Avec l’art du poison, vient celui du corps. Pour mieux comprendre mon poison, il me faut comprendre le corps et ainsi seulement, je pourrai distiller un meilleur poison, ainsi seulement je pourrai parfaire mon art. Novice dans l’art de la médecine, mon but principal reste celui de comprendre, d’apprendre de perfectionner.  Alors que j’étais à Jujou, avant de venir rejoindre mon équipier, on m’avait conseillé de passer par l’hôpital et de m’imprégner des techniques médicales de Toge. N’étant pas médecin, ce n’est pas ce qui m’interpelle le plus, mais de savoir comment tel ou tel poison est soigné ne peut que m’être bénéfique, non ?

Je me rends donc, au matin de ma quatrième journée à Toge à l’hôpital du chêne. Je m’y connais suffisamment en médecine pour ne pas m’y sentir dépaysée … Enfin, pas entièrement dépaysée. Les visages me sont étrangers, mais c’est normal. Si je stressais pour si peu, mon titre ne serait clairement pas mérité.

Une civière roule à toute à l’allure à côté de moi et j’y aperçois un homme, la jambe ouvertes sur toute la longueur de son mollet. Ça va laisser une cicatrice ça. Mais rapidement, je détourne mon attention en direction d’autre chose. Une fillette vomissant ses tripes sur le plancher, touchée par quelque mal que se soit. Rien qui ne m’intéresse.

Je soupire. Peut-être n’aurais-je pas dû venir perdre mon temps ici ? Comme tout hôpital, l’endroit es suffisamment chargé, je ne crois pas qu’on ait le temps pour m’indulger dans mon tourisme médical. Pourtant, malgré tous les signes comme quoi je ne devrais pas rester, je décide tout de même de la faire. À la recherche de quelqu’un qui pourrait être utile.

Un homme à l’étrange tatouage de croix en plein front attire mon regard. À son aise dans l’endroit, il semble savoir ce qu’il fait là. Probablement un membre du personnel.

Je m’approche donc, d’un pas décidé. Mon regard se porte sur la victime devant lui. Le bras lacéré par trois endroits, comme si elle avait reçu une griffure de je ne sais quoi. Blessures suintantes d’un liquide que je ne saurais identifiée … Peut-être avais-je trouver ce que je cherchais ?



Mon regard rouge se pose dans celui clair de l’homme que je suppose être un médecin et ne s’en détournent pas en attendant sa réponse.

Calepin en main, mes yeux fatigués scrutaient les diverses informations de mes patients tandis que je déambulais le long des couloirs de l'hôpital du Chêne, mes pas rythmés d'un étrange mélange de stress, d'adrénaline et de dopamine. Nous n'étions qu'en début de journée mais celui-ci était aussi intense qu'une longue semaine sans interruption. Et pour cause, toute cette agitation date de la nuit dernière, elle aussi mouvementée par un flux inarrêtable de consultations, de diagnostics et d’opérations.

Très vite, mes obligations finirent par me conduire dans le hall, véritable enfer sur terre dans lequel le chaos était roi et n’hésitait pas à faire régner sa volonté farfelue, que ce soit à travers la cacophonie du lieu, ou les visions de lésions, fractures, maladies et autres afflictions qui composaient cette mosaïque disparate.

Instructions données par-ci, conseils donnés par là, j’essayais d’ordonner ce capharnaüm par mon logos tel le démiurge d’un monde imparfait. Néanmoins, un patient en particulier attira mon attention. Marqué par trois lacérations au torse, à la jambe droite et à l’avant-bras droit, le jeune homme que je reconnus immédiatement comme Gyomasa Keiji, un membre du Bureau d’étude, semblait se rapprocher doucement mais sûrement du Yomi.








Alors que Kitamura-san s'exécutait, je me tournais vers une voix cristalline s'enquérant de la situation. Nez à nez avec une nymphe aux cheveux d'or, je perdis mes moyens durant un infime moment avant que mon regard finisse par se poser sur le bandeau caractérisque de Jujougakure no Sato, J'avais ouïe que nous étions supposés recevoir la visite d'un shinobi de Jujou dans le cadre d'une formation éclair. Serait-elle ladite concernée ?

Novice dans l’art de soigner et pourtant me voici dans ce chaos. Je ne peux malheureusement pas dire que ce n’est pas mon choix. J’étais venue sous recommandation de Jujougakure. Stage d’aguerrissement ou une autre raison du genre. Si j’étais parvenue à avoir la recommandation, c’était bien parce que j’avais dit que je souhaitais voir comment les médecins d’ailleurs travaillaient. Évidemment, pour une Jonin, ce genre de chose n’est pas inhabituel – enfin peut-être, mais c’est beaucoup plus facile à obtenir que pour d’autres.



Lorsqu’il s’est retrouvé nez à avec moi, il a eu cette réaction, celle des hommes qui sont désarçonnée par ma présence. L’ombre d’un sourire traverse mon visage, avant qu’il ne retombe au neutre.

Si j’apprenais à guérir, c’était pour mieux tuer plus tard. Commencer par quelque chose comme ça, c’était parfait.

Un baptême par le feu. Ironique. Mais ce n’est un refrain que je ne connais que trop bien.

L’agonie suite dans cet endroit. Je n’aime pas ça. Je ne suis pas médecin de vocation. Si c’était ma décision, je les tuerais, ça abrégerait leurs souffrances. Mais ce n’est pas comme ça que l’on fait ici.



Je veux assister, mieux encore, je n’ai rien contre mettre mes mains à contribution. Mon message est clair, enfin, je pense.

Je ne rebondis pas sur la difficulté de la situation et encore moins de la précarité de la vie de la victime à qui, justement, je jette un regard froid, dénué de compassion. Ses blessures sont plutôt horribles, mais ça tout le monde ici le sait.



Ma voix est calme, sans entrain, mais sans exaspération. Froide, qu’un fait cité sans émotion. Honnêtement, si je ne pensais pas tirer quelque chose de cet apprentissage, je ne serais pas là, mais je sais à quel point le savoir que je peux me procurer ici me sera pertinent sur le terrain.