Mon père m'avait mis sur la voie de la lame, avant de m'abandonner... Enfin, ce n'était pas vraiment ça. La pensée était dure, mais à l'époque, je l'avais sentis comme ça : Enfant déçu devant un père qui disparaissait alors qu'il apprenait encore... Depuis, j'avais suivi ma voie, reflétant la sienne, mais avec quelques changements. J'avais bel et bien testé d'autres outils de guerre, mais rien ne m'avait laissé de pareille sensation que le katana...

Pas la Masakari,
pas le Yari
et surtout pas le Yumi.

Comme si mon destin était lié à ce bout de métal longiligne, j'avais toujours choisi cette arme à la caserne : Mauvais en tire, mauvais en allonge, ... Seul restait la vitesse et la technique, pour le grand malheur de mes instructeurs devant mon manque de polyvalence. Tous, sauf une, qui avait patiemment observé mes faits et gestes alors que son credo a elle était justement la capacité à tout empoigné avec la même force. "Chacun sa voie." Hotaru n'était pas bien vieille à l'époque et aujourd'hui encore je gardais en mémoire ses traits jeunes et fins : Elle n'avait pas l'air gentille, mais elle avait l'air puissante et pour un jeune garçon cela suffisait à la suivre et à l'écouter, bien plus que la bienveillance maternelle que j'avais quittée en arrivant dans l'institution militaire.

Ainsi, si j'avais progressé malgré les "on dit", c'était grâce à elle et son enseignement : L'homme que j'avais été un patchwork de plusieurs personnes, surtout des femmes, et celle-ci, je pouvais sans prétention dire qu'elle avait dirigée bien plus que ma lame sur la bonne voie. Aujourd'hui, je l'avais rattrapé, si bien que notre dernier duel avait ordonné un statut quo, alors l'idée que c'était à mon tour de dispenser un peu mon enseignement m'était venu comme une évidence.

C'était un travail générationnel.

Inspiré par mon histoire, je m'étais inscrit sur les listes pour être instructeur : Pas une saison entière, mais quelques jours sur des ateliers précis. C'était le premier jour et, un peu stressé, je n'avais pas dormi de la nuit par peur d'être en retard. C'était infantile, mais je ne voulais pas faire mauvaise impression devant ces petits qui apprenaient la vie de soldat : C'était dur pour eux, ça l'avait été pour moi aussi à leur âge... Je devais apparaitre comme un rempart, un pilier, une colonne. Une base quoi, pour qu'ils s'appuient sur moi dans l'objectif de me dépasser. "Un jour."
Malheureusement, avec le peu de sommeil, je m'étais quand même endormis et l'heure du réveil était passé depuis longtemps quand j'avais surgi des ténèbres de Morphée... Alors, en voyant l'avancement du soleil dans l'horizon, j'avais foncé pour prendre un petit déjeuner rapide et surgir dans la rue comme un fou pour rejoindre la caserne où devait m'attendre mes petits protégés, qui ne me connaissaient même pas. J'étais donc mal réveillé et un peu suant quand le bâtiment principal de l'académie surgit dans mon regard : C'était raté pour la bonne impression et sur mon chemin, trop rapide pour mon propre bien et ma compréhension du matin, je culbutais dans quelqu'un qui allait, lui aussi, vers les portes en bois du gymnase où devait se passer mon cours.

Aoutch.

Restant debout pour ne pas empirer la chose, je me tenais la tête qui me faisait mal : J'avais foncé tête la première dans le dos du pauvre homme qui devait se retourner vers moi, vu le coup que je venais de lui mettre.

- Excusez-moi, j'étais en retard et je n'ai pas vu que vous étiez sur le chemin. Reprenant ma course, j'allais vers mon cours et les petits étaient déjà en rang, m'attendant de pied ferme. Ils s'étaient réveillés pour moi et je n'avais pas pris la peine de faire de même. Quel mauvais professeur, j'étais... "Que dirait Hotaru ? "

Malheureusement, le pire arriva : La personne que je venais de frapper arriva également et je réalisais avec un peu de désarroi que c'était une dame... J'étais un idiot, surtout que maintenant que j'avais une respiration plus calme et que mon objectif avait été atteint, je pouvais percevoir les nombreux signes de la féminité de la personne. Elle avait un look un peu sauvage, certes, mais quand même !

Quel emmerdement.