Un croissant de lune se levait à peine sur les Montagnes Bleues. Le ciel était clair et sans nuages. Les étoiles offraient aux yeux de ceux qui se laissaient aller à prendre le temps de les admirer, le somptueux spectacle de leur immobile et éternelle chorégraphie. Un léger vent soufflait dans les rues du village, soulevant sur son passage la poussière laissée par les nombreuses activités du jour. Il était tout juste vingt-deux heure et les rues commençaient à se vider. Les habitants regagnaient tranquillement leurs foyers et les derniers commerçants encore ouverts fermaient leurs magasins. Le village semblait prêt à s'endormir. Pourtant une étrange cacophonie commençait à se faire entendre depuis le quartier militaire. Elle semblait descendre le village depuis le pied du Mont à Atlas, traversant le village de haut en bas.

Bam Bam Bam Bam

La course lourde et bruyante de Ganryu troublait la tranquillité des rues du Villages. Il était en train de dévaler les nombreux quartiers du village à vive allure. Sautant les marches quatre par quatre des escaliers qui parsemaient les rues du village de montagne, sa lourde épée provoquait un véritable vacarme en rebondissant sur son armure. Il avait l'air de courir comme s'il poursuivait Jashin en personne.

Fb-Une heure plus tôt-Complexe de l'armée de Seizan :

-Répète un peu ça ?!

- Hey ! Mais qu'est-ce qui te prends !?

Le chuunin de Seizan affichait un air stupéfait tandis que Ganryu le plaquait contre le mur. Notre kensei le tenait fermement par les épaules. Sa carcasse haute d'un bon double-mètres , il donnait à son interlocuteur des allures d'enfants.  Seul une vingtaine de centimètres séparait leur visage. L'émotion présente sur celui du colosse témoignait d'un vif intérêt, presque maladif, pour les mots que son homologue venait de prononcer. Sur un ton sévère, emprunt d'impatience et de colère, il réitéra sa question :

- Cette genin que t'as auditionné, t'as bien dit qu'elle était sur la trace du culte de Jashin ?!

-Je t'ai dit! J'ai du l'auditionner pour son entrer au service de l'armée de Seizan. Elle est née à Sakyuu mais je crois qu'ils ont déménagé à cause du Taka no Yoru... Je crois que ses parents on été tués à la nuit sanglante... Sa vie a pas été facile la pauvre....

Tandis qu'il enserrait toujours ferment les épaules de son camarade, notre héros posa les yeux sur un petit parchemin qui se trouvait entre les main du chuunin. Tandis que son camarade restait pantois, désemparé par le soudain changement d'humeur du jonin de Seizan, Ganryu lui arracha  la missive des mains.

-C'est ton rapport ça  !?

- Euh... Ou...Oui.

Notre kensei lâcha soudainement son compagnon d'arme, toujours complètement déboussolé. Se détournant de l'homme qu'il venait littéralement de dépouiller, il plongea son regard dans le rapport sur Yuiga.  Sa famille avait quitté Sakyuu pour fuir la malédiction du carbonisme. Tandis qu'elle avait fait toute sa vie Teito, ses parents étaient venus s'installer dans ce maudit village où avait eu lieu la Nuit Sanglante. Tragiquement, ils y avaient partagé le même sort que sa sœur.
Cependant, cela n'expliquait pas la présence de cette jeune femme à Seizan aux yeux de Ganryu. Le culte de Jashin n'avait pas fait de vagues depuis deux ans. Profitant de ses nombreux déplacements en mission, notre kensei avait passé les deux dernières années à parcourir les provinces du Pays des Montagne en quête d'un début de piste sur le sombre culte. Jusqu'ici il n'avait rien trouvé de probant. C'est pourquoi la présence de cette femme à Seizan l'obsédait. Si elle avait fait le chemin de Teito à Seizan pour enquêter sur le culte, c'est qu'elle devait savoir quelque chose. Peut importe de quoi il s'agissait. Si ça tournait autour de Jashin, notre héros se devait absolument de savoir de quoi il en retourne.
A la fin du document se trouvait un portrait de la jeune femme. Elle portait de somptueux bijoux en or, ornant un visage fin et gracieux. Ce n'était pas aussi précis qu'une photo mais ça l'aiderait à la trouver. Ni une ni deux notre guerrier se lança en direction de la sortie de la salle où il se trouvait. C'est alors que la voix de camarade se faisait entendre se fit tandis qu'il avançait sans se retourner :

-Je te préviens y'a un truc bizarre avec cette fille ! Méfie toi d'elle !

Présent-Rues de Seizan- Quartier des auberges:

Alors qu'il arrivait dans les rues du quartier hôtelier de Seizan no Sato, l'ambiance y était plus animée que dans le reste de la cité. De petites gargotes de restaurateurs ambulants s'installaient de ci et de là au rythme du bal des voyageurs en quête d'un abri pour la nuit. Cela devait donc être le cas de Yuiga. Elle qui venait fraichement d'arriver de Teito. Elle devait surement résider dans le quartier des aubergistes.
Notre guerrier prit le temps de souffler tandis qu'il s'arrêtait pour balayer la zone du regard, tentant vainement d'apercevoir Yuiga. Il n'allait pas la trouver dans cette foule en restant planté là comme un idiot. Il commença alors à avancer dans le quartier, faisant péniblement serpenter son immense carcasse entre les passants. Après quelques minutes de recherches, notre guerrier comprit que trouver Yuiga en arpentant les rues revenait à chercher une aiguille dans une meule de foin.
Choisissant rapidement de réorienter ses recherches vers les patrons d'auberge, Ganryu pénétra dans un petit hôtel. Il traversa la cours d'un petit jardin intérieur, en quête du maître des lieux. Tandis que les quelques clients qui se trouvaient là buvaient thé ou saké en profitant du calme du jardin traditionnel, c'est là qu'il l'aperçut miraculeusement.
La jeune femme possédait les mêmes bijoux en or que sur le portrait. La lumière des torches qui éclairait ses yeux faisaient briller son regard d'une symphonie de nuances solaires. Son visage était doux et orné de superbes décorations brillant d'un éclat comparable à celui de ses yeux. Une chevelure courte et noire comme la nuit trônait sur le haut de sa tête. Elle portait une tenue sombre et légère typique des shinobis.
Lorsqu'il réalisa qu'il l'avait surement trouvée, le sang de Ganryu ne fit qu'un tour dans ses veines. Alors que le visage de sa sœur se rappela fugacement à son imagination, son corps avança mécaniquement en direction de la jeune Yuiga. Dévoré par l'impatience de découvrir ce que cette jeune femme savait à propos du culte de jashin, notre guerrier s'assit brusquement à sa table juste en face d'elle. Ganryu fixa alors la jeune femme de son unique œil l'espace d'une longue minute, plongeant son regard droit dans celui de Yuiga. C'est alors sur un ton sérieux qu'il brisa la silence :

- Dis moi, c'est toi Munashisa Yuiga ?

Le son de sa voix était froid, presque impoli, tandis que son visage affichait une mine sévère. Il n'avait pourtant rien de personnel contre la jeune femme qui lui faisait face. Il ne faisait que lutter contre le tumulte de ses sentiments. Ganryu n'était qu'un être obsédé par sa vengeance envers le culte de Jashin. Il s'était promis de vouer sa vie à chasser et tuer ses membres. Si la jeune genin qui se tenait devant lui possédait des informations qu'il ignorait, il ne comptait pas la ménager pour les obtenir. C'était plus fort que lui. Quand il s'agissait de Jashin, Ganryu perdait littéralement tout sens de la civilité. De plus, même si leurs vies respectives furent frappées par la même tragédie, il était encore trop tôt pour les familiarités. Il ne savait rien de Yuiga ni des raisons de sa présence à Seizan et notre héros comptait bien lui tirer les vers du nez par tous les moyens. Sa voix était posée, grave et inquisitrice quand il prononça ces mots :

- Je vais avoir besoin que tu me dises tout ce que tu sais sur Jashin et son petit fan club, ok ?

C'était pour le moins direct...

Malgré son air froid et dominant, notre kensei ne put s'empêcher de lever un soucil en guise de surprise. La jeune fille restait de marbre au coup du pression de notre colosse, faisant preuve d'une force de caractère des plus surprenantes. Elle lui répondait avec détachement, comme un parent qui réprimanderait un enfant. Le commun des mortels aurait surement baissé les yeux en voyant débarquer une armoire à glace armée jusqu'aux dents à sa table... Visiblement la jeune Yuiga n'était pas de ces gens là. Tandis que Ganryu tentait tant bien que mal de se retenir d'envoyer valdinguer la table où se trouvaient les nombreux parchemins de son interlocuteur, Yuiga restait de marbre.
 
"Un comportement adéquat à la coopération intellectuelle", hein ? Il avait bien  envie de montrer à la jeune fille à quel type de comportement elle allait rapidement avoir à faire,  si elle ne passait pas à table tandis qu'il sentait la moutarde lui monter au nez. Mais Ganryu savait très bien que le seizankage l'avait à l'oeil et qu'il ne devait plus faire de vagues en ce moment.

Sa chasse au jashiniste avait tendance à laisser des traces sur son passage et il frôlait la mise à pied depuis déjà quelques semaines. S'il mourrait d'envie de soutirer des informations à Yuiga par la force, tabasser une recrue dans un jardin bondé n'était pas vraiment recommandé pour passer inaperçu. Dans un ultime effort pour retrouver un peu  de calme et de maitrise de lui, notre kensei croisa les bras avant d'expirer un grand coup pour évacuer un peu de cette frustration.

-... Mon nom est Tadakatsu Ganryu.... Et oui en effet, tu as un devant toi un capitaine.

Le son de sa voix s'était légèrement "adoucie". Son ton restait certes assez sévère, mais on pouvait sentir qu'il faisait au moins l'effort de calmer un peu le jeu. Visiblement sa jeune interlocutrice n'était ni impressionnée par sa carrure, ni par son grade. Mine de rien, malgré toute son impatience, il ne ut s'empêcher de ressentir du respect envers Yuiga. Il avait tendance à apprécier les personnes de caractère. ET même si la diplomatie n'était pas son fort, il semble qu'il allait devoir se faire violence pour balayer le froid qu'il avait installé plus tôt entre lui et la jeune genin. Sa voix se posa, cherchant à appuyer la gravité de son propos:

-Désolé... Quand il s'agit de Jashin j'ai tendance à me montrer un peu sensible... J'ai lu le rapport de ton évaluation de genin. Dedans tu dis vouloir combattre le culte de Jashin et avoir fuit la malédiction du carbonisme avec tes parents.C'est un sacré résumé... Vue ce qui est arrivé à tes parents, je te comprends crois moi...  Y'a juste une question qui me chiffonne et à laquelle j'aimerais que tu répondes. Pourquoi Seizan ? Pourquoi pas Toge, Sakyuu ou encore la police de Teito d'où tu viens ?  Les membres de cette secte se sont volatilisés après la Nuit Sanglante... Qui sait où ces vermines se terrent aujourd'hui. Ils pourraient être n'importe où. Quelque chose me dit que ce n'est pas le vent qui t'a déposé par hasard aux portes de notre académie.

Le regard du colosse seizanite se perdit l'espace d'un instant dans le vide tandis qu'il marqua un temps d'arrêt dans son propos , le tout afin de voir si Yuiga se faisait un peu plus réceptive à son changement d'attitude. Replongeant son regard dans celui de la jeune fille aux yeux couleur d'ambre, il lui confia sur un ton sérieux:

-Je vais être honnête avec toi... Seules quelques personnes dans ce village sont au courant d'une possible piste menant au culte, et je fais parti de ces rares personnes. Etant donné que toutes ces informations sont classées secret défenses et que je ne me rappelle pas t'avoir vu assister à une de nos réunions, tu comprendras donc aisément pourquoi je m'intéresse à toi Munashisa Yuiga ?