Cela ne faisait à peine qu'une seule journée depuis leur patrouille en dehors de Seizan et, pourtant, Kyoshiro n'arrivait toujours pas à s'enlever de la tête ce qu'il avait vu...ou ressenti, en découvrant le corps sans vie de ce petit garçon. Pourquoi n'arrivait-il pas à passer à autre chose ? Pourquoi n'arrivait-il pas à faire table rase du passé, et reprendre ses activités habituelles ? Il avait bien essayé de retourner à sa forge, pour créer quelques outils de ses propres mains, mais toutes ses tentatives ne se soldèrent que par des échecs. Sa tête était ailleurs, il le savait et, à défaut de pouvoir se noyer dans le travail, il avait attendu la fin de journée pour aller se ressourcer sur le terrain d'entraînement. C'était bien tout ce qu'il pouvait faire en ce moment et, armé de ses sabres habituelles et de sa fidèle lame démoniaque, Kyoshiro s'isola dans un coin du terrain, commençant à répéter des katas qu'il connaissait par cœur.
Il savait bien que sa force, aussi grande soit-elle, n'aurait jamais pu sauver cet enfant. Ce n'était pas pour cela qu'il s'entraînait. Il n'avait aucune culpabilité à combattre, aucune rage envers le monde qu'il souhaitait vaincre par une puissance toujours plus grande. Non, il n'arrivait simplement pas à s'enlever de la tête les cris et pleurs de ses parents, si bien que si cela continuait ses nuits allaient être de plus en plus courtes. Alors il s'entraînait, il tranchait l'air de cette lame forgée par ses soins, s'imaginant un adversaire face à lui, un obstacle à surmonter.





Sa technique était bonne, très bonne même, mais son corps n'arrivait pas à suivre la cadence. Il n'allait pas assez vite, ne frappait pas assez fort alors, face à cette évidente frustration, il ne put que redoubler d'effort pendant ce qui lui sembla être une éternité. Tranchant l'air, se mouvant sous le regard de l'astre lunaire ayant depuis peu remplacé le soleil, Kyoshiro ignora totalement qu'il était à présent seul sur le terrain d'entraînement. Il ne dansait pas, il ne faisait que répéter des enchaînements de mouvements qu'il connaissait par cœur, s'imaginant combattre un autre épéiste, enchaînant parade, esquive et contre-attaque à un rythme effréné. D'autres auraient pu se satisfaire grandement de son talent à l'épée, dépassant celui de bon nombre de ses congénères, mais pas lui. Lui, il aspirait à la perfection, à la grandeur. Lui, il ne pouvait accepter de médiocrité, ou d'être relégué à un niveau à peine supérieur à la moyenne. Il voulait être le meilleur, le plus grand.





Il savait ce qu'il lui restait à faire. Depuis peu il avait développé ses talents en mettant au point un style de combat bien particulier, se combinant parfaitement avec sa personnalité...flamboyante. Pourquoi ne pas l'utiliser dés le début, alors ? Parce qu'elle n'était pas sans risque, évidemment, mais parce qu'elle était aussi gourmande en terme de chakra. Non...il n'était plus temps de se trouver des excuses, il devait passer au niveau supérieur et muscler son jeu. Rangeant son sabre dans son fourreau, le jeune homme attrapa Sekitsui et la dégaina d'une seule main. Laissant tomber son bandeau à terre, ouvrant ses prunelles lactées sur la lame devant lui, Kyoshiro se concentrant. Rassemblant son chakra, il posa la main sur le premier croc, touchant la garde de Sekitsui, murmurant le nom de la voie qu'il avait créée.





Hido, la voie du feu, tout simplement. Rassemblant son chakra, l'aveugle laissa ses doigts courir sur la lame, de sa base jusqu'à son sommet. La trace de ses doigts créa un chemin de feu, embrasant la lame au complet, comme si elle était animée d'une vie nouvelle. Sentant le feu entre ses doigts, Kyoshiro prit une profonde inspiration, et ce fut à ce moment-là que les choses sérieuses commencèrent. Un mouvement après l'autre, la lame de l'aveugle éclaira le terrain sous le regard bienveillant de la lune. Sentant les flammes vivre, vibrer et se mouvoir à chacun de ses gestes, le colosse bondit en avant et, rassemblant son chakra, vocalisa le nom d'une de ses techniques.





Ramenant son bras en arrière, il bondit en avant en une série de coups d'estocs enflammés, sentant ses réserves de chakra s'amenuiser de seconde en seconde. Enfin, au bout d'un moment, le jeune homme planta sa lame dans le seul, l'absence de contact avec celle-ci faisant s'éteindre les flammes alors que, de son côté l'aveugle se pencha en avant. Les mains poser sur ses genoux, le souffle court, le guerrier fit de son mieux pour reprendre sa respiration, pour laisser son corps se reposer. C'était un bon début, il commençait à manier correctement ce nouveau style de combat...mais il allait avoir besoin de bien plus de pratique.

S'entraîner était pour Hotaru était plus que son devoir, plus que son travail, plus qu'une passion. Devenant parfois même un exutoire pour la frustration qu'accumulait certaines missions ou découvertes. Et si en rentrant de sa patrouille, elle s'était hâtée d'aller voir Maho pour quelques conseils religieux concernant son histoire de plumes et de porte du royaume de morts, elle n'avait pas réellement pris le temps de s'arrêter pour digérer ce que la patrouille leur avait montré. Lorsqu'elle fermait les yeux, elle voyait l'enfant au corps déchiqueté par les crocs et griffes. Elle voyait les parents. Elle se voyait elle-même lorsqu'on lui avait révélé la mort de ses parents et de son frère.

Et elle se doutait que pour Kyoshiro, c'était la même chose. Il se laissait plus facilement attraper par ce genre de chose qu'il ne le prétendait. Elle l'avait bien remarqué avec ses humeurs. Lorsque quelque chose lui rappelait son enfance, il se déconnectait et devenait instantanément morose. Et cette histoire d'enfant dans la montagne … c'était littéralement celle de Kyoshiro, à quelques détails près.

Elle se doutait bien qu'il devait être dans un de ces états. Chouso à la ceinture et son armure laissée chez elle pour une fois, la samouraï se hâta de retrouver les plates-formes d'entraînement où elle savait qu'elle le trouverait. Après tout, il n'était ni chez lui, ni à la forge. Il y avait très peu d'autres solutions.

En arrivant sur place, Hotaru ne fut pas surprise de le voir brandir Sekitsui. Ce qui était cependant surprenant, c'était les flammes couvrant la Lame de la base à la pointe. La lame sifflait et le feu criait avec chaque mouvement. Il y avait dans ces gestes-là un grâce qu'elle ne lui connaissait pas. Peut-être était-ce les reflets orangés du feu sur sa peau pâle, sur ses cheveux blancs et dans ses iris tout aussi clairs ? Peut-être était-ce l'obscurité qui dansait et la neige qui scintillait avec ses mouvements qui créait cette impression. Peut-être. Ou peut-être était-ce simplement Hotaru qui n'arrivait pas à ignorer que c'était Kyoshiro et que son regard semblait toujours lui trouver quelque chose du genre.

Elle aimait le voir aller. À la forge ou sur le terrain d'entraînement. Elle avait toujours l'impression que quelque chose l'appelait dans cette danse mortelle. Mais elle ne bougea pas de sa position, pas immédiatement du moins. Elle l'observa faire quelques estocs, jusqu'à ce qu'il plante la lame au sol, faisant disparaître les flammes lorsqu'il ne touchait plus l'arme.

Ce ne fut qu'à ce moment que la femme samouraï se décida à avancer de sa position et sortir de l'ombre. En réalité, Kyoshiro devait savoir qu'elle était là depuis quelques instants, mais il n'avait rien dit ou fait pour le signaler et à cela, Hotaru compris qu'elle allait devoir se manifester elle-même. Tant mieux, pensait-elle, car elle pu admirer l'arme démoniaque s'enflammer. Un truc qu'elle aurait bien aimé pouvoir faire, dommage que son affinité soit celle du vent.



Elle ne lui demanda pas s'il allait. Elle savait déjà la réponse. Il y avait des choses qui ne mentaient pas après tout. Elle traversa la distance entre elle et son amant puis posa sa main sur son omoplate alors qu'il avait les siennes sur ses genoux pour reprendre son souffle. Avant de parler, elle attendit que sa respiration se calme et elle lui dit :



Certes, elle ne faisait pas les mêmes choses que lui. Il était un expert du sabre et elle ne s'était jamais adonnée qu'à une seule lame. Kunais, arc, sabre, nunchaku, n'importe quoi qui lui glissait entre les mains en vérité. Elle aimait la versatilité de style, maintenant accentuée par Chouso qui pouvait la suivre dans ses idées les plus folles.



Hotaru ne pouvait mettre son arme en feu, mais elle était le parfait complément à ses flammes. Une petit sourire vint sur les lèvres de la femme alors qu'elle reprit.



Bon, même s' il y avait un peu de romantisme dans cette idée, Hotaru n'aimait pas particulièrement être le support de quelqu'un. Elle avait toujours chercher à être la plus forte par elle-même et la voilà "le parfait support." Elle poussa cette idée de côté rapidement cependant, posant sa main sur le manche de Chouso. Tant qu'à être le parfait support de quelqu'un, autant travailler là-dessus et trouver une façon de rentabiliser cette synergie naturelle.

Certes, pour devenir le meilleur le jeune aveugle était évidemment obligé de s'entraîner tous les jours, car une telle réussite ne viendrait pas en un claquement de doigts, mais ce n'était pas l'unique raison pour laquelle il le faisait. Il appréciait bien sûr le calme de cet endroit, le vent glacial descendant des montagnes et le fait que personne ne vienne l'emmerder quand il s'entraînait, mais il appréciait surtout de pouvoir vider son esprit. Il ne faisait pas seulement qu'éprouver son esprit, ou repousser ses limites. Quand il s'entraînait, il rentrait dans une transe méditative dans laquelle plus rien n'avait d'importance, plus rien d'autre que le moment présent, que le prochain mouvement à réaliser et il aimait cette simplicité.
Lui qui voulait voir d'habitude si loin, appréciait de ne pouvoir se concentrer que sur le prochain mouvement, le prochain kata et laisser son corps s'occuper du reste. Un pas après l'autre, une seconde après l'autre, c'était en se forçant à ce ralentissement qu'il arrivait à se vider l'esprit et reprendre le contrôle de ses plus sombres pensées. Aujourd'hui c'était principalement la frustration qu'il essayait de faire disparaître, sans véritablement y arriver, mais il devait aussi accepter que certaines choses prenaient du temps. Il allait donc continuer, continuer jusqu'à s'épuiser et ensuite...ensuite, il verrait bien une fois rendu là.

Il continua donc de s'exercer, encore et encore, jusqu'à ce que son corps ne puisse plus suivre le rythme. Luttant pour ne pas continuer davantage, gardant son énergie pour un second round, Kyoshiro fit taire ses flammes, plantant sa lame dans le sol, avant d'entendre une voix familière derrière lui. D'ordinaire il aurait pu la sentir arriver à des dizaines de mètres de là mais, trop concentré, il ne se rendait compte que maintenant qu'il n'était plus seul, sur ce terrain.





Son ton n'était pas aussi jovial que d'habitude, mais cela n'avait rien d'étonnant. Leur dernière sortie était encore dans leurs têtes à tous les deux, ce n'était donc pas un hasard qu'ils se retrouvaient ici. Ils fonctionnaient de la même façon et, si le jeune homme fut tenté de  rester seul, de rejeter la proposition de la demoiselle, il hocha la tête en répondant doucement :





Dans ces sombres moments comme celui-ci, il n'y avait bien qu'elle qu'il arrivait à tolérer, à accepter à ses côtés. Elle ne le jugerait pas, ne le prendrait pas en pitié, n'essayerait pas de lui changer les idées. Elle serait là et c'était bien tout ce qui importait. S'asseyant sur le premier rocher venu, histoire de reprendre son souffle et laisser son corps se reposer un instant, le jeune homme leva ses prunelles lactées vers la belle lorsqu'elle mentionna sa propre maîtrise du vent, un sourire fatigué venant éclairer le visage du colosse. Le vent et le feu...quelles étaient les chances que cette combinaison d'affinité leur arrive, à tous les deux ? Seulement voilà, si la demoiselle insista sur le rôle de support de son affinité, le jeune homme corrigea le tir d'un :





Accélérer le vitesse d'un projectile avec du vent, cela pourrait à coup sûr surprendre bon nombre d'adversaires. Balèze ? Il avait envie de dire qu'il l'était, oui, mais sa maîtrise de la lame de feu n'en était encore qu'à ses débuts. Ainsi, seul à seul, il tourna son visage vers Sekitsui toujours plantée dans le sol, avouant :





Mais ce n'était pas tout. En développant sa maîtrise du feu une nouvelle porte s'était ouverte à lui, une nouvelle forme de feu dont il ne connaissait pas encore les limites. Il avait hésité à l'essayer, à s'y exercer, mas il avait repoussé l'échéance le temps de développer davantage le style de l'épée de feu. Mais peut-être était-ce le moment de la montrer à Hotaru, pour avoir son avis sur le sujet.

L'humeur de Kyoshiro ressemblait beaucoup au sien, assez morose. Si l'entraînement ne lui avait pas déjà donné la puce à l'oreille, sa salutation suffit comme indication. Il accepta sa présence plus qu'il ne semblait la vouloir, mais pour Hotaru, c'était bien suffisant. Elle voulait être avec lui et il ne la repoussait pas, elle comptait bien en profiter. Elle l'observa s'installer sur un rocher avant de l'y suivre. Elle n'avait pas de souffle à reprendre comme lui, mais aimait la proximité avec lui. Alors elle s'installa près de lui parlant de sa nouvelle maîtrise du vent. Elle n'était pas déçue et elle trouvait une certaine pointe de romantisme dans cette idée. Le feu et le vent. Ils étaient définitivement faits pour s'entendre.

Mais … mais il fallait avouer qu'elle aurait aimé quelque chose avec un peu plus de flair. Elle aurait aimé avoir la classe comme Kyoshiro avec ses flammes mais tant pis, ce n'était pas plus mal honnêtement. Évidemment, Hotaru y voyait principalement une façon d'apporter son support à son amant plutôt qu'une véritable corde à son arc. Mais celui-ci la corrigea tout de suite, rappelant à la samouraï qu'elle pouvait faire de sacré ravages. Au commentaire de son amant, elle sourit doucement.

Il avait une façon de lui faire voir les choses différemment ou un peu mieux, lorsqu'il était question d'elle. Elle n'avait aucune idée de comment il faisait, mais souvent, comme à ce moment-là, une seule phrase suffisait.



Sa dernière phrase était sur le ton de la plaisanterie, mais elle semblait vraiment y réfléchir. Probablement qu'elle avait approché la situation de la mauvaise façon ? Peut-être ? Non, certainement.

Puis il lui révéla n'être qu'à la ligne de départ de son nouveau style de combat. Une épée en feu. En plus Sekitsui ? C'était une des meilleures idées qu'il avait eu.



Elle ricana un court instant, s'imaginant déjà ne pas faire le poids face à ce Kyoshiro beaucoup plus puissant qu'elle. Mais … Elle repoussa cette idée. Rien ne disait qu'elle était moins bonne  guerrière que lui ou moins puissante. Non rien du tout. Elle trimait tout autant que lui, il n'y avait aucune raison de se considérer moindre.



Elle tentait d'imaginer et oui, elle pouvait bien le voir. Utiliser le vent pour ses projectiles … pourquoi n'y avait-elle pas pensé elle-même plus tôt ? Il ne fallait pas être un génie après tout ! En même temps … Hotaru n'avait jamais envisagé être capable de manipuler son chakra aussi bien. Elle pensait depuis longtemps qu'elle était faite pour les armes et seulement cela. Le futon était assez récent et clairement encore un peu brute. Elle ne l'avait pas encore intégré pleinement à son style de combat.



Ils étaient partenaires de vie, mais d'entraînement aussi ce qui impliquait qu'ils avaient une responsabilité un envers l'autre de toujours représenter un défis pour l'autre, de toujours être capable de se pousser un peu plus loin que leur limite. Et ce nouveau style de Kyoshiro, elle ne voulait absolument pas manquer ça.

Le jeune homme savait bien que s'entraîner n'était qu'une façon de se distraire, de détourner son esprit du réel problème. Cela revenait à mettre un pansement sur une plaie ouverte mais, en ce moment, aucune autre solution ne lui venait réellement en tête. Il n'avait pas envie de méditer, était trop déconcentré pour aller donner vie au métal et, enfin, il n'était clairement pas du genre à parler de ce qu'il ressentait, à qui que ce soit. Il n'était pas de ceux qui partageaient leurs joies et leurs malheur à leur entourage, il était de ces hommes pour qui le travail était le remède à toutes les peines. Mal dormi ? Va travailler. Peine de cœur ? Va travailler. Tu ne te sens pas à la hauteur ? Va travailler. Toutes les raisons étaient bonnes pour se noyer dans son travail plutôt que d'écouter les tambourinements de son cœur.

Il appréciait de pouvoir être seul, de pouvoir laisser son corps s'exprimer sans craindre d'être jugé, observé, moqué pour ses lacunes et ses chutes. Ici il pouvait être lui-même, sous le regard bienveillant de l'astre lunaire mais, bien entendu, la quiétude de cet endroit finissait toujours par en attirer d'autres. Hotaru fut celle qui brisa le silence du moment, la quiétude du Tadake, et elle ne semblait clairement pas de meilleure humeur que lui. Elle lui parlait de la découverte de son vent, de son rôle de support, mais Kyoshiro ne voyait pas les choses ainsi. N'importe quel élément, utilisé correctement, pouvait avoir des applications offensives, et le vent ne faisait nullement exception à la règle. Le forgeron fit donc part de sa perspective à la demoiselle et, celle-ci, réceptive aux conseils, remercia le colosse sur son habituel ton moqueur. La tête baissée vers le sol, un discret sourire fatigué sur son visage, l'enfant de l'hiver souffla alors :





A force de passer autant de temps à s'intéresser à son style de combat et comment l'améliorer, il avait effectivement toujours une idée ou deux en tête, à n'importe quel moment de la journée. C'était sa principale préoccupation, après tout et, avec cette idée en tête, il évoqua son manque de maîtrise de ce nouveau style de combat. Certes il n'était plus un enfant qui découvrait le poids d'une lame, sa maîtrise était autrement plus grande qu'elle ne l'était jadis mais, tout de même, il y avait un monde entre le kenjutsu et le maniement de ce même style avec une lame enflammée. Les précautions à prendre étaient différentes, et les limites l'étaient également mais, avec du temps, il finirait par s'y habituer. Écoutant la belle qui confirmait vouloir garder un œil sur ses progrès, le colosse avoua sans détour :





Il l'aimait, bien sûr, mais Kyoshiro était un guerrier avant d'être toute autre chose. Un guerrier avant un fils, un frère, un conjoint, un ami. Il n'allait jamais se brider pour qui que ce soit, jamais ralentir pour préserver l'ego d'un de ses collègues. Il allait continuer d'avancer jusqu'au sommet, et ne diminuerait jamais la cadence pour attendre qui que ce soit. Vint alors la discussion du nouveau style découvert et, si Kyoshiro allait se lever, il se retint lorsque la belle mentionna sa propre maîtrise du vent. Curieux ? Il l'était, évidemment, mais cela lui donnait surtout une excuse pour recharger ses batteries de chakra car, honnêtement, garder une flamme intacte malgré ses mouvements était quelque chose d'assez gourmand. Hochant la tête, il invita la belle à prendre place sur le terrain, d'un signe de main, avançant finalement :

À la réponse de son amant, Hotaru gonfla un peu les joues. Si certes elle se sentait tomber derrière lui, elle n’était pas non plus si mauvaise. Elle lui répondit donc d’abord avec un ton boudeur.



Mais à peine ces mots-là dits, elle s’adoucit. Il n’était pas question d’être laissée pour contre, mais encore moins qu’on ne la prenne en pitié et qu’on attende qu’elle s’améliore. Sa réponse était sans équivoque. Ne m’attends pas. Je ne te laisserai pas le regretter. Enfin, c’était ce qu’elle espérait convoyer dans sa réponse, mais était-ce ce qu’elle disait réellement ?



Puis, son amant lui demanda de faire une démonstration d’abord. Elle voyait bien qu’il était encore à bout de souffle et avec un sourire en coin et le regard malicieux, elle lui répondit avec une teinte de moquerie dans la voix.



Elle se leva de la pierre sur laquelle elle avait rejoint son amant avant de faire quelques pas devant, histoire de ne pas prendre Kyoshiro dans ce qu’elle comptait faire. Ses doigts se joignirent en quelques mudras et elle nomma le tour qu’elle fit :



Un vent s’éleva projeté de ses mains. Effleurant le sol, il souleva la neige et la poussière dans l’air, créant un écran entre elle et un adversaire imaginaire. La samouraï ria un peu réalisant que ce n’était pas la meilleure utilisation à montrer à un aveugle. Ce n’était pas comme s’il y voyait quelque. Tempête du nord, car dans les alentour de Seizan, elle soulèverait beaucoup plus flocons qu’autre chose. Et puis, c’était classe.



Le problème était que sur la neige tapée ou à l’intérieur, ce ne faisait rien d’autre qu’être une bourrasque inutile. Elle se retourna vers son amant, attrapa sa main et l’entraîna devant elle avant de reprendre un peu de distance.



Cette fois-ci elle refit les mudras et concentrant son chakra dans sa paume, elle l’expulsa en direction de son amant. Le vent était beaucoup plus puissant que le dernier concentrer sur son thorax, appliquant une pression, comme si elle tentait de le pousser.



Elle avait d’autres utilisation à son vent, très peu d’autres, mais elle n’avait pas que deux tours. C’était simplement difficile à montrer, c’était du vent et … et il était aveugle. Alors pour l’heure, elle se contenterait de cela.



Elle parlait l’air un peu embarrassée. Jamais elle n’avait envisagé faire du ninjutsu et encore moins de l’affinitaire, mais la voilà à essayer. L’idée lui était venue de son amant et elle n’aimait pas être laissée derrière. Alors elle avait décidé de le suivre dans cette entreprise. Maintenant, il suffisait de voir comment elle allait faire pour rendre ça vraiment pratique.

Kyoshiro n'était pas né guerrier, il n'était pas né pour se battre. Il n'avait jamais eu de prédisposition dans ce domaine, mais c'était uniquement avec efforts et acharnement qu'il en était arrivé là où il était, aujourd'hui. La plupart de ses collègues pensaient qu'il ne serait qu'un samouraï car c'était déjà beaucoup pour un aveugle mais, quand il commença à plonger dans le ninjutsu, quand il commença à s'intéresser à l'affinité qui le définissait le plus, beaucoup le regardèrent avec un amusement mêlé de tristesse. Comme s'ils s'attendaient tous à ce qu'il échoue, comme cela aurait déjà dû être le cas depuis bien longtemps.
Jamais il n'avait dit qu'il voulait être le meilleur épéiste du monde, non. Limiter sa supériorité à un seul style de combat, un seul domaine était réellement réducteur, et Kyoshiro avait bien trop d'ambition pour s'arrêter uniquement au kenjutsu. Il voulait être le meilleur guerrier, il voulait imposer sa supériorité en affrontant épéistes comme experts du ninjutsu : telle était sa volonté. Alors, une fois atteint un niveau respectable de maîtrise du sabre, respectable selon ses propres critères en tout cas, le Tadake s'était intéressé à la maîtrise du feu et, bien évidemment, vint un temps où les deux styles furent amenés à se rencontrer.

Trancher un adversaire et le brûler en même temps avait quelque chose d'attrayant et d'autant plus efficace, évidemment, mais Kyoshiro n'avait fait que gratter la surface. Il n'avait découvert que quelques possibilités, quelques outils et, durant les derniers jours, c'était ce style qu'il était venir découvrir et explorer, ici, loin de tout et de tous, une fois la nuit tombée.
C'était sa carte maîtresse, le style qu'il allait sortir lorsqu'il devrait muscler son jeu et montrer la température d'un cran. Il ne pouvait donc pas rendre cette maîtrise publique, pas alors qu'il était encore en train de la peaufiner. Ce style de lame de feu n'était pas encore prêt pour une utilisation sur le terrain mais, aujourd'hui, peut-être pourrait-il avoir l'avis de Hotaru sur le sujet.

Mais pour l'heure il se devait de reprendre son souffle alors, par sécurité, il invita la belle à lui faire sa propre démonstration. Elle commença par émettre un écran d'air qui, de ce que l'aveugle pouvait sentir, soulevé un peu de neige devant elle. Souriant, lorsque la demoiselle réalisa qu'une technique bouchant le champ de vision n'était pas une bonne démonstration, pour un aveugle, l'homme se laissa mener devant la belle où, là, elle opta pour une démonstration plus...impactante. Alors que les mots de la technique furent captés par les oreilles du forgeron, ce dernier fut repoussé de deux mètres en arrière, par la pression brusque du vent contre sa poitrine. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre, pour reprendre pied avec la réalité, avec que la belle lui expliquait l'origine de cette technique.





Le sourire qui vint avec ces paroles prouva que le jeune homme était satisfait de ce qu'il avait vu...ou plutôt senti. Un instant de silence s'installa et, bientôt, il se rappela que c'était à son tour de passer sous les feux des projecteurs. Prenant une profonde inspiration, il se dirigea d'une démarche lente vers Sekitsui qu'il retira hors du sol d'un coup sec.





S'écartant de quelques pas, il positionna la lame horizontalement, passant les doigts de sa main libre le long de cette lame pour en ressentir le métal, les rebords, les séparations. Il resta là et, enfin, à mesure que ses doigts couraient sur la lame, une ligne de feu naquit pour recouvrir l'entièreté de la lame. Enflammer la lame n'était que la première étape, la plus simple en tout cas, mais le reste allait demander un peu plus de maîtrise, de self-control. Soufflant, il ouvrit ses prunelles lactées vers l'astre lunaire, au-dessus de sa tête, avant d'attraper la lame par le manche et la positionner verticalement, devant lui. Enfin, en un mot, dans un silence presque religieux, le jeune homme déploya sa maîtrise en soufflant :





Les flammes orangées changèrent de couleur, devinrent plus clair jusqu'à, enfin, prendre la couleur de la neige similaire aux cheveux de Kyoshiro, similaire à ses yeux dépourvus de lumière. Les flammes étaient à présent blanche et, dans son emportement, le jeune homme commença à faire quelques mouvements, brûlant l'air en déployant Sekitsui sur toute sa longueur, dans une attaque de sa lame totalement étendue. Là, en cet instant, se jouait un spectacle d'une rare beauté d'une lame blanche perçant le brouillard opaque de l'obscurité, pendant ce qu'il semblait être une éternité. Il resta là, faisant danser sa lame au beau milieu des ténèbres, sentant son chakra diminuer de seconde en seconde jusqu'à ce que, enfin, il ne se force à l'immobilité. La lame blanche crépitant devant lui, il expliqua :

La mention de la puissance de l'élément d'Hotaru la fit sourire. Ce n'était pas exactement ce qu'elle avait cherché à dire, alors elle s'était empressée de rectifier le tir. Elle ne s'inquiétait pas du vent en lui-même et si elle s'arrêtait pour y penser une seconde, elle tirerait la conclusion que c'était l'élément parfait pour son style de combat particulier. Mais l'herbe était toujours plus verte chez le voisin et elle ne pouvait s'empêcher d'envoyer la gueule qu'avait le style au sabre combiné aux flammes de Kyoshiro. C'était un vilain défaut, mais un qu'elle ne pouvait s'empêcher d'avoir.

Puis lorsqu'elle eut terminé sa petite démonstration, le forgeron proposa de lui montrer ce qu'il voulait bien dire. Ce fut avec un entrain non dissimulé qu'elle lui répondit :



Les flammes sur sa lame reprirent. D'abord orangées comme à leur habitude, puis, petit à petit la couleur semblait fondre et disparaître avant que tout ne se teigne de blanc. La scène devant ses yeux était digne d'un poème ou d'un tableau, voire même les deux …



Et … ça lui rappelait quelque chose qu'elle avait fait plus tôt à l'entraînement bien qu'elle n'avait pas réellement compris ce qu'elle faisait à ce moment-là. Évidemment, Hotaru ne le mentionna pas immédiatement. Elle était bien trop subjuguée par la scène qui se déroulait devant elle. Tout de blanc, les yeux, la lune, la neige et même le feu. L'univers semblait soudainement dépourvu de toute autre couleur, un tableau monochrome, si ce n'était des vêtements de l'homme. Elle l'observait, retenant inconsciemment sa respiration.



Elle dut secouer la tête vivement pour se ressaisir. Puis, franchissant la distance entre elle et son amant, elle posa sa main sur la sienne avant de lui dire :



Vraiment, elle avait de la chance de voir quelque chose comme ça. Hotaru se considérait privilégiée en fait que Kyoshiro ait décidé de lui montrer cela de son propre chef. Un sourire doux s'imposa de lui-même sur son visage alors qu'elle fit un pas vers l'arrière, remettant une petite distance entre elle le colosse.



Aussi étonnant que cela pouvait l'être, l'Oomori avait elle-même parvenue à coloré le vent qu'elle produisait de blanc. À plus d'une reprise. La première fois, elle ne s'en était pas aperçu et avait cru que c'était de la neige. La seconde fois, elle avait bel et bien compris que le vent était coloré, mais elle s'était simplement dit qu'elle avait dû mettre trop de chakra. La troisième fois … La troisième fois, et n'avait eu d'autre choix que de d'admettre qu'il devait bien y avoir quelque chose qui clochait, car le vent, normalement, ne se colorait pas de blanc … de moins pas par lui-même. Elle n'avait pas compris ce qui se passait, simplement isolé le résultat et ce qui l'avait mené là. Elle savait donc pertinemment comment rendre le vent blanc. Elle n'avait simplement pas compris ce que c'était.

Elle exécuta donc les mudras pour invoquer la bourrasque qui avait repoussé le guerrier de l'hiver, mais cette fois-ci le bourrasque était colorée, finement, loin d'être opaque, mais on pouvait voir la couleur … quoi que Kyoshiro ne le verrait pas. Peut-être le sentirait-il la différence par contre ?



Ça n'arrêtait plus, ces coïncidences qui leur donnait une synergie des plus impressionnante. Elle ne le savait encore, mais pas tous pouvait teindre de blanc leur affinité primaire. Ce n'était qu'une poignée d'individus … et pourtant, eux-deux avaient manifesté la même couleur.

Kyoshiro savait que la route vers le pouvoir pouvait être longue et éreintante. Il était le mieux placé pour savoir à quel point ce parcours pouvait être long, difficile, frustrant, à tel point que certains guerriers finissaient par perfectionner ce qu'ils connaissaient déjà, plutôt que d'explorer le champ des possibles, afin de compléter leur répertoire de techniques, déjà bien fourni. Ce n'était pas une mauvaise chose de perfectionner les bases et d'en rester là, cela permettait d'avoir un combattant solide et qui connaissait très bien son affaire, mais Kyoshiro n'était malheureusement pas assez patient pour prendre ce temps-ci. Dévoré par son ambition, son désir de reconnaissance à l'échelle mondiale, il avait à cœur de redoubler d'efforts et d'en découvrir toujours plus, d'en apprendre toujours plus, pour devenir un guerrier aussi redoutable et complet que possible.
C'était avec cette idée en tête qu'il avait développé sa maîtrise de son style à la lame enflammée, évolution évidente de ses deux styles de combat, avant de souhaiter perfectionner son feu, pour encore plus d'efficacité. La demoiselle semblait être guidée par la même détermination que son compagnon car, s'ils avaient tous deux été assez occupés dernièrement, ils n'auraient raté l'occasion de s'entraîner pour rien au monde. Seulement voilà, la demoiselle semblait quelque peu déçue de son affinité, avançant qu'elle n'était pas aussi spectaculaire que le feu, mais que pouvait dire le forgeron, à ce sujet ? Personne ne choisissait son affinité, il revenait simplement à chaque guerrier d'essayer de faire au mieux, avec les cartes qui lui étaient données. Raison pour laquelle Kyoshiro ne souhaita pas répondre car, au fond,  même si le vent n'était pas aussi impressionnant, c'était à Hotaru que revenait l'idée de trouver ce qu'elle pouvait en faire, de cette affinité.

Vint alors le moment pour le jeune homme de montrer jusqu'où ses efforts l'avaient poussé, en dévoilant une évolution de sa maîtrise du feu originel. Cette évolution il n'en était pas peu fier. Il pouvait sentir la puissance de ces flammes, leur signature différente, leur plus grande consommation en chakra mais, mis à part ce changement, l'aveugle n'avait pas encore eu l'occasion de les tester sur le terrain. Si la seule différence était leur couleur, leur signature de chakra, cela valait-il vraiment la peine de continuer à suivre ce changement, juste pour le côté esthétique de la chose ? Non, bien sûr que non, évidemment, mais avant d'abandonner cette voie il voulait la tester, dehors, loin des mûrs de Seizan, là où personne ne le verrait échouer si ces flammes s'avéraient inutiles en combat.

Enfin sa démonstration fut terminée et, l'espace d'un instant, ses prunelles inutiles semblaient presque perdues dans les flammes crépitantes, comme s'il était vraiment capable de les voir plutôt que de les sentir. Puis vint le moment où Hotaru s'approcha, initiant le contact physique, révélant au passage au passage la couleur différente de ces nouvelles flammes d'une rare beauté. Souriant, amusé par cette révélation, le forgeron commenta :





La demoiselle fit alors sa propre démonstration, dévoilant au jeune homme que son propre vent, à elle aussi, était de la même couleur, ce qui ne fit que sourire Kyoshiro de plus belle. Certes, l'ombre de leur précédente mission était toujours présente, mais Hotaru avait cette facilité étonnante à le faire sourire pour rien...c'était prodigieux.  Tout le monde était-il capable de maîtriser un élément de couleur différente ? D'autres auraient dit que oui, par modestie, mais le Tadake avait un avis différent sur la question.





Il l'espérait, en tout cas, mais rien n'était moins sûr. Peut-être pourraient-ils faire des tests, ensemble, l'un contre l'autre ? L'idée était à retenir, en tout cas, mais pas aujourd'hui. Kyoshiro était là depuis plusieurs heures, et l'effet de cet effort prolongé fut visible lorsqu'il vint à éteindre ses flammes, sa respiration se faisant plus lourde et saccadée en réponse au coût de cet exercice. Rangeant sa lame dans son fourreau, il vint alors à s'asseoir contre un rocher non loin d'ici, laissant reposer son dos contre la surface solide, en essayant de reprendre son souffle.





Ce n'était pas son genre d'être défaitiste, ou de ne pas être absolument certain de ce qu'il faisait. Alors pourquoi ici, pourquoi maintenant ? Sans doute, justement, à cause des restes de leur précédente mission, toujours trop ancrée dan sa tête.

Kyoshiro mentionna que le blanc devait être sa couleur fétiche et la brune sourit avec affection à cette déclaration. Elle ne pouvait pas être plus d'accord. Son ton était particulièrement doux lorsqu'elle ajouta :



Et elle ne parlait pas seulement d'agencement de couleur. Il y avait quelque chose chez cet homme qui selon Hotaru, s'harmonisait à la perfection au blanc. Elle ne pouvait pas vraiment mettre le mot dessus et peut-être même était-ce seulement à cause de ses cheveux et de ses yeux, mais … Elle n'y pouvait rien. Lorsqu'elle pensait à lui, elle pensait au blanc.

Lorsque Kyoshiro répondit à sa question, une partie d'elle voulut lui répondre qu'elle était d'accord. Après tout, ce serait un peu injuste sinon, mais la partie plus rationnelle d'elle ne pouvait tout de même pas s'empêcher de se poser la question. Enfin … des questions.



Elle éclata de rire en regardant son amant, chassa les questions d'un geste de la main. Ce n'était pas réellement important finalement. Autant simplement profiter de pouvoir faire un truc spécial en plus de ses armes …



Blanc. Ils faisaient tous les deux quelque chose du genre. Si pour Hotaru, au départ, elle n'avait pas exactement compris, elle ne pouvait plus ne pas en être fier. Et … et il fallait avouer que le hasard faisait les choses tellement bien depuis qu'elle le connaissait.



Elle observa son amant aller s'installer contre une pierre pour reprendre son souffle. Une idée germa alors dans son esprit.

La femme samourai s'approcha donc de lui, d'abord hésitante. Elle avait quelque chose à lui demander et elle hésitait. Enfin, pas tellement et pas si longtemps que cela, car elle enchaîna assez rapidement.



Il fallait en profiter, non ? Elle voulait trouver une façon de mettre la compatibilité de leur élément à profit. Et encore plus maintenant qu'il avait muté du même blanc. Elle ne perdit pas son temps avant de s'expliquer, ne voulant pas qu'il ne comprenne quelque qu'elle ne coulait pas dire.



Elle voulait dire qu'elle tombait facilement en rythme avec lui, même si le choix de mot était plutôt mauvais. Elle ne cherchait pas à se rabaisser comparativement à lui, mais il fallait avouer que son choix de mot lui laissait un arrière goût un peu amer. Non, il ne fallait pas penser à ça, ce n'était pas pertinent et probablement pas véridique. Il fallait garder l'esprit clair et mettre ces doutes en veille.

Kyoshiro n'avait pas toujours été fasciné par le feu. Au départ ce n'était qu'un outil pour lui permettre de donner vie au métal, de donner forme à ses créations les plus brillantes mais, au fil du temps, il avait réalisé que c'était aussi l'affinité avec laquelle il était né. Quelle coïncidence, n'est-ce pas ? Alors, voyant en ces flammes un potentiel évident, il avait décidé de se plonger dans la maîtrise de cet élément, pour ajouter une nouvelle corde à son arc et ne pas compter uniquement sur la lame qu'il portait constamment à sa ceinture. Ce ne fut que plus tard, bien plus tard, qu'il réalisa qu'il pouvait combiner les deux afin de développer un style de combat encore plus redoutable.
Était-il arrivé au bout de son chemin ? Pas du tout, car il n'en était qu'au début de cette voie, mais il savait au moins qu'il prenait la bonne direction, car de jour en jour cette maîtrise se faisait de façon plus naturelle. Bien sûr qu'il ne montrait cette évolution à personne, préférant montrer ses talents une fois sa maîtrise complète, mais Hotaru était bien trop présente dans sa vie pour qu'elle puisse ne pas être au courant de cette évolution.

C'était pour cela qu'il accepta de lui montrer la nouvelle maîtrise de son feu, des flammes dont il n'était pas au courant de la couleur jusqu'à ce que la Oomori ne lui explique. Le blanc lui allait bien, hein ? Cette seule phrase fit écho dans l'esprit du jeune homme, repensant à la conversation qu'il avait eu avec Ena. Ce fut dans un souffle, surtout pour lui-même, qu'il murmura :





Si deux personnes finissaient par lui dire la même chose, y avait-il un fond de vérité, là-dedans ? L'aveugle ne voulait pas y croire, bien sûr, mais cela méritait tout de même réflexion. Vint alors une autre réflexion, celle de la couleur blanche donnée à leurs éléments, et son accessibilité. Tout le monde pouvait-il le faire ? Probablement pas, mais c'était l'origine de la couleur qui intriguait davantage le forgeron.





Profitant de cet instant pour reprendre son souffle, le jeune homme arqua un sourcil lorsque la demoiselle vint à introduire une idée qu'elle avait en tête.





Curieux, l'homme écouta et, effectivement, l'idée donnée était bonne. Le vent et le feu avaient toujours été des éléments complémentaires, capables d'attaques dévastatrices, mais qu'en serait-il de ce vent et de feu blancs ? L'idée de les combiner faisait du sens, évidemment, mais le Tadake était simplement trop fatigué pour se prêter à cette expérience, aujourd'hui. Ainsi, hochant la tête pour confirmer que cette idée était bonne, il précisa alors :





Et essayer était sans doute le mot le plus important là-dedans. Il ne voulait pas admettre qu'il était épuisé bien que cela soit évident, ou qu'il n'arrivait pas à s'enlever l'image de cet enfant de sa tête. Il s'était entraîné, s'était épuisé et, maintenant, il voulait juste que le maître des songes l'emporte loin, très loin, pour passer au moins une nuit sans cauchemars.





Allait-il réussir à dormir ? Il l'espérait, car il en avait terriblement besoin.

Lorsqu'elle révéla la couleur du feu à son amant - bien qu'il ne devait avoir en réalité aucun concepte du blanc - et qu'elle déclara que la couleur lui allait bien, la réponse de l'homme arracha tout de même un petit rire à la samouraï. Elle lui répondit donc avec une certaine joie :



Évidemment, elle se demandait qui aurait pu dire ce genre de chose, non pas qu'elle pensait avoir l'exclusivité sur les compliments ou réflexions fait à son amant, mais elle ne pouvait s'empêcher de se demander le contexte, car clairement, ça ne devait pas d'être de ses cheveux que la perao ne parlait si Kyoshiro amenait ça maintenant.

Leur discussion se laissa emporter sur les quelques questions existentielles entourant l'existence des éléments teint de blancs, mais au final ni l'un ni l'autre n'en savait assez sur le sujet pour réellement élaborer ou, même, simplement apporter quelque chose de constructif. Alors, Hotaru décida de ne pas se prendre la tête davantage avec ça, déclarant :



Elle ne disait pas être stupide, loin de là même l'idée derrière son commentaire. Non, elle affirmait simplement qu'elle n'était pas du genre curieuse ou même érudite qui chercherait la réponse à ce genre de mystère à tout prix. En fait, l'origine et la raison de son futon blanc et du katon de la même couleur de son amant ne l'intéressait pas. Si en connaître l'origine était un savoir sur lequel elle ne cracherait pas, elle préférait largement apprendre ce que ça changeait concrètement et comment l'utiliser à son avantage.

Puis, Hotaru se permit de poser une question à son amant qui, non pas parce qu'il n'y voyait pas d'intérêt, refusa d'accéder à sa demande … dans l'immédiat. Il déclara vouloir aller se reposer, chose qui semblait plutôt logique vu l'heure.



Et taquin comme il l'était toujours, il l'invita à le rejoindre dans son lit. Ce fut avec un sourire en coin et une certaine malice dans la voix que la maîtresse d'armes lui répondit donc. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'elle y passerait la nuit.