Le retour. Enfin. Les rayons de soleil caressant la roche lisse et brillante des montagnes qui retirent leurs manteaux de neige, petit à petit, avec le retour des beaux jours. Le centre du village qui, comme une petite fourmilière, s’active petit à petit. C’est agréable, d’être de retour à la maison, après ces semaines, loin de celle-ci. Des semaines passées à cogiter. À repasser en boucle ces paroles que tu n’aurais pas dû entendre, prononcées par le Seizankage.

« Autrefois, un homme que je respecte du plus profond de moi a sauvé beaucoup d’entre nous. Peut-être même que Seizan ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans lui. Et bien cet homme est un indépendant !!! Il s’est sacrifié et a endossé un rôle qu’il n’a pas vraiment voulu pour autrui. »

Ces mots ont fait écho à cette petite pensée qui te hante, et ce, depuis ta toute première venue à Jujou. À croire que ce village avait un truc pour t’activer les neurones. Des mots, qui te semblent liés au mystère que tu aimerais tant résoudre. Lequel ? Oh, rien de bien grave hein. Simplement l’assassinat du précédent Seizankage. Et oui, parce que tu ne peux pas t’en empêcher de vouloir savoir la vérité. Encore et toujours. Même quand il s’agit de la disparition du non-regretté tyran des roches qui a emporté bien nombre des tiens par sa politique froide et cruelle. C’est cette même soif de vérité qui t’a poussé, à peine rentrée à Seizan, à descendre aux archives pour y fouiner. À la recherche de quoi ? D’informations. Et tu avais déjà des pistes.

Le pas détendu, ton bandeau immaculé comme le plus évident des laisser-passer, tu as navigué entre les vieilles étagères remplies de rouleaux poussiéreux, trop longtemps abandonnés. Tu t’es enfoncée dans le passé du village à la recherche d’un nom précis : Celui de l’ami de Seizankage. Et les critères de ta recherche étaient précis, choisis au cours de longues réflexions. Si tu voyais juste, cette personne devait remplir plusieurs critères : Être proche du Seizankage, avec quitté le village, et enfin, posséder une force suffisante pour avoir tué l’ancien Kage tout en le connaissant assez pour s’en approcher. Un profil clair, précis, pointant du doigts de possibles suspects. Qui ? Les anciens élèves de Renchoku Kousei, hormis l’actuel chef du village de la roche. Un profil qui t’a poussé à fouiller dans les registres d’équipes des dernières décennies, à la recherche de ce fameux groupe ayant suivi les enseignements du l’expert en taijutsu.

Tout ça pour quoi ? Deux noms, déjà connu. Le premier, Udezuku Heizen quant au second, il s’agissait de Lee yen, son camarade et plus fidèle ami. Celui-là même qui avait servi de Kage suppléant alors que la montagne humaine, accompagnée de ton chef de brigade, s’en était allée pour la cité arboricole. Et puis rien d’autres. Comme un étrange manquement dans les traditionnelles équipes de trois. Et tu eu beau avoir eu fouillé les rapports de missions, les rapports d’effectifs, financiers et autres paperasseries officielles, aucun autre nom récurant ne fit son apparition auprès d’Heizen. Un manquement qui faisait naître en toi une sensation étrange, titillant ton esprit de nombreuses nouvelles questions.

Devenais-tu paranoïaque ? Ou bien y avait-il un nom dans ces lignes, par le passé, maintenant effacé. Être un indépendant, ça voulait dire qu’on avait trahi le village, pourtant, tu ne trouvais aucun nom de la liste des ‘’traites’’ lié d’une manière ou d’une autre à ton supérieur. Rien. Encore. Une incohérence dans des documents aux nombres si élevés qu’il serait impossible de les modifier sans posséder un minimum d’emprise sur l’administration. Une incohérence qui place encore une fois l’actuel Seizankage au milieu de tes interrogations.


Assise, là, dans cette allée poussiéreuse, sombre, un énième parchemin en main après de longues heures d’investigations, tu te perds dans la toile de tes pensées, tapotant du bout des doigts le papier encré, marmonnant quelques mots à toi-même.

« Je n’ai plus trop le choix ... »

Bloquée dans tes recherches, tu sais où aller fouiner. Mais tu sais aussi que tu seras en pleine lumière. Te cacher va être dur, du moins, si tu veux vraiment le rester. Tu ne sais pas. Tu préfères rester subtile. Discrète, un tant soit peu sur tes intentions, portées par les écrits d’antan dans le labyrinthe confus des secrets. Le temps d’y voir plus clair. De savoir.

Et puis enfin tu te remets en mouvement. D’un bond, tu te redresses, cherchant à ranger la pile d’ouvrage à tes côtés et ce, tout en cherchant le parchemin qui t’intéresse dans tout ce foutoir. Une adresse. Une personne, à qui tu veux parler. Le bruit du papier qui se froisse, au milieu du silence, et enfin, un sourire sur tes lèvres, presque mélancolique, après plusieurs heures de froid glacial dans cette obscurité solitaire.

« Lee Yen ... »

Tu vas devoir rendre une petite visite au bras droit de la montagne mais qui sait ce qui arriveras. Peut-être rien, peut-être tout, peut-être trop. Mais tu prends le risque. Pour avoir des réponses aux questions qui te dévorent depuis trop longtemps.