Le médecin à la chevelure ardente continue de boire les paroles de celui qu’il a choisi. Celui qui deviendra l’une de ses expériences quand bien même il serait enclin à devenir meilleur. Le genre de personne qui intéresse fortement Ishii qui n’attend qu’une chose : avoir de quoi se mettre sous la dent ! Les exploits des épéistes furent mis en avant et ce fut avec grande surprise qu’une arme en bois fut tendue au médecin qui regarda celle-ci d’un air interrogateur. Cette fausse épée serait capable de transmettre les bases du Kenjutsu grâce à sa plus grande maniabilité - contrairement aux sabres traditionnels. Hésitant, sans main se pose sur le manche et il saisit à pleine main cette dernière. Il tourne ce qui s’appelle “un tantô” dans différents sens pour la contempler avec beaucoup d’attention. Le jeune homme souhaite apprendre les bases du Kenjutsu à Ishii en contrepartie d’une leçon sur l’Iroujutsu.

“Je suis ravi de voir ton intérêt pour la médecine. Mais les bases dans ce domaine sont déjà très poussées ! Un maniement du chakra bancal peut aller jusqu’à tuer ton patient…” Il dresse l’épée de bois face à lui. “Tout comme cette épée peut tuer si je la manie sans prudence !” fit-il tout en faisant - mentalement - un lien avec sa métaphore. “Par contre, j’ai une idée qui - je l’espère - peut t’intéresser.”

Dans son laboratoire, Ishii possède différents registres et parchemins dans le but d’apprendre la greffe d’organe : un procédé complexe dont le but est de créer une sorte de Ninja - ou Samouraï - amélioré. La greffe - si acceptée par le corps humain - peut octroyer à ce dernier des compétences ou des qualifications qu’il ne saurait imaginer. Il pourrait respirer sous l’eau, s’accrocher sur des parois sans une maîtrise avancée de son chakra, transformer sa salive en poison… Tellement de possibilité qui pourrait rendre un épéiste puissant et redoutable ! Encore fallait-il que l’individu se soumette à ce genre d’opération qui - finalement - serait une aubaine pour le village.

“Dis voir Kunao, j’ai besoin que tu répondes à quelques questions en toute franchise.” dit-il avec un visage qui devient un peu plus froid. Un sourire arriva tout de même au moment opportun pour calmer le jeu. “Rassures-toi, ce n’est pas un interrogatoire mais en fonction de tes réponses, je pourrais te proposer quelque chose.”

Ishii fit une légère pause tout en jouant avec l’épée en bois. L’air ambiant commence à se rafraîchir, et l’atmosphère paraît un peu moins amicale bien que ce soit toujours le cas. La lame inoffensive se posa dans la paume de main opposée à celui tenant le manche tandis que le médecin appuie du bout de son index sur la pointe de celle-ci.

“A quel point te considères-tu loyal au village ?” Conclut-il tout en octroyant aucun regard à son interlocuteur, trop intéressé par ce qu’il tient entre ses mains. “Je veux dire… Jusqu’où pourrais-tu aller pour être - je dirais… La pierre angulaire de Seizan ? Le genre de personne indispensable ?” Il s’arrête une énième fois avant de reprendre. “Et en plus de ton Kenjutsu dont les capacités ont l’air d’être dans une constance exponentielle, est-ce qu' acquérir un pouvoir qui te rendrait d’autant plus fort en la matière, serait quelque chose qui pourrait t’intéresser ?”

La pointe de son index devint rouge : il avait appuyé trop fort sur le sommet de la lame. Une lame pourtant en bois ! Une épée véritable lui aurait tout bonnement transpercé le doigt sans même qu’il ne le veuille…

“Je sais que mes questions sont étranges mais comprends-tu : pour ma part je suis prêt à tout pour ce village. L’envie de devenir plus fort pour servir Seizan est donc primordial et naturellement présente…” Un sourire suivi d’une main derrière la tête afin de se gratter le crâne marqua une gêne bien présente. “Je m’exprime un peu mal, je suis navré mais tu es une personne intelligente : nul doute que tu comprends que je n’ai aucune hostilité à ton égard en posant ce genre de question. Je veux juste mieux te connaître !” Conclut-il.

Les capacités de négociation du médecin n’étaient pas des plus poussées. Pourtant, ce qu’il avait proposé au jeune homme était quelque chose à ne pas refuser. Dans d’autres contrées plus éloignées, des techniques Suiton ont réussi à noyer des populations, dans certaines la foudre qui s’est abattu sur la population a tué des civils… Beaucoup d’exemples peuvent encore être tirés du chapeau de Ishii mais encore fallait-il que ces exemples soient pris en compte par Kunao. Il avait des principes, des valeurs et c’était tout à son honneur. Mais au-delà des principes, il faut tirer des conclusions des échecs d’antan, pour la réussite de l’avenir.

Légèrement agacé par la réponse de Kunao, le médecin ne cacha pas cette émotion par un faux sourire tandis que les questions du potentiel futur cobaye lui octroyait un sentiment de bonheur tant il était curieux de cette activité. Ce faux sourire se transforma en un véritable et il prit la peine de lui répondre.

“Ta question est pertinente, Kunao” commençait-il. “Que ce soit un médecin ou un épéiste, il faut les nerfs solides quoi qu’il arrive. Pour nous, il faut aller un peu plus loin et arriver à faire la part des choses : certains disent qu’un médecin ne doit que soigner : c’est un peu sa mission, qu’il s’agisse d’ami ou d’ennemi.” il haussa les épaules en soupirant. “Pour ma part, je ne cautionne pas cela. Les ennemis doivent être capturés ou éliminés et les amis, collègues, famille doivent être soignés.”

Pour Ishii, un ennemi n’est qu’une cible tandis que les amis sont les flèches qui permettent d’atteindre la cible… Et chacun peut devenir la flèche, ou la cible, à tout moment en fonction des intérêts de chacun… Actuellement, le médecin ardent souhaite que Kunao devienne la flèche, pour des raisons très simple d’ordre caractériel : il possède un tempérament et une aura intéressante pour Ishii… Mais avant tout, ne perdons pas le fil et répondons à son interlocuteur.

“Sans être sûr à 100%, je dirais que la médecine a vu le jour pour - dans la forme - soigner. Mais dans le fond, pour réussir quelque chose, il faut souvent échouer d’abord… On peut donc facilement s’imaginer par quelles horreurs sont passés nos ancêtres pour qu’aujourd’hui, nous puissions réussir ces prouesses que je t’ai cité !”

Quelques livres de médecine dont certains sont cachés du grand public prouvent à quel point des personnes - souvent des prisonniers de guerres - ont eu à subir pour que l’on puisse obtenir des informations cruciales sur le fonctionnement du corps humain. Par exemple, avez-vous qu’un corps non entraîné, d’une personne lambda, peut survivre la tête en bas ? Grossomodo 30 heures avant que ces yeux ne soient expulsés de leurs orbites. Intéressant n’est-ce pas ?

“Je comprends la réflexion que tu souhaites entreprendre. C’est normal. Dans le monde commun, effectuer ce genre d'opérations peut être contre nature et poussé à croire aux transhumanismes et autres. Mais nous n'en sommes pas encore là : je peux t’octroyer certaines capacités néanmoins, je ne peux pas te faire devenir un surhomme capable de déplacer des montagnes.” il s’arrêta un instant avant de continuer sur pourquoi lui. “Je t’ai proposé car en toi je vois l’avenir. Tu es jeune, une fougue sans pareille et tu as l’envie de t’améliorer. Grâce à mes capacités je souhaite améliorer les tiennes ! Une chose est sûre cela dit : mes capacités peuvent t’aider mais ne sont pas miraculeuses, il faudra tout de même du travail !”

Rien n’est magique. Une personne qui souhaite obtenir un corps plus sculpté peut prendre des protéines. Mais s’il ne s’entraîne pas, il ne pourra pas provoquer l’anabolisme nécessaire aux développements musculaires. S’il veut détruire ses fibres pour évoluer, il devra en plus des protéines, s’entraîner… Il en va de même avec les capacités qu’Ishii souhaite lui offrir. L’autre question est intéressante : cette offre a-t-elle été proposée à d'autres ? Ishii sourit tout en lui répondant.

“Je suis honnête Kunao et tu n’as pas été le seul à qui j’ai proposé cette aide. Certains en difficultés n’ont eu d’autre choix que de saisir cette opportunité tandis que d’autres l’ont fait par curiosité, et d’autres encore voulaient simplement obtenir un éventail de choix plus important en combat. Tous ont trouvé leur compte.” Son regard se posa dans les pupilles de Kunao et avec un air un peu plus sérieux. “Mais je ne pourrais pas te donner de nom : cela entrerait en collision avec le secret médical que j’affectionne particulièrement.”

Assis et adossé contre une paroi en bois, son regard fixa ensuite les nuages. Sa jambe se plie et son genou accueille le poignet du médecin qui - en détente - répondit à la dernière phase d'interrogation de Kunao.

“Ce projet ne sera rempli qu’à 100% le jour ou l’ensemble de Seizan se verra amélioré. C’est une mission de toute une vie. Une mission qui ne peut être accomplie qu’avec la collaboration de tous… Du coup Kunao…” il fixa à nouveau son interlocuteur, un air toujours bienveillant dessiné sur son visage. “Avec tout ce que je viens de dire, souhaites-tu faire partie de cette mission ?”