Zoro Juro, samouraï. Telle était l'identité de la cible de Meiyo et Kirei. Grâce à son entrevue avec Seichiro et au petit arrangement qu'ils avaient conclu, le Jounin avait ainsi révélé au Souhei le nom et la caste du porteur de badge que les deux moines recherchaient. Une information cruciale, qui leurs avaient aisément permis de localiser leur cible, qu'ils avaient commencé à suivre méticuleusement en toute discrétion, afin d'étudier ses allers et venues. L'objectif était de l'intercepter dans un endroit discret, où il ne pourrait a priori compter sur un éventuel renfort. Techniquement, il leur était vraisemblablement possible de passer à l'acte en plein jour, au milieu de la foule, sans que leur initiative ne soit ultimement sanctionnée. Cependant, il y avait fort à parier que la plupart de la population, ignorant l'existence de ce potentiel examen, réagisse plutôt mal. De même que tout autre soldat présent aux alentours qui n'aurait été briefé au préalable.

Les raisons encourageant une intervention furtive étaient ainsi nombreuses, et le tandem avait logiquement privilégié la nuit afin de mettre son plan à exécution. Les circonstances avaient visiblement dissuadé Juro de s'entraîner seul au sein de la Forêt de l'épreuve, rendant le chemin du retour vers son domicile le meilleur moment afin de lui subtiliser son badge en minimisant la présence de témoins, et le risque que certains de ses alliés ne se trouvent à proximité. Après quelques jours de réparage, la routine du samouraï avait été mise en évidence, et le lieu précis de leur assaut avait été décidé. A vrai dire, ils espéraient que leur cible se laisserait faire sans manifester d'opposition, les laissant sagement s'emparer de son insigne en réalisant qu'il n'avait aucune échappatoire. A moins qu'il dissimulait des prouesses extraordinaires, lui permettant de résister à l'attaque combinée des Jashinistes qui allaient disposer de l'avantage de la surprise. Un scénario certes possible, mais peu probable.

Totalement dissimulé dans l'ombre grâce à ses talents d'assassin, Kirei guettait ainsi le passage du bretteur à l'endroit préalablement sélectionné. Effectuant un signe à sa partenaire lorsque la silhouette de leur proie émergea de la pénombre, il lui indiquait qu'elle pouvait passer à l'action. La première phase consistait à l'affaiblir grâce à l'usage du Vent Rose de la Renarde, qu'il aurait bien du mal à ne point inhaler compte-tenu de l'effet de surprise, auquel s'ajoutait son ignorance totale des capacités de la prêtresse. Elle porta ainsi les odeurs jusqu'à ses narines, tandis que le Faucheur attendait qu'il ait parcouru quelques mètres supplémentaires, aussi bien afin de maximiser les chances que le jutsu ait eu le temps de produire ses effets, que pour éviter lui-même de respirer dans la zone où il venait d'être déployée Guettant le moment propice, il usa de sa grande vélocité afin d'apparaître soudainement dans le dos de Juro, apposant sa lame contre sa gorge, associant ce geste à l'utilisation d'une technique d'intimidation.

Spoiler:

Précaution peut-être superfétatoire, les deux moines avaient tout de même préféré dissimuler leur visage, quand bien même la nuit aidait-elle naturellement à rendre leur identification plus délicate. Sans compter l'aura meurtrière et menaçante que faisait ressentir Kirei à leur cible, de nature à le faire paniquer. Malgré tout, Meiyo restait bien connue du village, et sa reconnaissance offrait une ultime chance au samouraï de tenter de récupérer son badge, avant qu'ils n'aillent le remettre au Kage dès le petit matin.

Il ne restait désormais plus qu'à la Renarde de surgir de l'ombre et de récupérer l'insigne bien évidence de Juro, avant de se disperser pour se replier vers la cachette qu'ils avaient repérée : en attendant l'aube, ils avaient préféré mettre toutes les chances de leurs côtés en restant ensemble dans un endroit isolé. Par curiosité, le Souhei se demandait si sa partenaire allait également affubler leur proie de l'un de ses sceaux, afin de s'assurer qu'ils ne puissent les suive...

Daichi était en plein ménage. Petit plumeau à plume à la main, il chassait la poussière dans son bureau comme s’il s’agissait là de son pire ennemi. L'œil brillant et aguerri, aucun doute que le jeune Kage avait l’habitude d’accomplir cette tâche jugée des plus ennuyantes pour la majeure partie de la population. Pour Daichi il s’agissait de remettre de l’ordre, aussi bien dans son lieu de travail que dans ses pensées. Chasser la poussière c’est comme éloigner de soi les plus mauvaises pensées afin qu’elle ne vienne pas à grossir pour se transformer en d’horrible mouton qui prendrait toute la place. Il faut savoir déterminer quand il est nécessaire de prendre une pause pour faire ce ménage, et quand on voit les dossiers déjà empilés sur le bureau du chef militaire, on comprend rapidement que la situation semble bien préoccupante. Le monde ne fait qu’évoluer constamment et chacune des factions qui se partage Onogoro essaie de tirer un peu plus le drap vers soi. Les batailles sont rudes et il ne s’agit pas toujours de combat de yokai contre des humains, mais bien d’humains face à des humains. Comme si l’humanité n’avait rien d’autre à faire qu’à se quereller au lieu de se comprendre ou de comprendre le monde qui les entoures.

Le Togekage trouve un mouton sous son bureau et fronce les sourcils. Voilà un “gros souci”. En un coup de plumeau le “problème” semble réglé, mais il faut prendre garde à ce que ce dernier ne se reforme pas. Tuer dans l'œuf la révolte inutile de la pensée parasite.

On frappe soudainement à sa porte et Daichi se presse de dire qu’il est disponible. Quand entre les silhouettes de Kirei et de Meiyo il affiche un grand sourire.

C'est donc aux aurores que le tandem s'était rendu au Bureau du Togekage, ayant patienté toutefois quelques minutes supplémentaires afin de s'assurer que chacun avait eu le temps de s'installer correctement. Après tout, personne n'appréciait être pris à la gorge dès le début de sa journée de travail, et il était dans l'intérêt du duo que le Kage soit dans les meilleures dispositions possibles avant de les recevoir, même si la personnalité de Daichi tendait naturellement vers une démarche plus détendue. Kirei pour sa part, éprouvait une drôle de sensation, un étrange mélange d'impatience, de curiosité, sans pour autant être nerveux. Il s'apprêtait dans quelques instants à en apprendre davantage sur cette étrange épreuve à laquelle il avait été convié, et se demandait quelle allait être la suite des évènements. Les participants avaient-ils été suivis et observés ? Que se passerait-il après avoir remis les badges conformément à l'ordre de mission qu'ils avaient reçus ?

Annonçant l'objet de leur visite aux gardes qu'ils trouvèrent sur leur chemin, Meiyo avait également songé à apporter une boîte de pâtisseries qui ne manqueraient probablement point de ravir le jeune Kage, connu pour son faible envers les sucreries. Si elle avait agi de bon cœur pour faire plaisir à l'adolescent, ainsi que par politesse, le Faucheur y voyait également une opportunité de mettre leur hôte de meilleure humeur. Les moines n'eurent finalement guère à patienter trop longtemps, en ce que l'un des hommes revint rapidement vers eux afin de leur donner une réponse positive : Daichi était prêt à les recevoir dans son bureau. Au moins, ils ne s'étaient donc pas trompés sur cet aspect, et avoir récupéré les badges allaient sûrement déterminer quelque chose qui allait bientôt leur être exposé. S'avançant jusqu'à la porte, Kirei toqua sur cette dernière, entendant la réponse rapide du maître des lieux les invitant à le rejoindre. Son accueil fut alors des plus chaleureux, et son large sourire étonnamment contagieux, le Souhei ne pouvant s'empêcher de le lui retourner.



Si les heures de travail avaient officiellement commencé, il ne pouvait s'empêcher de se sentir gêné d'avoir ainsi attendu à l'affut de l'ouverture du Bureau. Visiblement, le jeune leader avait commencé par faire lui-même le ménage, à en juger par la présence du plumeau qui se trouvait sur son bureau. Peut-être que l'arrivée du tandem de prêtres était pour lui une belle occasion de se voir dérobé à cette corvée, même si faire le ménage avait parfois quelque chose d'apaisant. La sensation de voir l'ordre s'imposer de nouveau face au chaos, quand la propreté et l'harmonie regagnaient leurs droits. S'avançant jusqu'à l'élégant meuble derrière lequel se tenait Daichi, le sabreur poursuivit sa réponse, développant les motifs de leur visite.



Joignant le geste à sa parole, le prêtre de Tsukuyomi présentait également les lettres en question sur le bureau, reçues par oiseau messager. Mais ce qui intéresserait davantage le Kage, serait sûrement ce que Meiyo allait son tour déposer sur la table : les badges... et les pâtisseries.

Le Togekage ne peut décrocher son regard de la boîte aux gourmandises que lui tend la douce Meiyo. Il déballe gentiment le paquet pour observer avec attention son contenu et avant de se saisir de l’une des douceurs il avale une pilule au contenu gardé secret. Si cela pouvait ressembler à un traitement contre le diabète il n’en était rien. Il s’agissait d’un puissant antipoison concocté par la Jujoukage elle-même.

Le jeune dirigeant écoute avec attention ses subordonnées et applaudit joyeusement quand Meiyo vient déposer les badges sur son bureau.



Il se précipite derrière son bureau pour sortir d’un tiroir, une liasse de rouleau et un pain d’encre. Il s’apprête à commencer à écrire sa recommandation pour la validation de passage en grade mais la question de Meiyo le fait cesser toute activité. Il prend un air grave avant de répondre :



Son visage s’assombrit plus encore tandis qu’il regarde du coin de l’oeil le dossier sur son bureau qui fait état d’un meurtre contre un citoyen de Toge.



Son visage se détend et il affiche un étonnant sourire.

Fidèle à sa réputation, Daichi s'empressa de reporter son attention sur la précieuse boîte de sucreries, s'emparant de l'une des pâtisseries qu'elle contenait afin d'en profiter sur le champ. Une démarche qui fit sourire le prêtre de Tsukuyomi, s'amusant discrètement d'un tel spectacle en témoignant d'un air plutôt attendri. Prenant toutes ses précautions, le Kage venait tout de même d'avaler une étrange pilule, avant de finalement porter la précieuse gourmandise à ses lèvres et de la savourer. Peut-être s'agissait-il là d'un traitement lié à cette mystérieuse maladie ou au diabète que l'on lui prêtait, ou tout simplement d'un antidote préventif, afin de se préparer à toute tentative d'empoisonnement. Si tel était le cas, le Faucheur n'en prenait guère outrage, en ce que cela devait être une procédure standard. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de déception, lui qui avait plus confiance en Meiyo qu'en quiconque, et qui voyait ainsi son cadeau être traité avec la même suspicion que tout autre présent.

Présentant les badges au jeune adolescent, la Renarde profita ainsi de cette opportunité afin de lui demander quelques éclaircissements au sujet de cette mystérieuse épreuve. La réponse du maître des lieux ne se fit point attendre, confirmant la théorie des deux moines, et les félicitant pour leur promotion. Une nouvelle qui emplissait le Souhei d'une joie intense, lui qui auparavant, se serait bien plus sobrement satisfait de ce succès. Aujourd'hui, la donne était différente. Les deux moines s'étaient faits une promesse, et partageaient des objectifs communs, dont cette montée en grade constituait l'une des étapes les plus importantes dans leurs futurs projets. Jetant un doux regard en direction de sa partenaire, il contenait malgré tout son engouement en présence du Kage et dans ce contexte officiel, lui qui se serait sinon adonné à une effusion plus démonstrative, et assez inhabituelle de part. Sa main vint toutefois discrètement chercher celle de la prêtresse afin de l'étreindre, et de lui communiquer son ressenti intérieur.

Les propos de Daichi qui suivirent, étaient en revanche un peu moins réjouissants. Cet examen découlait de la volonté de l'empereur et des Ombres des différents villages, afin de préparer de nouveaux officiers à une tâche bien précise : une chasse aux Hommes. Ces paroles, combinées à la solennité de leur interlocuteur, véhiculaient un sérieux et une gravité certaine, faisant même mention d'une menace pouvant d'ores-et-déjà se trouver au sein même du village. Elles étaient d'autant plus perturbantes, que la plupart des soldats s'attendaient à ce que les Yôkais représentent l'essentiel de leurs missions, et le principal danger planant sur Onogoro. Pas des humains. De toute évidence, la situation était naturellement beaucoup plus complexe, et peut-être bien plus sombre ou sur le point de dégénérer qu'on ne pouvait le penser. Si à présent, la paix semblait toujours régner sur Onogoro, un point de bascule approchait-il à grands pas ?



Croisant de nouveau Meiyo du regard, qu'il venait d'inclure dans ses dernières phrases en employant la première personne du pluriel, il recherchait son approbation, ne souhaitant s'exprimer à sa place - lui qui se trouvait d'ailleurs plus à l'aise lorsque ce rôle était inversé. Il avait simplement jugé inopportun l'idée de poursuivre au singulier, comme si seulement lui s'intéressait à ce sujet ou se tenait prêt à honorer son devoir de soldat. D'autant plus lorsqu'ils formaient un tandem particulier.

Gourmandise dans la main et la bouche déjà pleine d’une autre, Daichi retrouve une légère joie de vivre. Bien que cette émotion ne soit que de surface, elle est belle et bien présente afin de rassurer ses deux protégés. La question de Kirei reste toutefois très pertinente et ses palabres sont dignes de la réputation qu’on lui prête déjà à Toge. Daichi se dépêche de terminer ses deux friandises avant de répondre aimablement :



Les doigts plein de sucre il attrappe deux dossiers sur son bureau qu’il tend à Meiyo :



Il a un large sourire sur le visage tandis qu’il leur demande de prendre congés avant de se jeter sur la dernière gourmandise que lui a apporté la douce Meiyo.