Les questions sur l’état de santé de sa mère serrèrent quelque peu le cœur de la kunoichi. Elle avait finit pas s’accoutumer à ce changement et la peine qu’elle ressentait pour cette situation avait peu à peu diminuée au fil des ans, étouffée par l’habitude. Imaginer qu’il puisse rester de l’espoir venait ouvrir à nouveau certaines portes qu’elle avait décidé de laisser fermées il y a longtemps. Elle choisi de répondre en choisissant ses mots avec la plus grande des précision.



La jeune femme prit place naturellement sur le banc aux côtés de son interlocuteur quand ce dernier l’y invita. Les mots du prince sur la nécessité d’une science plus libre et son désaccord apparent avec les autorités débarrassèrent Rea d’un poids. « Je peux certainement lui faire confiance », se dit-elle en son fort intérieur. « Il a l’air d’être à contre-courant pour un Minamoto ».

Alors qu’elle ouvrait la bouche pour commencer à lui partager certains de ses doutes, l’évidence de sa dernière réflexion lui sauta aux yeux et elle retint ses mots à la dernière seconde. « Il a l’air d’être à contre-courant pour un Minamoto », se répéta-t-elle. La kunoichi s’enfonça dans une intense réflexion. N’était-il pas étrange en effet qu’un membre de la famille impériale remette en question la politique menée par sa propre famille avec autant de désinvolture ? Si elle avait sentit l’empathie à son égard qui semblait guider les paroles du prince, elle percevait également les reproches sous-jacentes envers le système établit qui s’y trouvaient. Rea se repassa chacun des mots qu’il venait de prononcer pour les analyser un à un. De toute évidence la sympathie qu’il avait ressentie pour sa situation lui avait fait baisser sa garde et il s’était plus révélé qu’il ne s’en était rendu compte. Ou peut-être que la jeune femme devenait juste paranoïaque. Pourtant, si son intuition était fondée et qu’il ressentait bien une forme d’antipathie pour les autorités en place, il pourrait se révéler un allié particulièrement utile. « Oui », se dit-elle, « avoir un prince impérial de mon côté pourrait m’ouvrir des portes auxquelles je n’ai pas accès pour l’instant. Trouver des réponses sur ce qui est arrivé réellement à mes parents serait bien plus simple ».

Rea se rendait compte que son mutisme soudain avait perturbé l’ambiance jusqu’alors  cordiale de leur conversation. Elle faisait défiler ses idées à toute vitesse pour élaborer une stratégie efficace sans se mettre en danger. Il fallait qu’elle le teste. Elle avait besoin d’en savoir plus sur l’homme qu’il était.

Bien que peu instruite sur les affaires politiques impériales, la kunoichi se repassa rapidement les informations qui lui avait été enseignées lors de son passage à l’académie des années auparavant. Il était l’évidence même pour quiconque y regardait de plus près que les luttes de pouvoirs avaient été ardues au sein de la famille impériale au fil de l’histoire. Le fait même que l’empereur actuel porte le nom Yamato en disait long. D’ailleurs, se dit-elle subitement, se pourrait-il que…

Elle reprit la parole en durcissant soudainement le ton. Sans montrer d’agressivité apparente, elle laissa cependant la glace refroidir ses mots pour signifier un changement drastique dans le ton de leur conversation.



La Chuunin observa avec une attention décuplée la moindre trace d’émotion qui pourrait traverser le visage du Minamoto à ces paroles. Elle avait conscience de la dureté de ses propos, mais si elle avait visé juste, ceux-ci devraient justement faire revenir à la surface certaines émotions chez le Jônin. Que verrait-elle alors ? De la honte ? De la peur ? Ou comme elle s’y attendait, une colère contenue, sauvage à force d’avoir été réprimée sous un masque de bienséance ?   

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