pas moins que j’ai une idée de ce que je peux vouloir. Si je veux vaincre Kurai, il me faudra plus que des tours de passe-passe. Il me faut de la force de frappe. Presque littéralement.

Une arme de plus, une carte secrète qui me donnerait l’avantage dans un affrontement.



Parce que tout le monde sait déjà qu’autrement c’est déjà le cas. Je dois forcer mon corps à repousser ses limites une fois de plus. Non, toujours plus. Si ma vengeance est la raison pour ma présence, il n’empêche que ce n’est tout de même pas ma seule motivation.

Je suis une jonin de Jujou, d’être au-delà de ce qu’on attend de moi fait partie intégrante de ce que je dois être au quotidien. Et de transformer mon corps pour y parvenir n’est que nécessaire. Si normalementje me sers principalement de poisons et de discrétion, il n’empêche que je me retrouve regulièrement engagée dans un affrontement où ce que j’ai besoin c’est d’écraser mon ennemi. Et mon corps est bien trop gracile pour exprimée la force que j’ai vu Kenichi employée lors de notre mission.

Kenichi avait, comme tous les médecins expérimentés, étudié les limites du corps humain et les méthodes possibles pour repousser ces limites. Certains en firent d'ailleurs leur spécialisé, expérimentant encore et encore pour trouver milles et une façons d'améliorer ce que la nature leur avait si généreusement donné. Certains trouvaient cela immoral mais, pour le Sakamoto, ce n'était que la suite logique des choses, car la curiosité humaine était à l'origine de toute avancée médicale.
C'était un travail qui demandait de la préparation et, surtout, une profonde analyse du corps à modifier, afin de savoir s'il pourrait supporter les changements qu'on lui imposerait. Mais avant cela il fallait écouter le souhaite du patient, ce que fit le médecin, bien diligemment.

Elle avait une idée en tête, un besoin à assouvir mais ne savait pas trop comment ou quoi demander . C'était compréhensible, mais Kenichi avait compris l'essentiel. Il avait compris qu'elle voulait être plus forte, faire plus mal avec ses petits poings, le tout sans avoir à passer une décennie à se défouler contre des sacs de frappe. Commençant déjà à dessiner un schéma dans sa tête, le jeune médecin s'approcha en précisant :



Il était un médecin, pas un faiseur de miracle. Elle ne serait jamais aussi forte que le géant des montagnes mais...mais le Sakamoto pouvait bien concocter quelque chose. Sans attendre, il attrapa doucement les deux bras de la demoiselle, les décrivant de son regard, l'un après l'autre, avant de passer les doigts sur ses phalanges, ses jointures, et le long de ses avant-bras. En un instant l'esprit de l'homme se mit en marche et, oubliant complètement où il était, laissa son esprit s'exprimer, ses pensées s'extirpant de sa bouche sans aucun filtre ou temps de pause.



Le reste de la conversation se fit dans sa tête, pendant deux minutes supplémentaires. Il établissait déjà des scénarios potentiels, imaginant dans sa tête comment il devrait procéder, pas à pas, à une vitesse impressionnante née de l'expérience. Enfin, après 3 minutes de silence, il leva son regard vers la demoiselle et, hochant la tête, déclara :

Kenichi affirm qu’il y a probablement quelque chose qu’il peut faire. Saisissant mon bras il se met à l’observer, à préparer mentalement ce qu’il peut faire pour accéder à ma demande. Il précise quelques idée, mais avec mon savoir limité en ninjutsu médical, ça me paraît être une autre langue entièrement. Il observe mon autre bras, alors qu’il aligne ses idées, puis finit par lever son regard vers moi.

Sa réponse est affirmative et le prix à payer est minimal. J’hoche la tête avant simplement d’ajouter :



Mon corps est ma première arme, ma seconde, mon apparence. Un joli minois attire la confiance beaucoup plus vite qu’un visage laid. Si mes mains ressemblent à une construction chimérique … Disons que je perds beaucoup de crédibilité, mais je présume que Kenichi le devine déjà de toute façon.



Déjà ma liste de tâche ne cesse de grandir depuis quelques jours et mon intérêt soudain pour les sennyos ne rend pas cela plus facile. J’ai prévu de quitter le village à leur recherche pour les étudier, mais … Mais si mes mains ne sont pas prêtes à temps …

Je relève les yeux pour croiser son regard et soupire.



Il le saura, éventuellement, quand il verra mes main après l’opération, mais il ne pourra plus m’empêcher si l’idée lui prend. Le fait sera déjà là. C’est hypocrite, certes, mais je n’ai jamais prétendu être honnête. Ou autre chose qu'égoïste.

Kenichi avait pensé plusieurs fois à altérer son corps, à l'époque, mais il avait arrêté en se demandant si, après tout cela, il serait encore humain ou considéré comme tel. Comment sa fille le regarderait-elle, en sachant qu'il avait altéré le corps que la nature lui avait donné ? Avoir un regard perçant ou des bras puissants était tentant, mais le prix en valait-il la chandelle? Voilà une question qu'il ne cessera de se poser, depuis que son premier patient était venu le voir, pour une demande similaire à celle de la Yamanaka.
Altérer son corps, le transformer définitivement pour mieux remplir son devoir. Telle était la détermination que le Sakamoto admirait, chez celle qui lui faisait face. Elle était une arme, comme lui était un outil et, sur ce plan-là, ils se ressemblaient plus qu'ils ne voudraient bien l'admettre. Elle était prête à tout pour remplir sa mission, alors comment aurait-il pu reculer face à une telle demande, lui ?

Il laissa donc son esprit s'exprimer comme lui seul savait le faire, vocalisant toutes les idées qu'il pouvait avoir, avant que Chinone ne se permette un commentaire, quant à la nécessité de maintenir son apparence sans la déformer. Elle était une espionne après tout. Aussi, en un claquement de doigts, le Sakamoto révisa son plan d'action, en se contentant d'un :



Pour les cicatrices liées à l'opération, sa maîtrise du chakra permettrait d'accélérer la guérison et de faire disparaître toute trace. Maintenant que le plan d'action était décidé, Kenichi allait devoir le coucher sur papier et l'étudier, pour s'assurer qu'il soit complètement réalisable et, à la suite de cela, il rassemblerait ce dont il aurait besoin.



Espérant que cette attente conviendrait à la demoiselle, Kenichi ne put s'empêcher de froncer les sourcils, face à cette dernière demande. Pensait-elle que sa relation avec Ao l'empêcherait d'y voir clair, ou de briser les règles liées à son métier ? Le médecin savait faire la part des choses, aussi précisa t-il sérieusement, en guise de réponse finale :



Il n'avait jamais brisé la confidentialité entre lui et un patient, pour qui que ce soit, et il n'allait certainement pas commencer maintenant. Sans discrétion, aucune confiance n'était possible.

Lorsque je lui précise ma seule limite, il revoit déjà son plan et son esprit s’active pour réorganiser ses pensées. C’est toujours quelque chose d’agréable de voir un expert dans son élément. C’est à ce moment là qu’on peut évaluer à quel point il est compétent. Et Kenichi, depuis que je le connait, s’est toujours montré compétent.

J’ajoute à son intention :



Une preuve de confiance qu’avant de rencontrer Ao je n’aurais donnée qu’à Kaleah. Que Kenichi sache ou non à quel point il est rare que je fasse de telle déclaration ne m’importe pas, mais nous travaillons ensemble depuis quelques mois maintenant, peut-être le verra-t-il.

Lorsqu’il me donne son délais, j’hoche la tête. Il est rapide et c’est plus qu’apprécié. J’ai autres choses qui m’attendent et de régler cela le plus vite possible est une nécessité. Quelque chose que Kenichi semble avoir compris instinctivement.

Lorsque je lui demande de garder le secret, il me répond en me parlant du secret professionnel et j’hoche la tête. Jujou est déjà un village de secrets … Peut-être n’est-ce pas une coïncidence que nous soyons connus pour nos médecins.



Je marque une petite pause avant de le fixer droit dans les yeux et d’ajouter tout bas :



Encore une fois, il est rare que vocalise mon appréciation de quoi que se soit, mais encore une fois, c’est quelque chose qui est venu avec l’existence d’Ao dans ma vie. J’incline la tête et dis :



Avec ces paroles, je me retourne et quitte la demeure Sakamoto, préparant déjà ce qu’il me faudra pour la suite des événements.