Ne t'arrête jamais. Ne baisse jamais les bras. Ne te laisse jamais aller à l'oisiveté, car c'est à l'ombre de ta paresse que mourront tous tes efforts.  

Kyoshiro n'avait jamais prêté beaucoup d'attention aux leçons inculquées par ses instructeurs, car il savait que sa voie ne coïnciderait jamais totalement avec le type de guerrier que ceux de Seizan voulaient qu'il soit. Il était amené à être un guerrier solitaire, un électron libre et non pas le maillon d'une puissante chaîne, comme on le voulait. Les instructeurs s'en étaient rapidement rendu compte et, si certains essayèrent de le briser tant bien que mal, de le faire rentrer dans le moule, seuls ou deux d'entre eux parvinrent à voir à travers ce masque et ces prunelles immaculées. Cette leçon, cette première leçon, ce premier soutien fut gravé dans l'esprit du jeune homme pour ne plus jamais le quitter par la suite.

Cet homme-là avait compris quel genre de feu animait le petit aveugle dont il avait la charge. Il avait compris que ce petit avait besoin d'un objectif, d'un but, d'une direction à prendre ou bien le fait de sa colère finirait par le consumer de l'intérieur. Il ne se tint donc pas sur le chemin du Tadake mais, au lieu de cela, lui donna les outils pour canaliser sa colère en quelque chose de positif, de constructif, d'utile à son avancée. Encore aujourd'hui cette leçon raisonnait dans la tête du colosse, c'était la raison pour laquelle il se levait si tôt et se couchait si tard, qu'il vente ou qu'il pleuve.

Il ne pouvait pas arrêter, pas avant d'avoir atteint le sommet, pas même à cause d'une promotion qu'il avait largement mérité. Il ne serait pas dit que Kyoshiro se reposerait sur ses lauriers, certainement pas. Il continua donc à forger le jour, mais surtout prendre de plus en plus de temps sur le terrain d'entraînement. Cela ne servait plus à rien de se cacher maintenant, tout le monde était au courant de sa promotion et il ne pourrait pas fuir indéfiniment les curieux. Alors il trouvait un coin tranquille, et essayait de perfectionner sa maîtrise du feu, ainsi que de son feu blanc, car il savait que c'était la combinaison du feu et de la lame qui ferait sa réussite.
Cependant ces derniers temps il avait une impression étrange, une sensation différente quand le feu s'extirpait de sa bouche. La technique était toujours très bien délivrée mais...il ne savait pas vraiment d'où venait cette sensation.  Bah, il allait continuer et cette sensation finirait bien par disparaître ! Fort heureusement pour lui, ce soir il avait de la compagnie, en la présence de la Oomori qu'il salua d'un franc sourire :



S'approchant d'elle, il passa son bras gauche autour d'elle, déposant un baiser sur le dessus de sa tête, avant de s'écarter et d'aller ranger Sekitsui contre un banc, non loin de lui. Ils avaient leurs propres routines, leurs propres exercices mais, avant cela, le colosse avait besoin de ce fameux avis extérieur.



Elle n'allait pas le lui refuser, parce qu'il en ferait de même en retour. Attendant qu'elle accepte, le colosse s'écarta de quelque pas, joignit ses mains devant lui et, prenant une profonde inspiration, rassembla son chakra et l'extirpa en une formidable boule de feu.


Jadis la boule de feu avait été de bonne taille, assez pour engloutir une personne à l'intérieur, mais aujourd'hui la boule que forma l'aveugle était bien plus grande que ce qu'il réussissait à produire, jadis. Il n'avait pas l'impression de mettre plus de chakra, de devoir forcer plus mais, en l'absence de visuel, la création de cette boule il la sentait juste différemment, sans arriver à mettre le doigt sur ce qui avait réellement changé. Espérant que Hotaru puisse lui apporter des réponses, des réponses qu'il cherchait depuis plusieurs semaines, il se redressa et lui demanda :

Depuis quelques temps, ellele sentait qui grondait en elle. Qui la secouait de l’intérieur, qui la poussait à faire juste un peu plus que la journée précédente. N’importe qui qui s’entraîne adéquatement devrait le sentir ainsi également, mais … mais c’était plus que d’habitude. Lorsqu’elle usait de son vent, elle avait l’impression que c’était plus facile, qu’elle avait besoin de moins d’effort pour atteindre un résultat similaire. Ses coups de sabre chargés de chakra lui semblait de plus en plus impressionnants …

Non, elle le sentait jusqu’au fond d’elle qu’elle avait progressé, qu’elle ne stagnait plus comme elle avait l’impression à l’hivers … Pourtant, ce n’était pas assez. Jamais assez. Hotaru n’avait pas le besoin d’être la meilleure, mais tant que son corps pouvait en prendre plus, c’est ce qu’elle ferait. Elle n’allait pas se reposer sur ses lauriers tant qu’elle pouvait encore bouger.

Elle en était bien incapable de toute façon. Ses frères avaient besoin de quelqu’un de fort sur qui s’appuyer. Kyoshiro avait bien fait comprendre qu’il n’attendrait pas après quelqu’un qui stagne.

Le monde tournait trop vite, ses mytères, ses mensonges et les dangers qui se présentaient semblaient toujour plus grands, toujours plus difficile à surmonter.

Elle ne pouvait pas ne pas pousser toujours un peu plus fort, un peu plus loin.

C’était donc la raison pour laquelle elle ne manquait jamais son entraînement. Cette fois-ci, pour la première fois depuis longtemps, elle se retrouvait avec son partenaire d’entraînement favoris.



Elle lui lança un regard amusé en s’approchant de lui. Même durant son séjour à Toge ou Teito, la jeune femme ne s’était pas arrêté de s’entraîner, bien trop consicente que de ne pas se tenir à son régime régulier lui ferait plus perdre que gagner à long terme.

Il vint l’enlacer et embrasser le dessus de sa tête, une habitude qu’il commençait à répété un peu plus souvent qu’avant et cette observation arracha un petit sourire affectueux.



Si la taille de sa technique était surprenante, ça ne surprennait la samouraï. Si elle avait pu remarquer ses propres progrès, alors quelqu’un comme Kyoshiro, c’était une certitude qu’il en vait également fait.

Elle pouffa un instant. Parfois elle oubliait qu’il était aveugle, précisément pour ça. Il faisait la même chose, mais n’ayant aucune façon de voir ce qu’il faisait, la même quantité d’énergie qu’avant donnait un résultat différent, mais … comment pouvait-il le savoir s’il ne pouvait pas ?



Elle s’approcha lui, saisissant sa main pour l’entraîner à sa suite. Elle lui montra les délimitation de la boule de feu qu’il avait créée.

Les partenaires d'entraînement fiables se comptaient sur les doigts d'une main, ces derniers temps. La plupart étaient curieux de combattre contre un aveugle, d'autres restaient en se rendant compte qu'il était un puissant maître du feu mais, à la fin de la journée, rares étaient ceux à suivre le rythme du forgeron. Alors ce dernier voguait de nouveauté en nouveauté, devant à chaque fois d'adapter à un nouveau candidat, un nouveau partenaire mais, fort heureusement, il savait qu'il pouvait toujours compter sur la Oomori pour lui offrir un challenge de qualité. C'était la nécessité de devenir forts qui avait rassemblé ces deux êtres, mais c'était leur affection naissante qui avait solidifié leur relation, pour être celle qu'elle était aujourd'hui.

Kyoshiro ne l'échangerait pour rien au monde, assurément.

S'il pouvait dire beaucoup de choses sur Hotaru, l'aveugle savait qu'elle avait toujours été honnête envers lui. Prête à lui dire quand il allait droit dans le mur, il pouvait toujours compter sur sa voix pour être juste et sans filtre, brutale quand elle devait l'être, et rassurante quand elle pouvait l'être. Aujourd'hui elle était là pour apporter un autre regard, et ce fut une fois qu'elle fut prête que Kyoshiro déploya sa technique. Lorsque le verdict tomba, une moue de surprise vint colorer le visage de l'aveugle, soufflant un franc :



Sa taille avait gagné en ampleur ? Il avait du mal à l'imaginer mais, heureusement, grâce à l'intervention de Hotaru il put enfin en avoir une vague représentation, ce qui était définitivement bien plus grand que ses techniques utilisées en situation réelle. Prenant un mouvement de recul, ouvrant et fermant ses mains à plusieurs reprises, Kyoshiro passa ensuite une main dans sa crinière immaculée, avant qu'un sourire amusé ne vienne colorer son visage. Il aurait pu penser à une erreur d'appréciation, si cela avait été n'importe qui d'autre qu'elle. Mais elle savait, elle comprenait, elle avait été suffisamment avec lui pour ne pas se tromper sur un tel sujet. Sa technique était plus puissante et aussi surprenant que cela soit...



C'était la seule explication qu'il pouvait voir en cette montée importante en puissance. Comment pourrait-il le justifier autrement ? Passant une main sur son visage, sentant sa main droite ouverte devant lui, il fit immédiatement le rapprochement avec un autre changement, une autre étrange sensation qu'il avait récemment.



La connexion entre lui et son épée était moins dure, plus fluide, plus naturelle. Il avait cru que c'était son imagination, mais après la description de Hotaru...difficile de ne pas faire le rapprochement. Prenant une profonde inspiration, s'interrogeant à présent sur la façon de tester ces nouvelles limites, il fit un effort conscient pour s'extirper de ses pensées, avant de se demander si la Oomori avait aussi ressenti de tels changements. Après tout, elle s'entraînait aussi durement que lui.

De le voir ainsi était euphorisant. Il était franchement heureux de réaliser qu’il ne faisait pas du sur place et sa réaction donna l’impression à l’Oomori qu’il était un gamin le matin de son anniversaire dont les parents avaient acheter le jouet qu’il désirait.

C’était aussi un preuve que la persévérance payait. Il avait travaillé de toute ses force pour atteindre ça affutant non seulement son corps mais également son esprit. Elle le voyait comme si on l’avait entendu, comme si l’univers voulait lui donner ce morceau de récompense.

Elle savait aussi que l’euphorie ne durerait pas. Si aujourd’hui il était heureux de ses progrès, demian il lui en faudrait plus et c’était quelque chose qu’elle ne pouvait qu’admirer chez lui. Son regard était poser vers l’avant, il voulait devenir le plus fort.

Faire des progrès n’était pas suffisant, ce ne le serait jamais, mais il en allait de même pour elle. Son ambition n’était pas la même, ses raisons non plus, mais tous les deux étaient faits de la même étoffe.



Peut-être parce qu’elle voyait ses progrès tous les jours ? Le chakra dans sa lame avait fait plus domage au mannequin que le jour précédent, mais elle n’arrivait pas vraiment à comparer sur la longueur. Ce n’était pas vraiment un épiphanie comme le vivait son partenaire.



Concrétement, elle ne voit pas vraiment l’avantage. Probablement qu’elle ne le verrait pas avant de vraiment le faire dans une situation réelle, mais l’idée lui plaisait bien et franchement, de pouvoir faire ça … Disons que ça le rendait bien.



Le ton de la samouraï est un peu plus excité avec chaque phrase qu’elle ajoute. En mettant tout cela bout à bout … Kyoshiro avait raison, quelque chose avait vraiment changé. Plus que cela encore



Elle faisait référence à la posture de combat qui demandait que son arme ait un fourreau l’iaido. C’était une forme beaucoup plus traditionnel pour les samouraïs, mais Hotaru n’avait pu s’empêcher de se pencher sur celle-ci. Ce qu’elle aimait, c’était les armes, les utiliser, les maîtriser et c’était exactement ce que l’iaido était. Une façon de manipuler son arme.

Kyoshiro était guidé par sa volonté de devenir plus fort mais, à force de se concentrer sur ce domaine-ci, il n'avait jamais pris le temps de se demander ce que cela signifiait d'être fort, ou ce qu'il ressentirait quand il aurait commencé à gravir les échelons. Comment faire pour quantifier ou réaliser cette montée en puissance ? C'était quelque chose qu'il n'avait jamais pris le temps d'étudier, ou du moins le réalisait-il seulement maintenant, face à la confirmation de la Oomori quant à la taille de son attaque.

Cela voulait-il dire qu'il maîtrisait mieux son chakra ? Qu'il en avait davantage en réserve ? Ou bien cela signifiait-il qu'il allait pouvoir travailler sur de nouvelles techniques, de nouvelles combinaisons ? Toutes ces questions firent bouillir le sang du jeune homme, un sourire amusé et carnassier venant naître au coin de ses lèvres, face aux portes qui venaient de s'ouvrir devant ses yeux inutiles. Il allait avoir beaucoup de travail devant lui, durant les jours à venir, pour tester toutes les idées qui germaient déjà, dans un coin de sa tête. Mais pour l'heure il devait se faire violence, pour mettre son excitation en pause, car c'était au tour de la Oomori de prendre la parole.

Elle aussi n'était pas en reste. Elle avait travaillé de son côté, jusqu'à développer d'autres techniques comme la propulsion par maîtrise de l'air. Pleine de ressource comme d'habitude, par sa remarque elle ne manqua pas de faire sourire Kyoshiro car :



Comme quoi, les grands esprits finissaient toujours par se rencontrer. D'un naturel égoïste, il n'y avait bien qu'avec Hotaru que Kyoshiro s'intéressait à un autre être humain, pour autre chose que son profit personnel. Ainsi, quand elle mentionna son épée démoniaque et leur lien plus fort, Kyoshiro voulut essayer, tester si la sensation différente qu'il avait en manipulant Sekitsui était semblable. S'écartant quelque peu, il lâcha un franc :



Tendant la main vers Sekitsui, étirant son esprit vers cette arme, l'aveugle parvint à sentir son arme dans un coin de sa tête et silencieusement, il lui demanda de venir à lui, sans trop savoir comment faire. Aucune réponse pendant les dix premières secondes jusqu'à ce que, enfin, il ne sente un légèrement tremblement, à peine perceptible. S'agrippant à cette sensation, il passa de la demande à l'ordre, appuyant lourdement sa demande et, brusquement, Sekitsui – apposé contre un banc, quelques mètres plus loin – fonça brusquement vers l'aveugle...avant de passer juste à côté de sa tête et se planter dans un rocher, deux mètres derrière lui. Sentant une légère goutte de sueur perler le long de sa tempe, il soupira lourdement d'un :



Plus de possibilités, plus d'idées ! Qu'y avait-il de plus excitant que cela ? Et maintenant, Hotaru avait encore autre chose sur lequel elle avait travaillé ! Excité comme un enfant le matin de son anniversaire, le Tadake se retint de sauter frénétiquement sur place, demandant :

Lorsque l’arme de Kyoshiro s’envola, Hotaru s’élança sur le côté, loin de la trajectoire de la lame avec un éclat de rire, marmonnant un ‘’bourrin’’ alors qu’elle se repositionnait. Puis, l'homme qui partagait sa vie lui dit qu'il aimerait bien voir de quoi retournait ce truc qu'elle avait travailler à Toge.

Tout sourire, la femme s'exclama :



Insufflant une vague de chakra, elle créa avec la lame de Chouso un katana et son fourreau. Elle l’installa ensuite l’arme à sa ceinture. Puis elle expliqua à son compagnon  de quoi il retournait exactement.



Elle colla le corps de son amant au sien, prenant ses mains pour les mettre sur ses poignets. Une stratégie qu’elle pouvait employé simplement parce que Kyoshiro était immense comparé à elle.



Elle tourna la lame vers le ciel, posant une main sur le fourreau et l’une sur le manche du sabre.



Elle profita de la position qu’elle avait pour lever la tête et poser un chaste baiser sur la machoire du forgeron.



Une fois qu’il lui donnera son accord, elle bougerai pour faire sa démonstration. Sortant rapidement la lame du fourreau l’élevant puis elle abatit le coup rapidement en diagonal vers la gauche. Elle marmonnait chaque étape, encore nouvelle à ce style de combat. Puis elle leva la sa lame dans l’autre direction.



Et tranche sèchement l’air avant de ranger de nouveau sa lame dans son fourreau.



Elle donna une petit coup sec vers l’avant avec la garde de son sabre, comme pour se débarrasser d’un ennemi invisible, puis dégaina d’un geste rapide. Prenant le manche de son arme à deux main, elle envoya lame vers l’arrière, tâchant d’éviter de frapper Kyoshiro, comme si elle tentait de percer le ventre d’un ennemi qui serait dans son dos. Puis, elle tourna le tranchant de sa lame vers le sol et fit un coup de haut en bas devant elle, avançant d’un pas. Elle recula ensuite puis avançant d’un pas vers la droite, elle refit le même mouvement. Elle refit exactement la même chose vers la gauche et exécuta le chiburi avant de ranger de nouveau la lame.



Elle lui parlait avec une passion infinie. Ce n’était pas tant l’iaido lui-même, mais d’apprendre à manier la lame de cette façon précise qui l’excitait tant. Kyoshiro commençait d’ailleurs à être habitué à cela, car après tout, c’était toujours la même chose lorsqu’Hotaru mettait la main sur une nouvelle arme.

Kyoshiro ne s'était jamais senti aussi stupide qu'en cet instant. Il avait passé sa vie à s'entraîner, pour être meilleur qu'il ne l'était la veille, mais à aucun moment il n'avait pris le temps de s'arrêter pour mesurer le résultat de ses efforts. Il était resté là, la tête dans le guidon, s'épuisant jour après jour, semaine après semaine mais ne s'était pas arrêté, ne serait-ce qu'un instant. Depuis combien de temps était-il devenu aussi fort ? Depuis combien de temps était-il capable de toutes ces choses, sans même s'en être rendu compte ? Certes, le rappel de son arme à distance était encore à revoir mais cela venait lui ouvrir de nombreuses portes quant à des pistes d'évolutions futures.

Quelle serait la prochaine étape ? Se poser un instant et réfléchir à la direction que ses efforts devraient prendre. Devrait-il poursuivre dans la voie du sabre ? Développer les utilisations de sa maîtrise du Katon ? Peut-être se synchroniser davantage avec son épée démoniaque ? Peut-être devrait-il demander conseils à Hotaru sur ce point mais, pour l'heure, il était temps pour elle de montrer le résultat de son entraînement.

Curieux et avide d'en apprendre toujours plus, Kyoshiro resta silencieux et s'approcha de la belle, l'écoutant vocaliser ses explications alors qu'elle se collait à lui, l'invitant à la suivre par ses mouvements. Geste apprécié, Kyoshiro obéit sans complainte, il se laissa guider au rythme de la guerrière, attentif et captivé par l'exercice. Pendant ces quelques instants le jeune homme perdit la notion du temps, captivé par les mouvements et les explications de la demoiselle, impressionné par sa discipline, jusqu'à ce qu'il ne soit extirpé de sa torpeur par le baiser posé sur sa mâchoire.
Frissonnant sous le contact, il redevint attentif au moment de Chiburi puis du dixième kata, étudiant tous les mouvements qu'il pouvait ressentir et comprendre, pour s'en faire une image dans sa tête. Le style de la belle était fluide, ses mouvements enchaînés avec une perfection qui ne faisait qu'honneur à ses efforts et, quand vint enfin Chiburi, le dernier mouvement pour enlever le sang de la lame avec un certain style, évidemment Kyoshiro ne put s'empêcher de sourire, confirmant à quel point il appréciait ce geste.

S'écartant légèrement, reconnaissant la passion dans la voix de la belle, Kyoshiro avoua sans honte :



Il devait bien avouer que son propre style était assez brouillon et manquait de rigueur. Il travaillait beaucoup avec vitesse, rapidité d'exécution mais, surtout, beaucoup d'improvisation. Pourquoi ? Parce qu'il n'avait pas adhéré aux méthodes d'enseignement de ses instructeurs, mais peut-être aurait-il dû faire plus attention lors de l'apprentissage des katas. Son style serait le même, peut-être, mais un peu moins...brouillon, confus.
Passant une main dans sa chevelure blanche, l'homme se mit à réfléchir. Était-ce trop tard pour apprendre ? Il ne pourrait décemment pas revenir vers ses instructeurs, bien sûr, mais peut-être pouvait-il envisager d'autres options...non ? Se grattant l'arrière de sa tête, il s'essaya d'un :



Il ne savait pas trop comment le demander, sans avoir l'air d'un idiot. Qu'à cela ne tienne, il haussa les épaules et parvint enfin à vocaliser :



Il resta là, silencieux, comme si ses mots étaient bloqués au fond de sa gorge. Enfin, au prix d'un effort significatif, il avoua :

Hotaru fit un pas en avant se détachant du corps de Kyoshiro pour entendre son verdict, sourire fier aux lèvres. Manipuler ses armes était tout ce qu’elle voulait faire. Apprendre à les faire danser avec elle, chanter avec le vent avec chacun de ses gestes. Et l’iaido,bien que ce n’était qu’une forme de l’art et qu’il ne concernait que le sabre était exactement cela qu’il faisait. Il dansait et chantait l’hymne du combat.

Elle n’était maniaque et ne fermerait jamais les yeux sur d’autre façon de combattre - simplement prendre exemple sur son contrôl du futon - mais elle gardait toujours une place spéciale dans sa routine pour se perfectionner toujours un peu plus.

Entendre le compliment de Kyoshiro lui fit monter une douce couleur rosée aux joues, mais elle ne répondit pas, pas verbalement.

Lorsqu’il commença sa question sans la finir, elle savait exactement où il allait vouloir aller et son sourire s’aggrandit. Elle savait que ça l’intéresserait au moins un peu. Cependant, elle attendit qu’il termine sa question, et même qu’il ajoute dans son air embarrassé qu’il avait des lacunes.

Avec un petit rire, elle prit la parole :



Elle disait cela avec un sourire taquin, mais c’était vrai. Il était forgeron, il savait comment fabriquer une arme, mais ce qu’elle voulait dire c’était que l’arme n’était pas qu’un moyen pour arriver à sa fin, pas qu’une preuve de son talent, mais une partie de soi. C’était la première chose qu’elle voulait discuter pour lui montrer les katas.

Mais ce n’était pas l’endroit ou le moment de s’attarder à cela.

Elle attrapa sa main, la serrant un peu dans la sienne. Dans sa tête tournait un millier de question, un millier de réflexions. Tout bougeait, mais tout restait le même en même temps. C’était un drôle de paradoxe. Et pourtant, c’était confortable.

Depuis son voyage à Toge, son esprit avait tendance à s’éloigner, s’attarder sur ses détails et se rappeler à l’ordre lui devenait parfois difficile. En plus de la lettre de Maho, chose qu’elle n’avait pas encore été discuter avec lui par faute de temps - et probablement d’appréhension.



Ajouta-t-elle, un petit sourire aux lèvres, tentant de mettre son voyage derrière elle. Prétendre qu’il n’avait jamais existé. Pour l’instant, c’était pour le mieux, elle n’était pas encore prête à discuter de tout cela.



Mais j’ai besoin d’autre chose. Les mots n’étaient pas dits, pourtant ils flottaient entre eux.

Kyoshiro avait beaucoup de défauts et la fierté était au sommet de la liste. Il avait du mal à admettre les erreurs, du mal à laisser la vedette à quelqu'un d'autre et, pour couronner le tout, du mal à accepter quand quelque chose n'allait pas dans le sens qu'il souhaitait. Il était têtu, difficile à vivre, gardait ses cartes trop près du corps et, enfin, était incapable de demander de l'aide même lorsqu'il n'avait plus aucune autre solution. Tout ceci était vrai, à l'exception peut-être du dernier point, du moins depuis que la Oomori était entré dans sa vie, en tout cas.
Jadis elle n'avait été qu'une partenaire d'entraînement, qu'une silhouette de plus noyée dans la foule mais, aujourd'hui, elle était devenue la personne favorite de Kyoshiro dans tout le monde entier. Elle était devenue celle qui obsédait ses pensées, celle avec qui  il souhaitait passer le plus clair de son temps et, si tout se passait bien, celle avec qui il terminerait ce qui lui restait de vie, aussi tumultueuse qu'elle soit.

Il n'était pas infaillible. Son style avec ses défauts et ses limites mais, surtout, il avait encore beaucoup à travailler aussi bien sur le plan technique que dans le domaine de ses capacités physiques. L'aveugle en avait pleinement conscience, mais il ne pouvait décemment pas l'admettre, car cela donnerait un coup à l'image qu'il voulait donner. Mais avec Hotaru il pouvait le dire. Avec elle il pouvait être franc et, même s'il sentit le sourire de la Oomori d'ici, il sut dés le début qu'elle ne repousserait pas sa demande, car elle savait à quel point il était difficile pour le forgeron d'admettre ses lacunes.
Son style était tout en puissante, en vitesse et en rapidité d'action. Il voulait être le premier dans la mêlée, le premier à faire couler le sang, le premier à séparer une tête de son corps avant même que son opposant le puissante réagir. Il était explosif, ce n'était pas étonnant que son style de combat le soit également, non ? Mais il savait qu'étudier quelques katas ne lui ferait sans doute pas de mal, même si Hotaru semblait avoir sa propre idée de l'apprentissage en tête.

Elle voulait discuter et, surtout, commencer par lui apprendre les bases, celles qu'il avait si négligemment ignorées. Resserrant sa main autour de celle de la belle, il passa son autre main dans sa propre chevelure, admettant :



Peut-être n'aurait-il pas besoin de s'en servir mais, dans la course à la perfection qui était la sienne, il ne pouvait se permettre de faire la fine bouche. Les adversaires allaient se faire toujours plus forts, toujours plus implacables et, s'il ne trouvait pas un moyen de muscler son jeu, il allait se trouver rapidement dépassé. Sa technique de tout à l'heure prouvait qu'il maîtrisait mieux son chakra, mais il n'était pas assez naïf pour penser que cela pourrait être suffisant. Il était devenu plus, on attendrait donc plus de lui, à présent ;
Mais il avait aussi appris, difficilement, que laisser ses muscles se reposer faisant aussi partie du processus. Le repos était nécessaire, indispensable, même si cette pensée lui laissait toujours un goût amer dans la bouche. Ainsi, quand le balle lui demanda ce qu'il faisait cet après-midi, instinctivement l'homme allait avancer qu'il voulait continuer à s'entraîner, avant qu'il n'entende la fin de la phrase de la Oomori.

Elle aimait beaucoup s'entraîner, mais.... ? Passant une main sur le visage de la belle, comprenant sa demande, il s'approcha et confirma :



S'approchant d'elle, confirmant aussi que cet entraînement pouvait patienter encore un peu, il se pencha vers Hotaru et lui vola un doux baiser, lui murmurant :