Son projet de voyage vers Toge avait été repousser par son humeur qui était tombée, par cette idée saugrenue qu’elle avait eu de se penser ne pas être à la hauteur … Après tout, qui voyagerai et se mettrait potentiellement en danger s’il croyait être faible ? Et elle ne cachait aps qu’elle avait espéré pouvoir faire ce voyage avec Kyoshiro qui lui avait promis l’accompagnée et être en froid … Être en froid ne les avait définitivement pas encouragés à prendre la route ensemble. Et puis, elle voulait également aller chercher Maho … Il lui avait proposé si gentiment de l’accompagner.

Au départ, elle ne se sentait aucunement pressée de prendre la route, alors elle avait laissé la situation couler et s’était donné le temps de se renouer avec son amant, mais maintenant, elle ne tenait plus réellement en place. Elle avait besoin d’aller fouiller. Elle craignait que la piste qu’on lui avait donnée ne se refroidisse avant qu’elle ne puisse trouver ce dont il était réellement question.

Le soir précédent, elle avait indiqué à ses équipiers qu’elle comptait partir pour Toge. Au moins aller s’informer au bureau d’étude des yokais pour trouver une piste, peut-être préciser ses recherche avant de commencer à explorer les provinces que lui avaient nommées le marchand quelques mois plus tôt. Elle avait donc décidé de plier bagage. Elle ne savait cependant pas exactement qui viendrait avec elle pour la suite des événements, si ce n’était la présence de Kyoshiro.

Ce matin-là, elle avait donc pris le temps de faire ses sacs et informer tous ceux qui devaient être informés de son déplacement. Maintenant, il ne suffisait qu’à se mettre en route. Elle se hâta donc pour rejoindre les portes du village, passant par le domicile de Kyoshiro pour le récupérer (habitant seul et étant aveugle, elle doutait vraiment qu’il puisse arriver à l’heure aux portes du village.

Hotaru ne savait pas si Maho allait venir avec eux jusqu’à Toge pour tenir sa parole (après tout il lui avait promis il y avait si longtemps qu’il viendrait, peut-être avait-il un empêchement), mais elle espérait au moins qu’ils pourraient leur souhaiter bon voyage avant qu’ils ne partent en direction du village de l’épine.



Elle dit la dernière phrase en tournant la tête vers son amant. Un sourire angoissé au visage et un ton un peu étranglé. Elle craignait ce qu’elle pourrait y découvrir, mais il n’était pas question de faire machine arrière.

Kyoshiro se rappelait à présent de la conversation qu'il avait eu avec son amante, avant qu'ils ne soient en froid, sur ses origines, son sauveur, et la plume qui lui fut donnée comme seul lien vers son passé. Il se rappelait de sa promesse de l'accompagner, au moment où elle voudrait lever ce voile de mystère mais...le temps avait passé. Les semaines s'étaient transformés en mois et, après qu'un gouffre se soit créé entre eux, Kyoshiro devait bien avouer qu'il avait totalement oublié cette promesse. Oh non il n'était pas homme à revenir sur sa parole, qu'il soit en froid avec l'autre personne en face de lui, mais cela ne changeait rien. Revenir sur sa parole était l'arme des lâches, des couards, des tourne-casaque, et le Tadake ne faisait pas partie de ces pleutres.
Au cours des derniers jours les deux amants avaient enfin repris contact, en mettant les choses à plat, comme par exemple la raison pour laquelle l'aveugle était distant, à cause de cette satané mission qui le hantait encore. C'était une bonne chose, cela permettait au jeune homme de retrouver une raison de plus de se lever, le matin, mais ils n'en étaient pas encore au point de partager le même lit, à nouveau. C'était encore trop tôt, beaucoup trop tôt, même si la libido du Tadake ne demandait que cela, pour être parfaitement honnête.

Mais aujourd'hui il ne s'agissait pas de lui, de ses besoins, ou de sa recherche de rédemption. Aujourd'hui il s'agissait d'aider la femme qu'il aimait à se reconnecter avec son passé, à trouver des réponses et, si cela voulait dire parcourir la terre entière pour cela, il le ferait sans hésiter car il avait donné sa parole. Sans parole, sans honneur, il n''était rien.

S'armant comme à son habitude, accrochant katana et wakizashi à gauche, épée démoniaque à droite, Kyoshiro rassembla quelques vivres dans un sac, pour le voyage, avant de suivre la Oomori jusqu'aux portes du village, en attendant de voir si d'autres se joindraient au duo. Il n'y avait aucune obligation, évidemment mais, quand la demoiselle lui demanda s'il était prêt, le Tadake haussa les épaules, raffermissant la prise sur son sac à dos, répondant simplement :





Il avait peut-être échoué, mais cela ne voulait pas dire qu'il était bon à jeter, ou qu'il avait perdu le fruit d'années d'entraînements parce qu'il avait levé le pied, pendant quelques semaines. Il était toujours un bretteur, toujours un maître du feu blanc, toujours un aveugle ayant réussi à transcender sa cécité, au-delà de toute espérance. Mais il savait pourquoi la question lui fut posée, car c'était un moment important pour Hotaru, qui allait avec son lot de questions et de craintes légitimes. Il serait aussi stressé qu'elle, s'il était lui aussi en route pour se reconnecter avec son passé...mais cela, ce n'était pas prêt d'arriver.

Alors, en attendant que tous les autres n'arrivent, il posa une main sur l'épaule de la demoiselle, lui soufflant :

Hotaru ne pouvait pas ne pas se réjouir de sa relation avec Kyoshiro qui reprenait petit à petit ce qu’elle avait perdue pendant trop longtemps. Son amant à ses côtés, même si ce n’était pas encore parfait, elle se sentait capable d’affronter peu importe ce que le destin lui enverrait au visage lors de ce voyage. Un voyage qui allait définitivement ouvrir la porte sur de vieilles blessures qu’elle croyait refermée depuis trop longtemps.

Lorsque la femme samouraï demanda à son compagnon s’il était prêt à partir, celui-ci répondit par l’affirmative, sans hésitation et un petit sourire vola jusqu’aux lèvres de la femme samouraï qui répondit d’un merci à peine soufflé. Alors que le duo d’épéiste des monts de fer attendait l’arrivée de leurs équipiers, Kyoshiro posa sa main sur l’épaule, beaucoup plus frêle que la sienne, de sa moitié pour lui déclarer qu’elle n’était pas seule pour cette aventure. Le sourire qui s’était installé sur ses lèvres se montra hésitant un instant avant de disparaître alors qu’elle lui répondait :




Probablement qu’il avait une idée en réalité, mais pour la maîtresse d’armes de Seizan, d’exprimer sa gratitude face à la présence de son amant ce n’était que ce qu’il y avait de plus naturel, de plus pertinent. Elle refusait de le traiter comme acquis, comme elle l’avait fait lorsqu’elle s’était sentie défaillir quelques mois plus tôt, lorsque son corps et son esprit n’arrivait plus à suivre la cadence de ses ambitions.

Le regard de la guerrière chercha la silhouette de ses deux autres équipiers, mais ils n’étaient nulle part en vue et elle se douta que quelque chose les avait retenus ou voir, pire, envoyé ailleurs.

Ils ne viendraient pas.

Une bonne inspiration et Hotaru se tourna vers son amant une fois de plus, sa main allant chercher la sienne pour un bref contact, le temps de trouver la force d’aller de l’avant une fois de plus. Puis, elle rompit le contact et se mis en route, tentant d’ignorer la boule d’angoisse qui prenait naissance dans sa gorge. Elle prit possession d’un cheval des écurie Tenma avant d’ouvrir une place à l’homme qui partageait sa vie sur le canasson avec elle – car malgré tout l’amour et l’affection qu’elle avait pour lui, ainsi que le respect qu’elle lui portait, Hotaru doutait sincèrement que sa cécité lui permettait d’être bon cavalier … et ce n’était qu’une raison de plus pour rester près de lui – alors qu’elle prenait place à l’avant de la scelle de la bête, laissant suffisamment de place au Tadake pour embarquer s’il le souhaitait.