Le village caché des Montagnes Bleues abritait bien des sortes de prouesses artisanales, il était le cœur créatif de tout le continent, bien que chaque contrée et villages possédaient sa spécialité dans la conception et la création de toute sorte de produits, Seizan n'en restait pas moins la pionnière et la plus remarquable. La magnifique architecture couplé à la difficulté du terrain laissait transparaitre cette véritable maitrise, des bâtiments construits à même le flan de la montagne, des bâtisses fondue dans les nuages, des statues gigantesque représentant les kamis et, du premier coup d'oeil de voyageur, les portes gigantesques et fascinantes du village lui octroyait cette place de capitale de l'artisanat, sans aucune remise en question possible.

De cet artisanat était née la grande spécialité du village caché dans les montagnes : la forge. De bons nombres de badauds, d'habitants, ou même de voyageurs tentaient de se trouver une place dans cette source de création et de matériau que possédait la cité. Si bien que plusieurs endroits fussent dédiés à ce métier, comme les forges souterraines ou bien le cœur même du centre du village : la ruelle des forgerons. Elle n'avait de "ruelle" que le nom qu'on lui avait attribuée, véritable artère construite à flanc de montagne, les batailles économiques étaient rudes pour y trouver une place de choix afin de vendre ses produits.

Les bruits de marteaux, les grognements des forgerons, l'odeur du métal bouillant, la chaleur des forges qui tournaient à plein régime, c'était en ce lieu que le samouraï déchu déambulait, kasa ébène ancré sur la tête, vêtu de son kimono onyx. Le brun avançait lentement dans cette ruelle, la petite effraie toujours perché sur son épaule, ses grands iris obsidiennes virevoltait de gauche à droite afin d'essayer de capter tous les mouvements des marchands et autres voyageurs. A la vue de son fourreau, certains tentèrent de l'interpeller afin d'avoir un potentiel client, mais l'Itadaki continuait sa lente marche, en direction d'une boutique bien particulière.

Fuji no Tsume, la Forge des Glycines. C'était ce lieu si particulier que le Maître-Lame était venu trouver, ayant entendu son histoire particulière mais surtout la personne qui tenait l'échoppe. Kaname Honoka, Jonin de Seizan et personnalité reconnue en tant que forgeronne d'expérience et émérite. Le brun connaissait avec précision la hiérarchie du village, et notamment les personnes se trouvant au-dessus de lui, ce qui était toujours essentiel afin d'éviter toutes erreurs bêtes en s'adressant d'une mauvaise manière à un supérieur. Ce n'était non pas pour son statut dans la pyramide militaire qu'il venait chercher la forgeronne, mais bien car elle était également réputée pour son utilisation du katana et son alignement dans la caste des samouraïs. Ryo était simplement intrigué, par le personnage haut en couleur dépeint de par toute cette polyvalence dont elle fait preuve. Bien qu'il venait pour y acheter une arme et espérait trouver une exception qui capterait son attention, la rencontre pourrait être plutôt intéressante.

« Enchanté, Itadaki Ryo, je viens faire affûter mon katana, et également regarder si vous avez quelques produits intéressants en stock. »

Les iris grises du samouraï déchu se posait sur les différentes armes que possédait la modeste mais néanmoins surprenantes boutiques. Bien que dans la ruelle des forgerons l'ont pouvait trouver de simples armes forgées en grand nombre afin de pouvoir armé un maximum de monde en un minimum de temps, ici, c'était bien la singularité des pièces que marquait l'esprit du brun lors de son premier regard. La petite effraie, toujours posée sur son épaule, secoua un instant les ailes, visiblement surprise par l'odeur de tabac qui se dégageait dans l'entièreté de la pièce.

L'origine de cette odeur particulière se trouvait en face de l'Itadaki, celle qu'il espérait trouver en ce lieu était bien présente, son cache-oeil la symbolisant ne laissant aucun doute quant à son identité. Cigarette en bouche et assise à travailler sur des croquis, elle venait se relever à l'annonce de mon arrivée, écrasant ce petit papier enflammée qu'elle tenait entre ses deux lèvres. Ses premières paroles confirmais une nouvelle fois les dires que le brun avait entendu sur la Jonin, un franc-parler et aucune petite salutation de complaisance comme la plupart des marchands faisaient afin d'amadouer leur clientèle. C'était exactement pour ça que l'Itadaki était venu expressément dans cette boutique, il n'avait pas besoin qu'on lui caresse le dos comme un bon chien, il cherchais l'honnêteté et la franchise. La jeune femme s'approcha de lui, et l'inflexion d'un rictus venait naitre aux coins des lèvres de Ryo, visiblement bon nombres des Jonin de ce village possédait cette couleur de cheveux argentée. Cependant il devait bien noter que cette crinière blanche allait mieux à la Kaname qu'aux deux autres hommes de haut rang qu'il avait rencontré précédemment.

« Tu peux me tutoyer, sans problème. »

Sans hésiter, il utilisait également le tutoiement comme demander par son homologue, décrochant son katana de sa ceinture afin de le poser dans la main qu'elle lui tendait. Pour une fois, le brun ne serait peut-être pas obliger de se grimer derrière les traits d'un homme poli et serviable avec une personne au-dessus de lui dans la hiérarchie, ce qui lui convenait parfaitement.

La jeune femme se mit au travail, examinant l'arme de son œil expert avant de permettre au brun de regarder et d'essayer les créations qui l'intéressait. Puis, elle vint à discuter de l'arme en question, après simplement quelques coup d'œil, ce qui marquait dans son esprit l'expérience dans la forge.

« Elle me suit depuis un bon moment maintenant, mais je n'ai pas vraiment d'attache particulière avec elle, je me suis habitué à sa légèreté et à son manche, si tu peux lui donner un second souffle tant mieux, sinon, tant pis. »

Un ton calme, n'accordant pas grande valeur au katana qu'il venait de remettre entre les mains de la crinière argentée, son regard allant de gauche à droite regardant les pièces uniques et surprenantes que possédait l'enseigne, avec que ses yeux ne se posent sur l'arme que la Jonin lui désignait. Un fourreau d'une couleur vive, attirant les regards mais semblant posséder une finition exceptionnelle. Sans demander et comme lui avait dit la forgeronne, l'Itadaki venait se saisir de l'arme, l'examinant un instant sous tout les angles, avant d'en sortir la lame au-dessus de sa tête, effectuant quelques mouvements de poignet fluide et agile, surpris par la légèreté de la lame.

« Ce katana est incroyable. Possède-t-il une histoire particulière pour détonner autant des autres lames ? »

Ryo n'était pas forcément de ceux qui accordait une grande importance aux histoires des bien matériels, du moins il n'avait jamais posséder d'objets d'exceptions et n'avait jamais vraiment chercher à s'en procurer, mais, au touché de cette lame, une synergie surprenante et inhabituelle semblait se dégager entre lui et l'arme. Le petit compagnon ailé n'avait plus non plus lâché le fourreau du regard, comme si une harmonie particulière se dégageait de la totalité de la création.

Tu venais reprendre une garde classique, rangeant l'arme que tu tenais dans les mains dans son fourreau. Ce fourreau si particulier dont la borgne à la chevelure argentée commençait à conter l'histoire. Une peau de serpent dépecée vivant, à la couleur bien orange, bien voyante. Elle avait raison quant à la souplesse de la lame ainsi que la légèreté du produit final. Visiblement, la Jonin savait vraiment marier les différents matériaux pour en confectionner de véritables bijoux. Bien que tu connaissais l'existence des armes démoniaques et de leur pouvoir mystique tiré d'une âme particulière, tu te rendais compte qu'il existe d'autres joyaux, sans pouvoir, juste forgés par une main d'exception et par un savoir-faire hors du commun.

La petite effraie posée sur ton épaule te picorait un instant la joue pour attirer ton attention. Visiblement, elle semblait t'intimer le fait que la jeune forgeronne t'avait indiqué un petit mannequin d'entraînement derrière toi. Perdu dans tes pensées en regardant le fourreau de cette lame qui semblait te plonger dans un monde onirique, tu n'avais prêté que peu d'attention à la fin des paroles de celle que tu étais venue chercher aujourd'hui.

« Ah, oui, merci. »

Tu répondais simplement, le ton un peu bégayant en sortant de tes pensées. L'atmosphère de la boutique elle-même avait changé. L'odeur de cigarette avait été rejointe par les doux bruits du métal alors que la borgne redonnait un second souffle à ton katana.

Tu te retournais lentement, vers le mannequin d'entraînement. Bien qu'un simple coup de lame te permettait de le trancher net en deux parties distinctes, voire plus, là n'était pas le but de l'exercice. Tu agrippais de ta dextre le manche de l'arme, la sortant de son fourreau à une vitesse prodigieuse, enchaînant les mouvements de tranche au niveau du cou de la cible, puis au niveau des flancs. Tu t'efforçais d'arrêter tes coups au plus près du mannequin, sans jamais le toucher, ta maîtrise du sabre te permettant de stopper tes coups à quelques millimètres seulement de l'endroit visé.

Tu répétais les mêmes combinaisons, posant tes yeux de temps en temps sur la lame, pour y voir sa réaction à l'air puis par simple curiosité de sa beauté qui fendait l'air de la pièce. Tu venais faire tournoyer la lame un instant au-dessus de ta tête, avant de porter un véritable coup au mannequin, au niveau de la trachée s'il était fait de chair et de sang. Sans vraiment appuyer le coup, tu venais faire une belle entaille dans le pantin, avant de ramener la lame à toi pour y voir sa résistance. Visiblement, le travail était d'orfèvre.

« Bon et bien, on dirait que moi et mon petit compagnon ailé allons repartir avec ce katana. Je dois te féliciter pour ce travail de forge, cette pièce est exceptionnelle. Je suis plutôt avare en compliments, mais là je dois bien avouer que tes talents et ta réputation ne sont pas usurpés. »

La forgeronne à la chevelure argentée venait de terminer son travail avec rapidité et précision, te rendant ainsi l'arme que tu lui avais déposée en premier lieu. La rangeant dans son fourreau onyx, tu la replaçais à ta ceinture, du côté gauche cette fois, car à droite allait trôner ta nouvelle arme de prédilection : Hebi no Namida, d'après les dires de ton interlocutrice. Tu appréciais son histoire, sa conception et son nom, bien que tu n'accordais pas tant d'importance aux possessions matérielles. Avoir une arme avec un nom propre et une histoire à raconter restait néanmoins primordial pour un épéiste, même si tu cherchais à t'éloigner de l'image traditionnelle du samouraï qui te laissait perplexe.

« Les seules choses que j'ai entendues sur toi étaient dans le cadre de la forge, le reste m'intéresse très peu. Je préfère me faire un avis par moi-même sur les personnes que je rencontre plutôt que d'écouter les ragots. »

Tu lui adressas en plus un léger sourire amical lorsqu'elle te donna ce petit surnom. Elle était un personnage à part entière, sans comparaison dans ce village, que ce soit par son caractère, son travail, ou la beauté de son visage. Toi qui avais plutôt affaire à des vieux marchands crachant leurs poumons à la moindre fumée dans leur forge, le tout accompagné d'une odeur de transpiration. Ici, malgré l'odeur de cigarette, tout était bien plus propre et professionnel. Seizan pouvait se targuer d'avoir les meilleurs forgerons, et la preuve se tenait en face de toi, à la chevelure éclatante.

« Je n'hésiterai pas à revenir alors. Je crois que j'ai trouvé l'atelier qui me convient le mieux. »

Dis-tu en sortant un petit morceau de tissu, abritant les pièces qui allaient te servir de paiement. Tu levais la bourse au niveau de ton épaule, la petite effraie attrapant le nœud en tissu et s'envolant légèrement pour aller déposer le paiement en face de la borgne. Et avant que tu ne tournes les talons d'une révérence de remerciement, une légère parole interrompit ton mouvement.

« Je ne suis pas samouraï. Simplement un épéiste, mais les valeurs et les codes moraux transmis par mes aînés sont loin d'être ce à quoi j'aspire. Je suis loin d'être le parfait petit soldat du Bushido. Mais j'ai l'impression que c'est une valeur que nous avons en commun, ce qui me conforte dans l'idée que ton travail est parfait pour moi. »