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Habillé d’une longue cape noire cachant ton seul bras, tu arpentais les montagnes de Oboe. Cette cape n’était pas seulement là pour cacher le manque d’une partie physique, mais aussi ton déshonneur profond et ta faiblesse visible. La discussion avec Honoka t’avait fait du bien, tu n’étais plus aussi atteint et émotif qu’a l’accoutumé, mais tu restais frêle mentalement. Aucun homme ne devait subir ce que tu venais de subir. Tu ne souhaitais ça à personne. Et pourtant, Anax, te l’avait souhaité. A toi, son « ami », comme il avait pu t’appeler auparavant. Dans ton esprit, l’amitié n’existait plus entre vous deux. Tu avais une rage profonde en pensant à ce moment. Le déshonneur allait se payer un jour, pour ça, il fallait que le petit oiseau à demi mort que tu étais, devienne un phœnix. Il fallait tout faire pour survivre jusqu’à ce moment où, lors de votre prochaine rencontre, tu lui ferais la même chose qu’il ne t’a fait. Si c’était la seule manière de gagner son respect, alors qu’il en soit ainsi. Toi, Tetsu Ryuuza, allait être la première créature à le battre depuis qu’il est arrivé dans ce monde. Tu t’en es fait la promesse intérieure.

Le regard perdu, tu marchais sans aucune idée de l’endroit où tu voulais aller. L’une des parties de toi-même voulait en finir avec la vie, celle qui avait été déshonorer voulait, elle, prendre sa revanche sur la vie. Tu étais perdu. Un homme perdu au milieu d’Onogoro, était une cible. Et tu le savais pertinemment. Ton âme n’était plus étincelante comme avant, elle ne brillait pas de mille feux, elle ne scintillait pas, ne dégageait pas de lumière. Tout était sombre, de ta cape, jusqu’à ton regard. Cette version de toi, était dangereuse parce qu’au final : tu n’avais rien à perdre. Plus rien du tout. Car Anax, en te prenant ton bras, t’avais pris ton honneur. Et pour un guerrier comme toi, c’était ce qui comptait le plus. La marche lente, tu continuais d’avancer jusqu’à arriver devant une sorte de grotte. En tant qu’indépendant, tu avais entendu parler des rumeurs sur les grottes. Les habitants de la région ne s’approchaient pas des grottes, parce qu’ils avaient peur qu’elles soient hantées. Et c’était justement pour ça que tu étais venu ici. Si elles le sont vraiment, que ce soit ton dernier moment de vie à l’intérieur. Tu ne méritais pas de vivre après ce que tu venais de subir.

Devant la grotte se trouvait des masques étranges et inquiétant avec des plumes en tous genres suspendues tels des talismans protecteurs. Cette grotte semblait en tout point habitée. Mais par quoi ? À l’extérieur, se trouvait un feu qui avait été allumé récemment. Tu te demandais qui était aussi fou pour venir habiter dans le coin comme ça ? Et puis tu pris conscience aussi de ta folie. Toi aussi, tu étais assez fou pour venir seul dans un coin comme celui-ci, donc balle au centre et aucun jugement. Tu regardais aux alentours, restant sur tes gardes, car tu savais très bien qu’ici seul tout pouvait arriver. Et surtout, il y avait un souci avec la synchronisation de ton esprit et de ton corps. La dernière fois que tu étais entré dans une grotte semblable, tu étais ressorti de la sans bras. Ton cerveau te disait d’aller faire une petite visite, mais ton corps ne bougeait pas, complétement tétaniser par la peur. Oui, parce que même toi l’Ishiken, tu avais peur maintenant. Tu ne la refoulais plus. Et pour la maîtriser, tu ne savais pas quoi faire. Tes jambes commencèrent à trembler sous ta longue cape noire et tandis que tu tentais d’arrêter ces mouvements, quelque chose ou quelqu’un arrivait, mais tu n’en savais rien …  

Les deux combattants aguerris, réunis par le destin devant cette grotte étrange, discutent entre eux lorsque la pluie se met à tomber. Le soleil qui décline est maintenant caché par des nuages gris presque menaçants. Un son semblable au tintement d'une clochette semble émaner de l'intérieur de la grotte, seul abri qui se présente à l'étrange binôme.

Un corbeau installé sur une branche d'arbre à proximité de Ruka et Ryuuza bat des ailes. Il est plus gros que la plupart des corbeaux et semble fixer les deux combattants.



Ces mots sont à priori sortis de la gorge de l'étrange créature qui s'envole. Une multitude de corbeaux apparaissent à ses côtés. Réalité ou illusion ? Dur à définir. Les corbeaux se mêlent les uns aux autres, volant autour du binôme avant de se poser sur des branches et des roches par-ci par-là autour d'eux comme pour s'assurer qu'ils ne puissent pas s'enfuir.

Un nouveau tintement de cloche survient suivit de bruits de pas qui semblent se rapprocher. Un homme masqué apparaît alors. Est-ce lui qui vit ici ? Ce corbeau pourrait-il être son invocation ? Mais quel lien avec l'invitation qu'a reçu la jeune femme ? Dans tous les cas, le masque que porte l'homme est dans le même style que ceux qui sont suspendus à l'entrée de la grotte, le lien est évident. Cette personne est donc certainement le propriétaire des lieux.



Pour l'indépendant, le lien entre cet homme étrange et la jujoujin ne doit pas être évident. Elle-même ne connait pas le masqué. Cependant, le contexte lui donne certainement quelques pistes d'avances. L'inconnu pointe du doigt Ryuuza et reprend la parole.



Sa voix semble neutre et son visage étant caché par un masque, il est difficile de deviner ses émotions. Cependant, à la posture qu'il adopte, il semble sur ses gardes.

L'homme reste immobile, observant les deux intrus en silence. En prêtant une plus grande attention à leur hôte, le soldat de Jujou et l'indépendant peuvent remarquer qu'il porte un arc à son dos. Et, après quelques observations supplémentaires, la femme remarque que parmi les divers masques et plumes suspendus se trouve un bandeau. Ce bandeau, aux couleurs des Chunin, comporte le symbole du village de Sakyuu mais barré. Les objets suspendus ne semblent pas faire office de trophées et s'agissant du seul bandeau présent, il y a fort à parier pour qu'il ait appartenu au mystérieux inconnu. Ainsi, il serait un déserteur de Sakyuu, un indépendant comme Ryuuza.

Après, la brève présentation de Ruka, lorsque celle-ci présente sa plume de Tengu, l'inconnu porte son regard sur le corbeau à l'allure imposante comme s'il attendait quelque chose de sa part. Une confirmation peut-être ? Difficile à dire.



En entendant cela, Ryuuza adopte un mouvement de recul. Quoi de plus normal pour un homme qui a reçu la marque des Oni ? Alors que la jeune femme demande finalement à qui elle a affaire, l'homme retire sa veste et la chemise qu'il porte en dessous avant de dévoiler son dos sur lequel se dessine une marque semblable à celle que porte les deux invités mais dont le style se rapproche plus de celui de la marque de la Jujoujin.

marque:

Le nom de l'homme est étrange, d'une certaine façon, il semble issu d'une autre langue comme le nom du Tengu que Ruka a été amenée à rencontrer. Alors que Nuwa remet sa chemise et sa veste, tournant le dos au binôme pendant quelques instants supplémentaires, Ryuuza en profite pour s'éclipser. Blessé, sans doute n'a-t-il pas eu envie de risquer une confrontation avec quelqu'un qui porte la marque des Tengu et qui voit les Oni comme des ennemis. Lorsqu'il se retourne vers Ruka, il semble remarquer la disparition de l'indépendant. Il regarde à droite à gauche avant de lâcher un soupir. Puis, d'un geste de la main, il invite la femme à le suivre.



L'intérieur de la grotte est décoré par d'autres masques. Il y a également des sortes de peintures qui ont été réalisées sur les parois et, des écritures que la jeune femme ne parvient pas à déchiffrer. Au milieu de la grotte, un feu est allumé. Des coussins sont installés autour de celui-ci. La grotte est véritablement aménagée. L'homme peut y cuisiner, y dormir, y entreposer des objets. Aucune épée, aucune lance. Des flèches, des kunais et des senbons sont cependant entreposés dans la grotte. Comme la Jujoujin, l'homme doit être un spécialiste du combat à distance. Il invite la jeune femme à s'assoir.

L'homme ne semble pas tout à fait à l'aise en présence de Ruka ou du moins, il semble marquer une longue pause de réflexion à chaque fois qu'elle prend la parole comme s'il cherchait à analyser les mots de la jeune femme.



La Jujoujin remarque bien que si l'homme lui tourne le dos, il n'est pas totalement sans défense. En effet, le corbeau semble être aux aguets et surveille de ses trois yeux les moindre mouvements aux alentours. Le masqué ne semble cependant pas vraiment communiquer avec et les regards qu'ils semblent s'échanger ne sont pas des plus chaleureux. Il est donc peu probable que la créature aux plumes sombres lui serve de familier ou qu'il soit un de ces fameux maîtres que le masqué semble vénérer.



L'homme répète les mots de la jeune femme l'air pensif. Il ne répond rien. Il ne l'interrompt pas non plus. Il observe et écoute en silence.



L'homme tend une assiette en bois remplie d'une salade composée. Il semble un peu plus détendu que lorsqu'ils étaient dehors. Est-ce la disparition de Ryuuza qui lui a permis de se sentir mieux ? Le fait de rentrer dans son entre ? Ou peut-être le fait de savoir qu'il n'est pas le seul à avoir souffert de cette condition ?