Le chemin pouvait parfois être long. Un chemin semé d’embuche ou bien de sommeil et de charrette ainsi que de quelques boeufs ou chevaux. L’échange qui s’était passé dans la capitale de Teito avait été extrêmement compliqué. Il avait eu besoin d’une bonne dose de repos. Dormant quasiment une journée la tête qui se dirigeait vers le Soleil. Il se réveillait suite à un soubresaut de la charrette, le léger choc de sa tête contre le bois branlant de l’édifice un brin fragile du moyen de locomotion vint rappeler la réalité au jeune apôtre de Raijin. Il se réveillait et se relevait d’un bond, le cul vissé sur le sol. Son visage se tournait dans un mouvement va et vient de gauche à droite. Un sourcil s’arquait d’interrogation, quand il remarquait sur le bas côté une femme qui semblait escorter un vieil homme. L’apôtre de la foudre en avait un peu marre de devoir rester allonger. Il avait décidé qu’il était temps de prendre le temps de se dégourdir les jambes et d’étirer son corps. Il se levait et remerciait le chauffeur, il laissait une petite poignée de ryos et se retrouvait devant la femme et le vieil homme. Sa voix se posait amicalement et il dit:

« - Monsieur, mademoiselle. Puis-je effectuer un brin de chemin en votre compagnie. Je me sentais quelque peu endolori d’un voyage allongé. Je dois aller au prochain village, je pourrais potentiellement vous aider dans ce petit voyage. Où sont mes manières, j’ai oublié de me présenter. Je suis Jinpachi. Moine du Kami Raijin. Je suis en pèlerinage. »

Il n’avait pas menti, mais il avait omis certains détails de son identité. Il était quelqu’un de particulier, il filtrait un bon nombre d’informations pour tenter de survivre. C’était en quelque sorte la loi du plus fort et un simple instinct de survie. Surtout qu’il était bien différent de son ami et partenaire de péripétie de Ryu. Lui il avait compris le problème et les dangers que cela pouvait être d’être considéré comme un indépendant sans bannière et sans réellement avoir d’attache et de souverain… Le pauvre foudroyant, il envisageait parfois de tout abandonner et de tenter de retourner à la rencontre de son destin dans son ancien village. Il voulait faire en sorte de pouvoir affronter son destin et son passé. Il voulait avancer, mais il avait cette peur viscérale, une peur qui en quelque sorte le tétanisait au fond de son âme. Il devait avancer dans la pénombre, il devait continuer, il devait comprendre comment l’enfant qui refusait de grandir, l’enfant qui était focalisé sur le passé. Il devait aller plus loin, il devait réussir à se libérer du fardeau qu’il portait, cette vengeance qui bouffait son esprit et sa lucidité peu à peu.

Il était temps de voir le monde grandir et de tenter de grandir avec… Sa vengeance arriverait bien assez tôt, mais il devait arrêter de tester de la chercher constamment. L’ephebe brun se posait aux côtés du duo d’infortune.

Le vieil homme semblait souffrir d’une incompréhension venant du moine de la foudre. L’homme était finalement dans un endroit incongru en compagnie d’une demoiselle et il n’y avait aucun lien entre les deux. La méprise était totale, mais elle était potentielle, surtout pour un intellect qui avait l’habitude de faire des associations hypothético-déductive. Pour s’excuser de la méprise avec le vieil homme, le jeune homme se mit à faire une légère courbette en s’inclinant et ajoutant une phrase :

« - Pardon pour la méprise. Je vous souhaite bon vent et que les dieux vous soient favorables ! »

Le Yuhi se trouvait maintenant en compagnie de la demoiselle. Elle effectuait une courbette également, cela trahissait une haute lignée et une sorte de particularité dans son ascendance. La belle femme d’une grâce déifique se mit à sortir une petite ardoise avec une craie. Un bout de calcaire qui pourrait lui permettre d’écrire une phrase rapidement et d’un mouvement extrêmement gracieux. Tous ces indices lui mettaient la puce à l’oreille de l’apôtre de Raijin qu’elle était d’une classe supérieure à la sienne. Sur le support d’écriture, le jeune garçon pouvait réussir à lire le nom et la fonction de la dame. Il répondait d’un ton très simple et posé :

« - Enchantée lady Yuriko prêtresse de la Lune ! »

Elle expliquait qu’elle avait fait vœu de silence. Une explication un brin incongru pour une personne qui n’aurait pas de croyance. Néanmoins, pour une personne qui croyait en un Dieu ce genre d’acte était synonyme d’une grande piété et dévotion à son kami. Un acte pur qui pouvait servir à une repentance ou à tenter de vider son esprit et son corps de mauvaises pensées. Elle allait se rendre au village de Toge, il sourit et dit d’un ton rassurant :

« - Aucun souci pour votre vœu de silence. Un si grand courage de perdre l’utilisation d’un sens est quelque chose qui peut être extrêmement effrayant. Puis-je vous accompagner jusqu’à Toge ? J’aimerai en savoir plus sur votre vision des choses ? Connaissez-vous le culte de Raijin ? »

Jinpachi s'efforça de trouver les mots justes pour réconforter Yuriko, bien que cela ne fût pas sa spécialité. Il regarda doucement Yuriko dans les yeux et dit :

" Je suis désolé d'apprendre que ton vœu de mutisme est dû à un chagrin d'amour."

Il prit une profonde inspiration et continua :

"Le chagrin d'amour peut être une épreuve difficile à traverser. Il est normal de se sentir triste et désemparé. Sache que je suis là pour toi, si tu as besoin de parler durant ce petit voyage. Il est plus simple parfois de pouvoir s’épancher et de parler à un inconnu qu’à des gens qu’on connait. En effet, le jugement est absent. »

Puis, Jinpachi passa à la question de la destination de leur voyage, ainsi que la façon de suivre son culte. Il se sentait un peu timide, mais il décida d'être sincère. " Je comprends que courir à la recherche de l'orage pour vénérer son culte puisse être difficile à concevoir et il faut avouer que ce culte n’est pas évident à mettre en place. En fait, c'est la première fois que je vais dans ce temple. J'ai toujours voulu le visiter, mais je n'en ai jamais eu l'occasion auparavant. Je suis heureux que tu sois avec moi pour partager ce petit bout de chemin."

Il regarda Yuriko avec un sourire timide, espérant qu'elle comprenne sa maladresse et qu'elle apprécie sa sincérité. Il était prêt à écouter Yuriko et à être là pour elle, peu importe les défis qu'ils pourraient rencontrer lors de ce voyage. Il finit par tenter un sourire expressif et grand afin d’essayer de montrer sa dévotion et son envie de pouvoir potentiellement l’aider. Un chagrin d’amour, il n’en avait jamais ressenti, en effet cet homme n’avait jamais eu l’occasion d’exprimer l’amour autrement que dans sa dévotion et son amitié particulièrement forte avec Ryu.

Le moine se retrouvait un instant à regarder la demoiselle écrire sur son ardoise. La grâce à l’état pure, ses mouvements étaient fins et délicats, l’ensemble se peignait rapidement sur ce délicat morceau de tuile voire de roche. Les mots étaient simples et empli de gratitude, ils se voulaient remercier son comportement et son amabilité. Jinpachi était un brin étonné, il avait l’impression de simplement faire ce qu’une personne tout à fait normale ferait quand il rencontre une personne et une demoiselle. Surtout quand celle-ci lui faisait part d’une blessure voire d’une faille quelque chose qui venait du fond de son cœur, il ne pouvait pas permettre d’être désinvolte ou malpoli. Il tendait son bras en forme d’arc de cercle pour l’inviter à marcher à ses côtés, mais de manière plus gracieuse et permettre de rendre hommage à sa grâce la plus belle. Il prit la parole d’un ton un brin réconfortant :

« - Vous savez lady Yuriko, j’ai également souffert d’une lourde perte. J’ai perdu mes deux parents quand j’étais jeune, ils ont été transformés en yokai qu’on appelle « torche humaine ». Je veux à tout prix les venger et potentiellement trouver un moyen de les sauver. Donc je peux comprendre la tristesse, j’ai émis une vie gouverner de vengeance pendant de nombreuses années. Je trouve votre réaction à votre chagrin beaucoup plus grandiloquente et prestigieuse que la mienne. »

La vengeance était quelque chose qui restait ancré dans son corps. Néanmoins, il ne souhaitait pas le montrer, il ne voulait pas faire en sorte qu’elle puisse penser qu’il était qu’une façade avec de bonnes manières et qu’au fond ce n’était qu’un goujat qui pensait qu’à se venger. À la question de comment exprimer son culte au niveau des orages, il était compliqué de répondre facilement :

« - Comment expliquer, il faut en quelque sorte accepter de recevoir le don de Raijin. Mon but est de simplement recevoir et assimiler le plus d’éclair possible. Il consiste aussi à tenter d’en reproduire et de propager leur beauté et leurs merveilles. C’est un brin compliqué à expliquer. Il peut m’arriver aussi de prier, d’exprimer ma gratitude envers Raijin avec des offrandes. »

Il rajoutait :

« - Dites, si je vous disais que j’étais un indépendant, est-ce que vous aurez une mauvaise image de moi ? »

La rencontre entre deux âmes pouvait être liée à une puissance divine, elle pouvait être le fruit d’un fil qui s’était lié à celui d’un autre par la déesse de la destinée. La demoiselle prit légèrement du temps avant d’accepté le bras de l’adepte de la foudre. En effet, c’était accepté de lier une part de soi à celle d’un inconnu qu’elle ne connaissait que depuis que depuis quelques minutes et surtout une rencontre un brin incongrue. Les deux âmes qui échangeaient sur leurs anamnèse remplie de tristesse et d’amertume. La douce Yuriko attrapait la main de son chevalier servant pour soulager la peine qui venait d’attraper son cœur meurtri. La perte de ses parents était quelque chose qui avait laissé une immense fissure dans son cœur, il avait beau faire comme si le deuil était complet, il le savait très bien. Son deuil pourrait être fait que lorsqu’il aurait réussi à se venger des carbonistes. Il réussit à étouffer sa rage qui commençait à se créer dans son ventre, cette rage qui souhaitait crier. Une rage puissante qui ferait tout pour crier, pour s’exprimer et s’envoler dans les airs. Il déposait son regard envers cette femme noble dans sa façon de marcher et dans ses mots :

« - Je vous remercie pour vous mots. Ils sont comme un léger baume sur mon cœur meurtri. Ma colère, j’ai appris à vivre et la cacher au fond de moi, elle ressort parfois. »

Jinpachi se mit à se souvenir de ce petit yokai écureuil qui avait reçu un crachat de foudre assez puissant pour simplement lui avoir volé son masque. Il savait que sa méthode de culte était un brin particulier pour un néophyte dans le culte de Raijin, mais il fallait avouer quelque chose. Assimiler la foudre était plus simple quand on maîtrisait le chakra, il n’aurait jamais pu exprimer ce genre de prière s’il avait été un simple humain dénué de chakra. Elle avait souligné son acte de piété d’une manière élégante, il rougissait légèrement, mais il voulait rajouter quelque chose :

« - Ce n’est pas aussi dur quand on possède du chakra et un style de combat qui s’articule autour de la maîtrise du raiton. Je produis de l’électricité aussi, je triche légèrement. »

Il se mit à exprimer un léger rire en se fichant de lui-même. Il n’avait plus ri depuis pas mal de temps de cette manière. Il avait l’habitude de rire avec Ryu, mais c’était plus grave, plus brute. Il fallait avouer qu’avec Ryu, il se trouvait souvent dans une situation qui amenait à un comique absurde. Une tête brûlée avait tendance à amener des situations incongrues. Jinpachi n’était pas le plus intelligent des personnages, mais il essayait au maximum de réfléchir avant d’effectuer une action surtout en tant qu’indépendant, il avait un brin peur de créer un incident diplomatique. Surtout que Ryu était un accoutumée de ce genre de chose, il avait un souvenir de la dernière image qu’il avait de son ami dans le pétrin dans la capitale.

Elle s’exprimait sur le fait qu’elle était une noble au service de l’empire. L’apôtre de Raijin ne semblait pas vraiment étonné de cette nouvelle. Il se mit à exploser de rire tout en serrant sa main sur celle de sa camarade et il lui dit d’un ton ironique :

« -Étrangement, je me doutais que vous étiez une noble. Cela ne change rien en ma façon de vous regarder. Vous restez une bouffée d’air frais à mes yeux et rien ne changera ma façon de vous voir. Je vous remercie de ne pas changer votre regard sur ma situation. Nombreux des ninjas de villages nourrissent pléthore de clichés sur nous et nous trouvent faible et lâche de ne pas appartenir à une société définie comme un village. »

L’homme se perdait dans les mots, il avait envie de faire forte impression, car il avait l’impression de se retrouver dans un moment hors du temps et c’était très intéressant. Il questionnait la demoiselle :

« - Pourquoi faites-vous cette route ? Si ce n’est pas indiscret bien sûr… »

La rancune s’est un mot qui a un certain écho dans le corps de l’être brun. Il a les ondes qui permettent à son cœur de vibrer d’une certaine manière. L’écho de deux âmes qui s’entendaient si bien et se mettait à s’harmoniser dans une douce mélodie qui ressemblait à une symphonie. La symphonie de deux partitions qui jouaient un morceau grandiose. Le temps était le seul remède à certaines plaies et douleurs. Il souriait pour continuer de remercier cette femme pour ses jolis mots. Elle maniait les mots comme personne, elle avait cet art de toujours trouver le positif à l’endroit où il avait du mal à le trouver. Lorsqu’il s’excusait de la triche en utilisant son pouvoir, elle parlait d’un don offert par son dieu pour lui offrir le pouvoir de manier la foudre. Ses yeux se mirent à se remplir d’étoiles particulièrement scintillante. Il répondait à la demoiselle en disant simplement et gentiment :

« - Je n’avais jamais vu de cet angle, mais en même temps il est vrai que tout est une question de perspective. Merci ! »

La scène était vraiment douce et il avait l’impression de voler sur un petit nuage au-dessus du sol. Pour une fois, il était loin des préoccupations de sa petite vie de ninja indépendant. Il n’aimait pas devoir réfléchir constamment à un prochain mouvement pour changer les choses, parfois il était nécessaire de se pencher sur soi-même et de profiter de l’instant présent. Elle était étonnée de la comparaison avec une bouffée d’air rafraichissante, soi-disant des personnes lui disaient qu’elle avait quelque chose d’austère. Il soupirait et il dit d’un ton un brin ironique :

« - C’est sûrement parce que vous ne parlez pas. La plupart des gens assimilent le fait de parler à une norme sociale permettant de briser la glace et ainsi définir quelqu’un de rafraichissant. Personnellement, je préfère quelqu’un qui distribue les mots avec intelligence qu’une personne qui parle constamment. Vous êtes beaucoup plus rafraichissante. Les gens qui vous disent austère sont des incultes. »


Elle revenait d’une escorte d’un vieil homme et qu’elle aimait aller voir des cerisiers en fleurs. Il souriait, d’un côté il voyait bien cette demoiselle sous des cerisiers couvertes d’un drap de pétales roses :

« - J’aime également beaucoup les cerisiers. S’allonger dans un matelas de pétales roses, sentir le vent caresser ton âme et ton corps. J’espère que l’escorte c’est bien passé. En tout cas cela a permis de faire une rencontre positive sur la route ? »

Le rendez-vous du Destin pouvait parfois être fallacieux, il pouvait changer la ligne bien définie de chacun. En cet instant, il y avait une sorte de consensus, de moment particulier entre deux âmes. Un sentiment particulier, une fusion de deux âmes, un instant perdu dans le temps. Le jeune Jinpachi tentait de graver chaque instant dans des photos précises qui allaient devenir ses souvenirs. La discussion était un brin absurde pour un passant qui ne comprenait pas tout, mais elle était devenue bien plus profonde pour les deux personnes qui se trouvaient ici et qui discutait ensemble. La fable de la muette et de l’apôtre. La femme complimentait la sagesse de l’électrique Yuhi, une chose assez rare, car il était plutôt connu pour être parfois simple d’esprit, mais depuis qu’il avait commencé à fréquenter et à partir en mission avec la tête brulée qu’était Ryu. Il avait été obliger d’apprendre à utiliser sa matière grise afin de pouvoir apprendre à réfléchir correctement et sortir les deux comparses de mauvaises situations.

Il remerciait le compliment sur ses sages paroles par un hochement de tête agrémenter d’un sourire bienveillant. La demoiselle expliquait maintenant qu’elle avait réussi sa mission et que le vieil homme était bien arrivé à sa destination. C’était une bonne chose qu’elle n’était pas blessée, mais à vrai dire elle était également une mercenaire qui pouvait utiliser le chakra. Il y avait peu de doute qu’elle puisse avoir du mal pour une simple mission d’escorte. Elle le remerciait et exprimait qu’il était également rafraichissant. Les mots que le brun se mit à lire se mit à avoir un effet rougeoyant sur ses pommettes. Il répondit simplement :

« - Je suis heureux également d’avoir fait votre rencontre ! »

Un léger sourire se mit à apparaître sur son visage encore rouge de son émotion précédente. Elle lui demandait également si son périple avait été simple, mais cela n’était pas forcément le cas. Il se mit à rire légèrement :

« - Hum, tu sais quand on est indépendant. Un périple sain et agréable arrive que très rarement. Déjà on s’est retrouvé dans un conflit à Teito avec mon coéquipier qui a voulu jouer au plus malin et au héros et a amené des soldats mécontents… Puis, j’ai rencontré un yokai qui ressemblait à un rongeur. Il a volé un de mes outils, mais deux ninjas qui étaient face à ce monstre ont proféré des menaces à mon encontre, car en attaquant le monstre je les ai touché. Ils ont dit que si je continuais à me battre, j’aurais des problèmes avec Toge. C’est courant dans les villages de protéger les Yokais plutôt que les humains et de menacer alors que je tentais simplement de reprendre ce qu’on m’avait volé ? Dans ces situations-là, j’ai du mal à comprendre le fonctionnement de certains humains… Je reste un brin perplexe.

L’apôtre semblait rentrer en désaccord pour la première fois avec sa camarade de voyage. Elle semblait dire qu’il fallait faire preuve de tempérance et éviter de se mettre en danger avec un yokai et qu’il fallait parfois étudier les Yokai. Son bras se crispait et son poing se fermait dans un réflexe corporel. En effet, il savait maintenant que ses parents étaient devenus des yokais enflammés et il savait très bien que ces monstres étaient tout simplement des monstres sans cœurs dont leurs objectifs étaient de tuer les personnes ou pire de les brûler. Jinpachi se mordait légèrement la lèvre afin d’éviter de répondre trop rapidement, de faire preuve d’une maladresse, car il n’aurait pas réfléchi à ses propos. Il tentait de se rappeler de la scène, il avait senti cet écureuil lui voler son masque. Si un monstre était capable de faire ce genre de choses, il était capable de faire bien pire. Toge était un village qui analysait les yokai. Il soupirait et se mit à répondre, cette fois-ci, il avait décidé de faire attention à ses mots par respect pour cette dame :

« - Sans vouloir vous manquez de respect. Dans le cadre d’une rencontre avec un monstre, un animal sauvage ou autre qui défie en premier. Il est parfois nécessaire de contre-attaquer directement, surtout que dans le monde sauvage il est souvent question de la loi plus fort. On est sur une réciprocité qui rappelle la loi du talion. Je sais de quoi je parle, mes parents sont devenus des yokais torches humaines et ils n’ont plus rien d’humains. Un seul moment de faiblesse, ils peuvent décider de vous tuer. Dans notre situation les deux ninjas de Toge auraient pu être mort sans même s’en rendre compte. On n’est jamais à l’abri que cet animal présente un poison, une arme secrète. Néanmoins, menacer directement d’avoir des répercussions avec un village, c’est un brin disproportionné. Sachant qu’ils avaient le temps de s’éloigner, ils ont préféré tenter de défendre l’animal. Peut-être que je n’ai pas accès à la sagesse pour comprendre cette situation à la suite de mon passif. Je m’excuse, le sujet sur les yokai est un brin compliqué dans mon cerveau. »

Il avait parlé avec une parfaite sincérité. Il s’était sûrement emmêlé les pinceaux dans ses arguments et ses propos. Il était souvent maladroit, mais il tentait de ne pas trop l’être, car il se savait pas forcément le plus adepte des comportements sociaux.

La demoiselle semblait s’excuser. Jinpachi s’en voulait légèrement il savait que la conception de la vengeance était une malédiction que tout le monde ne pouvait pas comprendre. Il avait perdu tellement le jour de cette maudite nuit. Il avait perdu ses parents, toute vision d’une possible vie paisible et il avait perdu l’illusion que son village pouvait être un réconfort un endroit où il serait à l’abri. Il avait l’impression que son âme criait de toute ses forces, tout lui avait été retiré le temps d’une nuit. Le brasier incandescent de sa vie ruinée. Il y avait encore les cendres d’un futur heureux qui crépitait encore le long de son âme, s’étiolant au fil du temps comme si le sablier de la vie était rempli des cendres d’une vie qui ne s’était pas passée. Il reprit ses idées et chassait les fantômes de son passé qui animait ses yeux. Il lui dit d’un ton amical :

« - Merci pour votre délicatesse et vos mots ! N’en parlons plus. »

Elle lui disait qu’elle pouvait faire une pause, mais qu’elle n’avait pas l’habitude de proposer par elle-même ce genre de pause. Une dévotion énorme, elle ne semblait pas exprimer sa souffrance et ses sentiments négatifs. Elle avait quelque chose d’étrange, elle avait cette force qui semblait animer son âme. Jinpachi quant à lui était jaloux de cette force, il n’était en rien capable de réfréner sa haine, sa colère et son envie parfois de pouvoir détruire un monde à cause d’elle. La flamme de la vengeance était quelque chose qui pouvait te consumer de ton être et c’était ce qu’elle faisait avec le jeune indépendant. Il reprit la parole :

«- Oh je prends rarement des pauses. La seule unique raison est souvent pour contempler ce qui nous entoure et rien d’autre. Parfois, il est utile de s’arrêter pour regarder la beauté de la nature et nous faire comprendre qu’on n’est pas grand-chose face à la nature. Ah et aussi quand y a des orages, mais c’est parce que j’ai besoin de me rapprocher de Raijin. »

Il continuait d’avancer en regardant l’horizon :

« - Qu’allez-vous faire dans le futur proche ? »