Papa avait toujours été un samouraï.

Issus d'une famille de forgeron, il avait pris la voie de la manipulation de l'arme plutôt que sa fabrication... Un choix osé, dans un clan qui prônait une technicité quasi-millénaire, enfin, c'était ce que disait les anciens. Selon maman, toutefois, cela avait été un fend le cœur pour ses parents et il avait vite déménagé hors du domaine familial, à la fois pour s'installer avec ma mère et goûter à l'indépendance, mais aussi pour pouvoir librement être ce qu'il était. Un guerrier, un combattant... La chaleur de la forge l'ennuyait et il préférait taper sur autre chose que du métal en fusion. Alors s'il pouvait fonder sa famille en parallèle...
Sa mort avait renforcé les liens entre ma branche et le tronc principal, enfin... Hachi était un Fumiri, comme moi, et ma génitrice voulait que je sois proche de mes oncles, tantes, cousins et bien sûr mes grands-parents. Eux-mêmes s'accablaient de mon métier, sans pour autant reproduire les mêmes erreurs qu'avec leur fils. Restait alors les autres.

J'avais donc plusieurs fois visité le domaine clanique, même si la plupart du temps, on nous regardait mal, ma mère et moi. Les cheveux bancs, peut-être ? Ou bien la descendance quelque peu problématique... Mon père n'avait jamais vraiment appris à être un "bon" Fumiri et j'étais, par cet interstice, de la même engeance inutile pour la production. J'étais comme les autres samouraïs, je prenais sans savoir produire de moi-même l'arme que je brisais dans les batailles.
En tout cas, malgré l'initiative maternelle, je n'avais pas été très proche de mes forgerons de cousins... j'étais différent, physiquement et mentalement, et la plupart du temps que je passais avec eux, j'étais à la traine dans les références, les blagues et les événements. Je n'étais pas de leur monde, tout simplement.

Comme mon père, je voulais uniquement manier...

Seulement, j'avais découvert quelque chose de plus, depuis le temps : je n'étais pas le seul. Si les hommes Fumiri étaient mal vus quand ils quittaient le giron de la forge, les femmes pouvaient engendrer des guerriers librement... Mauvais choix de sexe pour mon paternel ? Qu'importe, il ne fallait pas remuer le passé, j'étais juste rassuré de pouvoir discuter avec un cousin issu de ma famille même si son nom n'était pas le même que le mien. On avait des références communes, sauf que son âge était quand même assez avancé... il pouvait être mon père, en définitive ! Sorties de mes classes, après avoir réintégré le foyer maternel, j'avais pu rencontrer plusieurs fois cet homme qui portait le sabre d'une manière noble. Dans tous les cas, je devais rester proche de cette famille qui ne me comprenait pas, et que je ne comprenais guère en retour...
C'était ce jour-là que choisis ma mère pour m'envoyer visiter un cousin forgeron sur son lieu de travail. Non pas que j'étais fâché avec l'atmosphère chaude et lourde de la forge, mais si je ne savais pas manipuler le métal avec un marteau, je ne voyais pas bien l'intérêt de m'enterrer là-dedans. Ainsi, le tout était une cacophonie pour moi alors que le tambour des toux et des raclements de gorges ponctués la musique dégueulasse qui régnait dans le coin. C'était ce qu'avait subi mon père, Hachi ? je comprenais un peu mieux pourquoi il s'était détourné de cet art pour aller vers les grands espaces pour manipuler sa lame.

On se sentait écraser, frappé de tous les côtés, autant par le bruit que par la présence brutale de ces types qui, la peau à nue, étaient si proches de source de chaleur et de brûlure. Un beau métier dans l'œuvre intégrale, mais assez moche quand on approchait le regard pour voir les détails qui craignaient un max. Ainsi, quand mon cousin reconnaissable par sa balafre, commença à faire couler du métal chaud dans un moule, dont le nom m'échappait, je reculais d'un pas pour ne pas que la chaleur provoquée ne me prenne à la gorge et à la peau, déjà que je ne me sentais guère à mon aisé. À quelques mètres de moi, une demoiselle semblait admirative devant le spectacle...  Alors que sur mon visage, on ne pouvait observer qu'une douleur incommensurable et une indisposition chronique. Bref, je faisais la tronche.

"Comment elle fait ?" Les gens sont étranges, si différent et si... Incompréhensible.

"Un moulin à parole"

Des tas de questions qui pleuvaient alors que l'odeur et le bruit me donnait mal à la tête, je fronçais les sourcils autant par douleur que pour me concentrer sur la cible de mon attention : cette fille qui s'intéressait à mon cas. peut-être que je faisais tâche dans le décor ? Oui, certainement. M'approchant un pas, car ne voulant pas lever la voix pour dépasser le mur de son qui nous séparait, je répondais ainsi :

- Heu... Non, pas vraiment. Je suis déjà venu des tas de fois, c'est juste que ce n'est pas mon truc, quoi. Bien mystérieux ? Pas réellement, je n'aimais pas forger, pourtant j'avais essayé... Comme un rite initiatique dans cette famille à qui je n'appartenais que par le nom. Je ne suis pas un apprenti, je ne souhaite pas vraiment apprendre. J'ai un cousin qui travaille là, donc je viens le voir, mais il est occupé à autre chose, il semblerait ! Je désignai de l'index l'homme qui était le sujet de ma phrase : Un grand gaillard à la peau matée par la chaleur, rougeoyant en fait. Brun, sombre, alors que son tablier était bien sale, des poussières et du charbon... Qui sait quelle couleur il avait avant ?

Elle m'expliqua ainsi qu'elle était fille de forgeron, je luttais pour comprendre les syllabes qui formaient autant son prénom que son nom, ainsi que celui de son paternel... je ne comprenais pas l'intérêt de présenter aussi son ascendance, mais il le fallait parfois. Si les forgerons étaient une grande famille, le nom de son géniteur devait éclairer une case dans ma mémoire, malheureusement, j'étais assez éloigné de tout ça.

- Kunao, de la famille Fumiri. Tu ne dois pas connaitre mon père, pas la peine que je l'invoque. Un petit sourire, avant que je ne regarde de nouveau le travail du maitre forgeron qui s'occupait de tout. proche de mon cousin, il attirait toute l'attention avec son œuvre bien chaude, coulante et... En fait, je n'en voyais pas bien l'intérêt.

Le métal fondait avec une certaine température, leur travail était un art, mais c'était dans la finalité que je voyais la qualité, pas dans le processus qui me semblait juste... Suffisant ? Je n'avais tout simplement pas l'œil, car Reiichi faisait les honneurs de ce travail, elle. Je me surpris à la fixer un instant, quand elle m'expliqua qu'elle trouvait ça cool... "Cool ?" C'était le changement d'état physique qui la mettait dans cet état ? Soupirant, je me disais que je n'avais pas à faire mon rabat joie.

- Ouais, c'est... C'est cool. Changeant ma focale, je continuais à fixer le travail en cherchant secrètement où était le point stylistique, mais en vain.

Je me résignai à regarder plutôt mon cousin en quête de son regard pour arrêter de sécher dans la forge. "Qu'est-ce que je vais lui dire ?" Je maudis un peu ma mère, beaucoup les Fumiri et encore plus mon obéissance aveugle alors que je n'en avais rien à foutre. Longtemps, j'avais été une carpe, car les forgerons parlaient entre eux de choses bien futiles pour moi... Sans doute comme eux quand ils tombaient sur une discussion de sabreur. Ainsi, je devais plutôt changer de point de vue plutôt que de condamner tous les artisans du métal à être dans la catégorie "ennuyant".

- Dis-moi, entre forgerons, vous parlez de quoi ? Vu que je suis pas dans votre truc, je n'arrive pas à trouver le point d'entrée... Je veux pas discuter de sujet profond, juste ne pas être un amateur total. Donne-moi quelques exemples, tiens. J'utilisais littéralement ma voisine pour arranger mes relations avec le côté Fumiri de ma famille, pour ce que ça comptait vraiment.

En fait, cela ne comptait guère, mais je savais que c'était une chose qui pouvait rendre heureuse ma mère, de voir ainsi son fiston faire des efforts pour ne pas juste être un soldat... Se rapprocher de la famille de son défunt mari, tisser des liens plutôt qu'être isolé. dans le capharnaüm, je me risquais même à une confession :

- En fait, j'aime pas trop la forge : Trop de bruit, l'odeur n'est pas agréable, ... Mais je comprends l'utilité, surtout à Seizan. C'est juste que l'action ne m'extasie pas... Comme toi.

Croisant les bras, j'écoutais patiemment le tout : Elle connaissait ma famille, ce qui était possible. Les Fumiri n'étaient pas méconnu, au contraire en fait... Ils étaient une famille de forgeron, ni célèbre à outrance, ni inconnu. Juste ils existaient, une variable de plus dans l'univers. Enfin... Bref. Hachi n'était pas un forgeron, ainsi tout ce qu'elle devait connaitre de lui c'était qu'il n'avait pas suivis la voie de son père, de son grand-père. Un gâchis de mots et de salives pour qu'elle puisse me répéter les mêmes choses que les autres : "Dommage qu'il ne soit pas devenu un forgeron." ; "Dommage d'avoir choisi d'être soldat." ; "Dommage qu'il soit mort."

Dommage, oui.

En tout cas, à la demande poli d'aide pour mieux comprendre et dialoguer avec ma famille, elle fonça dans l'interrogation m'indiquer pleins de choses : Un rien pouvait passionner les artisans et leur savoir était conséquent. Je m'en doutais un peu, mais je n'avais imaginé ou pensé qu'un shuriken avait une forme si précise pour une raison particulière, ou bien que les armures étaient soigneusement étudiés et travaillés pour leur valeur de résistance et de réflexion des coups. Au delà d'un point d'entrée pour de la parlotte, c'était tout un univers de choses si proche de moi et pourtant si loin de mon esprit. Je me sentais comme un sauvage qui venait d'apprendre à faire du feu, ou juste vue la lumière qu'il produisait.

- Je... Je vois. Je me sentais un peu honteux de ne pas avoir eu l'idée seule, mais la finalité était que je pouvais peut-être faire le pont entre eux et moi, sans faire un trop gros effort pour m'intéresser à donner des coups de marteau sur du métal brûlant. Ce n'est pas que je m'en fiche de leur travail, mais... C'est pas mon truc, c'est tout. Se justifier, toujours ce justifier. En tout cas, elle me proposa un livre sur le sujet. Le quel ? Le large thème de la forge ou bien quelque chose de plus précis sur les lames ou les armures ? Pourquoi pas, entre deux missions je peux toujours me documenter pour ne plus passer pour un gland.

C'était ça en fait le projet, ne plus passer pour l'étranger au milieu de ma famille. C'était bête à dire, mais certaines blagues ou anecdotes, je ne les comprenais pas et ça la foutait mal de ne pas rire devant un parterre de bosseurs qui s'égosillaient tellement mon cousin était drôle... Du coup, je jouais un rôle et rigolait quand il expliquait, par contre, une grosse erreur qui aurait pu lui causer des blessures, juste pour ne pas être le dernier à rigoler. Grosse ambiance dans les diners, donc.
En tout cas, je me grattai la tête, un peu mal à l'aise dans cette conversation, surtout dans le cadre de l'endroit qui me donnait bien mal à la tête. Ce sentiment d'inconfort fut augmenté par l'incompréhension, visible, de la donzelle qui s'interrogeait sur le sens de mes mots.

- Hein ? Manifestement, je ne comprenais pas moi-même où j'avais fauté dans ma diction, ou le sens de ma phrase. Ah ! Tu pensais que je te draguais, très mauvais endroit pour ce type de chose ! Nan nan, tu es très intéressé par le sujet et moi, bien moins. Ricanant, toujours bien mal à l'aise, je sentais le regard de Yui sur ma nuque alors qu'elle n'était pas là, puisque bien loin dans sa forêt.

Entre la demoiselle devant moi et Rima à la fête, j'étais entouré de filles et si les frères de ma camarade avaient de suite pensé qu'on était ensemble, peut-être que j'envoyais le mauvais message... Tout simplement. Reprenant une position plus droite, je cherchais consciemment à renvoyer des ondes classiques, cordiales, absolument pas romantique ! "Quel enfer !" Si je devais surveiller mes faits et gestes pour ne pas donner de fausses idées aux gens, j'allais souffrir longtemps.

- Mais du coup, ta famille est ancienne dans l'art de la forge ? Désolé si je dis une banalité, je ne connais pas l'arbre généalogique de tout les forgerons du village ! A ma connaissance, il n'y a pas de grandes familles dans ce domaine, comme les Tenma dans le domaine équestre ou les Watari pour... la politique ? A vrai dire, je ne savais pas vraiment quels étaient les facettes de prédilection de ces gens là. Si Hanami était une brillante oratrice, le médecin qui m'avait accompagné en mission paraissait plus observateur que dans la discussion.

Vu comment il avait achevé la victime du Yokai, il était peut-être même un homme d'action !

La dernière d'une lignée, le terme me fit tiquer : avait-elle une maladie particulière qui l'empêchait d'avoir des enfants ? Ou bien l'art de sa famille se perdait et, dans un certain fatalisme, elle pensait ne pas pouvoir passer le flambeau ? je n'en savais rien et devant son affirmation, je restais stoïque. Je ne connaissais pas ses affaires de famille, pourtant je me permettais une seule chose :

- Il faut suivre sa route, que ça soit celle de ses parents ou une toute nouvelle que l'on trace. À mon tour, je levais les épaules en signe de reddition : J'avais bien de la peine à suivre mon propre conseil, j'espérais secrètement qu'elle ait plus de succès que moi.

Un certain silence s'installa, sans doute qu'on attendait que le marteau clôture quelque chose, ou bien, on se laissait bercer par le vague à l'âme de l'enclume. Toutefois, elle revint à la charge en me demandant si je connaissais un forgeron plus proche de l'orfèvrerie que des armes bien mortelles. Je levais un sourcil, cherchant la blague ou l'incompréhension déclenchée par le coup de forge trop bruyant : Si ma famille était spécialiste dans la forge, je n'avais pas leurs contacts. Il fallait ainsi viser ailleurs, cependant je me creusais la tête pour l'aider comme elle l'avait fait pour moi. je n'allais pas être un enfoiré  :

- Non, enfin... Je n'en sais rien. Je connais un forgeron, ou deux, mais ils ont plutôt l'air d'être des artisans pour le combat. Honoka, dans la rue commerçante, à une boutique... J'ai acheté des kunai une fois ou deux chez elle. Le souvenir me ramena des années en arrière, quand j'étais devenu chuunin et que la vie était un peu plus simple. Quoique... Elle doit savoir, elle, ou bien Kyoshiro, tu ne peux pas le rater, car il est aveugle et pourtant il est extrêmement précis. Un genre de sixième sens. En tout cas, il doit trainer quelque part ici ou bien sur le terrain d'entrainement. Si eux ne savaient pas, c'était foutu ! Après, tu peux aussi demander à mon cousin ici. De l'index, je présentais le bonhomme, qui cognait toujours plus fort sur son bout de métal. Il doit avoir des contacts.

Attendant la réponse de la belle, j'observais le rythme ralentir dans le poil brun du Fumiri : Regardant si c'était une petite pause ou un arrêt global, j'attendis quelques instants avant de concevoir que c'était la fenêtre pour aller lui parler. Tapotant l'épaule de la demoiselle, je lui indiquais de nouveau le contact :

- Justement, quand on parle du loup. Sans un mot, j'avançai vers le sang de mon sang pour aller à la rencontre du luisant forgeron qui restait assis, à boire un peu d'eau. La chaleur et l'effort devaient creuser l'appétit et donner soif. EH ! Cousin ! Je savais, d'expérience, que les adultes actifs dans le coin avaient les oreilles un peu dures après tant de coups si proches de leur noyau central. Qu'importe, je pouvais lever un peu la voix. Je suis toujours ravi de te voir, dis-moi... avant qu'on papote, j'aurais besoin de toi ! Sans autre forme de présentation, je fis un pas latéral pour présenter, de la main, ma compagne du jour. Elle cherche quelqu'un.

Pour une fois que ce genre de discussion pouvait être utile !

Un anneau.

Mes yeux suivirent la main tendue vers mon cousin, dans lequel était contenu un mince bijou de doigt. Doré, brillant et, pendant que le gaillard examinait le tout, je pus observer des inscriptions à l'intérieur : Des lettres, donnant un mot, mais il était inconnu. Ce mot, je l'avais déjà vu, comme cet anneau... Ou bien une copie ? Une sœur ? Fronçant les sourcils, je me déplaçais pour me mettre derrière l'homme luisant et regarder avec lui, ma présence le fit tourner la tête pour comprendre mon soudain intérêt mais de la tête je lui indiquais de continuer son affaire. Pour le coup, j'étais plutôt autoritaire et malgré lui il obtempéra.
Un petit instant, il tenu l'objet pour enfin rendre à sa propriétaire : Encore une fois, je suivais me trajet en espérant découvrir un détail caché, mais rien que sa présence alertait déja mes sens.

- Malheureusement, petite, je ne peux rien pour toi... C'est juste un anneau pour moi et je ne connais personne qui puisse te renseigner sur le sujet. Un peu penaud, il prit son marteau en main comme pour se rassurer sur ces capacités. Il n'en avait clairement pas besoin, vu sa carrure et son pedigree, mais qu'importe.  

Pour un forgeron, ne pas savoir quoi dire sur une production, c'était un peu comme trahir un serment...  Un équivalent du Bushido pour moi ? Sans doute, mais je n'étais pas assez familier de ce milieu pour le savoir. Désormais bien plus concentré, je me baissais pour demander à mon cousin :

- Tu es sûr ? Il n'y a rien que tu puisses faire pour elle ? C'était à son tour d'avoir les sourcils foncés, il se retourna vivement pour me répondre, derechef.
- Non, monsieur le samouraï. C'était catégorique, comme s'il était en interrogatoire. Ce que je ne voulais guère, mais ma prestation de visage dur et de phrases brèves avaient donnés ce résultat.

Reculant, les bras levés en signe de reddition, je regardais ensuite la jeune fille qui avait connu une nouvelle déconfiture dans sa quête :

- J'imagine que tu as été déçu, où as-tu trouvés cet objet ? Une curiosité j'espérais bien placé, même si j'avais déjà croisé ce type d'anneau très récemment. C'est quoi ce mot, à l'intérieur ?

Tant de questions.

Ainsi, cette jeune femme était liée à la demoiselle que j'avais croisé récemment : C'était une nouvelle intéressante qui semblait tomber à point nommer avec ma quête qui tombait à plat ! Un cadeau des kamis ? Je n'allais pas jusqu'à là, mais c'était quelque chose à creuser.
Le clin d'œil à l'évocation du nom de Zanashi me fit directement penser qu'elle connaissait déjà la teneur de nos échanges, pourtant j'avais eu l'impression qu'elle ne me connaissait pas tantôt. Une menteuse ? Ou les souvenirs remontaient avec mes questions sur la bague ?

Il fallait se méfier, mais le destin voulait que j'allais avoir besoin d'elle, enfin... D'elles, dans le futur. Jouant des doigts sur ma cuisse, je réfléchissais, avant de déclarer :

- Je vois que j'étais déjà connu avant que tu viennes m'accoster, une vraie petite espionne. Ricanant, je tapais sur l'épaule de mon cousin le forgeron. Je te laisse une petite seconde. Avant de m'avancer vers Reiichi. Ton amie semblait assez perdue, comme si elle était perdue... Pas à sa place dans le village. Une histoire de jardin, et d'Eden. Mais tu le sais déjà. Plongeant mon regard dans celui de mon interlocutrice, je cherchais la base d'un mensonge ou de la fourberie dans ses pupilles. Je ne cherche pas les problèmes, juste des réponses. Je réitère ma proposition, comme je l'ai fait avec elle, on peut s'aider ou faire nos trucs chacun de nos côtés, mais je gage qu'on peut s'apporter beaucoup.

C'était ma question, ou plutôt ma réponse, mais comme je sentais bien qu'elle avait plus de bagou que la nébuleuse dame, sur le terrain d'entraînement, je lui souris avant de reculer, coupant nette tout ce qu'elle pouvait dire :

- Mais tu as autre chose à faire, je ne te retarde pas trop sur ton planning. On se reverra sans doute, ou pas... Tu n'auras qu'à chercher le domaine Fumiri, peut-être que j'y serais. Un petit éclat de rire et je me retournais vers le gaillard qui me servait de parent pour lui demander comment ça allait aujourd'hui, m'excusant un peu des allés et venu, comme dans un moulin.

Une piste, encore et toujours.