''Allez Hisayo, prends ton courage à deux mains. Tu sais que tu es capable...''

C'était bien ma pensée que je devais avoir pour sortir de mon petit dortoir, dans la petite barraque dans cette si grande, mais petite, ville. Tout est familié ici. Il y a rarement du changement. J'ai pris qu'un seul pas sur la rue de roche couverte de sable et me voilà déjà au chaud. Un petit coup de vent pour que le sable si doux vienne gratter le masque de bois qui cachait mon visage si abimé. C'est un quotidien beaucoup plus paisible. Chaque jour c'est comme ça et... Je n'échangerai rien au monde pour ne pas être ici, en comfort. Mais c'est beaucoup demander de sortir. Je me sens presque nu même sous tous ces habits, ces guenilles, et bandages qui couvraient chaque recoin de mon corps. Si ce n'était pas une question d'habitude, je me demande bien ce qui en serait devenu de moi à cette chaleur intense.

C'est à mon deuxième pas que je me retrouvais dans les rues de Sakyuu. J'ai ressenti un petit sentiment, un engourdissement dans mes mains. Donc, je n'ai vraiment pas le choix d'arrêter chez l'apothicaire pour l'onguent à brulûre et ma baume soulageante. Ça serait sage d'y aller avant de continuer mes travaux sur la marionnette que j'ai commencé l'autre jour. D'ailleur, quand j'y pense, il me faudrait plus de bois pour travailler. J'irai en chercher avec la prochaine paie. Je devrais me contenter avec le bois de palme que j'ai gracieusement eu en rabais pour l'instant. Étant un régulier aux deux places, je suis certain que je peux au moins avoir un prix plus bas... Sinon je peux toujour me passer de mes baumes. J'en ai l'habitude de toute façon.

Après un marchandage très peu effectif chez le bucheron et l'apothicaire, j'ai pu au moins trouver un bois satisfaisant. Certainement plus graineux et grossier, mais ce fera mon bonheur pour pratiquer devant le théatre. Et pour la baume, bah.. J'ai fini par payer plus que plein prix car je me sentais mal pour le monsieur au comptoir. Ça me brise le coeur de ne pas pouvoir regarder le prochain spectacle au théâtre, mais bon, c'est la vie. En tournant le coin, près de l'entrée de la ville, quelque chose, ou plutôt quelqu'un m'a attiré l'oeil.

''Mais... Qu'est-ce qu'il fait avec son cheval?'' Pensais-je.

La curiosité avait pris le dessus de ma pensée. Sans même m'en rendre compte, j'étais déjà relativement près de la situation. Un homme parler avec sa bête.. Hm. Curieux sans trop juger. Un homme mauvais aurait simplement laissé son cheval continuer à marcher en douleur. Plus que je m'approchais, plus que je comprenais.

''Donc il n'est pas égal, son cheval. Il manque quelque chose. Je vois...'' Pensais-je encore une fois.

Regardant les objets dans mon sac, je contemplais si j'étais en mesure d'aider. Un animal avec une patte cassé est souvent un animal mort. C'est ce qu'on dit, je crois. Je prend le petit bloc de bois et l'offre donc au jeune homme qui parlait à sa bête, sans dire un mot de plus. S'il ne sait pas quoi faire, je le ferai. Après tout, je voudrais avoir de l'aide si j'étais le cheval.

Je regardais le bout de bois qui trainait encore dans ma main. Surprenant... C'était pourtant un bon moyen de mettre le cheval temporairement à niveau afin de l'emmener chez le ferrier. J'hausse les épaules au refus de la personne qui était clairement de proche une dame. J'écoutais la raison de la blessure du cheval et ne pouvait pas m'empêcher que de hocher à l'explication. Incapable de vraiment la regarder, mes yeux se détournent ailleurs. Vers le sable peut-être? Non... c'est trop vague et tout ramène à elle. Le cheval? Non faut pas trop lui faire peur non plus. Cette pauvre bête en vit assez pour le moment. Son sac? Mais là il a l'air louche. Aller décides-toi donc!

En écoutant le briquet, c'était quasiment réflèxe de reculer très légèrement. J'hochais encore la tête à la dame. Certes que j'habitais bien à Sakyuu, mais dire que je viens... Alors là, c'est plus compliqué. Ça me fait frissoner juste imaginer les détails. Je me suis mis à la suivre.

''Kaname. Honoka. Kaname. Honoka. Kaname. Honoka.'' Je me répetais dans ma tête pour me bien souvenir de cette personne qui agit de façon un peu masculine. C'était peut-être pour ça que je la croyais pour un homme de loins.

À l'interpelation, je ne pouvais m'empêcher de me pointer du doigt alors que je la regardais. Je passe alors le regard autour de moi pour voir que c'était bel et bien à moi qu'on me parlait. Je me mis à marcher vers le ferrier afin de pouvoir aider. Après tout, j'ai beaucoup de temps sur mes mains. Je regarde alors le ciel clair. Avec le ciel si brulant, on a encore un excès de temps pour s'y rendre, mais mieux vaut ne pas la fâcher. On va prendre le chemin le plus efficace.

'' Kanahoka...'' Dis-je doucement sous mon souffle afin de me réconforter face à la rencontre de la personne maintenant derrière moi.

Je mets de l'effort à au moins éviter de toucher les gens autour de moi alors qu'on traverse les rues remplies de vie de Sakyuu. Les marchants interpelants le monde pour vendre leurs biens, les musiciens qui se forcent à essayer de gagner des sous. Tout ça faisait parti de ma vie quotidienne, donc c'était plus facile à ignorer. Plutôt que de me faire avoir par des gens qui vendrait un prix débile pour un souvenir, mon argent est bien mieux investi à mon art. À mes amis qui attendent mon retour.

Essayer de ne pas oublier de respirer était une pensée commun que j'avais dans le moment. Je ne la connais pas, donc pourquoi est-ce que je me forçais à l'aider? Peut-être parce que j'avais pitié d'elle et de sa situation? Non, sûrement pas. J'ignore encore ce que c'est d'avoir pitié. Sûrement le cheval, il était une pauvre victime de circonstance après tout. Non plus. Ce n'était pas une question de survie. Tôt ou tard l'animal aurait trouvé l'aide qu'il avait de besoin. Pourquoi donc? Je n'aime pas intéragir avec les autres personnes. Ils finissent toujours par blesser d'une façon ou d'une autre. Je suis la sorte de personne à observer les autres vivre leur vie et à en prendre note. Je suis plus que complaisant à l'idée d'être séparé du monde. D'apprendre lentement ce que c'est l'être humain. Perdu dans ma pensée, alors que la roue dans mon cerveau tournait mile à l'heure, je me fais sortir par la plus simple des questions: Mon nom.

Je m'arrête dans mes pas afin de réfléchir à ma prochaine action. Dire la vérité ou ne rien dire du tout. Qu'est-ce que Kanahoka aurait à gagner à le savoir? On va bien finir par se séparer, alors pourquoi essayer de parler afin de briser le silence. C'est pourtant réconfortant. Ce beau silence précieux. Preuve de sécurité. Preuve qu'il n'y a pas de chance de surprise ou de malheur. C'était ma norme à moi. Certains étaient nés pour parler, d'autres pour écouter et ne rien dire. Le dernier était bien comment ma vie était destinée. Ce n'étant quand regardant un marionnettiste amateur jouer dans la rue afin de quêter de l'argent que je sentis mes épaules se détendre. Bah oui. Donner un nom est signe d'être une personne. Quelque chose qui m'était nouveau. C'était la même raison pourquoi je donne des noms à mes amis. Ils mérittent un nom tout comme moi.

''Hisayo. Il reste pas long.'' Dis-je d'une voix douce, rarement utilisé. Je priais que ce soit assez fort malgré tout le bruit venant de la foule autour de nous.

Je me retourne partiellement pour la regarder un bref moment, prenant mon courage à deux mains. J'avais observé plus de rencontre que nécéssaire. Ce serait des bonnes manières de le faire comme il faut. Je m'inclina légèrement et me releva, certes de façon plus méchanique, mais c'était avec la pratique que je finirais bien par apprendre à mieux me confondre parmi les gens.

''Hisayo est mon nom. Enchanté.'' Je dis plus clairement, mais toujours avec ma voix douce, mais profonde. C'était... bizarre de parler autant pour une présentation.

Je repris ma marche afin de la guider. Par contre une odeur douce de boeuf braisé au feu m'attrape. Mon ventre cria de faim. C'est vrai, j'avais pas mangé de la journée encore. Il va falloir que j'y pense après avoir emmener la jeune dame. Même si j'avais des questions à lui poser, comme par rapport à sa consomation de tabacco, mais j'aurais jamais l'intention de dire plus que mon nom.