Le soleil berçait le ciel de ses rayons. Le vent jouait avec les feuillages, emportant avec lui quelques éclats de vert et de rouge, tout droit venus du petit jardin de camélias qui ornaient la devanture de l’humble demeure Kara. Assise à ton bureau, tes doigts entrainent un pinceau à la pointe noircie d’encore dans une danse exaltée. Les caractères s’imprègnent dans le papier, en un charabia que seul un esprit comme le tien pouvait comprendre. Abréviations codées, schéma, divagations personnelles ... Même ton propre père aurait eu du mal à lire ton parchemin et pourtant, son esprit était tout aussi perché que le tien. Mais alors que, justement, tu te laissais aller à l’excentricité de ta réflexion, paisiblement, de larges et bruyants coups resonnèrent contre la grande porte du domaine. Relevant le nez de le paperasse, un sourcil se haussa sur ton front. Tu n’attendais pas de la visite, et rare étaient ceux qui prenaient le temps de venir jusqu’ici, à l’écart du centre du village.

Reposant délicatement le pinceau contre le vieux bureau en bois, tu te levas de ton siège, dans un empressement trahissant ta curiosité, pour traverser le couloir et le petit salon, jusqu’à atteindre la porte principale, que tu ouvris calmement pour découvrir ... un torse. Deux pectoraux venaient de t’accueillir sur le seuil de ta porte, à hauteur de ton nez. Une vision surprenante, qui te figea une seconde, avant qu’une voix grave ne te sorte de tes pensées, te ramenant à la réalité. Levant les yeux, tu découvris le visage aux traits bourrus de celui qui était venu te chercher. La barbe hirsute et blanche, les cheveux plaqués et arrière et l’air peu commode qu’il affichait te permirent aisément de mettre un nom sur cette personne, qui travaillait directement sous les ordre d’Heizen, dans un des lieux les plus surveillés des montagnes bleues. Un endroit où tu étais convoquée, aujourd’hui même, pour une conversation qui changerait sans doute la suite de ton destin.

« Je vois, c’est aujourd’hui alors ... Je ne pensais pas qu’on enverrait directement Tastu la montagne pour venir me chercher. »

Qu’on te convoque pour revoir Mitte n’était pas une réelle surprise. Cheffe de clan, tu avais au moins quelques petits avantages dans ta vie à Seizan, et la condamnation de ton cousin ne pouvait pas se faire sans que tu n’y mettes le nez. Tu l’avais même promis au reste du clan de t’entretenir avec lui, quand bien même tu avais déjà beaucoup de réponses aux questions que les autres se posaient ...

Faisant signe au géant de patienter une seconde, tu refermas la porte derrière toi, vérifiant à bien verrouiller l’accès, avant de te tourner à nouveau dans sa direction, l’air calme pour une personne qui allait faire un tour en prison.

« Ne le faisons pas attendre, ça fait un moment que je n’ai pas vu mon cher cousin ... »

Tu aurais préféré d’autres retrouvailles, mais la vie ne te laissait pas de choix, et le bleuté avait prit sa décision comme un grand garçon. Tu ne pouvais pas changer cela. Tout ce que tu pouvais faire, c’était respecter son choix. Te lançant alors à la suite de ton guide, d’un pas paisible, tu laissas tes pensées vagabonder, calmement, le nez picoté par le parfum de saké qui avait imprégné le tissus couvrant le corps de l’homme. Un parfum à l’opposé du tien. Tu sentais l’encre, à force de travailler sur des parchemins toute la journée. Une odeur caractéristique des Kara, trop habitués à passer leurs temps libre le nez dans des ouvrages divers et variés, au lieu d’aller prendre un verre comme la plupart des gens.

Grognon, marmonnant, voilà les mots qui décrivaient sans mal le géant en charge de la surveillance du centre pénitencier. À chacun de tes mots, tu le voyais réagir avec une retenue mal dissimulée, trahis par la danse complexe de ses sourcils au-dessus de ses yeux. Était-ce si surprenant que, malgré la situation, tu ais envie de revoir ton cousin ? Il restait un membre de ta famille, et même si la vie ne vous avait pas permis d’être aussi proche que tu l’aurais souhaité, il tenait une place importante dans ton cœur.

Le trajet jusqu’au centre de détention fut court et silencieux. Un silence que seuls les grommèlements du vieil homme venaient briser, pour te permettre de prendre le chemin le plus court et le plus simple jusqu’à votre destination. Il fallait avouer qu’il ne s’agissait pas là d’une partie de Seizan où tu te rendais souvent, et sans Testu, sans doute aurais-tu marché plus longtemps que nécessaire.

Tu étais en territoire inconnu dans un sens. Sans réels choix à ta portée, tu ne pouvais que suivre le militaire qui te guidait à travers les rues rocheuses de la cité des montagnes bleues, puis, dans les longs couloirs sombres de la prison. Ton regard s’arrêta un instant, sur le garde de l’entrée et ce petit plissement de nez qu’il exécuta lorsque le géant s’approcha de lui : Il sentait donc vraiment bien l’alcool. Ce n’était pas juste ton nez qui était sensible. Et si Heizen lui faisait confiance malgré ça, ça voulait dire que le grisonnant guerrier restait plus que compétent dans son travail.

Vos pas resonnèrent contre les murs de roches, se mêlant aux cliquetis des chaines et aux geignements de certains prisonniers, peu habitués à voir de la visite dans ce qui ressemblait à leur dernière demeure en ce monde. Il te fallut quelques secondes pour habituer tes iris à l’obscurité prononcée de l’endroit. Quelques clignements rapides, permettant à ta pupille de se dilater, captant plus aisément la moindre once de lumière dans ce sordide lieu.

Calme, peu déstabilisée par ce que tu savais être le palais de nombreuses tortures malheureusement parfois nécessaire pour la sécurité du village, tu restas silencieuse, jusqu’à atteindre la fameuse cellule 403. Le métal émit un bruit, sourd, retentissant, et dans l’ombre, deux yeux aux nuances variées, néanmoins dominées par le bleu, s’allumèrent dans l’ombre. Quelques secondes de plus dévoilèrent un visage enflé, résultat de nombreux coups assénés sur celui-ci. Un état que le gardien justifia par une tentative de fuite de la part du jeune garçon.

Il y eu un petit silence, alors que tu portais ton regard sur les traits du vieil homme. Un regard calme, sérieux, et à la fois transperçant, qui laissait transpirer ton insatisfaction face au traitement reçu par un membre de son clan.

« Je ne pensais pas que vous aviez tant de difficulté à attraper un fuyard au point de devoir vous battre avec lui. Petit conseil : normalement, pour arrêter un fuyard, on vise les jambes. Peut-être que vous devriez demander des renforts au Seizan-kage. »


Abandonnant l’ancien pour te concentrer sur le Kara, tu vins t’asseoir sur le sol, présageant une discussion longue avec le détenu qui cherchait à confirmer ton identité et la raison de ta venue.

« Salut Mitte, je viens voir comment tu vas, je crois qu’on a quelques trucs à se dire ... Mais j'observe que tu as pas perdu ta hargne, c'est plutôt bon signe. C'est que tu s'en sors pas si mal ici. »

La voix grave de Testu résonna à nouveau, te faisant rouler des yeux face à ce dédain clair pour le jeune garçon.

« Effectivement, on m’a demandé de venir découvrir les raisons de ta désertion. Quant à la vente d’informations sur le village ... Je te connais assez pour savoir que ce n’est pas le cas. Mais tu comprends que je dois te poser la question, n’est-ce pas ? Je suis là en tant que cousine, mais aussi cheffe de clan, j’ai les responsabilités qui vont avec ... »

Un léger sourire étira tes lèvres, alors que tu l’observais remettre sa chevelure bleu nuit en place, maladroitement. Ouais, tu avais confiance en lui. Après tout, tu savais déjà la réponse à la plupart de tes questions ... Mais peut-être avait-il d’autres détails à te révéler ? Et puis, tu étais heureuse de le revoir, même si tu aurais préféré qu’il reste loin de toi, mais libre de réaliser tout les rêves qu’il portait dans son cœur.

« On a eu une réunion de clan ... T’imagines le bordel après 6 ans à esquiver ça par tous les moyens? À croire que tu le fais exprès pour m’emmerder ! »

Un léger rire secoue ta cage thoracique, alors que tu ramenais d’une main ta chevelure vers l’arrière. Tu te voyais mal traiter Mitte différemment, avec pitié, comme s’il était un mioche. Il avait pris une décision, et il savait très bien quelles étaient les conséquences. Le sous-estimer serait la pire insulte que tu pouvais lui faire.

« J’ai bien cru que le grand-oncle Kibishii allait nous faire une syncope. Tu le connais, toujours aussi tendu ... Il voulait venir, mais je lui ai dit d’aller se faire voir. Il aurait juste hurlé, et on vaut mieux que ça ... Alors tu me racontes Mitte ? Ce qui t’a poussé à partir, et ce que tu as fait pendant ce temps. »

Tu le vois grogner. Désapprouver. Et dans un sens, tu le comprends. Sans doute aurais-tu eu la même réaction, il y a quelques années. Mais ta pensée avait évolué et emprunté son propre chemin. Les divergions d’opinion étaient courantes, mais elle n’était pas une forme d’angoisse, et ne devaient pas le devenir. Assumer ce qu’on pensait, débattre, apprendre, évoluer. C’était ta philosophie de vie. Son mécontentement, la manière dont il se retenu de te rabrouer directement, sans non plus laisser couler, te firent sourire. Le séant posé contre le sol glacé de la prison, ton regard d’opale se glissant vers le géant fait de muscle, tu hochas poliment la tête, le remerciant, discrètement.

« Oui, j’en suis consciente et je suis très reconnaissante envers Heizen-sama. »

Reconnaissante de pouvoir voire ton cousin. De pouvoir l’écouter. Lui parler. Mais aussi reconnaissante de l’électrochoc qu’avait provoqué cet évènement en toi : pour l’instant, tu étais impuissante. Tu avais besoin de cultiver tes forces, aussi bien sur le champs de bataille qu’en extérieur. Ça avait fait mal, mais c’était nécessaire, tu le savais. Tu l’avais accepté.

Tu l’observas s’éloigner, quelques instants, t’assurant qu’il s’éloigne comme annoncé, avant de te concentrer sur les paroles du jeune Mitte. L’échange se fit discret. Presque tendu. Comme si une épée de Damoclès prête à le transpercer au moindre mot de trop se baladait au-dessus de sa tête. Sa voix asséchée te fait frémir. Vos regards se font plus sérieux. Encore un peu plus, tu te penches vers lui, limitant la force exercée sur ses cordes vocales abimées. Il hésite. Il a peur. Et tu ne sais pas pourquoi. Est-ce que ça s’est passé pendant son année loin de Seizan ? Ou bien ... Avant ? Avais-tu été aveugle à ce point des émotions de celui qui partageait ton sang et que tu étais censé protéger ?

Un nom passa la barrière de ses lèvres tuméfiées. Un nom qui réveilla des souvenirs en toi, tandis que tu hochas la tête pour affirmer te souvenir de la jeune femme.

« Bien sûr que je me souviens ... Ton père a décidé de t’envoyer te former chez les Yanwa pour faire de toi un sabreur, et ensuite, tu as servi sous ses ordres, c’est ça ? »

La jeune femme n’était malheureusement plus de ce monde. Une mort que certains considéreraient surement comme digne d’un samourai. Toi, tu n’y voyais qu’un massacre sanglant qui avait laissé derrière lui une famille brisée. Des cœurs écrasés. Réduits en miette. La réalité de la guerre. Toute son horreur. Sa cruauté.

« Il s’est passé quelque chose que tu ne m’as pas raconté ce jour là ... ? »

Un secret. Un poids qu’il avait porté seul sur ses épaules et qui, aujourd’hui, le faisait trembler de toute part. Il y avait forcément plus qu’une simple mort au combat.

Tu le vois pensif. Triste. Inquiet. Mélange détonnant d’émotions tout aussi complexe que nécessaire à l’être humain pour compatir. Comprendre. Et respecter ses semblables. Ses lèvres s’entrouvrent, se referment, avant de laisser couler le flot de ses explications. De ce qui a, en partie, mené à sa désertion et donc, à son emprisonnement. Était-ce plus simple pour toi de te raccrocher à un fait, plutôt qu’au besoin simple de liberté du jeune Kara ? Ou bien au fond de toi, tu n’as jamais eu besoin de la moindre justification ? Aurais-tu préféré qu’il puisse continuer de vivre librement, loin d’une vie de soldat qui n’avait pas choisi ? Sans doute. Mais était-ce compatible avec tes responsabilités ? Là était la vraie question. Mais tu ne l’avais pas arrêté. Tu l’avais laissé partir, sans te battre. Tu avais respectée sa décision et aujourd’hui, le jeune garçon était derrière les barreaux, privé d’une vie qui aurait eu tant à lui offrir.

Concentrée sur ses paroles, penchée dans sa direction pour mieux entendre son histoire et le cerveau en ébullition, tu le laissais te révéler les évènements du passé qui avait impacté son futur. La mort de la cheffe du clan Yanma. Ses dernières paroles, confiées alors que la vie la quittait, comme une prophétie.

Sur le sol, ton index frappe de manière régulière, presque trop appuyée. Chaque contact de la chaire avec la pierre t’envoie une décharge glaciale dans les nerfs, comme une stimulation quémandée. Ton regard s’assombrit, se perd dans le vide, légèrement, et le silence, pendant quelques secondes, prends le contrôle de votre échange simplement brisé par le tintement des chaines, comme un rappel de l’endroit où vous vous trouviez.



Mitte veux savoir. Comprendre ce qu’elle a voulu lui dire ce jour-là. Et tu le comprends. Mais plus que de la simple curiosité, c’est de l’inquiétude qui te dévore soudainement. Un sombre présage, s’étendant sur tout Onogoro. Et malheureusement, peu d’indices.

« Ce que je comprends ? Déjà, ce n’est pas une simple blague. Ce n’est pas le genre de chose qu’on dit à la légère alors qu’on vit ses derniers instants. Est-ce qu’elle connaissait l’homme dont elle parlait ? La question reste ouverte, mais si je comprends ce que tu dis, il déteste les utilisateurs de chakra. Si tu n’en utilises pas, alors tu n’es pas perçu comme un ennemi ... »

Et ça, ça te mettait immédiatement dans de beaux draps.

« Si elle pensait qu’il représentait une menace sérieuse, alors son niveau doit être monstrueux. Mais qu’est-ce qu’elle entendait par « samourai de la nuit des temps » ? Je n’en ai aucune idée. Il faudrait que je fasse des recherches sur le sujet, que je regarde dans les archives Kara. »

La main agrippée au menton, la tête dodelinant de droite à gauche, tu réfléchissais aux possibles explications. Au sens de ses mots. De simples hypothèses, reposant sur ton simple instinct et ta capacité de déduction. Un long travail d’enquête t’attendait, à ton retour même de la prison de roche.

Lentement, tu remontas le regard vers ton cousin, préférant l’impliquer dans ta réflexion, lui qui connaissait bien mieux la cheffe de clan que toi.

« Tu penses qu’elle induisait une possible immortalité ? S’il venait de la nuit de temps, ça voudrait dire qu’il n’y est pas sensible ? Ou alors ce sont ses techniques qui sont transmises depuis un lointain passé ? »

Un soupire, long, alors que tu balances ta tête en arrière pour prendre une grande inspiration, aérant comme tu le pouvais ton cerveau face à toutes ces nouvelles informations et possibilités.

« En tout cas ... Je crois qu’elle parlait de ses origines dans ces derniers mots ... C’est la seule idée qui me vient à l’esprit pour le moment. Mais est-ce qu’elle parle de ses origines personnelles, ou bien celles du clan, c’est encore très flou ... »

Tu allais encore passé de nombreuses nuits blanches à dévorer des parchemins d’écrits, à la recherche du moindre indice, de la moindre référence à l’un de ces éléments.

« Est-ce que tu as découvert quelque chose pendant ton voyage, Mitte ? Le moindre détail peut être important, alors n’hésite pas, d’accord ? »

Si seulement la réponse pouvait te tomber dans les mains comme ça, ce serait trop facile. Mais bon sang, qu’est-ce que ça serait pratique tout de même.

Vos esprits résonnent l’un à l’autre. Vous avez toujours été du genre à comprendre vite ce que l’autre voulait dire. L’éducation ? Ou simplement une amitié que vous aviez cultivé alors que vous n’étiez encore que de jeunes bambins pleins d’innocence ? Un peu des deux. Mais aujourd’hui, l’innocence n’était plus. Tout était plus compliqué. Plus sombre. Après tout, sans elle, il n’y avait pas de lumière, non ? Mais ce n’était pas le moment de philosopher sur l’équilibre et la perception du mal et du bien. L’écoutant confirmer tes suppositions, tes doigts continuèrent de tapoter le sol face à toutes ces nouvelles interrogations. L’hypothèse d’un être immortel était une possibilité que tu jugeais non-négligeable. Cela pouvait prendre une forme ou une autre, mais sans preuve du contraire, tu ne pouvais pas totalement l’exclure, au risque de te fermer au chemin de la vérité.

« On est pas bien avancés ... On a beaucoup de théories mais rien de concret. Est-ce que tu te souviens de quelque chose d’autre ? »

Tu ne t’attendais à rien d’autre. Mitte était du genre à déballer ce qu’il savait d’un coup. Il avait toujours été d’une franchise marquée. C’est ce que tu appréciais chez lui. Et pourtant, il avait bien laissé un élément de côté. Tu le vois encore hésiter, une seconde, et son ton se fait à nouveau plus bas, de peur d’être entendu.

Tes sourcils se froncent, ton poing se serre, tandis que tu te penches un peu plus en avant tandis que dans sa petite cellule, ses paroles résonnent, dévoilant une information lourde de conséquences. Cet homme, cette possible menace, se trouvait peut-être entre les murs même de Seizan. Sous la pression de ta peau, tes phalanges pâlirent. La ligne de ligaments de ta main se dessina. Et ton esprit, lui, se transforma le temps d’une seconde en un véritable chaos.

Si l’avoir croisé à Seizan avait forcé Mitte à partir, c’est que cet homme venait relativement souvent au village des montagnes bleues, s’’il ne faisait pas partie des rangs même des soldats ...

« Mitte, j’ai besoin de plus. À quoi ressemble-t-il ? Est-ce que tu connais son nom ? »

Mais le jeune garçon s’était déjà refermé sur lui-même. Recroquevillé, détournant le regard, plus un mot ne fut prononcé de sa part et ce, malgré le regard insistant que tu lui lançais. La présence du géant grommelant, comme un verrou, avait clôt la conversation et malheureusement, tu savais que rien ne te permettrait de le faire parler à présent. Laissant un long soupire passer la barrière de tes lèvres, tu fouillas un instant dans ta poche afin d’en ressortir un petit porte-bonheur marqué de l’emblème familiale dont la cordelette rouge, usée par le temps, semblait pourtant précieusement entretenue. Dans un premier temps, tu offris l’objet au regard du gardien de prison, demandant son approbation afin de laisser celui-ci à ton cousin.

« C’est juste un porte-bonheur. Je peux lui laisser ? Vous pouvez vérifier qu’il ne contient rien si vous voulez »

Il ne trouverait rien. Ce n’était qu’un souvenir du passé. Un talisman qui, après des années, revenait au jeune garçon. Une fois la sécurité confirmée, tu déposas doucement le précieux objet sur le sol de la petite cellule, le regard peiné, presque nostalgique.

« Ton père avait offert ça à mon père le jour de son mariage. C’était censé lui apporter bonheur et chance. Et il me l’a offert juste avant cette fameuse mission, pour me porter bonheur. J’avais ... un examen à l’académie qui me rendait nerveuse. J’aimerais que tu le gardes, d’accord ? Prends en soin s’il te plaît Mitte. »

C’est tout ce que tu pouvais faire pour lui désormais. Te relevant du sol glacé, lentement, tu présentas ton visage, calme en apparence vers Tatsu, lui indiquant que tu avais fini de converser avec le luminescent. Enfin, presque. Le dos tourné à ton cher cousin, le ton de ta voix trahissant la peine qui s'était installé dans ta poitrine, tu ajoutas.



« Si tu as besoin de parler, essaye de faire une demande de visite, ok ? Et fais attention à toi. »