Son long séjour à Toge et Teito avait enfin pris fin. Malheureusement, Hotaru n'avait pas vraiment l'impression d'être plus près de résoudre l'histoire sordide de la mort de ses parents … quoi que c'était un peu mentir que de dire qu'elle n'avait absolument pas progresser. Quelques indices commençaient à se dessiner, mais elle n'arrivait simplement pas à tout mettre ensemble. Elle avait l'impression qu'il lui manquait encore trop de pièces au casse-tête. Ça l'embêtait. Elle avait l'impression que le mystère ne faisait que s'épaissir.

Elle avait passé des jours et des jours, tous ceux du voyage de retour, à penser à cette histoire, sans trouver de solution ou même sans tirer une conclusion satisfaisante. C'était juste bien trop.

Elle rentra donc à Seizan en soirée. Sa première destination avait été le terrain d'entraînement, non pas parce qu'elle voulait s'y dépenser, mais seulement pour y trouver son compagnon.

La présence de Kyoshiro était toujours d'un immense réconfort lorsqu'elle n'allait pas et elle avait besoin de le savoir avec elle. Mais lorsqu'elle l'avait rejoint, elle avait été bien plus silencieuse qu'à son habitude. Elle s'était à peine annoncée avant de venir l'enlacer et lui demander s'il voulait bien rentrer avec elle. Elle enlaçait son dos, son front posé contre son omoplate alors qu'elle prit la parole :



L'excitation qu'il avait pu sentir en elle lorsqu'ils étaient à Toge avait été remplacée par une déception, une amère sensation de défaite.

Elle avait donc guider l'homme qui partageait désormais sa vie depuis plusieurs mois jusqu'à son domicile - qu'ils trouvèrent désert ; ses frères devaient être en mission ou quelque chose du genre - en entrant, elle attrapa donc le courrier qu'elle posa nonchalamment sur la table à manger.



Un murmure qui pour une oreille attentive démontrait définitivement sa surprise. Cependant, la samouraï opta pour ne pas lire immédiatement le contenu, ça ne pressait pas.



J'ai besoin de toi ce soir. Elle ne dit pas les mots, les laissant à place flotter entre eux. Elle invita ensuite le forgeron à venir s'asseoir alors qu'elle prépara un peu de thé pour les réchauffer tous les deux de la fraîcheur de la nuit. Une fois cela terminé, elle posa une tasse fumante devant l'homme qu'elle aimait.



Se saisissant de la lettre elle, elle opta pour la lire à voix haute :



En lisant cette ligne, elle ne put s'empêcher de rire. C'était un classique de Maho, avec toute évidence. Une fois sa contenance reprise elle put reprendre la lecture. Mais chaque mot qui coulait devenait de plus en plus sérieux, chaque mot perdait la trace du rire provoqué par l'humour du moine alors que l'incrédulité venait teinter son ton.



Elle marqua une pause, relut silencieusement la ligne, puis le refit à voix. Et la seconde fois, son ton était encore plus surpris que la première fois.



Le regard de la samouraï remonta immédiatement vers Kyoshiro.

Perdue. Elle était entièrement perdue. En fait,non. Elle n'y croyait simplement pas. C'était impossible que ce soit lui. Elle avait arrêté sa lecture au milieu de la lettre, incapable de poursuivre. C'était absurde, tout simplement absurde.

Depuis sa sortie de l'hôpital, l'aveugle avait essayé de retrouver sa vie d'avant, sa routine, son travail, mais force était de constater que sa tête était ailleurs. Certes il ressassait sans cesse l'affrontement qui avait eu lieu, pour en tirer les leçons qui s'imposaient, mais son corps n'était simplement pas totalement récupéré. Incapable de l'avouer à voix haute, Kyoshiro reprit ses entraînements réguliers, bien conscient de ses limitations et de la douleur qui enserrait ses côtes, à chaque mouvement un peu trop brusque.
Il avait beau serrer les dents et mettre un pied devant l'autre, le Tadake savait que les résultats n'étaient pas vraiment au rendez-vous, ce qui aurait eu tendance à le frustrer et l'enrager, si Hotaru n'était pas revenu de sa quête de réponses. Cela pouvait paraître niais, mais le fait de la savoir là, de la sentir s'approcher avait quelque chose de profondément rassurant et, quand elle demanda à l'aveugle de couper court à son entraînement, ce dernier s'y plia sans hésiter. Pourquoi ? Parce qu'elle savait à quel point ces sessions étaient importantes, pour lui, et que demander d'y mettre un terme signifiait qu'elle avait besoin de lui.

Hochant la tête pour donner son accord, Kyoshiro rengaina Sekitsui avant de s'immobiliser un instant, profitant du contact avec celle qui possédait son cœur. Silencieux, il brisa le contact à regret et suivit la demoiselle jusqu'à son domicile, étrangement calme et vide. Si le forgeron aimait la vie et la chaleur humaine, il devait bien avouer que se retrouver seul avec la seule personne au monde capable de le comprendre et l'aimer, c'était exactement ce dont il avait besoin, peu importe ce qu'il se passerait par la suite.

Sortant de sa torpeur, en entendant que Maho avait envoyé une lettre à la Oomori, l'aveugle laissa parler sa curiosité, d'un :



Mais la réponse fut coupée, lorsque la demoiselle s'excusa à nouveau de l'arracher à sa session d'entraînement, comme si ce soir allait être la percée dont il avait besoin. Non, peut-être que cette pause était précisément ce dont il avait besoin et, très honnêtement, il avoua :



Sa voix suintait la fatigue et la déception, mais c'était ainsi. Il n'arrivait pas à se concentrer, sans doute parce que la recherche de réponses de Hotaru avait poussé l'aveugle à se posait quelques questions, lui aussi. Mais ce n'était pas l'heure d'en parler. C'était l'heure d'écouter la lettre et, quand Hotaru demanda permission de lire, Kyoshiro fut un mouvement de balayage avec sa main, signifiant que cela ne le dérangeait nullement.



Souriant face aux premiers propos de son ami d'enfance, réalisant que cela faisait un bon moment qu'ils ne s'étaient pas croisés, Kyoshiro vint s'asseoir, prenant la tasse de thé entre ses mains, avant d'en prendre une lampée...qu'il avait de travers, face à la révélation qui suivit. Toussant violemment, se frapper la poitrine comme si cela pouvait l'aider à reprendre son souffle, il lui fallut quelques secondes pour retrouver le contrôle de son corps.



Il n'avait jamais demandé de détails, mais la Oomori lui avait dit que son père était mort mais, aujourd'hui, il semblait que cette vérité soit mise à l'épreuve. Était-ce un imposteur qui se faisait passer pour son géniteur...ou bien le passé de Hotaru n'était-il qu'un tissu de mensonges ? Curieux, l'aveugle posa la tasse devant lui et, se redressant de toute sa hauteur, s'approcha de celle qui possédait son cœur, lui demandant :

Impossible de ne pas s'inquiéter en entendant ces paroles. Elle savait, bien sûr, que c’était les risques du métier. Tous les deux le savaient, ils étaient des guerriers et ils mettaient leur vie en jeu au quotidien, autant l’un que l’autre … Mais ça n’empêchait pas la samouraï de réagir ainsi lorsqu’elle savait que Kyoshiro avait dû être hospitalisé.

Une fois qu’il eut répondu, Hotaru ramena la discussion vers la lettre de Maho, qu’elle lut à voix-haute pour partager à son compagnon les détails de son contenu. Elle n’avait pas terminé de lire lorsqu’elle s’interrompit dans sa lecture, bien trop surprise par le contenu. Elle lut et relut le passage, mais les mots restaient les mêmes et ils restaient tout aussi difficiles à croire. Alors qu’elle niait verbalement que ce qu’elle venait lire était possible, Kyoshiro lui posa une question qui la laissa encore plus surprise.



Elle savait ce qu’insinuait l’homme qu’elle aimait, mais elle ne comprenait même pas pourquoi l’idée effleurait son esprit. Si son père adoptif était vivant, il n'avait aucune raison de feindre sa mort et encore moins de le lui cacher …



Comment digérer ce genre de nouvelles ? Quelles émotions ressentir ? Espoir ? Colère ? Tristesse ? Elle n’arrivait pas à le savoir, non, pire, à comprendre celles qui la tiraillaient. Ce n’était plus une question de savoir ce qui était approprié.

Son regard se posa sur les dernière lignes qu’elle lut également à voix haute :



Oni ? Mais de quoi parlait-il ? Plus elle lisait, plus elle comprenait qu’il lui faudrait aller voir Maho pour comprendre ce dont il s’agissait. Dans la lettre, il y avait des plumes. Des plumes ? Ça n’arrêtait donc pas cette histoire de plumes.



Une bonne inspiration et elle posa la lettre sur la table.



Difficile d’y voir clair dans cette histoire, mais toutes ces plumes, toutes ces histoires et la tablette et la mort de ses parents biologiques et même cet imposteur … Tout semblait lié. C’était à s’en arracher les cheveux.

Kyoshiro était du genre à ranger ses problèmes sous le tapis, et ne les évoquer que très rarement, car les admettre était un signe de faiblesse qu'il ne pouvait se permettre. Mais avec Hotaru c'était différent. Avec elle, il avait la sensation de pouvoir tout dire, de vocaliser ses plus sombres pensées, sans qu'elle ne le juge ou ne le voit différemment, par la suite. C'était surprenant, décontenançant, mais tout de même assez agréable, raison pour laquelle il avait naturellement évoqué son séjour à l'hôpital comme s'il s'agissait d'une banalité.

Ces séjours hospitaliers étaient les risques du  métier, mais le plus récent en date avait aussi été le plus marquant et le plus perturbant, pour l'aveugle. Il aurait voulu se mordre la langue, se maudire d'en avoir trop dit, mais il savait bien où cela le mènerait de mentir à sa compagne. Ainsi, se frottant l'arrière du crâne, légèrement confus, il confessa :



Cela aurait pu être bien pire, mais la blessure physique n'était pas ce qui perturbait le plus l'aveugle. Il se rappelait encore des moments de lucidité de l'hôte et de la douleur qu'il ressentit, alors que ses flammes immaculées venaient lécher et enlacer le corps du yokai. C'était cet instant qui l'avait surpris, qui avait percé sa carapace pour laisser la culpabilité se faire une place. Il pouvait le cacher autant qu'il le souhaitait, mais cette brisure été Mère de doute et de questions dont il n'avait pas les réponses.
Soupirant, passant une main dans sa chevelure immaculée, il avoua :



Puis vint alors le sujet le plus surprenant de tous, la révélation quant au fait que le père de la Oomori n'était peut-être pas si décédé que cela, après tout. Une bonne surprise mais surtout déroutante surprise, car avec celle-ci allait un lot de questions et de doutes.
Elle n'avait jamais vu le corps, jamais eu de confirmations visuelles, la lettre n'était donc peut-être pas un tissu de mensonges. Mais pourquoi s'être caché, pendant tout ce temps, s'il était vivant ? Et que pouvait bien signifier cet avertissement ? Se sentir loin des Oni ? Pourquoi eux, spécifiquement ? Kyoshiro fronça les sourcils, quelque peu dubitatif, écoutant l'évocation d'un oiseau et de plumes...encore des plumes ?!

Sentant Hotaru s'inquiéter, devinant que la panique ne serait pas loin derrière, le colosse se releva et, s'approchant d'elle, posa une main rassurante sur son épaule gauche, avant de souffler :



Lui laissant le temps nécessaire pour reprendre le contrôle de ses pensées, Kyoshiro invita son aimée à s'asseoir, un instant, avant de tendre le bras et d'attraper une des plumes, entre son pouce et son index. Sentant la texture de la plume entre ses doigts, il brisa à nouveau le silence d'un :



Laissant le silence retomber, il se permit de donner son avis d'un :

Il y avait de l’inquiétude dans sa voix, mais elle connaissait Kyoshiro, elle savait qu’il ne voulait pas qu’elle fasse tout un plat avec cela, c’était pour cette raison qu’elle n’insista pas davantage sur le sujet avant de passer à la suite de leur conversation. Mais de couper court à cette conversation ne voulait pas dire qu’elle mettait de côté ce qu’il lui disait. Elle allait devoir lui en reparler. À chaque fois qu’il se retrouvait à faire une mission sans elle, c’était la même histoire (ou presque) et elle n’allait simplement prétendre avoir les yeux fermés à ce sujet.

Mais elle venait à peine de le retrouver et ce n’était pas le temps de chercher à l’étouffer ainsi. Donc, elle poursuivit sur un autre sujet, la lettre de Maho et son contenu plus que surprenant.

C’était beaucoup trop et beaucoup trop peu à la fois. Alors qu’elle sentait une vague d’émotions qu’elle n’arrivait même pas à identifier venir la submergée, la main de Kyoshiro vint se poser sur son épaule pour la calmer.

Elle fit exactement comme il le demandait : elle respira un bon coup, chassant l’angoisse grandissant.



Elle posa sa tête contre le torse de compagnon, alors qu’elle passait ses bras autour de lui pour l’enlacer. Le contact était plus apaisant qu’elle ne l’eut cru et elle ferma les yeux pour mieux en profiter.



Son père serait vivant ?

Kyoshiro n'avait parfois pas l'impression d'avoir réellement grandi, depuis qu'il avait Hotaru. Il avait toujours une aussi grande gueule, toujours un aussi gros besoin de faire ses preuves. La seule chose qui avait changé était que, maintenant, il se permettait de parler plus honnêtement, plus intimement sans crainte d'être jugé. Hotaru connaissait ses démons, ses craintes, ses aspirations, ses qualités et ses défauts : que restait-il à lui cacher, au bout du compte ? C'était pour cela que, pour une fois, il s'était permis de parler de son séjour à l'hôpital.
Certes il savait qu'elle s’inquiéterait mais, à le voir debout sur ses deux jambes, peut-être que cette inquiétude s'en trouverait quelque peu apaisée et tempérée. Tous deux étaient conscients des risques du métier, ainsi que de la possibilité d'une fin violente et tragique. Ils l'acceptaient à chaque fois qu'ils mettaient les pieds hors de Seizan mais, aujourd'hui au moins, de cette blessure l'aveugle avait su s'en remettre et c'était bien là tout ce qui comptait.

Vint alors le sujet de ce père, absent, caché ou disparu. Imposteur, couard, ou autre chose ? Hotaru était sceptique évidemment, ne comprenait pas pourquoi un père se cacherait pendant aussi longtemps et, si l'aveugle voulait pencher en son sens, il se força à se faire l'avocat du diable, l'espèce d'un court instant.



Menace, ou chantage étaient des options possibles, mais qui devraient être vérifiées en retrouvant cette fameuse personne. Cela serait sans doute long, surtout si elle ne voulait pas être trouvée, mais nécessaire pour la tranquillité d'esprit de la Oomori. Posant ses mains sur celles de Hotaru qui l'entourait à présent, il resta là un instant, jusqu'à demander si le lien avec son père valait quelque chose, en fin de compte.



Aller voir Maho ? L'idée était bonne en effet et, si Kyoshiro avait souhaité reprendre contact avec son ami pour d'autres raisons, plus personnelles, aller le voir semblait l'étape nécessaire pour la suite des recherches, pour savoir par où continuer de rechercher.



Elle devait être inquiète et épuisée par cette enquête qui n'en finissait plus. L'aveugle pouvait le sentir d'ici et pivotant pour lui faire face, posant un doigt sous le menton de la belle, pour la pousser à lever les yeux vers lui, avant de s'approcher et de lui souffler :



Un petit sourire, un doux baisé volé et il passa ses bras autour d'elle, à nouveau.

Kyoshiro savait comment calmer son esprit lorqu’il se mettait à déraper, lorsque les mystères s’épaississait. Et maintenant, la mort de ses parents étaient liées a un yokai à plumes … Mais pas que. Son père adoptif était peut-être vivant quelque part? Et lui aussi serait lié avec un yokai à plumes. Le mystère ne faisait que s’épaissir et ce qu’elle découvrait ne rendait le tout que de plus en plus difficile à croire. Elle soupira.



Hotaru sourit alors que ses mainétaient dans celles de Kyoshiro. Il l’avait écouté, encore une fois, il l’avait rassurée etil lui proposait encore son aide pour la suite des choses. Si normalement on pouvait se dire que c’était normal vue leur relation, Hotaru n’avait pas l’habitude de pouvoir dépendre sur quelqu’un d’autre qu’elle. Alors chaque geste de gentillesse, chaque fois qu’il lui tendait la main comme ça, la samouraï en était que surprise.

Et elle n’avait aucune idée de comment lui montré à quel point son aide était appréciée, à quel point elle voulait pouvoir lui redonner la même chose qu’il lui donnait depuis qu’ils s’étaient trouvés.

Il lui offrit de nouveaux mots de conforts et elle lui sourit doucement. Puis il joint gests à paroles lorsqu’il vint poser un baiser sur ses lèvres et l’enlacer.



Elle l’enlaça, à son tour, et ses lèvre vinrent se poser sur la joue de l’immense forgeron. La jeune femme se blotti contre lui un peu.

Restant contre lui, elle repensa un instant à la discussion qu’ils venaient d’avoir et elle ne put s’empêcher de commenter :



Elle avait d’autre chose à ajouter, mais elle ne voulait pas le noyer sous ses questions. Kyoshiro avait plus d’une fois prouver qu’il avait dû mal à gérer lorsqu’on s’inquiétait pour lui. Elle avait peur que son compagnon ne se retracte dans sa coquille si elle poussait trop. Mais comment ne pas le faire alors qu’elle s’inquiétait pour lui ?

Kyoshiro était doué pour se vanter, se mettre en avant mais qu'en était-il de rassurer les autres et trouver les bons mots ? Ayant parfois l'impression de marcher en terrain miné, il avait rapidement compris que l'honnêteté était ce que la Oomori appréciait le plus, aussi n'avait-il aucun filtre avec elle. La situation semblait se complexifier à vue d'oeil, il sentait la belle s'inquiéter toujours plus, alors tout ce qu'il pouvait faire c'était de la rassurer. S'il était là, tout ne pourrait qu'aller bien, non ? Elle ne serait pas seule dans cette aventure, pas cette fois en tout cas. Ainsi, quand la belle lui souffla qu'il était un amour, ce fut sur un ton volontairement léger, souriant, que l'aveugle souffla :



Il voulait la faire rire et sourire, car c'était encore ce qu'il savait faire le mieux. Elle tenait à le remercier, reconnaître sa présence et ce qu'il lui apportait mais, contrairement à tous les autres, Kyo n'accepterait jamais de remerciements de la part de la belle. Pourquoi ? Parce qu'elle était avec lui, tout du long. Parce qu'elle était restée avec lui quand il doutait, quand il était de très mauvaise compagnie. Elle avait là quand il ne le méritait pas. Elle avait été là alors qu'il ne pensait rien avoir à lui apporter. Alors il resterait là, parce qu'elle le méritait, tout simplement. Passant ses bras autour d'elle, il précisa alors :



Profitant de ce contact, ses bras autour d'elle, le Tadake écouta la belle mentionner à nouveau son séjour à l'hôpital. Pouvait-il espérer noyer le poisson ? Pas du tout, il en avait déjà trop dit. Certains détails pouvaient être oubliés et laissés de côté, mais l'important c'était d'expliquer ce qu'il avait eu, et qu'il allait bien. Ainsi, repensant au parasite, Kyoshiro laissa s'échapper un franc soupir avant d'expliquer :



Posant un nouveau baiser sur le sommet de la tête de la belle, l'aveugle repensa au dernier combat, et à ce qu'il avait ressenti alors que les flammes léchaient le corps possédé par le parasite. Cela l'avait perturbé plus que prévu et, pendant un moment, l'aveugle chercha ses mots avant de lancer un :



Il ne fallait pas oublier qu'il n'avait aucune référence ou connaissance en terme de couleur, et les expressions qui allaient avec. Il en avait compris quelques unes au fur et à mesure, et il espérait cette fois avoir bien  choisi la bonne. Il voulait juste faire comprendre que cette histoire de parasite n'avait fait que complexifier les choses, et lui remplir sa tête de questions dont il se serait bien passé.

Lorsqu’il réagit à son commentaire, elle pouffa une seconde avant de se ressaisir. Son ton léger et sa propension à l’humour l’avait toujours aidée à rester dans le moment présent. Puis il mentionna qu’elle n’avait pas à le remercier, car il ne voyait pas les choase autrement. Avec une moue désapprobatrice, elle lui répondit :



Hotaru a toujours été têtue, ne serait-ce même que pour ces choses-là. Il n’était pas question non plus qu’il pense qu’elle ne voyait pas ces choses qu’il faisait pour elle. La samouraï se blottit un peu plus contre l’homme qui avait son coeur, sa tête posée sur son épaule et passa tout de même à ses autres questions. Cette fois-ci, il était question du séjour à l’hôpital.

Elle n’aimait pas vraiment ce qu’elle entendait. Si son égo avait été abimé c’est qu’il avait probablement morflé plus qu’il ne laissait paraître. Elle glissa une main dans son dos et alors qu’il parlait, elle dessinait de petits cercles un peu abstract contre ses muscles, un geste qu’elle espérait relaxant.

Il posa un baiser sur la tête de la samouraï qui profita du moment pour passer son autre bras par-dessus son torse et lorsqu’il reprit la parole, elle sentait bien qu’il y avait quelque chose dans sa voix. Elle posa donc un baiser sur le bas de sa machoir et pouffa à sa blague.



Elle soupira alors qu’elle reposait sa tête sur son épaule, la mains dans son dos dessinnant toujours de petits cercle du bout du doigt. Elle avait l’impression qu’il y avait plus, mais elle ne voulait pas non plus le pousser plus qu’il n’était prêt à partager.



Elle fit un petit sourire et ajouta sur un ton plus léger :

La famille était une source de joie et de peine à égale mesure. C'était ce qu'on avait expliqué à l'aveugle en tout cas, parce que lui avait une toute autre vision de cette famille, expérience désastreuse oblige. Pendant un temps il avait été jaloux de ce qu'avait Hotaru,conscient qu'il avait lui-même un frère ou une sœur dont il ne savait strictement rien. Il aurait voulu avoir tout cela, goûter à un semblant de normalité mais, à présent, cette idée semblait si lointaine et ridicule que cela en était triste, parfois. Il regrettait cette vie dont il l'avait dérobé, cette normalité qu'on lui avait arraché des mains, mais il n'était pas encore prêt à l'admettre à voix haute.

Aujourd'hui il était pour elle, pour la Oomori dont l'esprit devait être rempli d'un millier de questions. Mais, peut-être pour se distraire et changer de sujet, elle préféra bientôt se tourner vers la précédente mission du jeune homme et le séjour hospitalier qui s'en suivit. Il avait envie de tout oublier, mais il savait que ce n'était guère la solution. Il apprenait simplement, petit à petit, que les choses n'étaient pas aussi simples qu'il l'espérait. Il devait juste s'adapter et continuer d'avancer, voilà tout. Devait-il lui en parler et rentrer dans les détails ? Il hésita un instant, brisant même le contact physique avant de faire le cents pas dans la pièce où il était. Les mains à présent réfugiées dans ses poches, il abaissa la tête et lâcha un profond soupir de lassitude, avant de briser le silence d'un :



Le silence s'installa un court instant, alors que les souvenirs remontaient à la surface. Il se rappelait de cette cave, des serpents, de la douleur, des flammes purificatrices et...du reste. Passant une main dans sa chevelure immaculée, il continua d'un :



Cette victoire n'en avait pas le goût. Il n'avait pas l'impression d'avoir fait une bonne chose, bien au contraire. Il avait juste l'impression d'avoir massacré un spectateur innocent, même s'il savait que les choses étaient bien plus complexes que cela. Il n'était juste pas satisfait, pas totalement en tout cas. Pas du tout, même. Se tournant vers la belle, le visage toujours figé en une expression pensive comme on la lui connaissait peu, il considéra l'offre de la demoiselle et lui sourit doucement, en s'approchant à nouveau :



Un aveu, à demi-mot, qu'il dormait bien mieux quand elle était avec lui. Il avait besoin de recharger ses batteries, et ne plus penser à rien. Juste pour une nuit, juste pour un matin.

La réalité du métier n’était jamais quelque chose de facile à affronter. Prendre des vies étaient possible, lorsque les guerriers parvennaient à déshumaniser leur ennemis. Et franchement, c’était, selon Hotaru, la seule façon de pouvoir bien dormir la nuit. Oublier les nuances et les raisonnement qui ont mené l’adversaire à se dresser devant nous. C’était quelque que chose qu’elle avait profondément admirer chez Kyoshiro. Il vivait dans son monde, ses ennemis n’étaient que cela des ennemis. Mais ce qu’il lui racontait aujourd’hui était quelque chose de bien différent.

L’ennemis était devenu quelqu’un. Quelqu’un qui portrait ses émotions, sa souffrance et son propre monde. Et Kyoshiro s’était senti lui arracher la vie. Un frisson d’horreur couru le long de l’échine de la samouraï. Elle savait qu’elle ne serait pas bien mieux que lui si c’était elle qui avait eu ce moment …

Que pouvait-elle dire pour l’aider? Rien. Parfois il était mieux de rester silencieux, d’être là que de tenter de dire quelque chose d’insensible. Elle se détacha de son compagnon un instant et l’attira contre elle, forçant un peu à changer de position. Cette fois-ci, c’était lui qui avait la tête contre son épaule. Elle le tenait dans ses bras, une main derrière la tête jouant affectionneusement avec ses cheveux, alors que l’autre le gardait contre elle.

Elle n’avait pas les mots, mais dans cette étreinte, elle lui disait : ‘’je suis là. Je serais toujours là.”

Lorsqu’il mentionna ne pas réellement vouloir aller s’entraîner, la samouraï hocha la tête et murmura près de son oreille :



Elle le garda contre elle encore un moment avant d’ajouter doucement :



Cette fois-ci, c’était son tour à elle de poser un baiser sur sa tête. Il n’était pas un enfant, mais même les plus vaillants guerrier avait besoin d’être rassurer, d’être étreints …