La brigade est la gardienne des secrets du village dans un sens. Nos langues liées pour ne jamais révélée quoi que se soit qui puisse être compromettant pour le village ou ses hautes instances. Nous sommes les parfaits gardiens des ombres qui habitent Jujou, car jamais aucun de nous ne pourra la trahir ouvertement. Ce qui nous qualifie particulièrement pour ce qui se trouve devant moi, à ce moment-ci. Un homme, ruisselant de sang, haletant, geignant … Qui vient de vendre le trafique de son meilleur ami.

J’essuie mes mains sur la serviette que je gardais non loin, tâchant le tissu de nuage pourpres. Puis mon visage qui n’a pas été épargné par la violence de mon interrogatoire puisqu’il est couvert de gouttelettes de sang. Un soupir passe mes lèvres alors que j’abandonne le pauvre bougre derrière moi en quittant la salle d’interrogation. Je fais signe à un de mes collègue de s’occuper de lui avant de reprendre mes armes que j’avais laissé dans mon bureau.

Je quitte sans attendre les quartiers réservés à la brigade pour me rendre immédiatement vers bureaux de la Jujoukage. Évidemment, ce n’est pas à elle que je vais, mais un des agents administratifs à qui je dis simplement qu’il me faut un traqueur ayant découvert la position d’un déserteur. Un homme qui nous échappe depuis un moment, car nous ne savions pas encore qu’il était aidé de l’intérieur. Maintenant, il ne pourra plus nous échapper. Du moins pas pour très longtemps.

On m’indique que quelqu’un sera dépêché et je n’attends pas plus longtemps pour aller récupérer le reste de mon matériel. En quelques minutes, je suis prête et je vais attendre celui ou celle qui m’accompagnera dans cette entreprise.

C’est une femme qui se présente, petite, mais à l’air rigide, celui d’une guerrière aguerrie. Il ne m’en faut pas bien plus pour savoir qu’il s’agit d’une traqueuse qui est loin d’être naïve ou innocente. D’un premier coup d’œil, elle me semble compétente malgré sa petite taille. Je suis loin d’être insatisfaite par ce que je vois. C’est un bon signe.



Je lui laisse quelques instants pour répondre si elle le désire, puis, sans perdre plus de temps, j’enchaîne. Le laid caresse toujours la surface tranquille d’un étang sans l’agiter. Il attend, tapis dans l’ombre, prêt à briser les vies qui s’en approcherait trop. Voilà en quoi consiste notre escapade, trouver cette laideur et lui livrer la justice qu’elle mérite.

La femme qui se présente à moi est exactement ce qu’on attendrait d’une traqueuse. De visage et de silhouette et même ce qu’elle dégage. Après une présentation efficace, elle reçoit mon approbation silencieuse et d’un signe de la tête, alors que je commence à lui donner les faits, ce qui nous attends là-bas. À peine sait-elle les détails qu’elle renchérit d’une série questions nécessaires auxquelles je réponds au mieux de nos connaissances.



Il y a longtemps que je ne questionne plus les demandes qui me sont faites. Nombreux sont les talents originaux des membres de l’armée. Si elle veut un objet de notre cible, elle doit avoir une façon de s’en servir pour mieux le traquer. Odeurs, chakra, qu’importe réellement.

Je ne fais donc aucun état de sa question poursuivant notre briefing. Elle pose ensuite une question. Le genre de question qui devrait avoir une réponse naturelle, presque émotive, mais je prends un instant pour la soupeser. Et les orphelins ?

Le but d’arrêter cet homme est sans nul doute leur sécurité. S’il parvient à s’enfuir, les chances sont qu’il se tiendra sage un moment, le temps que nous perdons sa trace. Les orphelins qui ne lui sont pas tombés entre les mains seront donc en sécurité. Oui. Le but premier de cette opération est la sécurité de ceux qui ne peuvent l’assurer d’eux-même.



Laisser l’homme filer n’est pas dans mes plans, mais les enfants et leur sécurité sera notre priorité, quoi qu’il arrive. Je suis loin d’avoir le cœur tendre ou de vouloir leur bien, le sort m’est en quelque sorte égal. Enfin, en tant qu’individus, lors sort ne m’intéresse pas. Cependant, ils restent des enfants sans défense, des enfants que quelqu’un se doit de protéger. Ils sont la raison pour laquelle il y a des guerriers et des shinobis. Ils sont dans leur essence même, ce que nous avons promis de protéger en prenant les armes.

Le ton avec lequel j’indique à Ruka quelle est notre priorité est froid, au contraire de mes mots. Mon regard ne montre aucune compassion, aucun questionnement, rien du tout.

La question accompagnant la fin de ma précision n’est pas directement liée à Ruka, mais à mon habitude face à l’incompétence. Trop nombreux sont ceux qui ont croisé mon chemin pour simplement se penser au-dessus de ce qui était attendu d’eux.



Une déclaration qui n'attend pas de confirmation ou de réponse sa part, alors que je m'engouffre  vers la sortie du village. Notre réussite dépendra de notre efficacité, mais également de notre rapidité d'action. Si elle a des questions, je les répondrai sur le chemin.

Empressée ? Oui. Des enfants sont en danger. Se ne sont pas eux en soi qui m’importe réellement. Mon cœur ne se serre pas à l’idée qu’ils souffrent, mais c’est mon devoir de protéger les habitants des environs, de les garder de ces dites souffrances, alors c’est ce que je ferai. Le plus efficacement possible.

Je n’ai doc pas perdu de temps et me suis immédiatement mise en route. Je ne m’attendais pas à une question de plus. Du moins, pas une question intelligente. J’ai sous-estimé cette Ruka. Comme probablement beaucoup de mes congénères.

Mieux vaut assumer le pire et être agréablement surprise. Comme maintenant. Je ne ralentis pas alors que je lui réponds. Nous avons un petit bout de chemin à faire et je veux éviter de perdre mon temps.



Je marque une pause et sors de mon kimono un rouleau, lui montrant rapidement avant de le ranger de nouveau. Puis, je reprends :



J’ai confiance que je ne me ferai pas attrapée quoi qu’il arrive ou que si quelque chose de si improbable venait à arriver, au moins, je saurais me débrouiller pour ne pas révéler mes affiliations. Une garde du corps peut être ninja ou du moins formée comme une ninja. En fait, le plus près de cette vérité, le mieux c’est pour moi. J’aurais l’air beaucoup plus influente de cette façon que je ne le suis.



Évidemment, le plan sera sujet à changement si le besoin se présente, mais pour l’instant, je crois que ce n’est pas mauvais.

Je prends une seconde pour l’observer, elle est discrète, comme je le suis. C’est pratique, définitivement, je saurai en faire usage. Mes pas sont discrets, tout comme elle. Mon chakra, aux yeux d’un senseur disparaît également. Je suis une maîtresse dans l’art de faire disparaître ma présence après tout.

Notre destination n’est pas difficile à atteindre. L’invitation venait, après tout, avec des indications assez précises. La course prend un moment et nous arrivons au moins une bonne heure d’avance. J’en profite pour lancer un regard aux alentours, me faire une image mentale de l’extérieur, au cas où il est nécessaire de fuir.

Sans attendre davantage plus longtemps, je guide silencieusement ma compagne de voyage vers l'édifice deux étages plutôt massif.

Criant l'opulence et la corruption, l'endroit passerait facilement pour un enchère classique … Il est difficile d’imaginer ce qui se trame derrière les coulisses. À l'entrée, je présente le rouleau contenant l’information et nous voilà rapidement admises. Nous sommes guidées par un servant qui nous mène vers l’arrière, dans les couloirs les plus reculés. Puis, on nous fait patienter quelques minutes dans une pièce, seules toutes les deux. Le processus ce fait en silence. Personne ne nous adresse la parole et je n'ai rien à dire, prétendant avoir l’habitude de ce genre de chose ou du moins, prétendant m’Attendre à ce que notre admission jusqu’à la salle de l’enchère soit ainsi. Un nouveau servant entre, tenant un plateau avec deux demi-masque blanc chacune pour dissimuler notre identité. Probablement une mesure de sécurité pour protéger l’identité des clients et éviter qu’ils soient possiblement découverts. L’achat d’orphelins n’est après tout pas vu d’un bon œil. d’abord à un garde de sécurité. On nous indique de poser nos armes et je lance un regard à Ruka.




Mais le garde reste intransigeant. Son regard dur se pose sur ma camarade alors que je fais mine de bouder. Je ne pensais pas vraiment que le commentaire allait changer quoi que se soit, mais je me le suis permis tout de même. Après tout, les riches demoiselles ne font-elles pas souvent des caprices pour un oui ou un non ?

Mais ce n’il ne se doute pas, c’est mon tessen caché dans ma robe - disons que je n’ai pas vraiment l’apparence d’une combattante, et il est difficile de deviner du premier regard mon habileté avec ses petites merveilles.

Je n’insiste donc pas pour garder les armes et laisse Ruka gérer comme elle le désire.

Mon élément c’est ce genre de truc. Mon regard balaie la salle et je repère trois portes. Celle par laquelle nous sommes entrées, une vers le font de la pièce où les employés semblent aller et venir et une vers la gauche. Autour de nous les commentaires mondain pleuvent les faux-semblants, les mensonges blancs ou ceux de nature plus dangereuses. Certains jouent avec le feu, danse avec la séduction, tentent de faire des connexions …

Je me faufile et me glisse discrètement dans une conversation, lançant un regard vers la porte du fond. Les enfants doivent se trouver là-bas. La porte de gauche m’intrigue, mais je ce n’est pas le temps de jouer avec le feu. Mon regard se tourne vers ma garde une seconde puis rvient à la conversation.

Rien de pertinent, mais de participer me permet de garder une couverture crédible. Telle dame aurait dit … tel Daimyo a fiancé son fils à telle fille. Des mondainités sans intérêts.

Heureusement, je n’ai pas à rester là bien longtemps. L’hôte nous interpelle, nous demandant de prendre place pour le début des enchères. Je m’installe donc à la première rangée. Mon regard se pose sur l’homme qui fait sa présentation plus qu’extragante pour rien. C’est lui notre cible.

Je fais un petit signe à Ruka pour qu’elle comprenne et tente de retenir le plus possible de détail concernant l’homme. Taille, cheveux, corpulence, voix … Tout ce qui pourrait être utile.

Taille moyenne, un peu bedonnant, chevelure brune en chignon sur le sommet de son crâne, sa voix un peu nasillarde …

Il annonce une première marchandise, mais ce n’est pas un enfant. Je ne m’y intéresse donc pas. C’est un homme d’environ la trentaine, solidement bâti. Le deuxième, un enfant. Je donne mon prix, montant les enchères avec parcimonie.

Le tout nous prend quelque chose comme trois heures et j’ai réussi à prendre tous les enfants. Ceux ayant participés sont appelés à venir payer pour récupérer leur prix et c’est à ce moment que je glisse une pilule dans ma bouche. Je n’ai pas les talents d’Ao en illusions, mais au moins je peux embobiner mon interlocuteur.

Je m’assure de lècher mes lèvres avant de poser un baiser sur les deux joues de l’homme. Il semble surprit, se fige une seconde, puis rit grassement, probablement flatté de mon action.



Et mon poison coule désormais dans ses veines. Je sors un sac de gallets sur lequel je fais lance une illusion bien simple. Un oeil averti pourrait voir la supercherie … Mais pas lui. Mon poison l’en empêcherait.

Je le paie donc et on nous confie les enfants.