Le bruit du matin qui s’éveillait dans la plupart des canaux auditifs du village de Seizan. Alors que la plupart des gens commençaient à se lever en même temps que le Soleil, un être était déjà en train de travailler. Les étincelles courraient sur son visage, alors que le drapée de Lumière du Dieu Luminaire commençait à pointer le bout de son nez. Derrière lui, des dizaines de pièces d’armures, d’armes ou autres particularité qu’on pouvait trouver chez un forgeron. Les yeux cernés de poche noirâtre, l’azur de ses cheveux avait pris une teinte légèrement noirâtre voire grisâtre. Le géant décharné s’était levé avant l’ensemble du village, car il savait que la montre jouait contre lui, aujourd’hui il devait faire la rencontre de sa nouvelle équipe. Il ne pourrait de ce fait pas passer une journée entière à manipuler le fer.  La présence du Soleil à son apogée, montrait qu’il était temps de passer à autre chose. L’homme qui avait libéré son torse de son kimono avait remit légèrement celui-ci pour aller jusqu’à une énorme bassine qu’il s’était mis à remplir d’eau froide. Son corps était encore recouvert d’une immensité de particules rougeoyantes de fer brûlés, le cuir de sa peau sentait étrangement le cochon grillé. Et ses cheveux ressemblaient à des fils de kimono brûlés. Il dénouait rapidement son long kimono qui ressemblait de plus en plus à un haillon, couvert de léger trous noirs.

Puis, il passait une première jambe dans le récipient, puis une seconde. Son corps filiforme se laissait aller dans le tonneau, pour ne voir plus que sa tête ressortir de celui-ci. L’eau qui était auparavant d’une clarté rappelant la Lune dans son plus simple appareil, venait de se retrouver à se teindre d’une couleur de suie. Le froid de l’eau avait permis à son corps de dénouer ses muscles et la chair mis à vif par son artisanat. Ses cheveux avaient repris la couleur de l’azur du ciel sans nuage. Un léger liquide se trouvait sur le côté, un mélange ascétique de lavande et d’alcool. Ce liquide lui permettrait de masquer l’odeur de nourriture grillé et ainsi également d’éviter une infection causé par le feu et le travail du fer. Dans un mouvement totalement machinal, l’homme se mettait à s’enduire de ce liquide sans réellement comprendre l’intérêt de ces choses-là. Il voyait tout cela comme une perte de temps, un temps qui pourrait lui servir à continuer de forger jusqu’à atteindre la perfection qu’il recherchait. Dans sa tête, l’image gravé de sa soeur endormi dans son cercueil de glace… Son matelas de glace, il secouait la tête pour chasser de son esprit ce lexique morbide et le revêtir d’un espoir beaucoup plus présent. 

Le temps, il fallait reprendre sa place dans ce continuum bien particulier.


Il se levait tentant de prendre lui-même la grande corde de sa ligne temporelle, il devait devenir le mettre même de ce qu’était le cours du temps. Sans attendre, il sortait d’un simple bond du tonneau, il manquait de tomber, car son corps souffrait d’une fatigue extrême. En même temps, cet homme demandait constamment plus à son corps. Il se rattrapait au bord du tonneau qui se mit à tomber dans un fracas énorme sur le sol déversant de la même manière l’eau sale sur dans un léger brasier qui tentait en vain de se maintenir. Le contact de cette eau et des cendres créait un nuage de vapeur, la vaporisation s’enfuyait par la fenêtre ouverte. Il n’avait pas le temps de tout nettoyer, mais il se précipitait vers son armurerie. Enfilant une armure simple, son léger kit de ninja à son ceinturon. Il enfilait deux sandales de ninja et il se mit à taper nonchalamment le sol avec ses pieds pour vérifier qu’elles étaient bien enfoncées. Il attrapait son pinceau, un paquet de feuille, il pourrait potentiellement prendre le temps pour concevoir certaines armes sous la forme de croquis. 

Le forgeron prit la route du lieu de rendez-vous avec ces futurs comparses. Il avait arboré le blason de son village sur son cou, le bandeau était mis comme un collier. Il approchait du terrain d’entraînement, l’homme arrivait sur un lieu où il remarquait la présence de deux autres personnes. Il adressait une simple phrase à ces deux personnes:

La vie était plutôt bizarrement faite. Que je le vouais ou non, je me retrouvais toujours avec Satoru dans les pattes. Non pas que cela me déplaisait, mais disons que les gens pourraient s'imaginer des choses à toujours nous voir fourrer ensemble, d'autant plus qu'il était moine et moi une samuraï. Des points communs, mais deux mondes différents. Il était aussi souriant que moi, j'avais une tronche de femme blasée. M'enfin, on avait au moins l'avantage de savoir bosser conjointement, mais je ne savais pas grand-chose du troisième larron qui allait faire équipe avec nous.  Tout juste avais-je eu l'information qu'il s'agissait d'un shinobi et qu'il était aussi un artisan au même titre que moi. Encore un concurrent. Si ça continuait comme ça, plus d'un finirait par faire faillite à Seizan. Mais peut-être que ça expliquait pourquoi on était si nombreux à bosser un peu à côté, parce qu'il fallait pas rêver, je le faisais pour l'oseille, par pour le plaisir de me faire prendre en sandwich.

En tout cas, on s'était donné rendez-vous dans les souterrains, quoi de plus intime pour taper la causette entre inconnus, hein ? Mais je fus la première à y pointer mon nez... ce qui m'étonna un peu à vrai dire. J'étais pas la personne la plus ponctuelle du monde parce que je me pressais jamais, poids de l'armure ou juste ma flemme, difficile de conjecturer sur ce qui pesait le plus dans la balance. Par contre, j'étais assez patiente, du coup, je tuais le temps assez banalement en m'allumant une cigarette et perdant mon attention dans les flammes d'une torche qui illuminait les lieux.

Le feu. C'était peut-être la seule chose que je trouvais belle dans ces tunnels. Voir tous ces flambeaux disposés le long des parois, voir les flammes danser à chaque soupir de l'air, il y avait là quelque chose d'hypnotique. Y avait pas à dire, Kagutsuchi, restait le grand chef du panthéon à mes yeux. Mais aussi fascinantes que je trouvais les fumerolles, je pouvais pas m'empêcher de penser aux Homura Bito et leur destin. Je supposais qu'un bon carboniste devrait se sentir heureux de pouvoir rencontrer ses pauvres diables, de considérer que ceux qui étaient devenus des torches humaines avaient été béni de la main du dieu du feu mais... j'avais toujours une impression amère. Ces "choses" me faisaient plus pitié qu'envie, sans doute parce que je connaissais l'une d'entre elles.

Soupirant à cette pensée, je la chassais bien rapidement quand je fus rejointe par mes deux futurs compagnons de bagarre.  C'était pas le moment de se la jouer nostalgique, d'autant que ça m'apporterait que dalle. Si Satoru débarqua avec sa dégaine d'efféminer du dimanche avec ces fringues chelous, c'était un autre délire avec l'inconnu : grand, des yeux de chien battu, des cicatrices sur la figure. Un curieux mélange qui laissait songeur.



J'écrasais le mégot de ma cigarette sur la paroi du mur avant de fourrer le déchet restant dans un mouchoir. J'étais peut-être un peu trop portée sur le tabac, mais je jetais pas mon bordel n'importe où. Certainement que le jour où je maîtriserais le feu qui était en moi, je pourrais cramer tout ça visa. J'en étais pas encore là cependant.  



Posant mon unique œil parme sur ce Dabi, je ne pus m'empêcher de le reluquer de haut en bas. Rien de pervers, je vous arrêtais tout de suite, juste que j'avais du mal à imaginer que ce bonhomme-là eut été un shinobi. Forgeron, j'y croyais, mais maître des ombres... Comme quoi fallait pas se fier aux apparences. Vous me direz, si j'avais pas un katana qui pendouillait à la ceinture, personne ne croirait que j'étais une samuraï.



Si on devait faire équipe ensemble, autant crever l'abcès directement.