Un imbécile. Oui. Exactement ce qu’elle disait. Il était un imbécile. Un inconscient qui ne comprenait même pas qu’il venait de se faire insulter. L’insulte lui avait volé par-dessus la tête, comme si elle était adressée à quelqu’un d’autre. Je dus prendre une inspiration profonde pour ne pas simplement lui dévisser la tête.

Au moins, il avait la présence d’esprit de comprendre qu’effectivement un cheval n’avait rien à faire là. Si ma curiosité me susurra à l’esprit de lui demander, dans ce cas, pourquoi la bête était là, je ne posai pas la question. Je craignais le mal de tête que son explication pourrait apporter.

Lorsque je lui demandai de ramener la bête au sol, il insista qu’il saurât mieux la maîtriser et qu’un autre accident n’arriverait pas. Je plissai les yeux un instant, le fixant, débattant mentalement de si je luis faisais l’explication longue de pourquoi je voulais le cheval sur la terre ferme et non sur les passerelles ou si, je le laissai tout simplement faire et déciderai d’une conséquence exponentiellement plus grande à chaque erreur de la bête.

Mais je n’avais ni la foi, ni la patience pour le forcer à renvoyer la bestiole à terre. Alors j’optai pour la seconde option. Soupirant, je ramassai les feuilles avec son aide avant de tout mettre dans ses bras lorsqu’il tenta de me rendre ce qu’il avait ramasser. Tant qu’à l’avoir à disposition, j’allais bien l’exploiter.

Lorsqu’il présenta ses excuses, j’hochai sèchement de la tête et me remit en marche lui faisant signe de me suivre. J’ouvris donc la marche en direction des bureaux de l’escouade d’interrogation de Jujou. Il était plus du genre bavard et mon attitude sèche ne semblait pas le décourager de me faire la conversation. Le commentaire qu’il employa pour dire l’ouvrir n’était pas des plus intelligent, car effectivement, nous ne nous étions jamais rencontrés et il y a avait à cela une infinité de raison. Si son cheval ne m’avait pas percutée, probablement que je ne l’aurais jamais rencontrer de ma vie – certes ma vie n’en aurait été que meilleure – et après ce commentaire, il enchaîna sur ses responsabilités usuelles.

Si je pris un certain temps avant de répondre, ce n’était bien pas parce que je ne savais pas quoi répondre, mais bien parce que je me demandais si cela en valait la peine. Mais je marchais, mes mains et mon esprit ne pouvaient rien faire d’autre de toute façon.



J’étais une espionne, une assassin, les ombres et leur laideur étaient mon domaine de prédilection. Un cavalier à l’esprit simple comme le sien ne pouvait pas faire ce que je faisais, comme je dois avouer ne pas pouvoir faire ce que lui faisait. Je serais une bien piètre patrouille.



Et alors que nous avancions encore en direction des bureaux de la brigade, il me demanda de lui parler de ce que je faisais. L’ombre d’un sourire passa sur mon visage.



Lorsque nous arrivions enfin je lançai un regard à la bête qui l’accompagnait. Voilà une des raisons pourquoi j’aurais préféré qu’il soit renvoyé en bas …



Je guidai donc le cavalier à mon bureau. L’endroit était méticuleusement rangé hormis des enquêtes en cours. On pouvait les voir organisées sur les murs, indices reliés par des ficelles, nombre de mémos accrochés. Il n’y avait pas un mur qui n’avait pas subit ce traitement. Mais mon bureau était parfaitement ordonné, du pinceau à la pierre d’encre, au parchemin. Il n’y avait presqu’aucune poussière. On voyait cependant que le bureau était des plus usés devant mon coussin, là ou je passais des heures à revoir différents documents et écrire mes nombreux rapports de mission.

D’un geste de la main je lui indiquait une petite table dans le coin gauche.