Jour de congé mais pas de repos pour le géant de Toge qui n’a rien de mieux à faire que de s’entrainer encore et toujours. En ce jour il se décide à tenter de perfectionner l’art nouveau qu’il a pu apprendre après une session d’initiation avec Kunao. Du moins si l’on peut appeler un combat amical ainsi, d’autant que le combat visait presque à distinguer le combat au cors-à-corps de l’art de manier une lame. Et que le résultat n’est pas la même forme d’escrime que celle de Kunao. Des détails qui n’en sont pas et qui peuvent heurter la sensibilité des grands maitres les plus pointilleux.

C’est d’un pas assez énergétique que le ninja s’avancer vers les terrains d’entrainement de Toge. Son objectif n’est autre que de profiter du trajet pour faire son échauffement avec une maigre course. Un moyen comme un autre de mettre le corps en branle. Sur la route il ne croise personne et de ses yeux il peut remarquer que des nuages nombres semblent annoncer une pluie qui ne devrait pas tarder. Reste à savoir si cette dernière s’annoncent passagère ou bien intense. Quoi que le géant se dit aussi qu’elle peut s’avérer normale, même si en général avec lui le temps ne fait pas dans la demi-mesure.

Sur place pas une âme qui se manifeste. La pluie ayant certainement eu raison des plus courageux apprentis. Bien évidemment les terrains ne sont jamais vraiment vides, mais ils le sont suffisamment en ce jour pour que Ryujin ne puisse pas remarquer qui que ce soit. Il faut dire aussi que le ninja n’est pas vraiment ce qu’il y a de plus fiable en matière de repérage et cela malgré sa grande taille. Car plus on est haut plus loin on est du sol et de ses détails. Une simple pensée amusante qui lui vient à l’esprit.

S’étirant les mains, puis les bras et enfin les jambes. Il vient à faire craquer quelque peu son dos malgré lui. S’enchaine donc à la suite de l’échauffement une petite course pour lui remémorer son ancien art qu’est le taijutsu. Une chose qui n’a pas vraiment abandonnée, mais qu’il a décidé de ne plus pratiquer pour se concentrer d’autant sur d’autres domaines. Une forme de caprice ou de manifestation de sa volonté et de son côté têtu en somme. Bien que cela s’avère être aussi un entrainement tout aussi intéressant qu’exigeant. Pour lui, il n’y a pas de progrès sans efforts et c’est du cœur que doit venir cet effort. Être volontaire n’est pas suffisant bien évidemment, mais cela représente une énorme différence avec ceux qui se limite au talent inné.

La nouvelle course se terminant subrepticement après la distance voulue. Le ninja vient alors à se saisir de son sabre. Prenant une position, il enchaine des mouvements qui sont loin d’être ceux d’une école d’escrime. Loin d’être connue de quiconque preuve s’il en est que le géant n’a jamais reçu de leçon d’escrime. Et pourtant dans sa gestuelle on peut voir que quelque chose en ressort. D moins, on se dit que si le ninja venait à canaliser son chakra dans son arme, quelque chose de fructueux pourrait en découler.

Lame qui caresse le vent, muscles qui se tordent en toutes directions et l’esprit focalisé sur une idée, une image en tête. Ryujin est pleinement concentré et vient à faire abstraction de ce qui l’entoure. Dans sa gestuelle on ressent qu’il cherche à contenir sa nouvelle technique. Bien que l’on ne puisse pas réellement nommer ceci comme étant une technique. Car ce n’est qu’un débordement de son chakra en somme.

Il reste donc là, à faire des mouvements dans le vide sans se préoccuper de ce qui l’entoure.

Alors que les coups du géant se font de plus en plus hasardeux. On peut nettement ressentir malgré tout, la force des coups. Qui ne cesse croitre alors que les mouvements sont totalement faux. Fort heureusement pour le terrain, le ninja ne tape pas un arbre et il ne tape pas le sol. Sans quoi tant le sol, que l’arbre ou même que le sabre aurait un état assez lamentable.

Mais voici qu’une ombre solitaire s’aventure non loin de sa personne pour venir lui susurrer quelques conseils. Un avis sur sa performance qu’il n’ait pas souhaité, mais dont il ne compte pas se priver lui qui ne connait rien de bien précis à l’art du sabre.

En se tournant vers la personne qui a bien pu lui parler. Le géant ne s’étonne pas de voir une femme. Après sa voix l’avait déjà trahie. Mais il s’étonne de ne pas la reconnaitre. Et pourtant il se disait connaitre presque tous les Togejin. Serait-ce l’une des rares exceptions qui échappe à cette règle ? Le géant se le demande sans pour autant oser en faire écho de sa voix.



-Je vous salue. Mais je crains de ne pas vous connaitre ? Seriez-vous de Toge ? Ou bien êtes-vous originaire d’ailleurs ?



Demande le géant, en se basant uniquement sur le fait qu’elle ne puisse venir que de Toge. Après tout, personne ne s’amuse à venir ici si ce n’est les militaires de Toge. Même les militaires des autres zones préfèrent profiter des restaurants ou bien des bars de la ville ou bien des commerces. Plutôt que de s’en aller s’entrainer en pleine mission ou en plein repos. Car ce ne sont que les deux raisons qui peuvent amener des militaires étrangers. Et nul civil ne souhaiterait se rendre à des terrains d’entrainement, quel en serait le but ? Le géant se le demande.



Puis Ryujin se reprend en analysant les propos de la dame.



-Vous dîtes que ma posture n’est pas la bonne ? Eh bien au lieu de vous inquiéter du fait que cela puisse m’embêter. Que diriez-vous de me montrer comment faire ? Je dois dire que je ne connais aucune des bases. On peut ainsi dire que je ne sais que mettre de la force dans mes coups.



Par ailleurs le ninja se demande s’il sera capable de refreiner son aura s’il venait à l’activer. Une envie passagère comme une autre qui lui traverse son esprit. Mais il va devoir prêter à présent sa concentration à la dame qui s’est manifesté devant lui.

Et une fois encore il se reprend dans ses mots.



-Mais où ai-je la tête. L’entrainement et le brouhaha de la pluie m’en font perdre les politesses. Je suis Kamisuki Ryujin. Enchanté et ravi d’être votre partenaire pour cette session sous la pluie.



Et à peine termine-t-il que l’orage se fait entendre. Pour autant rien ne lui permet de s’inquiéter encore du tonnerre qui s’avance. La pluie étant variable, tantôt fort tantôt faible et le vent se faisant presque absent encore. Les nuages chargés en foudre ne risquent pas de se manifester pour l’instant.

Sous le déluge tumultueux, rare éclat de cette saison, se dresse le géant, immobile, captivé par les paroles de la dame. Le vent, tourbillonnant autour de lui, murmure à ses oreilles, lui infligeant une douleur lancinante, tandis que les rafales se déchaînent avec fureur contre tout ce qu'elles rencontrent.

Dans ce ballet aquatique où les gouttes dansent avec une chorégraphique aussi violente que les tempêtes de sable de Sakyuu ou bien que celle de neige de Seizan, une aura mystique enveloppe nos deux protagonistes. La pluie, tel un voile éphémère, cache et dévoile leurs silhouettes, leur conférant une aura presque irréelle, comme si le monde entier se réduisait à eux seuls. La femme, modeste dans ses mots, s'exprime avec une simplicité touchante, sans artifices superflus. Pourtant, son esprit entreprenant transparaît dans son désir d'aider le ninja à perfectionner ses mouvements.



Elle s'attelle rapidement à lui montrer les postures adéquates, les gestes justes, ce gardien des portes de Toge. Une entreprise audacieuse, en effet, que d'enseigner à une brute. Car dotée de force et de l'agilité nécessaire pour manier son épée, on ne peut s'attendre à des gestes simples, mais plutôt à une danse sauvage, semblable à celle d'une tornade, tant dans sa beauté pratique que dans sa puissance dévastatrice.



-Je sens une différence, mais je ne saurais la définir. Par moments, j'ai l'impression d'être moins stable, puis paradoxalement, je ressens une sensation d'équilibre accru. En somme, c'est différent, mais je ne saurais dire si c'est mieux ou non.



Alors qu'il médite sur cette nouvelle posture et ses possibles implications dans son art du sabre, il se rend compte que la pluie, implacable, rend sa concentration difficile. Aucune idée ne lui vient alors à l'esprit, malgré ses efforts de réflexion.



-Peut-être pourriez-vous m'éclairer, m'enseigner la nature de cette différence ?



Demande-t-il, cherchant à percer le mystère de cette nouvelle technique, tandis que la pluie continue de marteler le sol, symphonie tumultueuse de leur échange.

Le géant se sentait comme démuni devant son impuissance à comprendre ce qu’on essayer de lui expliquer. Un sentiment qui ne lui était pas plaisant, loin de là.