Contrairement à son premier passage en ces lieux, le Togejin était désormais nettement plus familier avec le réseau des forges souterraines du village. Il ne pouvait prétendre être un habitué, mais son précédent séjour lui avait tout de même fait visiter à plusieurs reprises ce lieu emblématique de la Montagne. Traverser ces galeries lui rappelaient avec une pointe de nostalgie sa rencontre avec Ao, Hotaru puis Kyoshiro, dont cet endroit avait été le théâtre. D'ailleurs, il allait certainement rendre visite à ces deux derniers, ayant même revu le samouraï à l'occasion du Festival des Lames. Lorsqu'il y pensait, Honoka était également forgeronne, mais il ignorait si elle disposait d'une échoppe au même titre que le colosse aveugle, ou si elle utilisait son savoir-faire principalement à son propre compte, afin de ne pas avoir à se ruiner en achat de matériel. Il se demandait d'ailleurs si elle le retraînerait dans un débit de boissons, lorsqu'il irait la revoir.

C'est donc sans solliciter d'aide particulière que Kirei était parvenu dès le lendemain à gagner le village et à trouver l'atelier de Kaji, franchissant le seuil de la porte en affichant un large sourire. Une odeur caractéristique liée au travail du métal envahissait promptement ses narines, mais ne le dérangeait guère particulièrement. La chaleur était immédiatement beaucoup plus importante qu'à l'extérieur, mais la température des forges souterraines était déjà bien plus élevée qu'à la surface - en pleine période hivernale - si bien que la transition n'est pas si rude. La présence du visiteur fut alors rapidement remarquée par le maître des lieux, qui n'avait probablement pas oublié cet étrange prêtre très peu avare en paroles ; notamment lorsqu'il s'agissait de parler de religion. Cette fois-ci, il était clairement là pour affaires, et le forgeron se souvenait probablement du type d'armure qu'il souhaitait faire fabriquer, compte-tenu des discussions et négociations qu'ils avaient pu avoir sur la nature du matériau à utiliser.



Naturellement, le Souhei souhaitait tout le succès du monde à Kaji, mais il espérait aussi qu'il ne croulerait guère sous le travail, afin de forger son armure dans des délais raisonnables. Il ne pouvait en effet se permettre de rester trop longtemps à Seizan, et le plus bref serait le mieux... Tant que cette rapidité ne venait point compromettre la qualité du travail du forgeron. Aujourd'hui était ainsi leur rendez-vous où ce dernier allait prendre des mesures plus précises, et sûrement tracer des plans plus définitifs et élaborés que la fois précédente, avant de se lancer dans la confection de l'armure elle-même.