Fb- Une semaine plus tôt- Seizan no Sato-Quartier résidentiel-Appartement de Tadakatsu Ganryu:

"Scratchhhh !!!!"

Le bruit aigu provoqué par la chute de la coupe de saké qu'il venait de laisser tomber vint troubler la tranquillité du soir. Le cœur de Ganryu s'était mis à battre à cent à l'heure, aussi n'avait-il même pas senti le couvert de porcelaine lui échapper des doigts. Le sang affluait dans ses tempes et il sentait le regard de son unique œil se troubler sous la pression sanguine. Il venait de passer du froid au chaud en une demi-seconde. Comment rester de marbre face au contenu de la missive qu'il venait de lire ?  Le parchemin était arrivé par corbeau ninja à une heure tardive. Pourtant à peine avait-il eu terminé sa lecture que notre héros préparait déjà ses affaires.
Il ne lui fallut qu'une minute pour revêtir son armure et charger son immense épée sur son dos. Durant le peu de temps que ça lui avait demandé, un seul nom résonnait au centre de la moindre de ses pensées : Jashin ! Enfin! Enfin ces deux dernières années à trimer en quête d'un début de piste avaient finies par payer ! Car le message, provenant directement d'Udezuku en personne, allait enfin lancer concrètement notre kensei sur la voie de sa vengeance. La mission était des plus urgentes pour le village, tandis que pour Ganryu, elle était enfin l'occasion de commencer à apaiser sa colère meurtrière.
Alors qu'il était maintenant en bas de ses appartements à harnacher quelques sacs de provisions à la scelle de son cheval, notre kensei se remémorait le cours des récents évènements qui avaient menés les forces de Seizan sur ce qui semblait être la piste du sombre culte. Deux semaines plus tôt, il avait commencé à enquêter sur la disparition da Takayanagi Hikaru dit " le cavalier d'argent", un jonin d'expérience reconnu pour son charisme et son intelligence. Il avait mystérieusement disparu alors qu'il enquêtait sur les récents évènements tragique de Kusatsu, et jusqu'ici notre kensei n'avait trouvé absolument aucun début de piste concernant cette disparition.
C'était sans compter sur la qualité des renseignements de Seizan qui de leur coté avaient trouvé le dernier rapport laissé par le jonin avant sa disparition. Il faisait état des suites de son enquête qui l'avaient conduit au sud du Pays de Sakyuu no Sato, dans la Province de l'Oasis. Il y suivait la trace de deux individus suspects avant qu'il ne se volatilise sans donner de nouvelles. Le rapport faisait mention du fait que les deux inconnus portaient d'étranges signes sur le corps, similaire à ceux qu'on avait pu trouver après le massacre de Kusatsu. Le premier portait une étoile imbriquée dans un cercle sur le front, tandis que le deuxième possédait un symbole de triangle au sein duquel se mélangeaient trois cercles de taille différentes au niveau du dos. Mais plus que les symboles étranges ornant les corps de ces  mystérieux inconnus, c'est le nom de l'endroit où on l'on avait perdu leur trace qui avait déclenché cette surcharge d'adrénaline qu'il ressentait actuellement.
Le village de Fukuri, situé en bordure de l'Oasis du salut, était tristement connu pour avoir été le théâtre de la Nuit Sanglante. C'était dans cet endroit maudit que sa soeur Ina avait connu son tragique destin, sacrifiée avec les nombreux habitant du village par ces monstres du culte de Jashin. C'est quand son oeil s'était posé sur le nom du village qu'il avait laissé tomber sa coupe. La récente disparition d'un jonin aussi brillant qu'Hikaru en pareil endroit ne pouvait pas être une simple coïncidence. Il le désirait plus que tout. Il n'attendait plus qu'une chose depuis deux ans, que cette bande de lâches meurtriers sorte enfin de son trou. Il en était persuadé, ce jour était surement arrivé ! Emporté par l'élan de son cœur, l'esprit embrumé par la colère, Ganryu enfourcha sa monture et s'élança sous le couvert de la nuit en direction des contrées désertiques nordiques.

Aujourd'hui-Sakyuu No Sato- Province de L'Oasis- Village de Fukuri :

L’aube pointait le bout de son nez quand Ganryu passa les portes d’entrée du village étapes de Fukuri. Le soleil n’en était encore qu’à ses premiers balbutiements tandis que seul le chant de quelques oiseaux présents sur les gouttières des bâtiments de la rue principale accompagnait le réveil de Fukuri. A mesure qu’il commençait à s’enfoncer dans les rues encore à moitié endormies de ce maudit endroit, notre kensei essayait de ne pas flancher sous l’effet des puissantes nausées que les lieux lui provoquaient. Il avait l’impression d’apercevoir le cadavre de sa petite sœur Ina à chaque coin de rues. Partout où son regard se posait, il avait l’impression de la voir, de l’entendre l’appeler à l’aide.  Comme si son fantôme hantait toujours les lieux. Notre héros savait très bien que ses hallucinations n’étaient que la manifestation psychologique de sa folie vengeresse.  Cependant, maintenant qu’il se tenait en ce lieu souillé par l’ignominie qu’y avait perpétré les membres du culte de Jashin, il se sentait défaillir.
Pourtant les lieux ne portaient aucuns stigmates de la Nuit sanglante. Elle ne remontait pourtant qu’à deux ans et la quasi-totalité des habitants y avaient trouvé la mort. Mais visiblement même les pires catastrophes n’empêchaient pas la vie de reprendre son court. Les commerçants les plus matinaux commençaient à installer leurs étales dans la tranquillité. Les gardes en charge de la ronde du matin déambulaient dans les rues en sifflotant tandis que les enfants rejoignaient au pas de course les bancs de l’école. Rien dans tout ce spectacle ne laissait porter à croire que cette endroit avait connu l’une des pires tragédie de l’histoire d’Onogoro.
Ganryu avait envi de les secouer, de leur hurler dessus pour les forcer à se rappeler l’horreur qui avait eu lieu ici deux ans plus tôt. Il se tapa la tempe avec la main, dans un ultime effort pour se reconcentrer. Il ne pouvait pas se laisser aller, il devait retrouver la trace de ce culte qu’il s’était juré de réduire à néant. Encore fallait-il trouver une piste concernant Hikaru et  ces mystérieux individus. Or pour récolter des informations, rien de tel que la plus grosse auberge du coin !
Ganryu ne mit pas bien longtemps à trouver l’édifice. C’était un bel hôtel, haut d’au moins quatre étages, qui trônait sur la place principale de Fukuri. Si le bâtiment était magnifiquement ouvragé, notre héros ne s’attarda pas pour l’admirer. Traversant le bâtiment d’une traite en direction du bar que contenait l’endroit, il s’essaya à une table du troquet alors entièrement vide. Au premier coup d’oeil en direction d’une serveuse qui passait par là pour nettoyer l’endroit, il leva la main pour se faire remarquer. La demoiselle avança alors dans la direction du jonin de Seizan et lui demanda d’une voix timide :

-Bonjour… Il est encore tôt, je suis surprise de voir un client à cette heure. Je vous sers quelque chose ?

Tandis que la jeune fille lui demandait timidement ce qu’il souhaitait, notre kensei lui répondit d’une voix grave et solennelle, tout en lui montrant le badge du village cachée des Montagnes Bleues qui ornait son ceinturon:

-Je vais prendre un saké… Mais j’aurais surtout une question à vous poser, ça ne sera pas long.

Surprise, la jeune femme resta bouche bée. Non seulement elle ne s’attendait pas à se faire interroger par un soldat venant d’un pays étranger, l’apparence et l’extrême froideur dont il avait faisait preuve lui donnait en plus des frissons. Ganryu sortit alors un petit portrait d’Hikaru qu’il tendit à la jeune femme. Alors quelle s’en saisissait, il lui lui demanda:

-Cet homme est un jonin de Seizan no Sato. Vous n’auriez pas croisé un individu récemment qui correspondrait à ce portrait ? C’est très important.

Impressionnée par l’attitude du colosse, la jeune femme s’appliqua à observer le portait dans les moindres détails. Après deux minutes d’intense concentration elle reposa le petit bout de papier sur la table. Elle lui répondit alors d’une voix timide :

-Je suis vraiment désolé je n’ai jamais vu cet homme. Je pense que je m’en rappellerai. On ne porte pas ce genre de vêtements dans la régions. Et puis ces cheveux blancs… Je n’ai vu personne qui ressemblerait à cela dernièrement.

La jeune femme semblait dire la vérité. Ce n’était qu’une simple gamine qui essayait de gagner sa vie comme elle pouvait. Elle ne correspondait pas aux genre de personnes qui mentent pour rien.  Il ne restait donc plus qu’un atout dans la manche de notre kensei : les symboles incrustés dans la peau des deux inconnus. C’est pourquoi il sortit deux autres parchemins où étaient dessinés les mystérieux pictogrammes. C’est alors qu’il vit immédiatement le regard de la jeune fille s’écarquiller de terreur. Tandis qu’elle ravalait difficilement sa salive, son regard s’attardait tout particulièrement sur l’étoile. Il ne fallut qu’une seconde à notre héros pour comprendre que ce n’était pas la première fois qu’elle avait à faire à ces symboles. Prestement et d’un ton pour le moins inquisiteur il lui demanda :

-Ce n’est pas la première fois que vous voyez ces symboles, n’est-ce pas ? !

-J… Je… Je ne veux pas de problèmes…

Elle semblait tout à coup terrorisée par la situation. C’est alors que notre colosse se leva promptement de son siège. Tandis qu’il se rapprochait lentement de la jeune femme, le visage de Ganryu s’était  paré d’une colère froide s’accompagnant un regard meurtrier. Il s’arrêta à trois pas de la pauvre serveuse qui avait reculé contre le mur de la bâtisse. Puis, d’un geste brusque, il posa violemment ses mains de chaque coté du visage de la jeune femme, ne lui laissant aucune échappatoire. C’est alors qu’il entrava la bouche de la serveuse de son immense main avant de lui murmurer à l'oreille  :

-Je vais être clair… Je ne sais pas de quoi vous avez peur, mais si vous ne me dites pas tout de suite ce que vous savez, je vous ferais connaître la terreur. Personne ne sait que je suis ici. Je peux vous enlever là maintenant et personne ne le remarquerait, c’est compris ?

Il retira la main qui ’empêchait la pauvre serveuse de parler tandis qu’elle acquiesçait d’un hochement de tête fébrile. Elle entama alors son récit :

-L’étoile je l’ai vu… Un type bizarre la portait au milieu du front… Je rentrais tout juste du marché quand je l’ai croisé vers le quartier des cendres. C’est un vieux quartier où on évite d’aller. L’endroit est glauque et la plupart des habitations qu'on y trouve sont abandonnées depuis la Nuit sanglante… Je trouvais son air étrange alors, je sais pas ce qu’il m’a pris, mais je l’ai suivi pendant quelques temps. Comme ça, juste par curiosité… C’est là que je l’ai vu s’engouffrer dans une ruelle. J’ai voulu le suivre mais … mais…

-Mais quoi !?

"Zbam !"

Il avait frappé discrètement, mais promptement, du poing juste à coté du visage de la jeune femme. Le choc avait beau être volontairement étouffé, elle en avait senti les vibrations dans tout son dos ! C’est pourquoi elle s’arrêta net d’hésiter et reprit le cours de son histoire :

-Mais j’ai entendu un cri… Un cri horrible…. Du coup j’ai paniqué et je suis parti ! Je vous promets que c’est la vérité, piéter ne me faites pas de mal !

Elle commença à éclater en sanglots. Conscient qu’il avait enfin une piste solide, Ganryu recula son visage de clui de la jeune femme et reprit une posture neutre. D’une voix froide mais maitrisée il demanda :

-Où est-ce qu’elle se trouve cette ruelle ?

Après que la jeune femme eut terminé de lui expliquer où se trouvait l’emplacement de la fameuse rue. Ganryu se mit rapidement en marche, se retournant sans un regard pour la fille qui restait là, complètement chamboulée par cet interrogatoire musclé. Il détacha le harnais de son cheval enroulé autour du poteau d’entrée de l’hôtel et commença à galoper à vive allure. Notre kensei arriva sur place en un rien de temps. Il descendit de son cheval et commença à s’avancer dans l’entrée de l’étroite ruelle. L’endroit était étriqué. Les bâtiments qui bordaient les cotés de la ruelle étaient hauts, ne laissant que quelques rayons de soleil illuminer le chemin boueux qui se trouvait en son centre. Tandis qu’il avançait lentement, c’est là qu’il la sentie : L’odeur de la mort.
Elle était présente partout dans l’air ambiant. Avançant inlassablement en direction des effluves de putréfaction, un petit tas de paillasses rangées en vrac dans un coin attira son attention. Ce n’est que lorsqu’il se pencha au dessus de l’amas de tapis de bambous qu’il comprit que la source de l’odeur se trouvait en dessous.
Quel ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit le corps d’un des deux hommes que Takayanagi Hikaru avait pris en chasse avant de disparaître. Ganryu le reconnut aussitôt grâce à la scarification en forme d’étoile qui ornait le milieux de son front. Tandis qu’il contemplait l’étrange symbole, Ganryu ne put s’empêcher de laisser échapper d’entre ses dent :

-Tss les fanatiques, tous complètement tarés…

L’homme possédait une large plaie au niveau de l’abdomen et une plus petite au niveau de la carotide. La chose qui l’avait agressé l’avait sûrement éviscéré avec une lame avant de l’achever en l’égorgeant. L’assaut qu’avait subi cet homme était d’une violence inouïe. Il fallait espérer qu’Hikaru ne soit pas tombé sur la même chose que ce qui avait tué ce gars. Si son silence était lié à la mort de ce fanatique, il y avait fort à parier qu’il ait connu le même sort que l'homme qui gisait à ses pieds. Ganryu balaya rapidement du regard la zone toute autour de lui, mais il ne remarqua aucun autre signe de vie. C’est alors qu’il se dirigea vers son cheval. Fouillant à l’intérieur de ses sacoches, il en sortit deux feuilles de papiers vierges ainsi que deux petits parchemins sur lequel d’étranges runes étaient calligraphiées.

Sur la première feuille vierge il écrivit un premier message qui disait :



- J’ai retrouvé le cadavre d’un des deux individus que poursuivait Hikaru.
-Il s’agit de l’individu portant une scarification en forme d’étoile.
-Le cadavre présentait de profondes plaies à l’abdomen ainsi qu’une plaie plus petite au niveau de la gorge. Je pense qu’’il a été achevé après qu’on l’ait attaqué par surprise.
-Toujours pas de trace d’Hikaru, je continue mes recherches.
-Je vais mettre en place un surveillance du cadavre pour voir si le meurtrier revient sur les lieux.
-Seuls les habitants ont l’air au courant du meurtre et je n’ai croisé aucun militaire de Sakyuu.





Puis il en écrivit un second :



-J’ai été mandaté d’urgence par le Seizankage pour enquêter sur la disparition d’un Jonin de Seizan no Sato non loin de l’oasis du salut, au village de Fukuri dans la province d’Oashisu no Kuni.
-Il avait pris en filature deux mystérieux individus suspectés d’être impliqué dans les récents évènements de Kusatsu.
-J’ai retrouvé le cadavre de l’un d’entre eux dans les rues de Fukuri mais toujours aucune trace de mon camarade.
-Je demande aux autorités compétentes de Sakyuu no Sato, la permission de poursuivre mes recherches.
-Des renforts seraient bienvenus




Une fois sa rédaction terminée, Ganryu se saisit des deux parchemins sur lesquels étaient inscrits les mystérieux kanji. Au moyen d’un signe simple de la main il activa les étranges runes. Les deux parchemins disparaissaient dans un nuage de fumée, dévoilant deux magnifiques corbeaux shinobis. Ganryu y attacha ses deux missives autours des pattes des deux volatiles, avant de les relâcher dans le but qu’il emmènent à destination leur précieux messages.

Après avoir remis les nattes de bambou sur le cadavre, notre guerrier enfourcha son cheval et le ramena à l’hôtel. Une fois sa monture en sécurité, il revint dans la ruelle à pied. Il chercha alors une cachette, espérant trouver une planque donnant vue directement sur le macchabé. Un des bâtiments lui offrait l’endroit parfait. L’entrebâillement de la fenêtre d’une petite chambre située au deuxième étage d'immeuble en ruines offrait une vue imprenable sur le monticule de nattes puant. C’est là, tapis dans l’ombre et à l’abri des regards que notre héros avait choisit de se cacher. Attendant de voir si quelqu’un, ou quelque chose, avait décidé de revenir sur les lieux du crime. Les heures passèrent… Deux….Quatre……...Puis six… Toujours pas un signe de vie à l’horizon. Le ciel lui, commençait à s’assombrir tandis que le soleil se couchait.

Le silence qui régnait sur le hameau en bordure d'Oasis n'avait rien de normal. A quoi jouait les habitants de cet endroit ? En journée il s'étaient tous activés comme si de rien était, transformant le village de Fukuri en véritable fourmilière. Mais à présent que la nuit tombait tout juste, c'est à peine si l'on entendait le moindre bruit.  Les chaumières s'étaient bien vite toutes fermées une à une, et seuls les établissements hôteliers gardaient les flambeaux marquant l'entrée de leur porche  allumés. Ce soudain changement d'ambiance ne présageait rien de bon aux yeux de  notre kensei. Il s'en était douté tout le long de sa journée, l'ambiance des lieux affichaient un calme et une tranquillité factice. On ne se remet pas en deux ans seulement d'un massacre de grande ampleur organisé par une bande de cinglés. Les habitants du petit village avaient beau tout faire pour oublier, on ne se débarrasse pas aussi aisément de pareilles cicatrices.

C'est alors que la noirceur de la pièce commença à se renforcer. Cette soudaine obscurité semblait irréelle. Devant l'étrangeté du phénomène Ganryu se releva d'un coup sur ses jambes. Il avait beau être expérimenté et reconnaitre un piège lorsqu'il se refermait sur lui, il était hélas trop tard pour notre colosse seizanite. Son corps était comme paralysé sous la pression de cette mystérieuse obscurité. Un genjutsu ? Ses membres étaient lourds comme du plombs. Il voulait lever la main et se saisir de l'épaisse garde de son épée, mais ses muscles ne répondaient pas. La puissance de l'illusion était forte, son auteur devait être d'un excellent niveau.

Tout à coup, notre kensei sentit la froideur d'une lame se glisser sous son menton. La voix qui l'accompagnait était toute aussi froide. Le message était clair, s'il faisait quoique ce soit, notre kensei allait y passer. Prisonnier de cette sombre illusion, il ne sentait même pas le chakra circuler dans son corps. Ce sentiment d'impuissance le déchirait de l'intérieur. Il avait envi de retourner la pièce à grand coup  d'épée, mais la pression de l'illusion alliée à la présence de cet homme dans son dos ne lui laissaient aucune chances. Il se savait piégé, obligé de se plier à la volonté de cette mystérieuse voix dont les phrases glissaient le long de sa nuque. C'est résigné et fou de rage qu'il obéissait, cherchant par tous les moyens à contraindre sa colère par l'usage de sa raison.

C'est alors que l'homme qui se tenait derrière lui se dévoila au moyen de quelques pas sur le cotés. On aurait dit une sorte de saltimbanque, sauf que celui-ci n'avait visiblement pas pour passe-temps de divertir les enfants dans la rue. Ses cheveux étaient rouges et son visage arborait un maquillage léger.  L'homme se rapprocha alors du kensei tout en appuyant un peu plus fort de la pointe de sa lame sur sa carotide. Son visage avait beau témoigner des plus mauvaises intentions qui soient, ça  n'empêchait pas Ganryu de le fusiller du regard. Il ne désirait qu'une chose, lui broyer le crane entre ses mains. Sa colère était telle, qu'il ne sentait même pas le sang couler le long de sa nuque.

"Trois ?" Une autre voix se fit entendre... Et ce gars était doué car durant tout ce temps il était resté parfaitement silencieux. Qui étaient ces mecs ? Entre ce genjutsu et leur discrétion, Ganryu n'avait pas à faire à des débutants. L'homme qui le menaçait de son kunai commença à jouer avec des cartes de jeu de son autre main. Ses mouvements étaient précis et rapides. Puis au moyen d'un habile tour de magie, il fit flotter les bouts de cartons sous le regard de Ganryu. Était-ce lui l'auteur de ce puissant genjustsu ?  En tout cas ce mec était dangereux pour sûr, il avait tout d'un assassin. Il en avait aussi le vice et l'esprit tordu apparemment ... "Ce cadavre leur revenait de droit"hein ? Qu'est-ce que cela pouvait vouloir dire ?

Enfin le troisième mystérieux personnage se présenta à la fenêtre de la pièce. Il avait comme une sorte de masque de cuir qui cachait sa bouche. Ses cheveux ébouriffées étaient de la même couleur que son compère. Sauf que lui arborait un style plus punk car de multiples piercing décoraient son visage ainsi que ses oreilles. Tandis que l'homme aux cartes fit un signe aux autres enjoignant de se taire, celui qui se trouvait à la fenêtre prit la parole. Une femme qui va bientôt arriver ? Ganryu pensait que c'était cet homme qui devait l'avoir repéré plus tôt. La pièce était restée vide tout du long avant que la mystérieuse troupe ne lui tombe dessus comme par magie. Il devait donc avoir été repéré de loin et cet homme semblait avoir rempli ce rôle selon lui. Ou peut être était-ce lui qui avait usé d'un genjutsu ? Ou bien était-ce l'homme dont il n'avait pas encore vu le visage ? Ou encore ce gars à la tête de clown ?  Son esprit s'embrumait sous les question tandis qu'il assistait impuissant à la scène.

Tout à coup, les dires de l'homme que Ganryu soupçonnait être spécialisé dans la reconnaissance se confirmèrent. Une voix de femme commença à se faire entendre depuis l'entrée de la ruelle. Notre héros reconnut immédiatement le timbre de la serveuse qu'il avait interrogée plus tôt. "Quelle idiote, ne viens surtout pas !", il avait envie de hurler mais la pression de genjutsu alliée à la lame sur gorge l'en empêchaient.

C'est alors que l'homme qui se situait à la fenêtre descendit rapidement s'emparer du cadavre qui pourrissait toujours sous les paillasses . Une fois le macchabé récupéré, l'homme au masque de cuir disparut dans l'ombre de la nuit. Il avait bien dit "mission" ? De quel genre de mission parlait-il ? Ces gars là avaient tout de l'apparence de ces fanatiques de Jashin. Alliés à leur talent, Ganryu comprit immédiatement pourquoi Hikaru avait disparu. S'il était tombé nez à nez avec ces gars, il était surement prisonnier ou mort à l'heure actuelle. C'est alors que celui qui le menaçait de son kunai relâcha son étreinte le sourire aux lèvres, prenant même le temps d'un petit geste moqueur en direction de notre héros.

"ZBAM"

Sa vue se troubla tandis qu'il sentait son corps faiblir et se rapprocher du sol. Durant le peu de secondes qu'il mit à perdre connaissance, Ganryu n'eut que le temps d'apercevoir le dos du dernier homme qu'il n'avait pas encore pu observer. Alors que ses yeux se fermaient, son cerveau ne manqua pas d'imprimer ces dernières secondes de lucidité profondément dans sa mémoire. Ainsi il n'oublierait ni l'apparence des deux premiers inconnus, ni cette scarification en forme de triangle imbriquée de cercles qui trônait au centre du dos du dernier individu.

Quand il se réveilla, il était toujours dans la même pièce. Il était bien attaché et un épais baillons entravait sa bouche. Il essaya de se débattre quelques instants en vain. Le soleil s'était maintenant levé et le village semblait avoir repris son cirque habituel. Notre kensei luttait pour ne pas exploser sous la frustration. Ces gars venaient de l'humilier. Bien décidé à leur rendre la pareille, leurs têtes se situaient maintenant tout en haut de son bingobook perso'. Cependant, malgré le ridicule de sa situation, un léger sourire ornait son visage. Car il avait enfin une piste concrète concernant le culte de Jashin. il s'en persuadait, à ses yeux ces gars là était affiliés de pres ou de loin à la sombre organisation.  Enfin des visages à associer à sa quête de vengeance ! La chasse allait pouvoir commencer et plus jamais il ne serait la proie. Il s'en faisait le serment.
C'est alors que le jonin de seizan se rappela de la serveuse. Pris de panique, il espérait de tout son coeur qu'elle n'avait pas croisé la route de ces inconnus. Sans quoi ils lui ne auraient laissés aucunes chances.  Les membres entravés et le cœur serré à l'idée que cette pauvre femme soit morte par sa faute, il lui restait plus qu'à attendre que les corbeaux shinobi qu'il avait envoyé la veille fassent leur travail. Une fois libéré, il foncerait directement à l'auberge.