A l'instar des deux hommes, Shizuka contestait le diagnostic du corvidé à la couronne. Elle remettait en question la réalité de ce soi-disant meurtre, tout en soulignant que même s'il s'agissait d'une illusion, cette mise en scène avait vraiment eu l'air d'une attaque aux yeux du trio. Avec toutes les conséquences que cela avait pu avoir sur leur réaction. Puis, face à la menace de la pluie de plumes qui s'apprêtait à les frapper, la prêtresse n'hésita nullement à se montrer elle-même hostile, matérialisant son aura chakratique tout en assurant que le sort de leurs ennemis serait pire que la mort s'ils s'en prenaient à ses coéquipiers. Des propos qui ne manquèrent aucunement de faire son effet auprès du Souhei, admiratif devant tant de courage. D'autant plus qu'il se doutait qu'il devait s'agir d'un bluff, puisqu'ils avaient récemment parlé de ses domaines d'expertise qu'elle souhaitait renforcer en combat direct.



Une sorte de supplique, lui qui souhaitait s'assurer que son aînée soit exonérée de toute responsabilité. Une part de lui-même était malgré tout fondamentalement heureuse de la voir agir de la sorte afin de protéger ses camarades, et de se montrer solidaire. Inconsciemment, peut-être espérait-il naïvement qu'elle avait pensé à lui avant de proférer sa mise en garde. Malheureusement, le Yôkai ne voulait rien entendre, avançant que Shizuka pourrait même regretter ses paroles. Il persistait quant au fait que c'était les humains qui avaient attaqué les premiers. L'apôtre de Jashin ne put alors s'empêcher de constater à quel point toutes les espèces vivantes, et douées d'un minimum d'entendement, étaient toutes aussi viles les unes que les autres, toutes autant de mauvaise foi les unes que les autres. Plus que jamais, il était temps que le Seigneur vienne gracier le monde du Renouveau, afin de corriger toute cette folie affectant aussi bien les Hommes que les Yôkais.

La menace commençait à se mettre à exécution, tandis que le corbeau planant dans les airs s'apprêtait à frapper Seichiro avec cette nuée de plumes acérées. Une situation critique, dans laquelle Kirei ne pouvait décemment songer à ne pas intervenir... Mais était-il capable de repousser un tel assaut, ou d'aider à l'amortir efficacement ? S'il intervenait, n'allait-il que vainement se sacrifier, ajoutant une victime supplémentaire qui était évitable ? Au contraire, ne devait-il pas tenter le tout pour tout, car peut-être qu'il existait une chance de pouvoir parer une partie de l'attaque et de sauver le noble Jounin tout en survivant lui-même ? Quid de sa Mission Divine, et de sa propre sécurité s'il souhaitait continuer à servir Jashin ? Et bien sûr, pouvait-il risquer de laisser Shizuka toute seule, s'il se retrouvait hors de combat en ayant voulu aider leur chef ? D'un autre côté, cette personne admirable ne méritait pas un tel sort, il était sans aucun doute un grand leader.

Alors que les questions se bousculaient dans son esprit en ce court instant, sa main s'était instinctivement portée sur le pommeau de son sabre, attestant que son corps était prêt à tenter le tout pour le tout. Ses atermoiements furent finalement interrompus par Seichiro en personne, ayant vraisemblablement remarqué à son geste que le moine envisageait de s'interposer. Un simple signe de la main, lui intimant de s'arrêter, tandis qu'il contemplait son destin, faisant face aux plumes qui fondaient désormais sur lui à toute vitesse. L'impact fut particulièrement violent, semblant fracasser le sol tout en laissant un vaste nuage de fumée empêchant de voir ce qu'il était advenu du futur héritier du clan Doji. Un ineffable sentiment de colère, de tristesse, de stupéfaction, et d'un respect infini envers l'illusionniste martyr se saisissait de Kirei, dont une larme perlait le long de chacune de ses joues. Il ne pouvait malheureusement rien faire, si ce n'était honorer la volonté de ce Héros, et se remobiliser autant que faire se peut afin de protéger sa partenaire.

D'un déplacement extrêmement rapide, il se positionna aux côtés de Shizuka, se plaçant entre elle et le Yôkai à la couronne. Il se tenait ainsi prêt à s'interposer si elle se retrouvait prise pour cible par une autre attaque, ou tout simplement, à la prendre avec lui afin de fuir, à l'aide de sa grande vitesse, compte-tenu des circonstances critiques rendant probablement toute contre-attaque suicidaire. C'est à ce moment que les croassements cessèrent de se faire entendre, tandis que l'environnement recouvrait soudainement son apparence normale. Un phénomène suggérant que le Genjutsu venait d'être dissipé, au même titre que la fumée autour du corps de Seichiro... Certes, celui-ci se trouvait au sol, mais quelque chose était étrange... En effet, ce dernier semblait même sourire, et être encore en vie... Des doutes qui furent finalement balayés par les révélations édifiantes du corbeau doué de parole : fier de lui, ou même, très fier de lui, il prenait un malin plaisir à revendiquer une blague, ou un test, qu'il venait de faire subir au trio...



L'air interdit devant une telle farce, et ce revirement inattendu, le Souhei ne savait comment réagir. Il n'avait d'ailleurs lui-même tranché qu'un vulgaire rondin de bois, se sentant à la fois stupide et incompétent, mais malgré tout rassuré. Il poussa subséquemment un large soupir, à la croisée entre le soulagement et la consternation, devant ce "Roi Yôkai" dont les talents de comédien et de prestidigitation pouvaient lui assurer le succès, s'il décidait de se lancer dans une carrière au Théâtre Saruwaka-Za de Toge.



Ces dernières paroles avaient bien évidemment pour but de mettre en valeur la prêtresse, qui était venue en ces lieux pour passer un pacte avec un Yôkai, et à qui il adressait un sourire. Se reculant un peu, il constata que les véritables corbeaux accompagnant leur interlocuteur s'étaient posés plus loin, laissant leur chef seul avec les Togejins sur sa demande. Un créneau d'apaisement, lui permettant de se diriger vers Seichiro afin de s'enquérir de son état. Il ne relâchait toutefois point sa vigilance sur le corbeau comédien et ses trois escortes se tenant a priori à l'écart, prêt à mobiliser toute sa vitesse pour venir en aide à son aînée.

Trois militaires, un appât

Comme toujours, les mots de Kirei laissent transparaître sa bravoure, sa loyauté et son sens des responsabilités. La scientifique ne peut que le remercier intérieurement pour son intervention chevaleresque, comme à l'accoutumée. Le soutien du Genin est important, c'est très certainement l'une des raisons pour lesquelles la femme parvient encor à garder son calme malgré l'irritation que lui procurent les mots de ce roi ailé qui espère faire d'un des soldats une victimes de son plumage.

Prendre les armes en premier ? Une habitude ? Shizuka fronce les sourcils et croise les bras, fortement mécontente de la réponse du corbeau. Elle considère que les illusions sont des armes aussi si ce n'est plus dangereuses que des épées ou des lances. Et puis elle trouve cela injuste que la créature parle d'habitude ancrée dans les gènes de ses congénères mais qu'elle rejette indirectement cette possibilité pour les humains. La Chunin trouve que ce Yokai fait preuve de mauvaise foi, ce qui n'est pas sans l'agacer.

Cependant, si le corbeau l'énerve, la prêtresse d'Inari ne peut que reconnaître qu'il a raison lorsqu'il dit que les humains s'entretuent et qu'il semble sous-entendre qu'ils sont stupides. Mais la menace de la créature la refroidit aussitôt. Lorsque le volatile bat des ailes pour envoyer ses plumes en direction du Jonin, la jeune femme esquisse un mouvement dans sa direction mais s'arrête rapidement. Elle n'est pas assez rapide pour espérer le secourir, rien ne garantirait sa survie et l'homme a décidé de se sacrifier de lui-même. Qui serait-elle pour oser aller à l'encontre de sa volonté ? Voilà un mensonge tout trouvé pour justifier son absence de réaction alors qu'elle cherche seulement à sauver sa peau.

La fidèle d'Izanami détourne le regard alors qu'elle voit le blond tomber à terre, ciblé par une multitude de projectiles. Elle ignore encore, à ce moment-là, que cette punition n'était qu'une vulgaire illusion, un stratagème du corvidé. Elle se saisit d'un kunai, prête à passer à l'attaque lorsque le Yokai se met à... rire ? Et qu'il avoue que tout ceci n'était qu'un piège. Un rire nerveux s'échappe des lèvres de la femme. C'est ironique d'avoir été piégée par des êtres qu'elle avait prévu de piéger et tout à fait énervant en même temps.



L'esprit encore embrumé par ces dernières minutes, la prêtresse ressent le besoin de se plaindre afin de se débarrasser de pensées parasites. Elle laisse ensuite l'honneur au sabreur d'entamer la conversation et lâche un soupir lorsqu'il fait son éloge au corbeau, songeant que cela pourrait bien rehausser les exigences de la créature. Shizuka s'approche de Seichiro sans tourner le dos au couronné de crainte d'être ciblée par une attaque sournoise. Si l'homme est véritablement blessé, elle compte bien utiliser ses compétences en Iroujutsu pour panser ses plaies.



La femme ne peut malheureusement pas se présenter comme fidèle d'Izanami étant en présence de son chef d'équipe, un Jonin du village issu d'un prestigieux clan d'Onogoro. Mais malgré cela, elle essaie de faire comprendre au corbeau qu'elle apprécie plus ou moins les Yokais. Elle ne ment pas vraiment, elle cache juste certaines de ses pensées et intentions de peur que cela puisse affecter la vision qu'un camp ou l'autre peut avoir d'elle.