Un pacte de sang

Shizuka traverse les rues de Toge avec assurance. Elle est vêtue d'une tenue bleue qui s'accorde parfaitement à la couleur de ses yeux. Un grand sourire est suspendu à ses lèvres.  Aujourd'hui est le jour où elle doit voir cette femme, une femme qu'elle connait depuis un petit moment et avec laquelle elle échange régulièrement des informations. Elle la respecte et l'apprécie globalement bien qu'elle ne saurait la considérer comme une amie. Elle s'en méfie, c'est une femme dangereuse. Et, c'est aussi, plus ou moins, sa rivale

Elle s'arrête devant une terrasse pendant quelques secondes, observant les personnes qui y siège. Elle repère la tignasse blonde de la Jujoujin. Elle s'approche et s'installe à sa table, commandant une tasse de thé et quelques sucreries pour aller avec.



Demander des nouvelles de l'état de santé de la blonde n'est qu'une formalité cependant, les deux autres phrases qui suivent ont un intérêt particulier pour la guérisseuse. La première est intéressante pour la simple raison qu'elle aimerait savoir si des incident avec des Yokais sont survenus puisque ceux-ci semblent particulièrement actifs ces derniers temps. La fidèle d'Izanami est également intéressée par l'avis de la Jonin sur le village de Toge pour une raison plus personnelle, parce qu'elle sait que Jujou est très différent mais que sa connaissance de l'endroit ne lui permet pas de faire une observation comparative dessus.  Elle penche la tête sur le côté et, après avoir laissé le temps à sa partenaire de s'exprimer, reprend la parole.



La femme à la chevelure d'ivoire ne parle évidemment pas de recettes de cuisine mais plutôt de concoction de poisons et de drogues en tous genres, sachant que son interlocutrice s'intéresse à ce même domaine de compétences qui la passionne et dans lequel elle se spécialise. Elle lui demande donc, tout naturellement comment se porte les affaires et si par le plus grand des hasards, elle pourrait lui dégoter quelques plantes toxiques.

Toge. Je n’aime pas l’endroit. L’atmosphère qu’il dégage, j’étouffe. Ma garde reste haute à chaque instant. Je me sens en mission et il est impossible de voir ça autrement. J’ai besoin d’un verre ou mieux encore, de sortie de ce village maudit. Mais de mes pensées, rien ne filtre sur mon visage. Si l’on me regarde, on n’y verrait que lassitude, le genre de lassitude qui vient avec l’opulence. Un détachement froid de tout ce qui m’entoure.

En arrivant sur Toge, j’ai envoyé mot à une connaissance, quelqu’un avec qui j’échange des informations d’apparences triviales lors de mes passages. Le but de la manœuvre n’est pas l’espionnage ou même de découvrir les secrets les intimes de qui que soit, mais d’avoir une façon de me garder à jour sur les événements importants ou publiques de la région. De cette façon, je garde mes connaissances de l’endroit à jour et en mission, cela m’évite de commettre des erreurs stupides lorsque j’emprunte une identité que je dois en créer une.

Et puis, même une information triviale peut se révéler des plus importantes lorsque l’on fait parti de la brigade de Jujou dont l’une des tâches est de gérer les secrets et information d’un peu partout dans l’empire.

Shizuka, une moniale de Jujou, dont l’utilité n’est pas à sous-estimer. Nous touchons toutes les deux aux mêmes domaines d’expertises et traitons l’information comme ce qu’elle est : une forme de pouvoir. Elle a un intérêt prononcer pour ce qui est des poisons, je l’ai vite appris et principalement, c’est ce que je lui échange contre les informations qu’elle m’offre.

Shizuka est, comme moi, d’une apparence qui délicate, féminine qui trompe l’œil. Derrière ses traits raffinés se cache quelque chose de bien plus sombre. Si je n’ai encore jamais rencontré cette partie d’elle, je n’ai pu m’empêcher de la deviner. Une femme intrigante et dangereuse, voilà ce qu’est Shizuka.

Je l’attends sur une terrasse, savourant un saké de la région, voilà un des rares avantages à venir jusqu’ici. L’alcool n’est pas du tout le même. Les riches qui ne savent que faire de leur journée exigent ce qu’il y a de mieux.

Elle arrive rapidement, commande thé et sucrerie – le genre de chose qu’Ao commanderait lui-même – entame la conversation avec le plus grand naturel du monde. Modalités polies, alors que je la sens me jauger.

Nous ne sommes pas amies et même sous l’apparence de cette discussion des plus amicales, nous jouons notre jeu.



Échanges polis, pratiqués. Ni l’une ni l’autre n’en avons quelque chose à faire, mais même si nous le savons toutes les deux, dans ce que c’est l’image qui prédomine. Faux-semblants et amicalités sont monnaie courante dans notre art.



Mon affinité presque naturelle à effacer ma présence est l’une des raisons principales. Sa question est anodine, mais je suis certaine qu’elle n’a pas été posée sans arrière-pensée.



J’opte pour une approche directe. En général, ce n’est pas ce qui est le plus gagnant en mission, mais parfois, avec les bonnes personnes, cela suffit à faire tomber les faux-semblants le temps d’une réponse. S’il n’y a vraiment rien, se sera vite oublié, je n’en doute pas. Mais si mes suspicions sont bonnes, alors peut-être ai-je quelque chose d’intéressant sous le nez.

Puis, elle enchaîne sur les recettes et plantes près de Jujou. Évidemment. Prenant le rythme, je lui réponds sans attendre :



Je l’observe un instant, puis remplis ma coupelle de saké une autre fois avant de savourer le contenu. Je préfère ne pas la relancer tout de suite, je veux voir où elle mènera notre conversation pour l’heure.

Un pacte de sang

Cela fait un petit moment que la femme à la chevelure d'ivoire n'a pas pu échanger avec certains contacts. Jujou est un village particulièrement difficile à atteindre de part la distance qui le sépare de Toge ce qui n'est pas sans embêter la Chunin qui a véritablement besoin d'un suivi des événements particuliers qui surviennent ci-et-là. Même si une bonne partie des échanges des deux femmes sont plus ou moins obscurs, celles-ci voilant la vérité afin de se protéger des oreilles indiscrètes, Shizuka parvient à y trouver quelque chose de plaisant. C'en est presque un jeu.



Ses pensées vont à ce pauvre Doji dont il ne reste même pas une cendre, puis au Jonin qui s'est fait coucher par l'illusion d'un corbeau. Et, ce ne sont pas les seules victimes. La guérisseuse a l'impression que l'activité des Yokais a augmenté ou qu'elle se fait moins discrète et craint que les choses n'aillent qu'en empirant. La blonde affirme cependant que son voyage s'est déroulé sans encombre. Serait-ce un phénomène unique à Toge ou la Jujoujin connaîtrait-elle un moyen d'esquiver les ennuis lord de longs trajets. Le sous-entendu de l'interrogation de la scientifique ne passe pas à la trappe. Elle n'en attendait pas moins de son interlocutrice.



Shizuka n'a pas besoin de prononcer le mot "Yokai" ou "décès", la lecture du discours est simple, elle a rencontré un enfant de mère Izanami dont la puissance était supérieure à tout ce qu'elle avait pu voir, à une distance inquiétante et, l'un de ses collègues en est mort. Mais, elle a plus que cela à dire à sa rivale bien que tout ne soit pas lié aux yokais, cela n'en reste pas moins des informations potentiellement utiles.



Paroles plus directes et quelques peu dures envers la Sakyuujin mais la prêtresse d'Inari pense qu'il vaut mieux préparer l'assassin professionnel qui se trouve devant elle à un potentiel contact avec cette femme. Elle n'est pas sûre que la Jujoujin se montre aussi clémente et conciliante qu'elle a pu l'être.  Elle décide cependant de livrer une information plus "amusante" pour achever ce long discours.



Inutile de préciser que le messager divin en question serait un Yokai. La blonde est assez intelligente pour le deviner. Comme pour ponctuer sa réponse, la femme à la chevelure d'ivoire boit une gorgée de thé. Elle ne compte pas évoquer sa rencontre et son pacte avec Yata dont elle n'a même pas osé parler avec les autorités de son village. Shizuka est quelque peu triste d'apprendre que son interlocutrice n'a pas élargi son panel de poisons mais son visage s'illumine lorsque celle-ci propose de lui apporter quelques herbes lors de son prochain passage.



Tests de parfums, nom de code pour l'expérimentation des appâts et des répulsifs, un projet commun entre leur village.

Ce qu'elle me raconte est … beaucoup sortent de l'improbable je dois bien avouer. Elle ne ment pas, elle n'a rien à y gagner, mais je dois avouer qu'il faut bien y assister pour le croire. Sakyuu m'a l'air bien peu sûr avec ce qu'elle me dit. Mieux vaudrait éviter l'endroit quelque temps. Je n'ai pas besoin des troubles qui y traînent.

Évidemment, elle me sert en informations de toute sorte et il n'est que politesse de lui rendre la pareille … Malheureusement,  Jujou m'a semblé particulièrement calme. Du moins, rien qui ne vaille la peine de mentionner.



Peut-être pourrais-je lui mentionner qu'on m'avait donné un partenaire qui serait à ce moment même à Toge ? Un peu comme elle m'avait parlé de de son frère … Après tout, nous nous sommes déplacés pour nous renseigner sur un type précis de yokai … J'hésite une seconde avant de trancher que de toute façon nous n'avons rien à perdre.



Si je sais précisément pourquoi, je ne vendrai pas le secret d'Ao et de laisser une telle chose se savoir serait forcément du domaine de l'idiotie. Je termine donc mon explication avec un petit haussement des épaules désintéressé, mettant l'emphase sur à quel point je n'en ai rien à faire de sa recherche.

Lorsqu'elle me parle des appâts, j'hoche la tête. Probablement serait-il plus judicieux d'échanger nos herbes et nos fleurs pour  arriver toutes les deux à nos fins.



Cette proposition peut lui être aussi pratique qu'elle pourrait l'être pour moi. Tige travaille pour attirer les yokais, mais Jujou, sur son contraire, comment les éloigner. De pouvoir attirer ou repousser un yokai en situation périlleuse reste un atout non-négligeable. Surtout pour elle qui voit une activité accrue de la part des enfants d'Izanami. Mais en prononçant clairement mon offre, je n'ai fait que dire tout haut ce que nous semblons déjà avoir convenu entre les lignes.

J'avale ma coupelle de saké et me ressert sans attendre, prenant le temps de savourer la saveur sur ma langue un instant. Je dois avouer que les alcools de Toge sont de bien meilleure qualité - ou peut-être est-ce moi qui n'en choisit que des meilleurs étant donné que je ne fais que visiter ? Quoi qu'il en soit réellement, depuis mon arrivée, je me délecte de saveurs que nous n'avons pas chez moi - et je prends note que je devrais revenir plus souvent ou peut-être partir avec quelques bouteilles.

Je rapporte de nouveau mon attention sur Shizuka avant d'ajouter :

Un pacte de sang

Un hiver chargé, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais Shizuka songe qu'elle ne doit pas être la seule dans cette situation et  est ainsi surprise d'apprendre de Chinone que les Yokais sont plutôt calmes du côté de Jujou. Elle se questionne sur ce que différencie Jujou et Toge. Y aurait-il plus de Yokais dans les contrées de l'ouest ? Pourtant, celles de l'Est ne sont-elles pas autant voire plus fertiles ? Peut-être s'agit-il d'une question de concentration humaine ? Difficile à dire. Il manque encore trop de données sur ces créatures pour pouvoir affirmer ou infirmer ce genre de choses.

La femme à la chevelure d'ivoire hausse un sourcil en entendant son interlocutrice lui parler de Kitsune, un Yokai avec lequel elle n'est malheureusement pas familière bien qu'elle ne refuserait pas qu'on lui livre quelques informations dessus. Cependant, la blonde ne semble pas bien intéressée par le sujet, précisant qu'il s'agit d'une initiative de son partenaire.



Elle ne trouve pas utile de cacher cela et puis, même si c'était le cas, elle préfèrerait toujours laisser le choix à la principale concernée de livrer ou non les informations qu'elle possède. Hélas, elle n'est pas là. Si la Jujoujin était arrivée quelques jours plus tôt, elle l'aurait vu mais malheureusement, les kamis en ont voulu autrement. Inutile de s'éterniser sur ce sujet, personne n'obtiendra la moindre information supplémentaire -à moins que l'une des deux femmes ait menti-.

Chinone reprend la parole pour proposer un échanges d'arômes, concluant plus ou moins le marché dont les deux femmes avaient pu discuter au préalable. La prêtresse boit une gorgée d'eau avant de reprendre la parole.



Pour l'instant, Shizuka ne s'intéresse pas tant aux répulsifs, elle recherche au contraire à se rapprocher des Yokais mais elle ne peut nier l'intérêt d'un tel produit ne serait-ce que pour sauver quelques misérables vies et ainsi améliorer sa réputation au sein du village.



La guérisseuse ne rentre pas dans les détails, même parmi ses proches rares sont ceux qui savent qu'elle a développé de nouvelles techniques en entraînant son corps. C'est un peu sa carte secrète.

Elle mentionne un nom qui ne m’est pas inconnu. Je l’ai entendu au théâtre, lorsque j’ai rencontré la personne le portant. Suzuri Meiyo avait conversé avec Ao et répondu à ses interrogations. Des questions qu’il ne pouvait répondre lui-même ne connaissant que très peu sur les kitsune. J’hoche la tête en direction de mon interlocutrice lui répondant :



La femme accepte rapidement d’échanger quelques ingrédients dans le futur. Pratique autant pour elle que pour moi. Un accord que nous laissons voler dans les airs, sans s’engager dans une transaction précise. Mais je suppose que si le besoin se fait sentir, elle comme moi pourrions échanger ce qui nous serait le plus utile.

Elle n’est pas peu fière de ses résultats et je ne peux que m’en montrer curieuse.



On ne peut m’agiter une telle information sans que je ne manifeste mon intérêt. Mes poisons sont mon art, la seule chose qui éveille une réelle passion en moi. Si une opportunité d’agrandir mon arsenal se manifeste, pourquoi ne pas sauter sur l’occasion ?

Puis, mon interlocutrice reprend. Mentionnant cette fois-ci un intérêt pour l’iroujutsu. Shizuka a un esprit plus scientifique que le mien. Je ne peux pas ne pas en prendre note. Son intérêt pour l’iroujutsu me parait naturel, mais je ne suis pas une femme de médecine. Si je peux recoudre mes plaies si elles sont superficielles, je n’ai pas le savoir ou le désir d’approfondir mes connaissances suffisant pour réellement discuter d’un tel sujet. C’est du temps que je dois investir ailleurs, mes responsabilités étant simplement trop nombreuses pour mes permettre d’apprendre une discipline qui ne fait pas partie de mes rôles ou de mes besoins sur le terrain.



Après tout, je n’ai pas besoin de plus, simplement de pouvoir me permettre de terminer ma mission à bien, de rester en vie. Cependant, ce n’est pas ce genre le genre d’Iroujutsu qui va l’intéresser, j’en suis certaine.

Mais je suppose que je peux lui faire une faveur et la mettre en contact avec quelqu’un du village. Si je ne connaissais pas de médecins personnellement, il ne serait pas difficile de jouer de quelques faveurs pour lui trouver quelqu’un avec qui échanger. Peut-être même que j’apprendrai quelque chose grâce à cela …



Je lui propose avec une certaine nonchalance, laissant voir que se ne serait pas quelque chose de difficile à mettre en place si elle le désire. Je porte mon attention un instant sur la foule autour de nous. Attendant sa décision.

Un pacte de sang

Shizuka est surprise d'apprendre que les Jujoujin ont déjà eu la chance de rencontrer Meiyo, mais est-ce vraiment si étonnant ? Chinone est une femme qu'elle peut considérer comme une rivale. Pourrait-elle vraiment la considérer de la sorte si elle n'était pas capables d'obtenir quelques maigres informations toute seule ? Non.

La blonde manifeste désormais son intérêt pour les travaux de la Chunin et surtout pour les résultats qu'elle peut obtenir. En tant qu'alchimiste, elle peut comprendre cet intérêt. Chaque bribe d'information peut être utile pour cultiver ses propres produits. Chaque nouvelle idée, chaque nouveau résultat peut servir d'inspiration pour ses propres concoctions.



Cela est une façon pour Shizuka de révéler qu'elle a réussi à finaliser un poison de confusion mais qu'elle n'a malheureusement pas encore pu tester la version finale sur un humain. Contrairement à ce qu'elle avait pu imaginer, son interlocutrice n'est pas douée en Iroujutsu ou du moins, elle n'en a que les bases, n'ayant pas besoin de maîtriser plus "dans sa ligne". Comme quoi, ce qu'elle a pu entendre sur les Jujoujin ne sont que des stéréotypes. Mais Shizuka comprend, elle-même a dû délaisser l'Iroujutsu pendant bien longtemps pour se concentrer sur d'autres choses plus importantes. Cependant, il y a tout de même un aspect de l'Iroujutsu qui lui semble intéressant si ce n'est primordial pour ses plans à venir.



La femme à la chevelure d'ivoire fixe son interlocutrice pendant quelques instants, se demandant s'il y aurait quelque chose qui pourrait l'intéresser. La scientifique n'aime pas être redevable, alors elle ne peut que proposer son aide sur autre chose et si elle n'est pas en mesure d'aider directement la femme, elle peut toujours la renvoyer vers quelqu'un d'autre, la guérisseuse a beaucoup de contacts à Toge après tout.

Elle accepte rapidement que je la mette en contact avec un médecin de Jujou et je ne me fais la note de le faire aussitôt que je serai rentrée à mon village. Il me faudra d’abord trouver quelqu’un qui accepte de partager et il faudra aussi que cette personne soit sur le même pied que Shizuka … C’est plutôt cette seconde partie qui ne m’inspire pas vraiment. Se ne sera pas tâche aisée.

Pour l’heure, je mets l’idée de côté, reportant toute mon attention sur mon interlocutrice, qui déjà m’offre un service en échange. Elle est comme moi. Redevoir n’est pas quelque chose qui lui plait. Alors que je pèse ce que je veux lui demander, elle propose d’elle-même un sujet.

Sujet qui ne tarde pas à éveiller mon intérêt. Elle me propose de se renseigner sur les kuchiyoses. Un fin sourire prédateur s’installe sur mon visage. C’était quelque que chose que j’envisageais depuis longtemps, mais j’attendais, sous un millier de prétexte.

Elle vient juste de retirer tous les prétextes et excuses que je me suis trouvés jusqu’à présent.



Le regard que je lui pose désormais est particulièrement intéressé. Je ne doute pas d’avoir ce qu’il faut pour faire un pacte d’invocation, mais il me faut une façon d’entrer en contact avec une créature qui le vaut vraiment. Quelque chose qui me corresponde … mais également qui m’est utile.

J’aimerais bien voir si une telle créature peut m’être accessible.

Un pacte de sang

Shizuka est surprise d'apprendre que son interlocutrice ne semble pas renseignée du tout. Mais, c'est un bon point, cela donne de la valeur aux informations qu'elle peut lui livrer. Elle ne sait pas vraiment de quel côté commencer, mais Chinone guide la conversation en abordant la question du choix du Kaminotsukai. C'est une question compliquée dont la réponse pourrait ne pas satisfaire l'espionne. La scientifique prend quelques instants de réflexion pour ne pas dire de bêtise à son interlocutrice.



La blonde n'est pas facile à satisfaire. Sa question est tellement vaste. La prêtresse d'Inari pourrait citer cent une raisons pour lesquelles tel ou tel Kaminotsukai serait bon à prendre. Heureusement que Shizuka a déjà eu une réflexion semblable lorsqu'elle a éprouvé le besoin de briser son pacte avec les chats et d'en prendre un autre. Mais, il y a un problème en plus qui s'ajoute à cela. C'est que l'animal avec lequel on souhaite pactiser n'apparait pas comme ça, comme par magie.



C'est certainement la pire partie de toutes lorsque tu décides de te lancer dans l'art du Kuchiyose. Mais, une fois cette difficulté passée, il ne reste que des avantages dont celui de pouvoir dompter un Yokai. La Chunin ne dit pas qu'elle y est parvenue mais elle trouve important de mentionner cette aspect des choses.

Je ne suis pas facile à satisfaire, mais ce sont ces hauts standards qui ont fait de moi la kunoichi que je suis. Je ne suis pas facile à satisfaire autant pour les autres que pour moi-même. Et c’est la raison de ma réputation, la raison de ce que je suis, ce qui fait de moi quelqu’un qui n’est pas simplement banal, quelqu’un qui sait se hisser vers le haut. Je l’écoute me parler de différentes options, mais finalement elle conclut que le choix n’est pas réellement le mien. Il faut que je trouve un Kaminotsukai qui veuille de moi. Mais le seul kaminotsukai qui vaille la peine est celui qui peut me hisser vers le haut et celui que je peux entraîner avec moi vers cette hauteur. N’importe quel autre m’est désuet. Alors mieux vaut ne pas perdre son temps avec quelque chose qui me soit inutile.

Sa seconde mention, cependant, celle de maîtriser les yokais sauvages, ceux qui sont de réels monstres m’arrache un sourire malveillant.



Ma réflexion est faite à voix haute, d’un ton songeur. Aussitôt que je me tais, cependant, je me lève et incline la tête en direction de Shizuka.



Simple politesse ou offre sincère ? Probablement les deux. Si elle a à faire à Jujou, elle aura peut-être aussi des informations, des secrets ou quelque chose à dire de pertinent.

Un pacte de sang

Le sourire de Shizuka s'élargit lorsque son interlocutrice poursuit sur le sujet de la domestication de Yokais et revient sur les origines des kaminotsukai. Sujet très intéressant sur lequel on pourrait sans doute parler pendant des heures. Cet art mystique a été créé par un moine, Hagane Izumo, mais comment ? Qu'est-ce qui lui a donné l'idée d'apprivoiser un Yokai ? Son Dieu ? Quelle divinité vénérait-il ? Il y a encore tant de mystère qui entoure cette histoire.



Shizuka ne parle évidemment pas de son pacte Yokai, elle ne peut pas, pas pour le moment. Et puis, son interlocutrice n'a pas payé un prix suffisant pour avoir cette information. Il est une évidence que les Kaminotsukai sont à l'origine Yokais mais comment ont-ils exactement quitté ce statut et pourquoi ? La scientifique aimerait bien le savoir. Elle imagine difficilement l'humanité par la seule force de son esprit transformer une horde de Yokais assoiffés de sang en gentils toutous. D'ailleurs, tous les Yokais sont-ils véritablement enfants d'Izanami ? Des rumeurs circulent sur l'affiliation des Kitsune à Inari par exemple...

Suivant le modèle de la kunoichi, la prêtresse se lève et s'incline respectueusement. Cette entrevue était courte, presque trop courte à ses yeux mais elle n'en reste pas moins nécessaire pour assurer la bonne continuité de leurs échanges.



La femme à la chevelure d'ivoire n'évoque pas son projet de voyage à Jujou, celui-ci n'étant pas assez concret pour qu'elle puisse le mettre ainsi sur le tapis.