Fb : La veille au soir - Seizan no Sato- Quartier commerçant- Au comptoir d'une gargote du coin:

-Je te le dis mon grand ! Si t'as besoin d'un cheval, il n'y qu'une seule adresse qui compte ! Le domaine du clan Tenma. Y'a pas à dire c'est les meilleurs éleveurs de tout le royaumes ! Hic ! Crois moi mon pote!

Tandis qu'il finissait sa phrase, un poivrot à l'haleine douteuse s'était permis la familiarité d'une main posée sur l'épaule de notre héros. Ganryu avait horreur quand ses interlocuteurs se permettaient trop de libertés en sa présence. Ca lui arrivait beaucoup trop souvent ces temps-ci. Vu qu'il passait ses soirées à fréquenter les restaurants ambulants une fois le soir venu, des relous il en croisait pas mal. Lui, il tenait facilement l'alcool, ce qui avait tendance à tester les limites de sa patience. La boisson ça le rendait juste légèrement taciturne et bougon, encore plus qu'il ne l'est déjà naturellement. C'est pourquoi il fit rapidement comprendre à son compère de beuverie du soir qu'il n'était pas du genre tactile.

"ZBAM"

Attrapant ferment l'avant-bras du pauvre ivrogne de sa grande paluche, notre kensei l'envoya valdinguer par dessus son épaule au moyen d'un magnifique îppon. L'homme s'écrasa dans la boue du chemin sur lequel le commerçant avait posé son restaurant ambulant. Ganryu avait beau n'avoir mis aucune puissance dans son mouvement, l'homme fut instantanément mis KO par le choc. C'est alors que le kensei se dirigea vers le pauvre bougre, puis s'accroupissant à ses cotés le temps de mettre un doigt sous le nez de celui-ci, il put s'assurer que l'homme respirait encore. On ne sait jamais après tout ! Un accident est si vite arrivé quand on mesure plus de mètres et qu'on pèse cent kilos...
C'est alors que le kensei se redressa et revint s'assoir sur le petit banc de bois où les clients commandaient nourriture et boisson. Pointant son unique œil valide droit vers le visage du marchand qui était resté bouche bée durant toute la scène. C'est d'un ton calme, conscient de l'impression que venait de d'imprimer sa démonstration de force dans l'esprit du vieil homme, que le kensei demanda:

-Vous savez où il se trouve vous ? Ce fameux domaine Tenma ?

Now - Province de Kyojinyama No Kuni- Aux portes du domaine de la famille Tenma :

Son épée géante fermement attachée dans son dos, il ne lui avait fallu que quelques heures pour atteindre les portes du domaines du clan Tenma. En effet,  le site se trouvait juste en bas des Montagnes Bleues où était perché le village caché de Seizan. En suivant le sentier qui descendait du pied du Mont Atlas, il était maintenant arrivé dans les vastes plaines verdoyantes qui entouraient les bases de l'immense de chaine de montagne. L'imposante demeure du clan marquait d'ailleurs le début de la route vers la cité militaire, tel un phare indiquant aux voyageurs qu'ils se trouvent sur le bon chemin.
Ganryu passa sous la grosse arche de bois qui marquait l'entrée du domaine. L'espace était dessiné par de petites allées qui serpentaient entre de nombreux enclos, tous remplis de magnifiques chevaux. Au bout de ce cadrillage d'enclos et d'écuries diverses se trouvait une large demeure, fief du clan Tenma.  Les employés de maisons s'appliquaient à prendre soins des bêtes et du matériel dans une chorégraphie de va-et-vient qu'on aurait réglée comme une horloge. Tandis qu'il avançait en contemplant tout ce petit monde qui s'activait sous son regard, il se permit d'interrompre un garçon qui remplissait un abreuvoir en lui tapotant l'épaule du doigt:

-Excuse moi petit. A qui je m'adresse pour acheter un cheval ici ?

Le garçon pointa son doigt silencieusement en direction d'un homme qui se trouvait sur le palier de ce qui semblait être la maison familiale. Le guerrier jeta alors un bref regard au gamin le temps d'un discret :

-Merci petit.

Il se dirigea alors en direction du mystérieux individu. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il constata à mesure qu'il s rapprochait de l'homme, qu'il s'agissait là d'un véritable colosse. Il était presque aussi grand que Ganryu. Et niveau corpulence, il devait y avoir au moins une bonne vingtaine de kilos qui les séparait en sa faveur. Il était sincèrement étonné par la démesure du corps de cet inconnu. Il n'avait pas souvent l'occasion de croiser quelqu'un qui possédait un physique aussi impressionnant que le sien. Le géant observait tranquillement, pipe au bec, le spectacle que jouaient sous ses yeux les employés de son domaine. Il portait un kimono décoré qui semblait témoigner d'un certain rang dans son clan, et l'expression que cachait sa barbe ébouriffée derrière elle paraissait pleine de calme et de sagesse.
Quand il arriva au contact de Kazumasa, Ganryu se présenta avec l'intention de serrer la main du maître des lieux. Le ton de sa voix était poli, sobre et grave comme à son habitude. Son regard directement pointé en direction de celui de son interlocuteur, il dit:

- Bonjour ! Excusez moi de vous déranger ?  Je me présente, Tadakatsu Ganryu, jonin de Seizan no Sato. Je suis à la recherche d'une bonne monture et on m'a conseillé de venir dans ce domaine. Un des gamins qui bossait dans le coin m'a dit indiqué qu'il fallait que je m'adresse à vous ?  

Ganryu ne voulait pas paraitre impoli à ne pas connaitre les lieux ni la réputation du clan. C'est juste qu'avec ses nombreuses missions au nord de la Province des Ours, il ne connaissait que très peu les clans qui faisaient la gloire de la région.

« Les destriers Fuchigoma », hein ? C’était bien la première fois que Ganryu entendait pareille dénomination. Il faut dire que son ignorance en matière de races de chevaux était totale. Pour lui les différences entre équidés se faisaient à partir d’adjectifs simples, tel que « gros ou petit », « noir ou blanc ». Dès qu’on s’aventurait à utiliser quelques classifications d’initiés, il était alors complètement à la ramasse. Ne souhaitant pas se ridiculiser, et alors qu’ils échangeaient une poignée de main pour le moins virile, Ganryu répondit un peu maladroitement à son compère chunnin qui l’invitait à jeter un œil aux alentours :

-Et bien enchanté Kazumasa! Je vous avoue qu’en matière de chevaux, je n’y connais pas grand chose. Avec plaisir pour cette visite, je vous suis.

Il commença alors à suivre son guide pour déambuler entre les différentes habitations que contenait le domaine. Quand on arrivait aux portes du domaine du clan Tenma, on ne se rendait pas compte au premier regard de l’étendue des lieux. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur qu’on pouvait prendre toute la mesure de l’influence du clan. L’endroit était au moins aussi grand que le quartier résidentiel de Seizan no Sato. On y observait bon nombre d’habitations diverses qui bordaient les écuries et des commerçants installaient mêmes de petites échoppes sur les devantures de certaines d’entre elles. Les nombreuses familles qui peuplaient les lieux, affiliées au nom Tenma pour certaines, simplement employées par la clan d’éleveurs pour les autres, s’affairaient tranquillement à leur tache sans sourciller. Le tout dans la joie et la bonne humeur.
Pourtant malgré le calme et la sérénité des lieux, chaque habitant croisé sur le chemin prenait bien soin de saluer avec grande révérence le passage de Kazumasa. Il avait beau porter le nom de famille des maîtres des lieux, signe de son appartenance à la branche principale du clan, le profond respect qu’on lui témoignait à chacun de ses pas allait au delà du simple respect dû à son nom. Personne ne manquait l’occasion de lui glisser un petit mot sur son passage. Cela confirmait l’impression qu’avait ressenti notre kensei lorsque son regard s’était posé la première fois sur Kazumasa. Il avait sûrement à faire sans le savoir à l’un des membres les plus importants du clan. [Hrp :Il sait pas encore que tu es le chef du clan]

C’est alors qu’il arrivèrent dans un enclos situé au beau milieu d’une carrière, le long duquel s’étendait une écurie plus imposante que celles qu’ils avaient croisées jusqu’ici. L’enclos situé au fond du domaine clanique des Tenma, semblait lui aussi un peu plus grand que les autres. A l’intérieur du terrain, deux hommes et une femmes s’attelaient au dressage d’un jeune cheval. La bête semblait leur donner pas mal de fil à retordre pendant que Kazumasa lui communiquait quelques informations sur le bestiaux. Il faut dire qu’il s’agissait d’un cheval d’une taille et d’une corpulence pour le moins impressionnante malgré sa jeunesse. Il n'avait rien à voir avec le type d’équidés qu’avait connu Ganryu jusqu’ici.

Alors qu’il l’invitait à prendre le chemin des écuries, Kazumasa expliquait avec beaucoup de fierté l’importance du bâtiment en question. D’après le colosse de la famille Tenma, c’était en ces lieux que les membres du clan dressaient et entreposaient leur chevaux les plus robustes, affirmant même disposer de bêtes encore plus impressionnantes que l’animal observé quelques secondes plus tôt. Notre kensei ne put s’empêcher de lever un sourcil en signe de curiosité. Déjà que le cheval qu’il venait de voir était sûrement la plus belle bête qu’il ait croisé jusque là, il mourait maintenant d’envie d’en voir un peu plus.

C’est pour ça qu’il écoutait avec attention pendant que Kazumasa le conseillait sur le profil du cheval qui lui correspondrait le mieux. Il faut dire qu’avec la corpulence de mammouth que partageait les deux individus, Kazumasa devait être le mieux placé dans tout le royaume d’Onogoro pour lui prodiguer les meilleurs conseils. « Sept ans ? » Instinctivement notre guerrier se posa la question de la longévité de la vie d’un cheval. Ca pouvait paraître idiot, mais pour lui qui n’y connaissait rien en la matière, il se demandait si ce n’était pas un age un peu trop avançé. C’est pourquoi, d’une voix légèrement intrigué il demanda à son camarade soldat :

-Sept ans ? Ca fait pas un peu vieux ? Ces races de chevaux que vous élevez ici, elles vivent combien de temps en moyenne si ce n’est pas indiscret ?

Il avait un peu peur de paraître idiot aux yeux de son camarade, mais il valait mieux demander plutôt que de rester dans l’ignorance. D’autant que son compère ne manqua pas de se rappeler de l’essentiel en lui demanda tout à coup à notre kensei s'il avait de l’expérience en équitation. Posant un regard légèrement amusé en direction du visage du membre de la famille Tenma, c’est sur un ton léger qu’il répondit :

-Disons que je sais comment me faire obéir héhé… Mais oui j’ai un peu d’expérience, ne vous inquiétez pas. J’ai beaucoup travaillé à protéger les caravanes de marchands qui transitaient entre les villages de pèche au nord de la Province des Ours et les éleveur au sud. Ce genre de transhumances nous demandaient plusieurs semaines à chaque fois. On utilisait donc des chevaux pour parcourir ces longues distances.

Notre Kensei croisa les bras avant de se gratter le menton. Affichant tout à coup un air pensif sur son visage, presque dubitatif. Le son de sa voix témoignait d’une forme d’humilité quand il reprit le court de son propos :

-Mais je dois avouer que les chevaux qu’on utilisait à l’époque n’ont rien à voir avec celui qu’on a croisé dans l’enclos tout à l’heure. Mais je suis prêt à relever ce défi ! Sincèrement, je suis curieux de voir à quoi ressemble ceux qui sont âgés de sept ans.  C’est vous le spécialiste, après tout ! Je vous fais confiance pour me trouver la bête qui me sera le plus adaptée. Je vous suis Kazumasa.  

C’est alors que notre héros indiqua d’un bref geste de la main en direction de interlocuteur qu’il était prêt à le suivre pour s’engouffrer dans l’imposante écurie.

Il avait bien dit trente ans ? Le colosse seizanite leva un sourcil surpris, tandis que son oeil s'écarquillait légèrement sous l'influence de la nouvelle. Ganryu n'aurait jamais deviné tout seul que des chevaux pouvaient vivre aussi longtemps. Il faut dire que les montures qu'il avait connues jusqu'ici n'étaient que de passage dans sa vie, souvent prêtées par les mandataires des différentes missions auxquelles il avait participé. Il suivait donc son camarade en écoutant religieusement ce qu'il avait à dire.

Bien évidemment, à la mention des yokais, il comprit bien vite que ce métier, calme et paisible en apparence, n'était pas nécessairement sans dangers. Si les murs du domaine Tenma semblaient trop hauts pour qu'on puissent craindre une invasion de yokais, les grandes plaines qui en bordaient les fondations n'étaient surement pas sans dangers pour les éleveurs de la région. Alors quand s'occupe d'animaux tels que ceux que le clan Tenma élevait au sein de ses écuries, il devait y avoir dans les environs plus d'une créature salivant à l'idée de croquer l'un de ces chevaux Fuchigoma.

-J'imagine que malgré la proximité de Seizan, vivre au pieds des Montagnes Bleues ne doit pas être de tout repos. Qui sait ce qui s'y tapisse dans la nuit..

Son ton était sincère et bienveillant. Même s'il était devenu soldat, la passion du clan Tenma qu'incarnait Kazumasa lui rappelait sa vie d'enfance, quand il n'était qu'un fils de pêcheurs. Sa famille mettait un point d'honneur à être l'une des seules à maitriser la sortie en haute mer malgré les yokais. Si il avait pu, il se serait bien contenté de reprendre l'affaire familiale, mais son don chakratique l'avait mené sur un autre chemin. Tandis qu'il divaguait, il s'abandonnait à admirer la sérénité, la précision et le cœur que chaque travailleur mettait à l'ouvrage.

Certains des membres du clans s'affairaient dans un coin à s'occuper de quelques spécimens sortis de leurs boxs. Ganryu put remarquer alors qu'on taillait les sabots de l'un d'entre eux. La taille absurde de la structure de corne qui ornait l'extrémité de sa patte ne manqua pas là aussi d'attirer son attention. Pourtant ce cheval ne semblait pas plus gros que celui à l'extérieur. Cela présageait de grandes choses quand à la suite et en parlant de suite Kazumasa tourna rapidement sur sa gauche, les conduisant vers une autre partie du bâtiment.

Tandis qu'il le suivait dans cette autre allée, un léger détail ne manqua pas d'attirer l'attention de notre kensei. Il avait beau n'être qu'un débutant, les animaux qui se trouvaient dans cette aile lui procuraient comme une étrange sensation. Il avait l'impression qu'ils étaient plus gros, plus solides. Le jeune cheval âgé de trois ans qu'il avait vu juste avant lui avait déjà fait une forte impression. Pourtant les animaux auxquels il avait à faire dans ce couloir semblaient d'un tout autre calibre. Les deux soldats finirent par arrêter leur marche en face d'une alcôve qui marquait la fin du bâtiment.

Kazumasa lui confirma cette impression lorsqu'il lui annonça qu'ils étaient en face des fameux chevaux âgés de sept ans. Interloqué par la majesté des animaux qui se tenaient devant lui, Ganryu se sentait un peu gêné à l'idée de choisir de lui même. Cependant, les dernier mots de Kazumasa ne manquèrent pas de résonner dans son esprit. Si ça devait lui venir naturellement, alors il fallait essayer. C'est pourquoi il répondit avec un sourire en coin :

-Et bien ! Je crois que si j'étais riche je les prendrais tous mais qu'à cela ne tienne, je vais faire de mon mieux pour ne me louper.

Après s'être saisi d'une brosse qui trainait par là, Ganryu commença à se familiariser avec les occupants de la demi douzaine de box qui leur faisait face. Lorsqu'il avait dit qu'ils étaient prêts au terrain, Ganryu comprit à quel point son interlocuteur avait pesé ces mots. Tous possédaient une carrure qu'on imaginait impossible à arrêter une fois lancée sur le champs de bataille. Qui plus est la plupart des animaux semblaient tous d'un calme olympien.

Tous sauf un ! Un destrier caramel à taches blanches qui lorsqu'il décida d'introduire sa présence à notre héros, se présenta au moyen d'un bon coup de boule en revers. Puis tandis que Ganryu pénétrait dans le box pour le brosser, le cheval de manqua pas de l'écraser de son flanc contre la paroi en bois située dans le dos du colosse seizanite. Après quelques secondes de bizutage, l'animal ne tarda pas à se calmer et se laisser brosser. Il ne manqua pas, tout de même, de donner un ultime coup de museau dans l'arrière du crane de Ganryu alors qu'il sortait du box. C'est alors que Ganryu se tourna vers Kazumasa tandis qu'il pointait l'animal au curieux comportement:

-Si ça vous convient je vais prendre celui-ci ! J'aime bien le fait qu'il me traite avec dédain. Une fois qu'il se sera habitué à ma présence, il ne laissera pas approcher facilement par quelqu'un d'autre. En plus il me rappelle le vieux Udezuku, ça me plait ! Est-ce qu'il est possible d'essayer de le monter ?