[Le sujet fait suite à ce RP]

Le soleil était presque à son zénith dans le ciel d’Onogoro, et ses rayons perçaient entre les ramures des arbres comme une multitude de rideaux de soie mordorés qui donnaient une patine étrange à la toile mouvante du paysage de Jujougakure.
Ses yeux bleus métalliques perdus sur ce spectacle de coloris parsemés de smaragdin. D’émeraude. De véronèse. Et de toutes les nuances possibles aux chromaticités de verts caractérisant son environnement actuel, Yugure Urumi observait distraitement la masse de badauds éclectiques qui convergeaient vers l’avenue principale menant aux Portes du pont d’entrée du Village.
Il porta avec délicatesse le choko en porcelaine vernie -vert, lui-aussi- jusqu'à ses lèvres, en huma le contenu, puis bu une gorgé du thé Hojicha qu’il avait commandé sur la terrasse de l’auberge.
Il grimaça un instant -l’infusion n’était pas brulante, mais la chaleur le surpris quand même- avant de reposer le petit bol sur la table en bois laqué quand le Jônin qui lui tenait compagnie l’apostropha.




Questionna Urumi, dont les iris de rapace s’étaient décrochées de la foule pour lorgner sur son camarade ; un homme d’une dizaine d’années de plus que lui, à la barbe en biseau et au regard constamment renfrogné, qui avait passé la matinée à patrouiller avec lui dans le district provisoirement affecté aux Seizanjin.
Le Jônin paru mal-à-l’aise quand il croisa les yeux froids du Yugure, puis détourna le regard en direction du cortège fait de marchands ambulants en tout genre, de voyageurs de passages venus profiter des festivités, ou de Shinobis et Samouraïs réaffectés dans leurs Provinces d’origines.



L’épéiste contint un ricanement.
Tu ne crois pas si bien dire.




Les ragots allaient vites.



Urumi haussa les épaules.





Son aîné gloussa, puis se leva de son banc.



Le jeune homme acquiesça et suivit du regard la silhouette large d’épaules.
Dans le fond, cet homme n’avait pas complètement tort, et une partie d’Urumi aurait souhaité lui en dire davantage…
…mais il savait ce que cela impliquerait s’il mettait trop de personnes dans la confidence sur ce à quoi il venait d’assister quelques jours plus tôt, dans un endroit où il n’aurait jamais du se trouver.
Quoique ce n’était pas tant le fait de partager ce secret avec autrui qui posait problème -il en avait de toute façon besoin pour mener à bien les objectifs qu’il s’était fixé-, mais de savoir à qui il allait en parler, et dans quelles conjonctures.

Il avait ramené ses yeux pâles vers la foule, enviant quelques instants tous ces badauds qui continuaient à vaquer à leurs occupations triviales, sans se soucier des forces en œuvres sur lesquels l'équilibre d'Onogoro était en train d'osciller.
Un sourire lointain s’esquissa sur les lèvres du jeune homme.
Si le hasard n’avait pas placé la forge d’une famille d’artisans paisibles sur la trajectoire d’une bande armée, quelques décennies plus tôt à Iwamori, il aurait peut-être pu goûter à ce genre d’existence…

Il bu une gorgée d’Hojicha.

…mais en aurait-t’il été satisfait ?

Quelque chose accrocha son regard dans la foule, et la mélancolie s’estompa de ses traits lorsqu’il reconnut une silhouette familière ; tout en féminité, au balancement de hanches élégant et à la démarche féline.
Un kasa de paille masquait en parti son visage, et une longue chevelure aile-de-corbeau coulait jusqu’à sa chute de rein comme une rivière d’obsidienne.

L’épéiste reposa le choko vide avec délicatesse, puis se redressa sans se presser.

Il enfila le haori ivoirin qui reposait sur le dossier de sa chaise, et sangla dans son dos Taishou, l’épée démoniaque d’un noir lustré, nonchalamment appuyée contre le rebord de la table à côté de lui.
Son armure cliqueta lorsqu’il s’enfonça avec indifférence dans l’avenue encombrée.

Tenue vestimentaire:

Il suivi un instant le mouvement de la foule, puis bifurqua quand la Kunoichi tourna pour s’enfoncer dans les quartiers réservés aux herboristes.
Urumi la rejoignit lorsqu’elle s’arrêta devant l’étal d’un apothicaire, faisant lui-aussi mine de s’attarder à la manière d’un acheteur de passage sur la floppée de panacées en tous genres, soigneusement disposés.



Le ton du Seizanjin –pince-sans-rire et monolithique, mais avec une sorte d’espièglerie subtile- aurait pu paraître ambigu (ou l'était-t'il ?) si son attention n’avait pas désigné les denrées sur le comptoir.