Tout Onogoro possède en son sein une mosaïque de peuples tous différents les uns des autres, et la majorité sont des citoyens fidèles à l'Empire et partageant les mêmes valeurs, se rejoignant dans la foi en l'Empire et son armée. Quelle ironie lorsqu'on voit que peu de différences sont à discernées entre les différents membres de la famille impériale, tous ont une chevelure immaculée variant de l'albâtre pur au simple blond polaire. La branche Minamoto elle, ne déroge pas à la règle, et est même intensifiée dans le nom même des derniers héritiers encore en vie.

Si pendant tout l'hiver, les immaculés impériaux se fondent dans le décor enneigé du sud-ouest de l'Empire, les nivéens se trouvent désormais moins discrets dans ces plaines prêtes à retrouver leur verdure et leur couleur. Les pins perdaient leur couverture de neige, et le froid hivernal se laissait doubler par la fine brise de l'arrivée du printemps. Brise qui vint soudainement tirer de sa torpeur la princesse impériale au minois orienté vers l'immense forêt des Orties, bordant le village caché de Toge. Peu de temps s'étaient écoulés depuis son retour dans le village qu'on lui avait assigné, mais désormais elle n'était plus seule à parcourir les rues de l'Épine. Si longtemps séparée de sa moitié, sa souffrance intérieure s'était miraculeusement envolée dès lors qu'elle a pu retrouver les bras chérubins de son sang; son jeune frère. Ainsi, comme l'hiver cédant sa place au printemps, une nouvelle ère naissait. Un Renouveau.

Les épaules couvertes par une longue cape aux teintes ambrées, la princesse à la tiare lunaire poussa un long soupir agrémenté par une fine brume de froid, son regard d'éther s'était déposé sur les différentes structures de son village, comme pour de nouveau contempler ce qui allait, pour peu de temps elle l'espérait, être son lieu de vie principal. Bougeant son visage de droite à gauche comme pour contempler quelque chose qu'elle déplorait, Minamoto Hyouren vint finalement observer le ciel crépusculaire, annonçant la tombée de la nuit imminente.




Sa sénestre vint empoigner deux pans de sa cape, comme pour protéger son buste du vent, faisant face aux derniers signes de l'hiver sans aucune expression discernable sur son visage. Si en tant qu'héritière d'une branche déchue elle était suffisamment rongée par la rancœur, son cœur ne semblait pas avoir encore assez de vice au fond de lui, rajoutant à la rancœur, la consternation. Accablant se trouvait être ce monde où l'on accusait les créatures de la nuit d'en être les ennemis, quand le véritable crime se trouve dans le cœur des Hommes. S'il était une créature intéressante, au même titre que les yôkais, aux yeux de Hyouren, il était aussi une chose capable de commettre le pire et d'en affecter tous les autres.

Pourtant, qui était ainsi blâmé par l'Empereur ?
Non pas ces criminels en pleine liberté.

Imposteur égoïste. Tel était la qualification de Yamato Shin aux yeux de la princesse sans couronne. Usurpateur, tout comme le fut son père lorsqu'il fut nommé Empereur à la place du sien. Chaque jour où ses yeux s'ouvraient chaque matin, sa colère s'alimentait et son masque s'intensifiait. Car si son cœur était altéré, son enveloppe charnelle était elle le total opposé. Séraphique minois, majestueusement apprêtée et altruiste par sa profession de médecin, une palpable ironie lorsque son dessein était tâché de parjure.

L'Empereur doit céder à l'absolution. La flavescente détourna finalement son regard du ciel pour venir chercher un nouvel ancrage sur terre. Si son aspiration intérieure prendrait du temps, à son grand malheur, sa mission officielle, elle, débutait dès aujourd'hui.

Si les neiges se faisaient fondantes, et que les premiers signes annonciateurs d'un imminent Renouveau commençaient à poindre, le froid ambiant n'en demeurait pas moins mordant contre la peau relativement peu couverte du jeune prince. Plongé dans son Monde Intérieur, il se soustrayait ainsi à cette sensation pour le moins déplaisante, quand bien même son enveloppe charnelle n'était guère exempte des effets qu'il subissait. Du tandem impérial, il était depuis toujours celui s'étant le plus consacré aux arcanes de l'Esprit, tandis que sa moitié cherchait à percer les mystères du Corps, ainsi qu'à repousser ses limites physiques. Une complémentarité idoine, dont Byakuren ne souhaitait plus jamais se passer, depuis qu'ils avaient été de nouveau réunis lors de leur départ en pèlerinage. Une séparation dont il n'avait que trop souffert, souvenir à la fois lointain et toujours prégnant.



Effectuant une série de mudras, une somptueuse rampe de diamant se matérialisa ainsi devant les pieds de Hyouren. S'offrait à elle un chemin lui permettant de continuer sa marche sans avoir à fouler du pied ce sol qui, s'il était métaphoriquement entaché, augurait d'une raspoutitsa qui ne manquerait point de se révéler encombrante. A fortiori chez un individu raffiné tel que le prêtre d'Amaterasu, préférant éviter ce genre de terrain boueux et salissant. Pourtant, il n'y était nullement étranger, lui qui pendant huit longues années, avait arpenté Onogoro aux côtés de sa sœur. S'il pouvait l'endurer avec aisance, ce n'était point pour autant qu'il se priverait de l'éviter s'il en avait la possibilité.



Il s'approcha alors timidement de sa sœur, se tenant contre le rebord du nouveau chemin qu'il venait lui-même d'engendrer en usant du Shôton. Si ce dernier restait plutôt étroit pour plus d'une personne, il pouvait en accueillir une seconde.



Les yeux rivés vers le Ciel, il accompagnait le regard de sa jumelle, contemplant l'avènement de l'astre lunaire. S'il priait avant tout la Kami du Soleil, il restait pleinement conscient de l'importance que pouvait revêtir le Dieu Sélène au sein de ce village, ainsi que pour Hyouren. Après tout, il s'agissait aussi de leur Temple officiel ; bien qu'ils n'avaient nullement choisi la prêtrise par vocation.

L'on forge le caractère d'un enfant dès son plus jeune âge, et si la plupart des parents préfère s'efforcer de les rendre humble, gentil et bienfaiteur, Minamoto Shirona avait un tout autre but pour ses deux tendres anges. Nés tous deux avec une chevelure polaire, pureté incarnée du sang qui coulait dans leur veines, elle ne pouvait imaginer une seconde que cette génération subisse de nouveau l'opprobre que son mari ne cessait de vivre sans faire la moindre chose. Chassés, persécutés, abandonnés aux profits des Yamato, c'est dans une enfance marquée par la rancoeur qu'avait grandit Minamoto Hyouren, fille ainée et jumelle de Byakuren.

Marqué dans son coeur, elle s'efforça d'être la parfaite princesse aux yeux de tous, pour se faire accepter. Silencieuse, qui ne s'impose pas, suivant les ordres sans ne dire le moindre mot, la moindre remarque. En public du moins. Jamais elle n'avait été à l'encontre des décisions prises à son égard, jamais officiellement, même lorsque, avec horreur, elle avait découvert qu'elle serait séparée de sa moitié, faisant naître un second mal dans le plus profond de son âme.

Un mal visceral qui avait été jusqu'à blanchir les cheveux blonds de la jeune femme, offrant ces reflets argenté dans une chevelure polaire, seul marque de distinction avec son frère si ce n'est son sexe. Si l'on pouvait croire à l'intervention divine du sélène astre pour qui elle prêchait, rendant ses cheveux aussi argenté que lui, c'était la séparation qui l'avait ainsi affectée dans les méandres de son corps.  Mais dissipé, le mal fut remplacé par la haine qui l'avait tant caractérisée étant enfant.

Les flavescentes mèches de Byakuren et son regard éthéré vint soudainement tirer la princesse de ses pensées, contemplant son propre reflet dans celui du jeune garçon qui venait d'ouvrir devant elle, une nouvelle voie, pour un nouveau départ. Elle dépose ses pas sur cette barrière faite en chakra, invitant son frère à la suivre d'un geste de sa main fait avec une certaine douceur qui témoignait encore de l'éducation faussement exemplaire qu'elle avait reçu.




Une telle structure de chakra pouvait paraître des plus intrigante, d'autant plus pour une spécialiste des arts du Corps comme Hyouren, elle qui, contrairement à son jumeau, avait préféré se concentrer sur le matériel plutôt que sur l'esprit. Une certaine dérision lorsqu'on contemple l'allure de la princesse, assez frêle du moins en apparence, douce et fragile comme du porcelaine, jamais l'on croirait celle ci experte dans des arts aussi physique que ceux du corps.

Elle cachait son jeu, autant sur ses capacités que sur ses desseins.




Un soupir d'agacement s'échappa alors que sa main s'extirpa de sa longue manche pour venir caresser avec douceur le visage de son jumeau, comme pour tenter de le rassurer sur la situation qui s'apprêtait à faire partie intégrante de leur vie. Si elle était sa soeur, elle ressemblait étrangement à leur mère, autant douce et immaculée qu'assombrie par de terrible objectifs au fond de leur coeur.

Un grand sourire se dessina sur le visage du prince, tandis que sa sœur l'invitait à l'accompagner sur ce sentier cristallin d'un doux geste de la main. Enlaçant ses fins doigts de noble autour de ceux de Hyouren, il posa à son tour le pied sur cette voie royale de son propre cru, l'écoutant à son tour déclamer une prière dédiée au Dieu Sélène. Puis, rebondissant sur les propos de son frère, elle établissait un diagnostic tout aussi semblable que lui quant à l'aristocratie d'Onogoro. A bien des égards, eux aussi, auraient potentiellement pu tomber dans ces travers. Dans leur malheur, celui de l'injuste déchéance, certes relatives, de la lignée Minamoto, ils avaient au moins pu mener une vie leur inculquant un minimum d'humilité à travers l'éducation religieuse qu'ils avaient reçue. Surtout, ils disposaient pour leur part d'une expérience de la vie réelle et du quotidien des petites gens, dont aucun autre noble ne pouvait se prévaloir. Une conscience de la situation, et une évolution de leur vision du monde, leurs permettant de se dissocier de leurs homologues.



S'il ne le montrait pas de manière aussi explicite que sa moitié, lâchant un soupir d'agacement qu'il partageait lui-même intérieurement, Byakuren n'en restait pas moins sensible à cette injustice. Ils étaient cependant en position de rectifier les torts de cette branche corrompue, en replaçant les Minamoto et les intérêts du peuple au cœur d'Onogoro. Sentant instinctivement ce qu'éprouvait en cet instant son jeune frère, Hyouren vint alors caresser son visage avec douceur, seule affection qu'il recevait désormais, depuis qu'ils avaient été envoyés au Haut Temple de la Création. Un geste qui l'apaisait toujours aussi profondément, lui rappelant par ailleurs l'amour de leur mère, dont la princesse avait toujours été proche ; en plus de lui ressembler sur de nombreux aspects. Son étreinte autour de sa main liée à celle de sa jumelle se fit alors plus forte, comme pour lui rendre son geste et l'en remercier.  



Le tandem poursuivait ainsi sa route sur ce chemin impérial, que l'illusionniste continuait de déployer peu à peu, le cristal se dissipant progressivement derrière eux au fil de leur marche. Pour une fois depuis leur arrivée à Toge, ils disposaient enfin d'un moment plus calme leur permettant de visiter les endroits qu'ils désiraient. Si d'accoutumée, c'était l'aînée qui guidait son cadet, la tendance s'en trouvait d'autant plus renforcée en ce que contrairement à lui, elle avait déjà vécu ici. Outre des passages ponctuels, le Souhei ne connaissait encore véritablement l'Epine, et brûlait de la découvrir au-delà des aspects délétères que le duo impérial avait tragiquement constatés.  

Le calme olympien de la jeune femme entrait en contradiction avec son combat intérieur avec tous ses démons, un calme finalement rompu par une exaction à ses propres convictions, offrant un soupire d'agacement à son jeune frère. Son regard, solennel, se plongeait dans celui son jeune frère avant de soudainement disparaître sous le poids de ses paupières qui se faisaient lourde, et non pas de sommeil. Une habitude chez la princesse qui, représentait finalement bien sa foi en paraissant constamment endormie lorsqu'elle n'avait pas l'utilité de placer son regard d'éther sur cette terre.

Sa main entrelacée dans celle de son frère vint intensifier sa poigne alors que son autre main empoigna elle la manche du prince, un sourire naquit sur le visage de l'ainée qui entendait les mots du jeune frère. Ils étaient jumeaux, mais il avait toujours été son petit frère. Bien qu'âgé de vingt-six été, il régnait une atmosphère finalement encore enfantine dans ce tandem, eux qui avaient été si jeune enlevé à leur mère et forcé d'étudier au temple. Minamoto Hyouren en voulait beaucoup à la famille impériale, son propre sang, mais était ravie de pouvoir de nouveau être auprès de son plus proche parent.




Ses yeux se réouvrirent, se déposant sur la grande entrée du village de l'Épine qui l'avait accueillit pendant tant d'années. Elle passa son bras dans le dos de son jeune frère, si dans d'autres contrées ils pourraient paraître extravagant, leur attitude et costumes était finalement plutôt adapté au village qui accueillait les nobles de Teito dans des résidences secondaires. Ses mains gantées de blanc témoignait d'un goût raffiné, une étrange corrélation entre la pureté innocente de ces mains couvertes, et le sang qui pouvait les couvrir alors qu'elles étaient nues. Dans cet hiver qui se terminait, la nivéenne robe ceinturée et la cape de fourrure de la princesse se mêlait à la neige, comme si une certaine harmonie se dessinait alors qu'elle était de retour.

Elle fit quelques pas de nouveau sur le sol de cristal crée par son jeune frère, se détachant ainsi doucement lui et en profitant pour doucement replacer ses gants.



Ses souvenirs de Toge dataient de l'ascension de Yamato Daichi à la tête du village. Neveu de Shin, cette nouvelle n'avait pas ravie la jeune princesse, mais n'avait pas pour autant déjouer ses conjurations. Si elle pouvait être proche du jeune adolescents et être amie avec, en plus d'être cousine, c'était un avantage considérable. Byakuren était certainement de cet avis, elle l'espérait du moins. Daichi était certes un obstacle, mais était surtout un atout.

Elle n'attendait aucune sincérité des autres, si ce n'est de son frère. Elle même ne l'était pas avec le commun des mortels car personne ne méritait sa confiance. Si Daichi était ou non content de voir sa famille au sein de son village, elle en restait de marbre. Aussi froide que la glace qu'elle portait dans son nom, Shirona n'avait finalement pas eu tort en choisissant le nom de ses enfants. Un instinct maternel sur l'avenir de ses deux héritiers. Le blanc et la glace, une pureté idyllique représentée à merveilles par des jumeaux à la chevelure d'or pour l'un, et d'ivoire pour l'autre.

La chaleur de l'étreinte de Hyouren, intensifiant sa poigne autour de sa main, se suffisait à elle seule afin de faire oublier le froid hivernal à Byakuren, qui n'avait nul besoin de son Palais Mental quand la présence la plus réconfortante de son existence se trouvait ainsi à ses côtés. Alors que les pupilles de sa moitié s'étaient closes dans cette contemplation caractéristique, lui conférant cette expression onirique qu'il avait lui-même développée ou empruntée, ses mots emplissaient son cœur d'une gratitude et d'une tendresse infinies pour celle qui, à bien des égards, assumait pour lui un rôle maternel. Il éprouvait parfois une certaine culpabilité, en ce que si elle était son aînée, ils avaient virtuellement le même âge, et souhaitait lui aussi veiller sur sa sœur comme elle le faisait pour lui. Si lui aussi la protégeait, défendait ses intérêts, et multipliaient les attentions envers elle, il ne pouvait s'empêcher de constater qu'in fine, il restait le petit frère bénéficiant avant tout de ces égards. Une situation à la fois agréable et frustrante, pour celui qui souhaitait offrir autant.



Sentant la main de sa jumelle se poser sur son dos, il se blottissait légèrement contre elle, agrippant à son tour la manche de son kimono, tandis qu'ils avançaient sur l'étroit sentier de diamant qu'il continuait à générer au fil de leur progression. Avançant jusqu'à dépasser la grande entrée du village, la prêtresse de Tsukuyomi se détacha doucement de lui afin de se parer de ses gants. Une précaution qui ne paraissait guère de trop, même si le Souhei d'Amaterasu était pour sa part bien trop souvent détaché de son corps. Ce qui ne l'empêchait guère d'y accorder parfois le plus grand soin, souhaitant en préserver la délicatesse et appréciant depuis toujours apparaître des plus présentables, en revêtant notamment les plus beaux atours et divers cosmétiques et autres dorures. Imitant finalement le geste de Hyouren, il l'écoutait avec attention parler de la beauté du village au sein duquel ils retournaient élire domicile. Elle s'inquiétait notamment de l'accueil que leur réserverait leur très cher cousin.



S'ils pouvaient gagner les faveurs et la confiance du Togekage, il ne faisait nul doute que leur entreprise n'en serait que facilitée. Mais dans quelle mesure pouvait-il réellement devenir un allié, plutôt que de rester un obstacle qui ne serait en définitive que plus ou moins désagréable ?



S'il avait veillé à prononcer discrètement l'ensemble de ces mots, dans l'intimité d'une absence de témoins et d'une voix se faisant plus basse - allant jusqu'à user de ses talents de Senseur - le prince s'était par ailleurs bien gardé de tenir des propos explicites, tel un code existant naturellement entre les jumeaux. Par ces paroles, il demandait dès lors si qu'importe la personnalité et les aspirations de Yamato Daichi, il resterait un ennemi à écarter jusqu'à la reconquête du Trône d'Onogoro.

L'inquiétude qui se reflétait dans les prunelles de sa moitié, suscitait chez Byakuren une vive émotion qu'il parvenait malgré tout à dissimuler derrière un sourire sincère. Il ne souhaitait davantage causer de préoccupations chez Hyouren, qu'il ne venait déjà d'en semer par l'entremise de ses derniers propos. Leur nature se voulait pourtant libératrice, car il ne souhaitait imposer une charge supplémentaire à sa sœur, eux qui devaient d'ores-et-déjà gérer bien des embûches au quotidien, sur le sentier de leur commun Dessein. Au contraire, elle se sentait d'autant plus concernée par la perspective qu'il ait pu envisager une telle hypothèse : celle d'être un fardeau pour elle. Une réaction qui ne faisait que le toucher davantage, mesurant à quel point il avait été idiot d'évoquer de vive voix de telles angoisses, en dépit de leur altruisme, et de son refus indéfectible de porter préjudice d'une quelconque manière à sa jumelle.



L'intention première du prince, était dès lors d'ôter chez sa partenaire de toujours la moindre once de culpabilité ou de doute. Il refusait l'idée qu'elle puisse à cause de lui, se demander si elle avait dit ou commis quoi que ce soit ayant pu laisser son frère penser qu'il était une charge pour elle. Une remise en question qui n'avait point lieu d'être, en ce qu'il s'estimait au contraire chanceux d'avoir toujours été traité avec autant d'égard et de considération. Au point où il espérait seulement que ce qu'il accomplissait pour elle, suffisait à maintenir une forme d'équilibre.

Alors qu'ils frayaient leur chemin diamanté déchirant les ténèbres de cette nuit enneigée, l'éclat de l'astre sélène éclairait chacun de leur pas avec félicité. Un tableau des plus majestueux et contemplatifs, pour les impériaux dont le cœur était depuis si longtemps enchaîné à un esprit de sédition dont les velléités n'étaient pourtant égoïstes. Une détermination réaffirmée par la princesse, dont le regard d'émeraude ne se consumait nullement dans la rage, et l'envie, mais brillait au contraire du vert que l'on prêtait à la Vie et à l'Espérance ; celle d'un Renouveau libérant Onogoro de l'abject joug des Yamato.

Tendant sa main gantée en direction de son jeune frère, le prêtre d'Amaterasu s'en saisit avec bonheur, en ce qu'il n'avait besoin de rien d'autre afin de se sentir complet, ce depuis que leur mère les avait - avant même leur naissance - côte à côte portés. Se laissant ainsi guider à travers une obscurité pourfendue par les reflets séléniens, scintillant sur cette rampe de cristal qu'il continuait à matérialiser, ses pensées se reportaient désormais sur leur futur quotidien, et le lieu vers lequel Elle l'entraînait.