Tout était silencieux autour. Un calme, paisible, absolue, qui laissait tes pensées libres de résonner dans ton esprit. Depuis combien de temps, étais-tu là, à ses pieds ? De son regard de marbre, la déesse de pierre t'observait, sans esquisser le moindre geste. Les réponses, à toutes ces questions qui t'animaient, tu devais les trouver par toi-même. C'était là les bases de cette philosophie dans laquelle tu avais évolué, depuis ton plus jeune âge. Cette philosophie, qui te poussait à tenir bon, alors même que ton univers s'était finalement écroulé il y a quelques semaines.

D'une main, tu t'amusais à faire tourner la seconde alliance à ta main. Cet anneau d'argent, délicat, précieux, à l'étrange inscription. Ce symbole, dont tu ne comprenais pas la sens profonds. Pourquoi ? Pourquoi avait-elle voulu, dans son dernier éclat de lueur, te confier ce bijou ? N'aurait-elle pas voulu emporter dans sa chute, la preuve de son amour indéfectible à son défunt mari, qu'elle souhaitait tant rejoindre ?

Tu devais l'avouer : tu n'étais pas aussi proche de ta mère que tu l'aurais voulu. Oui, tu avais passé beaucoup de temps avec ton père. Des heures à t'entraîner, à apprendre toutes ces choses qui, aujourd'hui, te permettait de diriger le clan quand bien même nombreux ne t'en croyaient pas capable. Mais en elle, tu avais surtout connue la mère. Cette figure tendre, rassurante, qui t'accueillait avec joie dans ses bras. Mais jamais plus. Tu n'avais jamais réellement su beaucoup de choses sur ta mère, autre que son passé de commerçante, et son histoire d'amour avec ton père, qu'elle t'avais tant raconté.

Pensive, absorbée par le flot incessant de toutes ces questions, ta petite bulle vont éclater quand au loin, en dehors même de la salle de prière, une voix résonna. Curiosité piquée, bouillonnante, ton esprit changea rapidement la cible de ses interrogations. D'un geste fluide, silencieux, tu te redressas pour t'approcher un peu plus. Le pas léger, tu avanças, pour découvrir cette silhouette.

Là, tout plein d'énergie, ce jeune homme se prépare à affronter un exercice que tu ne connais que trop bien. Le pinceau pouvait se montrer capricieux face à l'impatience et la hâte, mais il offrait une réelle leçon à ceux qui apprenaient à le manier avec toute cette délicatesse qu'il mérite.

Et enfin, le jeune homme remarquas ta présence. Ses iris grises, se perdirent une seconde dans l'opale des tiennes. Il semble surpris. S'attendait-il à être seul ici ? Après tout, Omoikane n'était pas la déesse la plus populaire du temple, à ton grand damne. Et c'est grâce à cela que tu devinas aisément une chose : il était nouveau. Au fil des années, tu connaissais tout les visages qui s'aventuraient entre ces murs. Et le sien, tu ne le reconnaissais pas.

« Quelques difficultés avec le Shodo ? Ne te mets pas la pression, tout les nouveaux moines s'arrachent les cheveux sur cet exercice. »


Ton visage est calme. Paisible. Seul un petit sourire discret trahis le sens amicale de tes paroles. Un peu plus encore, tu pris le temps de détailler l'apparence de cet inconnu qui semblait d'ailleurs avoir environ ton âge. De cette nouvelle source de curiosité, comme envoyée par Omoikane pour te permettre de te vider la tête.

« Même si tu ne ressembles pas vraiment à un moine ... Nouvelle recrue dans l'armée alors ? »

Tu ne pouvais pas t'en empêcher. Tu venais à peine de le rencontrer que déjà, tu décortiquais le moindre indice sur le raison de sa présence ici. Nombreux se retrouvaient mal à l'aise. Et lui ? Quelle serait sa réaction ? Tu voulais savoir. Vite. Noyer tes tristes pensées dans un sujet bien différent.

« Tu veux que je te donne un conseil ? Pour réussir l'exercice ... Faut s'entraider entre soldat, pas vrai ? »

Voyait-il en toi cette guerrière ? Face à tes nobles et délicats traits, nombreux ne voyaient qu'en toi, à la première rencontre, qu'une jolie petite poupée. Et nombreux finissaient pas regretter leurs préjugés, quand ils finissaient par mordre la poussière après s'être permis une insulte, convaincus que tu t'aplatirais.

Accueillant, chaleureux enfant, l'inconnu n'hésite pas une seconde à te répondre. Honnête et franc, tu reconnus rapidement en lui bien des caractéristiques des habitants de la montagne. Nul doute qu'il trouverait aisément sa place ici, s'il s'engageait aussi aisément dans les discussions. Seizan était une terre de passionés. De coeurs ardents, et de guerriers à la droiture admirable. Amusée, tu t'apprétais à lui prodiguer ton conseil, quand une voix plus ferme vint t'interrompre dans ton élan.

Raté.

Tes lèvres devraient rester closes. C'est seul que le sabreur devrait trouver la solution, au risque de décevoir celui qui semblait être son professeur, entre les murs du temple. Te fixant un instant, derrière ces lunettes, l'homme de foi te détailla, avant de tourner les talons pour retourner à ses occupations, libérant dès lors le jeune homme de son exercice.

« Je vois que tu t'es trouvé un bon professeur ... Mais j'ai l'impression qu'il va te mener la vie dure ~

Après tout, le savoir devait se mériter. Il fallait travailler dur. Suer eau et sang pour l'obtenir. Parfois même, risquer sa vie, pour obtenir la vérité. Mais c'était là une belle mort, si ta vie venait à ainsi s'achever. Un fin, digne d'une Kara.

Se redressant, enfin, le jeune homme se présenta. Un nom, qui t'était inconnu. Nouveau au village, aucun lien avec celui-ci sans doute, il devait dès à présent faire ses preuves au milieu des guerriers de roches. Ici, c'était la force, et l'honneur qui guidaient les pas de chacun. Un nouveau départ pour lui. Venait-il réellement parfaite son art ? Ou fuyait-il quelque chose ? Au fond de son regard, un instant, tu cru percevoir querlque chose ... Sans t'y attarder.

« Saki. Chunin à Seizan. Si tu as des questions sur notre fonctionnement, n'hésite pas, je te guiderais du mieux que je le peux »

S'ilrejoignait vos rangs, alors le former sur vos processus était la moindre des choses. Plus vite prendrait il le pli, plus vite serait il capable de se concentrer sur son véritable travail et d'avancer en cohésion avec ses coéquipiers.

Votre échange aurait pû en rester à ça. Deux soldats, échangeant sur le travail, ou sur la beauté de Seizan. Mais voilà : rien ne se passait jamais comme prévu. Alors que tu t'apprétais à lui demander s'il avait eu le temps de découvrir les spécialités du village, Kei mettait les pieds dans le plat, de la manière spectaculaire qui soit. Tout le monde évit ait de t'en parler, préférant se fier à la solide et froide image que tu renvoyais au travail. Mais les cernes, la minde fatiguée, et ces regrets là, cachés derrière tes iris, trahissaient une réalité toute autre. Celle d'une jeune fille, ayant tout perdu, se noyant dans le travail pour tenir.

« Tu es le premier à oser m'en parler. C'est aussi visible que ça ... ? »

Tu n'aimais pas cette idée. Que tout le monde puisse voir que le décés de ta mère t'impactait encore. Pourtant, tu étais habituée à la mort. Naître en possession de chakra, c'était s'habituer à ce souffle glacial. Aux yeux livides d'un cadavre vous fixant. L'doeur d'un corps en décomposition. Mais ... c'était ta mère. Et ça changeait tout.

« C'est une longue histoire mais j'ai perdu ma mère, il y a un mois et demi et je crois que j'ai un peu de mal à continuer à avancer. D'où ma présence au temple ... Je me suis dis qu'Omoikane et ses conseils me permettraient de m'éclaircir l'esprit. Et toi ? Est-ce que c'est pour ça que tu es venu à Seizan ? Pour fuir de trop douloureux souvenirs ? »


S'il pouvait fouiner, alors toi aussi, pas vrai ? Et tu n'avais jamais été du genre à te laisser faire. Tes iris, figées dans sa direction, cherchaient la moindre réaction, n'importe quel petit indice en réponse à ta question, comme un dragon, attendant l'erreur de sa proie.