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Objet: Épée Démoniaque, katana, wakizashi, 1 kit de réparation, 1 kit de matériel, 1 pilule de guérison légère ★, 1 bouclier renforcé ★★, 2 armures renforcées ★★, 1 ambre rouge
# Chagrin [Oomori Hotaru] Dim 28 Avr - 20:37
Automne 791 – Seizangakure no Sato, Ruelle des Forgerons.
« Qu’est-ce que t’as ? Pourquoi tu parles pas !? » (L’adolescent leva son bokken en bambou.) « Allez monsieur le premier de la classe, montre nous ce que t’as dans le hakama ! »
L’enfant ne lui répondit pas, se contentant de le fixer avec des yeux sauvages, comme un animal blessé.
Il était entré au quartier militaire à l’aube de son huitième anniversaire, quatre mois auparavant, mais les instructeurs lui avaient fait sauter deux classes grâce aux facilités qu’il avait tiré des leçons dispensées par Kazuya en amont.
S’il avait d’abord pensé que ses dispositions lui assureraient une certaine intégration parmi les autres étudiants, c’était l’inverse qui s’était produit au sein d’un univers où la brutalité impitoyable commençait déjà sur les bancs de l’école.
Avec le temps, il était devenu la cible des brimades de Jiro et de sa bande.
Les trois aspirants l’avaient pourchassé dans tout le Quartier Marchand, et la course d’Urumi s’était finalement achevée dans l’une des impasses qui bordaient la Ruelle des Forgerons.
Le bokken s’abattit à la verticale, mais le garçon esquiva in extrémis, plongeant dans le même mouvement entre les jambes de son adversaire. Dans un enchainement circulaire, le Yugure en herbe lui faucha les chevilles, se servant de l’énergie cinétique de son élan pour ponctuer le mouvement d’une rotation complexe qui envoya son deuxième pied dans le visage du gros garçon, lui brisant l’arrête nasale dans un craquement écœurant.
L’autre parti à la renverse, entrainant son jeune adversaire dans sa chute.
« Kuso ! Tu vas nous payer ça ! »
Hurla une voix au-dessus de lui…
…puis une grêle de coup s’abattit d’en haut, alors qu’il gisait toujours prostré sur le sol, lui martelant violement les côtes.
« Urk ! »
De son côté, Jiro se redressa, son visage en sang déformé par la colère.
« Sale petit fumier ! »
Il leva son pied pour écraser le visage d’Urumi, mais une voix sèche et cassante retenti soudainement derrière lui.
« Qu’est-ce que vous branlez les minables ? »
Le trio se retourna.
Un autre adolescent se tenait dans l’encadrement de la ruelle. La lumière derrière lui rendait ses traits indistincts car il baignait dans le clair-obscur, mais le jeune Yugure pu très nettement distinguer ses yeux qui miroitaient d’un bleu délavé étrange sous ses mèches ivoirines, et qui semblaient fixer un point inconnu droit devant lui.
Comme s’il « voyait sans voir » le groupe d’aspirants dans l’impasse.
« Casse-toi Kyoshiro, c’est pas tes oignons. »
Lui cracha le chef de la bande, mais Urumi pu ressentir de la peur dans sa voix.
Les autres se figèrent, comme s’ils connaissaient eux aussi le nouveau venu.
Jiro intervint encore.
« Quoi ? Vous avez peur de cet infirme ? (Ricanement.) On est trois et il est seul. (Il pointa son arme en avant.) Toi aussi tu veux ta raclée l’aveugle ? »
« Essaies pour voir. »
« Tsss… joues pas au héros. »
« Moi un héros ? (Un sourire narquois s’étira sur ses lèvres.) Vous êtes juste sur ma trajectoire. (Il inclina la tête vers Jiro, comme s’il avait parfaitement conscience de sa présence dans l’espace.) Mais t'as gagné tocard. J’avais envie de m’échauffer un peu. »
« Vas te faire foutre ! »
Lui hurla l’autre en fondant sur lui.
Son arme fut stoppée net par le bokken de l’inconnu qui dégaina à une vitesse ahurissante, fendant l’objet en deux pour atterrir sur le visage pissant déjà le sang du gros garçon.
Jiro s’effondra avec fracas, sonné pour le compte.
Urumi sourcilla.
Ce type était-t ’il vraiment aveugle ?
Les autres hésitèrent un instant, puis se ruèrent à leur tour sur l’infirme.
La suite du combat n’en fut pas vraiment un. L’adolescent joua un moment avec les deux aspirants, -ses mouvements étant semblables à ceux d’un danseur- puis décida que la pantomime avait assez durée. Il fouetta le visage d’un des garçons qui tomba inconscient, esquiva une attaque en traître par derrière, puis flanqua la poignée de son bokken dans la tempe de son dernier adversaire.
Le calme retomba dans l’impasse comme une chape de plomb.
Il s’avança sans se presser vers Urumi, toujours au sol, mais ne l’aida pas à se lever.
Comment faisait-t’il pour savoir exactement où il se trouvait avec autant de précisions ?
« Allez, tires toi minus. »
Le gamin se releva avec des gestes précautionneux, prenant la peine de détailler l’inconnu dans la foulée…
Il le dépassait d’une bonne tête, et devait peut-être avoir quatre ou cinq ans de plus que lui.
…recula de quelque pas...
...et prit la fuite dans l’allée par laquelle Kyoshiro était arrivé.
« Et prends la peine de passer d’avantage de temps avec ce truc entre les mains… (Lui lança l’autre dans son dos, en levant haut son bokken.) …ou tu resteras une victime toute ta vie ! »
*****
Quinze ans plus tard.
Ses yeux gris baignés de larmes lorgnèrent un instant sur la ruelle de ses souvenirs…
…puis l’Épéiste se détourna pour continuer lentement sa route.
Il se déplaçait avec précautions, comme un vieillard.
Deux jours avaient passé depuis les évènements qui l’avaient opposé à Kyuubi, mais il n’était pas encore complètement rétabli. Malgré un semi-coma de plus de vingt-huit heures, son corps le faisait toujours souffrir à cause des blessures internes causées par les attaques intangibles du Bijuu.
Ce n’était pas la première fois qu’il essuyait ce genre de dommages.
D’autres réminiscences le ramenèrent un instant au sommet du Mont Orochi, pendant son affrontement contre Kurai…
…puis s’évanouirent.
Ses pas l’éloignèrent de la Ruelle des Forgerons, silhouette élégante d’obsidienne dans un haori nimbé d’albâtre.
Quand il avait quitté le manoir Yugure, plusieurs personnes s’étaient retournées dans son sillage pour murmurer derrière lui, mais il les avait ignoré.
La catastrophe ayant frappé le village de Kaigara, couplé aux actions menées par son escouade, avaient circulé un peu partout dans Seizangakure. Et les yomiuri* (*terme archaïque utilisé pour désigner les premiers exemplaires de presse durant l’ère Meiji.) s'étaient empressés de retranscrire leurs exploits ; narrant leur parcours comme s’il s’était agit de sportifs de haut niveau et non de guerriers menant un combat anonyme pour préserver l’équilibre dans un monde en perpétuelle oscillation.
C'était grossier.
Il n'en ressentait aucune fierté, juste un sentiment de honte pour tous ceux qui avaient perdu la vie dans cette tragédie...
...ça, et une immense solitude.
Le Quartier Résidentiel se substitua aux avenues commerçantes.
Il avait décidé de marcher un peu avant de faire ce qu’il s’apprêtait à faire, tant pour tester les limites de son corps convalescent que pour tenter de recouvrer une sérénité qu’il ne ressentait pas.
Chaques coins de rues semblaient le ramener à Kyoshiro et aux souvenirs qu’ils contenaient de leurs tribulations d'enfance.
Quand le tout jeune Yugure Urumi avait été plongé dans la violence des rivalités entre aspirants, durant ses prémices au Quartier Militaire, c’était Kyoshiro qui avait le plus souvent passé du temps avec lui ; prenant parfois le relais de Kazuya pour l'entraîner, quand ce dernier s’absentait hors du Village.
Il n’avait jamais été tendre avec lui, le poussant souvent jusque dans ses derniers retranchements.
Mais il lui avait appris à survivre et à rendre les coups.
Au fil du temps, Tadake Kyoshiro était devenu un grand frère et un modèle à surpasser.
Et bien que les années passées les avaient conduits sur des chemins séparés, une partie de l’enfant qui vivait encore en Urumi n’avait jamais oublié cet adolescent impétueux au regard ivoirin, espérant pouvoir un jour lui rendre une faveur vieille de plus de quinze ans.
C’est terminé désormais… Lui souffla une voix cruelle dans son âme. …regarde à quoi tu en es réduit maintenant ; jouer les messagers de mauvais augure auprès des veuves éplorées.
La colère –l’unique refuge qu’il ait jamais connu- commença à attiser les flammes du brasier qu’il avait dans le cœur.
La seul faveur que tu aies jamais rendu à ceux qui te sont chers, c’est la mort.
Ses yeux étincelèrent d’une lueur inacueillante, et son poing se serra sous son haori tandis que le jeune homme forçait la voix à retourner dans les abysses d’où elle était venue.
Il remonta la périphérie des dernières habitations qui bordaient les limites du Quartier Résidentiel jusqu’à un domaine traditionnel devant lequel se trouvait une boite aux lettres en fer forgé indiquant ; « Oomori Koji, Oomori Ryota et Oomori Hotaru. Et aussi Tadake Kyoshiro »
L’Épéiste inspira longuement, puis expira avant de frapper sur le panneau en bois de la porte en shoji devant lui.
Après un certain temps, une belle femme aux traits rogues et à la longue chevelure aile de corbeau tirée en arrière lui ouvrit.
Urumi la détailla un instant de son regard cryogène, tentant de refouler le plus possible la violence des émotions qui le consumaient littéralement de l’intérieur, puis s’inclina lentement.
« Oomori-shi ? Je suis Yugure Urumi… (Sa voix était un contraste à elle-seule. Tantôt calme et agréable à l’oreille, avec une diction presque aristocratique. Tantôt froide et aussi tranchante qu’un rasoir.) … et je souhaiterai vous parler de Tadake Kyoshiro. »
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# Re: Chagrin [Oomori Hotaru] Lun 29 Avr - 4:21
Chagrin
Un mauvais sentiment qui lui prennait les trippes et l’étouffait, mais elle n’avait jamais su pourquoi. Enfin pas avant qu’on ne toque a sa porte. Elle lacha un juron coloré, alors que l’arme qu’elle tenait, Chouso, sous la forme d’un Kanabo, entre ses mains tomba au sol d’un bruyant fracas. Grognant, Hotaru repris l’arme et elle se hâta à la porte.
“Kyo, combien de fois je dois te dire que … que c’est chez toi aussi… ?”
Les derniers mots mourrurent dans l’atmosphère pesant qu’apportait le visiteur. Le regard noisette de la samouraï tomba sur un homme qu’elle ne connaissait. Non mais où avait-elle la tête pour penser que Kyoshiro était le seul à venir chez elle?
“Désolée.”
L’air était lourd, le regard de l’étranger n’annonçait rien de bon.
Et il dit son nom. Celui de Kyoshiro.
“Non. Non. C’est Kyo voyons… C’est pas vrai.”
Ils étaient des guerriers, ilsavaient tous les deux au début de leur histoire que c’était une possibilité et pourtant, Hotaru avait toujours imaginé que se serait elle avant lui. Un feu de forêt inarrêtable qui dévorait absolument tout sur son passage. Il ne pouvait pas être éteint. Pas lui.
N’importe qui mais pas lui.
Elle n’avait pas besoin d’entendre exactement ce qu’il avait à dire pour savoir ce qu’il venait lui dire. Son souffle se prit dans gorge. Non. Un mot omniprésent un déni absolu de la réalité qui venait se dessiner devant elle.
Kyoshiro était la définition même de la vie dans laquelle il mordait sans aucune gêne. Un guerrier sanguin, peu patient, brillant, brulant d’ambition.
Putain son ventre brulait. La sensation était presque familière. Presque. Elle savait ce qui se passait. Sa machoire se barra alors qu’elle tentait de retenir son souffle dans le vain espoir de retenir cette force noire qui la rongeait de l’intérieur qui lui susurrait de l’embrasser et de tout détruire.
Sa prise sur Chouso se resserra, alors que sa main libre se referma sur le tissus de son vieux hakama rouge délavé, usé par les années d’entraînement.
C’était immanquable. Kyoshiro était trop sanguin, c’était pour ça qu’elle le balançait si bien. Elle l’empêchait de tuer en mission sur un coup de tête.
Les arabesques noires qui formaient de petits soleil de jet sur sa peau presque pâle, celles qu’elle tentait de garder sur son ventre se répendirent d’un coup couvrant à une vitesse fulgurante tout con corps.
“Qu’est-ce qui c’est passé ?” parvint-elle à demander, voix rauque de douleur alors qu’elle tentait encore vainement de contrôler l’élan d’émotions obscures qui la dévorait de l’intérieur un peu plus chaque seconde.
Elle devait savoir, pour mieux le nier, pour mieux expliquer pourquoi il était, en fait, encore vivant.
Non il fallait qu’elle soit seule. Il fallait qu’elle tue se désespoir qui l’empêchait de penser clair. Elle étouffait, c’était comme si l’air ne venait plus à ses poumons, comme si elle était elle-même victime d’une de ses techniques.
- oupsie:
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# Re: Chagrin [Oomori Hotaru] Sam 29 Juin - 19:36
« Kyo, combien de fois je dois te dire que … que c’est chez toi aussi… ? »
L’arrivée de la jeune femme – vive, et d’une spontanéité à laquelle il était peu habitué- manqua de le prendre au dépourvu, et le masque boréal qui transformait ses traits en glace cilla lorsqu'Urumi lui dévoila les raisons de sa venue.
Un lourd silence s’abattit comme une chape de plomb sur la ruelle quand les deux Seizanjin s’observèrent en silence ; le regard béryllium du Yugure qui s’était mentalement préparé à la confrontation, dardé sur les traits d’Hotaru comme deux disque chromés dénués de chaleur –à l’intérieur il n’en n’était rien pourtant, mais la focalisation d’un blindage de titane entre la réalité et le ras-de-marrée de ses émotions était la seule défense qui l’empêchait de craquer devant elle en cet instant-. Les yeux de l’Onna-bugeisha, en revanche, passèrent successivement par tout une gamme de nuances qui la conduisit vers un pressentiment instinctif…
… comme si ce simple échange de regard avait prononcé des mots invisibles.
“Non. Non. C’est Kyo voyons… C’est pas vrai.”
Urumi laissa passer un nouveau silence, puis acquiesça avec raideur.
« Il y a eu une attaque sur le littoral de Kuma no Kuni… le hameau de Kaigara a presque entièrement été rasé par un nouveau type de Yōkai appelé Bijuu. Kyo et moi-même faisions partie du détachement mobilisé pour stopper la menace… »
Des flash envahirent l’esprit de l’Épéiste, le ramenant quelque secondes vers le cauchemar qu’avait été leur mission .
Des sphères de ténèbre … le dernier regard d’un Kitsune sur le point d’imploser en gerbes de chair et d’entrailles… un monstre gigantesque au regard incandescent… et une phrase qui le hantait depuis…
[Flashback] Pourquoi possèdes-tu mon chakra ? Tu es l'un des leurs ! Infâme Mugen !
Son regard d’épervier se plissa sinistrement.
« …alors que la bataille atteignait son paroxysme… Kyoshiro s’est interposé devant la créature pour rediriger sur lui une attaque sensé anéantir sa brigade. Sauvant plusieurs vies, et permettant par la suite le scellement du Bijuu dans un réceptacle. »
Plusieurs motifs d’un noirs liquide commencèrent à se dessiner sur la peau de la jeune femme, ondulant sur son faciès comme une sorte de monstre serpentin animé d’une vie propre.
Urumi, qui avait déjà assisté à ce phénomène quelque mois auparavant, dans les profondeurs d’un bois isolé à Jujou tiqua, et effleura du bout des doigts la tsuka de son katana, prêt à réagir.
« Qu’est-ce qui s’est passé ? »
Sans détacher ses yeux pâles des maques qui assombrissaient les chaires d’Hotaru, le jeune homme désormais sur le qui-vive prononça lentement, précautionneusement, comme s’il se retrouvait face à une sorte d’arme nouvelle génération ;
« Son corps a disparu après l’attaque… je suis désolé. Son décès a été officialisé aujourd’hui. »
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